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EAN : 9791027802579
100 pages
Le Castor Astral (05/03/2020)
4.2/5   5 notes
Résumé :
Le nouveau recueil de Maria Linda Baros, après dix ans de silence
- La Nageuse désossée est un ensemble de légendes urbaines influencé d'une part par la cruauté de notre époque et d'autre part par les mythes archaïques ou contemporains qui façonnent et symbolisent l'avenir des villes.
- Le recueil est constitué de 7 cycles comportant chacun 5 poèmes. Un poème-pivot assure la transition entre un volet et un autre : " Le macadam ", " Les murs ", " Les to... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
�hronique🩱




Vers midi débarquent les hommes
Ils regardent la ville
Comme ils regardent les filles
Mais ils ne les défendent pas
Les hommes descendent juste
Dans les rues et observent
La magie qui s'échappe
Le béton qui prend toute la place
Les HLM qui se dressent phallus de misère
La cruauté transite vite dans les cités
Ils ont beau crier qu'ils veulent la féerie,
La nageuse, ou la façon de trouver la vérité
Les chiens lèvent à peine la tête à leurs bruits
Ça empeste l'indifférence autant que les pavés
Suintants de la nuit monte le rap des hérons
Les impasses sont brouillées de furtivités
Mais voilà qu'arrive, Linda Maria Baros
Une poétesse engagée qui n'a pas peur
De trancher de rester lucide de poétiser
Sur Les légendes métropolitaines

Vers midi débarquent les nageuses
Elles sont dans le fleuve, dans la mer
Et elles se font fluides et douces
Comme de l'eau, phosphorescentes
Capables de prendre mille formes
Ouvertes ou mal fermées elles donnent
Leurs corps en spectacle en pâture aux loosers La nageuse désossée n'a plus
Qu'à refermer ses plaies roulée par terre
Ce n'est plus jour de fête! Dieu c'est navrant
Les nageuses sont sous les ponts
Découpées incomplètes ignorées
Leurs lumières sont si éphémères
Que la nuit ne sait comment les retenir
Leurs légendes à travers la ville
Se cassent aussi vite que leurs os

Vers midi débarque l'ange de la ville
Je marche avec lui pour voir
Comme la violence ne l'interpelle
Même plus, comme il laisse faire
Les os brisés les bouches fermées
Les maisons quittées l'air rouge
Les pleurs des pendus le choeur déchiré
Les mères dépitées et les sexes mutilés
Je marche avec lui mais il m'énerve
L'infinie tristesse ne l'atteint
Même plus, il n'entoure de ses ailes
Que la pierre mais pas les peaux
Des demoiselles qui plongent et
Replongent dans les eaux du canal
Lacrimal et mettent à jour leurs mythes

Vers midi j'écris le meilleur poème
-Que je puisse écrire-
Je n'ai pas d'arme j'ai beau tendre la main
Aucun pistolet aucune menotte ne flotte
Par dessus le macadam les murs les toits
Les ponts les souterrains les banlieues
Les voies périphériques la poésie
Fait juste ce qu'elle veut des saltos
Des nuages une anesthésie une ode
Elle est juste libre de courir les rues
De nager silenciée dans la souffrance
Elle peut être désossée la poésie
Mais son corps se reconstruit
Quand on la décrie à l'infini
Qu'on l'aime en volutes sur le ciel
Quand elle monte de nos gorges
Gonflée du feu de nos poitrines
Elle insiste pour vivre pour survivre
Elle est puissante la magie de la poésie
Elle est déesse et sirène invincible
Même avec une queue de poisson
Et le bruit des os déchiquetés en fond
Elle sera là avec nos vagues à l'âme
Nos pleurs et nos deuils à rejaillir
Au-delà de toute légende urbaine
Et au coeur des vérités de ces féminicides
La ville lui cédera une fontaine imputrescible
Et moi, ma main n'aura de cesse d'écrire
De nager avec mes soeurs-ondines des villes
Je n'écris cette chronique que pour elle
La nageuse désossée mon coeur est noyé
De nos larmes versées sur les p(l)ages
Et à la mer, nous avons lancé ces mots humides et désespérés dans une bouteille
Que les flots ont emportés Clean Inside.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
            Les gens sortent dans la rue en tranches fines



Chaque soir, je descends dans la rue
      et la rue s’enroule autour de moi
      comme le bandage sur la plaie.

Je passe le fleuve. Ses chiens infidèles
      me lèchent la main.
Par-dessous les ponts,
      coule la chair de mes ennemis,
                  en grands quartiers, bleuâtres.

C’est ainsi que je marche à travers la ville,
             comme un dieu paresseux et cruel.
Les rues s’enroulent, poisseuses,
             l’une après l’autre, autour de moi,
et cet enroulement, c’est la ville même,
      sous les hardes militaires du matin.

Toujours plus mince, toujours plus lucide.
C’est ainsi que je marche à travers la ville.
Comme un doigt qui tourne dans la plaie,
                            qui l’élargit.
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La nuit, nous gaspillons tellement d’insistance.
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