Lecture débutée en août 2014...abandonnée et reprise présentement !
Abandon essentiellement négligent, causé par mes sempiternelles dispersion et boulimie....
L'histoire très attachante et mouvementée de Jean Perdu, libraire et "marin d'eau-douce" ...en chagrin d'amour depuis 20 ans... alors qu'il poursuit depuis toujours l'animation et l'assortiment de sa péniche-libraire, "Pharmacie littéraire"...pour aider ses clients à se sentir mieux dans leur vie ...
"Il s'appelle Jean. Il est en train de reconstruire une vieille péniche hollandaise. Il dit qu'il veut y planter des livres. "Des bateaux en papier pour l'âme", dit-il. Il m'a expliqué que c'était censé devenirr une pharmacie, une pharmacie littéraire destinée à guérir tous les sentiments pour lesquels il n'existe pas d'autre remède. Par exemple le mal du pays. Il dit qu'il y en a différentes sortes. le besoin de sécurité, la nostalgie de la famille, la peur des adieux ou le désir d'aimer. "(p.121)
Car cet amoureux des livres vend, conseille des livres afin que les gens goûtent plus harmonieusement leur vie... !!
Cette "Lettre oubliée" ; lettre laissée par la femme aimée, Manon, lorsqu'elle est partie brutalement... 20 ans auparavant. de colère, s'imaginant une trahison, il en repoussera la lecture...encore et encore, et les années auront passé... Celle-ci resurgira par un concours de circonstances, imprévu...et il sera bouleversé car la raison de sa fuite était bien, bien loin, de tout ce qu'il avait pu imaginer !!! [je n'en dirai pas plus...c'est déjà trop !]
Ce roman offre un large éventail d'émotions et de thématiques, entre les chagrins de coeur des personnages, les pannes sèches d'un jeune écrivain prometteur, le ressenti des deuils des êtres chers, la quête universelle de chacun pour trouver un vrai sens à l'existence, les bonheurs de vivre: la Nature, les arts (la danse, la musique, l'écriture...) et au centre, notre Jean Perdu [ patronyme un peu excessif, mais justement signifiant d'un être en mal-être, et dans la nostalgie intense de son "grand Amour" passé...] qui trouve sens et ressources sur son "bateau-livres"...
"Il avait toujours ressenti la proximité des livres comme une protection. Il avait trouvé le monde entier dans son bateau, tous les sentiments, chaque lieu, chaque époque. Il n'avait jamais ressenti le besoin de voyager, ses dialogues avec les livres lui avaient toujours suffi...Il lui était même arrivé de leur accorder davantage d'estime qu'aux hommes."
Ils étaient moins menaçants. (p. 303)"
Et un matin, Jean Perdu...décide de larguer les amarres, avec ce jeune camarade, auteur prometteur, en mal d'inspiration, Max [cité précédemment]...Sans aucun plan préétabli, il choisit de se diriger vers
le Sud, pour retrouver les racines et les plus beaux moments vécus avec Manon...
Une sorte de "road-movie"...ou plus justement "boat-movie"...puisqu'il part avec sa péniche-librairie, ses livres, ses deux chats [eux-mêmes touchés dans le choix de leurs prénoms , par la littérature !...], Lindgren et Kafka...
Un roman idéal pour ce temps estival... car on trouve avec joie, un grand nombre de descriptions poétiques et des plus savoureuses de la nature, des paysages les plus divers traversés, les cours d'eau, les écluses,
les villages.. avec de belles pages sur Cuisery, "Village du livre".... sans oublier les incidents, les rencontres imprévues qui enrichissent, font mûrir notre libraire-marin et notre jeune écrivain, Max....
Une très émouvante évasion qui nous fait nous attacher aux différents personnages rencontrés au fil des pérégrinations fluviales et terrestres de Jean et Max...
Quelques longueurs... mais de grâce, pas de reproche intempestif... notre esprit est en vacances, s'évade et part à l'aventure, sans prendre garde au temps... en apprenant même à le perdre ...!!!
Reste un hommage très vivant, dynamique aux Livres , aux libraires... incluant tout "notre" charmant monde des écrivains et de la Littérature !...
"Les livres protègent de la bêtise. Des faux espoirs. Des mauvais hommes. Ils vous revêtent d'amour, de force, de savoir. C'est la vie depuis l'intérieur. (p.21)"
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Décidément le thème de la lettre mystérieuse qui sert de point de départ à l'écriture d'un roman est à la mode ces dernières années (entre autre et pour exemple ma précédente lecture "la lettre qui allait changer le destin d'Harold Fry").
Je dois vous avouer que j'ai adoré le début (la mise en bouche) et la fin de ce roman. Entre les deux je me suis un peu ennuyée à cause de quelques longueurs et bavardages qui n'apportaient pas d'eau au moulin du récit. Mais ce n'est que mon ressenti.
L'écriture m'a paru irrégulière, parfois terne avec quelques phrases un peu clichés.et à d'autres moments extrêmement brillante, pleine de couleurs et de saveurs.
