La liste de Varian Fry

Ma lecture de ce livre a très mal commencé et ce, dès le prologue, lorsque je découvre cette phrase :
« Varian et ses amis assistent médusés à l'avancée vertigineuse des troupes allemandes : le 9 avril 1940, elles envahissent le Danemark et la Norvège , le 10 mai, la Hollande ; la Belgique capitule le 14. « 

Comment l'auteure a-t-elle pu écrire cela ? La capitulation de la Belgique a eu lieu le 28 mai ! Mon grand-père maternel est d'ailleurs mort au front le 21 mai...

J'ai poursuivi ma lecture mais, je l'avoue, sans pouvoir gommer cette erreur, quel crédit alors devais-je donner à Bernadette Costa-Prades dans la relation qu'elle nous livre de la conduite de Varian Fry ?
Je dois toutefois préciser que ne connaissant que très superficiellement l'action de Varian Fry, le sujet m'intéressait !

L'auteure se concentre sur les treize mois durant lesquels Varian Fry a permis de sauver des griffes des Nazis quantité d'intellectuels et artistes de renom.
Il est arrivé en France pour en sauver 200 et c'est près de 2.000 qu'il sauvera.
Varian Fry méritait qu'on le sorte de l'oubli, de son vivant déjà on a peu honoré son action. Ce n'est qu'après sa mort qu'il fut reconnu Juste parmi les nations par Israël.
J'ai été intéressé par lui et admiratif devant son action et sa persévérance.
J'ai moins adhéré au livre écrit par Bernadette Costa-Prades cependant...
Outre ma déconvenue citée en exergue, j'ai regretté les nombreuses digressions hors-sujet (des anecdotes sur Alma Mahler ou Jacqueline Lamba par exemple) coupant inutilement le fil du récit, ainsi qu'un style trop journalistique avec même des onomatopées (“Fry à déniché non sans difficulté une chambre minuscule. Mal chauffée, brr, cela le change de son nid marseillais !” - page 124).

Le livre aura un autre mérite : j'irai plus loin dans la découverte de Varian Fry : les critiques sur Babelio de son livre “Livrer sur demande : Quand les artistes, les dissidents et les juifs fuyaient les nazis (Marseille 1940-1941)” étant particulièrement élogieuses !
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Bravo à Bernadette Costa-Prades d'avoir pratiquement sorti de l'oubli, où il était maintenu depuis tant d'année en France, cet homme hors du commun, Varian Fry, brillant journaliste américain, qui, de Marseille, où il était parti pour 3 semaines et où il restera d'août 1940 à septembre 1941, aidera plus de 2000 juifs, intellectuels, artistes anti-nazis ou considérés comme "dégénérés", à fuir l'Europe et le régime de Vichy. Parmi eux citons André Breton, Chagall et son épouse, André Masson, Alma Mahler et Franz Werfel, Jean Malaquais,..
En 1996 seulement, un an après Oskar Schindler, Varian Fry a été déclaré Juste parmi les nations par Israël. Il a été le premier américain à recevoir cette distinction.
Un livre qui se lit comme un roman. Certes l'époque est horrible et on a souvent le coeur étreint d'angoisse, comme lorsque Walter Benjamin, serrant contre son coeur, durant la dure marche vers l'Espagne par le chemin rocailleux des contrebandiers, le cartable qui contient son dernier manuscrit, déclare forfait et préfère passer la nuit seul, à attendre le prochain groupe. Il sera finalement refoulé à la frontière , et, n'ayant plus le courage de s'enfuir, se suicidera dans une chambre d'hôtel. Un jour plus tôt il serait passé sans difficulté.
Mais, paradoxalement, tous ces êtres en sursis vivent aussi des moments lumineux. Il y a le ciel bleu de Marseille, les cafés, les jeux surréalistes, la jeunesse, l'amitié, l'amour parfois.
Et Bernadette Costa-Prades a su intégrer à son récits des épisodes drôles et savoureux: le poisson rouge du bassin de la villa Air-Bel ( qui accueille un temps ce phalanstère d'artistes) dévoré faute de nourriture plus substantielle, ou Alma Mahler, qui, bien que la consigne lorsque Fry organise son évasion, soit de voyager léger, apparaît sur le quai de la gare saint Charles, suivie d'un porteur et de douze valises, sans parler de la sacoche qu'elle serre sur son coeur "comme un bichon maltais" .
Un grand moment de lecture. de magnifiques pages d'Histoire. La mémoire d'un homme qui, en 1935 déjà, revenant d'Allemagne, avait, sans succès, tenté d'alerter l'opinion sur l'horreur qui s'annonçait...

Livre intéressant car il m'a fait découvrir l'action d'un américain, Varian Fry qui a sauvé la vie d'hommes, de femmes et d'enfants qui cherchaient à échapper au nazisme (soit parce qu'ils étaient juifs, opposants au nazisme ou autre).

Par contre, je n'ai pas beaucoup aimé l'écriture de l'auteure, parfois à la limite de l'oral.