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EAN : 9782902170319
283 pages
Brissaud (30/11/-1)
4.08/5   12 notes
Résumé :
Ce livre pointe l'évolution de l'agriculture française dans l'Entre-deux-guerres. Publié en 1922, il a pour suite "Bernard l’ours et la Torpédocamionnette" paru en 1927.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
L'honneur de l'homme ne peut venir que de l'attachement à sa terre.
Le vieil Amand Mazureau de la Marnière de Fougeray est bien seul depuis le commencement de la guerre, seul avec sa fille Evelline et son petit fils Bernard dont le père est tombé à Verdun, et dont la mère est partie refaire sa vie à Nantes.
Cette maudite guerre n'en finit pas.
Elle a pris tous les gars dont le plus célèbre au pays est Maurice, grand buveur, grand joueur et grand coureur de bals.
"Si les filles l'écoutaient volontiers, les mères en parlaient assez mal".
Mais quand la guerre sera finie, assurément Eveline et Maurice se marieront.
Un nouveau bonheur les rassemblera tous dans cette vieille maison ...
"La parcelle 32" est un livre d'Ernest Pérochon, par en 1922 à la librairie parisienne "Plon".
C'est un livre empreint d'effort, de glèbe et de sueur.
C'est là, une histoire ordinaire, une histoire qui prend sa force du fond des âges, et de l'atavisme paysan.
C'est une histoire poignante, belle et authentique en diable.
La guerre fait rage.
Mais à Fougeray, son fracas est inaudible et lointain.
Elle ne parvient à toucher ce récit que par les lettres de Maurice, par l'augmentation des prix qui enrichit les paysans, et par le manque de bras constaté dans le pays.
Honoré, lui, est resté comme sursitaire pour la culture, et, pour cela, doit effectuer deux jours de travail par semaine dans les autres fermes.
Honoré est-il le plus riche de Fougeray ?
D'héritage en héritage, il s'était trouvé propriétaire de quatre cent boisselées et plus, d'une grande maison, de coffres, de buffets, de vaisseliers et larges armoires bondées.
Honoré est l'amoureux transi d'Eveline, celui qu'elle ne regarde pas, pour ne voir que son bonheur futur avec Maurice ...
Ernest Pérochon a écrit là une histoire comme il a pu s'en passer dans toutes les campagnes de France à la même époque.
A l'inverse de Zola, il n'a pas cherché dans ce récit de la terre à insuffler de l'outrance à l'événement, ni à contraindre ses personnages au vice.
La vie dans ces pages est courante et quotidienne.
"La parcelle 32" est sise à la section D, au lieu dit "les Brûlons".
La vente de ces quatre hectares vingt-cinq de bonne terre va provoquer un remuement dans le pays car elle touche à la propriété Mazureau et à celle de Sicot, le beau-frère détesté ...
Ernest Pérochon a insufflé par contre à ses personnages une véritable humanité.
Il sont trois personnages principaux autour desquels tourne la vie :
Le vieux Mazureau qui est un véritable héros, un invétéré lutteur qui pourtant ne possède aucune haine, et finalement beaucoup de compréhension.
Eveline est l'espérance en une vie meilleure et son regard, pourtant troublé par le malheur, est porté vers des jours clairs et lumineux.
Quand à Bernard, le neveu orphelin de seize ans, il est l'opiniâtreté de l'esprit paysan qui se déchire à devoir diviser sa terre ...
Ernest Pérochon a signé un beau et grand livre qui pose la seule question qui vaille :
A-t-on besoin dans sa vie de plus de pain que de bonheur ? ...