Le pèlerinage initiatique de cet homme désireux de faire le deuil d'une partie de sa vie aurait été pour moi plus convaincant si le style avait été un peu plus épuré.
A vous de le lire et de le ressentir.
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Un roman qui rend heureux et qui fait du bien, c'est comme une bonne tarte au citron meringuée (mon pêché mignon) ça fait envie et si en plus la phrase d'accroche ressemble à ça : "Le roman phénomène qui parle d'amour… et de livres !" alors je ne pouvais pas passer à coté.
J'ai ressenti beaucoup d'empathie pour ce libraire très particulier qui prescrit des romans comme on prescrit des médicaments car c'est bien connu, les livres soignent l'âme ! qui a gâché sa vie pendant 20 ans pour cause d'égo mal géré. Il repart à la quête de lui-même et va changer de vie. jusque-là il prescrivait à ses clients, dans sa pharmacie littéraire, le livre convenant à leur état, j'aime sa vision du livre qui vient comme un médicament vous requinquer, vous donner du baume au coeur, il s'en sert comme d'une thérapie. Il conseille ou au contraire déconseille en fonction de la pathologie du client. Il y a parfois des scènes assez drôles.
C'est un livre plein de tendresse, de délicatesse, autour de l'amour des livres, un bel éloge de l'amitié. La galerie de personnages est à tomber, des êtres blessés, émouvants et terriblement attachants. C' est une aventure humaine qu'il faut lire ! La vie ne nous épargne pas mais il n'appartient qu'à nous de nous morfondre ou de nous relever et lui sourire.
L'auteur signe là un roman altruiste et qui donne envie de faire comme Jean.
VERDICT
J'ai vraiment apprécié ce roman baume au coeur, il sera parfait pour vos vacances ou pour un weekend de grisaille.
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Il s'appelle Jean. Il est en train de reconstruire une vieille péniche hollandaise. Il dit qu'il veut y planter des livres. "Des bâteaux en papier pour l'âme", dit-il. Il m'a expliqué que c'était censé devenir une pharmacie, une pharmacie littéraire destinée à guérir tous les sentiments pour lesquels il n'existe pas d'autre remède. Par exemple le mal du pays. Il dit qu'il y en a différentes sortes. Le besoin de sécurité, la nostalgie de la famille, la peur des adieux ou le désir d'aimer. (p.121)
-Est-ce que vous avez des livres sur la mort ?
-Oh, j'en ai beaucoup, oui, dit Perdu. Sur le fait de vieillir, sur le fait d'être atteint d'une maladie incurable, sur la mort lente et la mort rapide, sur la mort dans la solitude, quelque part, dans une chambre d'hôpital.
- Je me suis souvent demandé pourquoi il n'existait pas davantage de livres sur la vie. Après tout, tout le monde peut mourir. Mais vivre ?
-Vous avez bien raison, madame. Il y aurait beaucoup à dire sur la vie. La vie avec les livres, la vie avec des enfants, la vie pour les débutants.
-Ecrivez-en un, vous.
Comme si j'étais en mesure de donner des conseils à qui que ce soit dans ce domaine.
-Je préférerais écrire une encyclopédie sur les sentiments universels, concéda-t-il. (p. 32)
Le tango est la drogue de la vérité. Il démasque tes problèmes, tes complexes mais aussi tes forces, celles que tu caches aux autres pour ne pas les blesser. Il montre ce qu'un couple peut représenter l'un pour l'autre, la manière dont chacun écoute l'autre. Si quelqu'un n'aime écouter que soi-même, il détestera le tango.
Quand il dansait, Jean n'avait pas d'autre choix que de sentir au lieu de se réfugier dans des idées abstraites. (p. 191)
- Mon cher fiston, quand tu es une femme et que tu te maries, tu entres de manière irrévocable dans un système d'observation et de suivi. Tu veilles sur tout- Ce que fait ton homme, comment il se porte. Plus tard, quand les enfants arrivent, tu fais pareil avec eux. Tu es à la fois surveillante, servante et diplomate. Et ne crois pas que cela se termine avec un simple divorce ! Oh, non-l'amour s'en va, mais l'inquiétude reste. (p.79)
Le dernier livre qu'il avait vraiment lu était l'aveuglement de Jose Saramango, qui l'avait laissé perplexe.
Ce n'est pas très étonnant lui avait fait remarquer Perdu. Ce n'est pas un livre pour quelqu'un qui entre dans la vie, mais plutôt pour une personne qui serait dans la fleur de l'âge. Ceux qui se demandaient où diable a bien pu passer moitié de leur vie. Ceux qui se sont donnés tant de mal à poser un pied l'un devant l'autre sans songer à lever les yeux pour voir vers quoi ils avançaient avec tant d'empressement et de zèle. Un jour, ils relèvent les yeux de la pointe de leurs pieds et réalisent qu'ils sont aveugles, tout en étant voyants. Voilà, cette fable de Saramango s'adresse aux personnes incapables de voir la vie.