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Une belle découverte de la littérature du début XXe siècle, bien sûr influencée par la première guerre mondiale, mais ici, il est question des conséquences de cette guerre dans les campagnes. Comment la culture de la terre va connaitre une crise presque asphyxiante, dépouillant ainsi les paysans de leur fierté, car, les vieux verront tous les jeunes partir à la guerre, cependant celui qui ne s'engage pas est ignominieusement traiter de lâche. Le travail rural va connaitre une baisse au niveau des rendements. Comment certaines mœurs vont être bouleverser telle la coutume du mariage. Bien des jeunes se marient juste avant d'aller en guerre ou encore pendant la guerre se faufilant au moment d'une permission, tout en sachant que le mari allait ou ne pas revenir, au risque de laisser leur épouse veuve ou plus simplement enceinte. Dans certains cas, encore fiancés mais la fille reste enceinte et affreusement déshonorée pendant que le fiancé vient de mourir au front. Eh oui, la plupart de jeunes paysannes sont sorties de cette guerre comme veuves ou simplement mère célibataires, ce qui était mal vu à l'époque. C'est comme si ces jeunes gens avaient tous la maladie de vouloir porter une bague ou de foutre de grossesse avant d'aller mourir. Mais le vieux Mazureau entend contourner les choses malicieusement. Il se morfond dans des calculs perfides pour pouvoir récupérer ou racheter sa terre de La parcelle 32, pensant se servir de sa fille Éveline, la fille la plus distinguée de Fougeray...le cours des choses ne sait pas nous prévenir de certaines tragédies...on les subit le plus souvent...
Ce n'est peut-être pas le top du XXe S mais je viens de passer un petit moment agréable!
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Une jeune femme, deux prétendants, raison et sentiment, amour et argent… une intrigue sans doute un peu surannée pour un roman publié en 1929. Mais elle ne se résume pas qu'à ça, c'est aussi l'histoire d'un vieux paysan au sortir de la première guerre mondiale qui a perdu sa femme et son fils et qui tente de reconstituer la ferme familiale pour son petit-fils.
Tout se passe donc à la campagne. Les paysans sont très bien campés dans leurs intérêts, leurs relations, leurs façons de penser, etc. Ils ont un langage un peu trop châtié, à part quelques expressions typiques de l'Ouest, ils s'expriment tous dans un bon français, sans patois ; c'est un peu dommage je trouve, j'aurais bien aimé retrouver un ou deux paysans à l'ancienne, peu ou pas instruits. Mais à part ce léger regret je trouve tout le roman très bon. L'attachement à la terre, la fierté, les jalousies et les tensions dans un village, le travail aux champs (à l'époque c'était avec les boeufs), tout ce qui fait la vie des paysans est bien rendu.
Il contient aussi plein d'éléments qui sont spécifiques à la guerre : les morts, les sursitaires, la mentalité à l'arrière, l'enrichissement soudain des paysans. Et puis aussi le sort des femmes, seules, veuves, célibataires, obligées de travailler dans les champs. Ce n'est pas le roman le plus inventif du siècle, mais quand on aime ce milieu paysan c'est très bien.
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Le destin d'Eveline, 25 ans à la fin de la guerre 14-18, est décrit au scalpel. Elle n'a pas son mot à dire en ce qui concerne son avenir. Dépendante d'un vieux père autoritaire et d'un neveu mauvais, elle doit faire bonne figure à un chétif homme de quarante ans, sursitaire, alors qu'elle ne voit que par le galant Maurice, envoyé au front, qui revient en permission.
Ernest Pérochon, semble avoir été précurseur, pour un homme de sa génération, en brossant des portraits de femmes assujetties, dans la campagne deux-sévriennes du début du XXe siècle.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Des gens ennuyés étaient ceux qui avaient abandonné leur culture au début de la guerre, soit parce qu’ils se croyaient assez riches, soit qu’ils manquaient de bras et qu’ils ne se trouvaient plus en force, les jeunes étant partis.

Bien avisés au contraire, ceux qui avaient tenu bon ! Il leur fallait trimer, cela va de soi ; tout le monde sortait aux champs : les femmes, les enfants, les chétifs et jusqu’aux vieux hors d’âge. Mais aussi, la récompense venait !
Le blé se vendait à un très haut prix et le bétail n’avait plus cours. Quant au lait… Quant au lait qui était la grosse affaire de Fougeray, si l’on en parle, il vaut mieux n’en pas parler trop clairement… Car le gouvernement avait taxé le beurre.

On prenait l’argent du lait et on le mettait avec l’argent du blé, avec l’argent des pommes de terre, l’argent du bétail et l’argent des allocations que tout le monde avait bien finir par obtenir.

Et, encore une fois, il serait très méchant et tout à fait absurde de prétendre que cela faisait oublier le chagrin des séparations. Tout au plus pourrait-on dire que cela le rendait moins visible chez certains.
Les gros cultivateurs faisaient fortune ; les petits payaient leurs dettes et arrondissaient leurs biens. Les paysannes, quand elles allaient à la ville, dressaient la tête devant les dames.

A Fougeray, le curé en soutane élimée, le facteur et le maître d’école traînant des sabots plats, n’étaient plus du tout considérés. Il n’y avait guère au-dessous d’eux qu’un vieux réfugié belge, Jorden le dentelier.
Peu à peu, une fièvre d’orgueil gagna tout le monde. Les fermiers voulurent être propriétaires ; ceux qui avaient un champ en voulurent deux…et non point dans un an, dans deux ans, après la guerre, mais tout de suite.
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A Fougeray, ce printemps là [1918], la guerre causa de grands deuils. Les ennemis ayant tapé comme des fous – dans leur hâte d’en finir, disaient les journaux – les pauvres qui se trouvèrent aux points de grande bataille furent, encore une fois, décimés.

Six du village y laissèrent leur vie : deux petits gars tout jeunes et quatre anciens à brisques qui avaient passé partout.
Il n’y a que les menteurs pour dire qu’ils ne furent pas pleurés.
Il faut remarquer seulement que jamais, de mémoire d’homme, et même jamais depuis les temps des temps, il n’était entré autant d’argent chez ceux de Fougeray.

Il y avait environ deux ans que les produits de la terre se vendaient avantageusement. Cela avait été d’abord une surprise et puis ont s’était vite habitué à voir monter les prix de façon gaillarde
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- Ce n'est pas vrai, ce que je dis peut-être ?
Ce n'est pas vrai que tu écrivais en cachette à un de l'armée ?
Sur du papier bleu que tu avais glissé dans une doublure de ton calepin à aiguilles ?
Ce n'est vrai que tu vas quand même te marier avec le "monsieur" ?
Tu as raison, tante Eveline ! Tu as raison ! Tu seras riche ...
Et puis au moins, celui-ci, il ne mourra pas à la guerre !
Tandis que l'autre ... dame !
Il y a des chances ! ...
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J’ai eu besoin de pain, dans ma vie… je n’ai jamais eu besoin de bonheur… Qu’est-ce qu’ils ont donc tous à me chanter avec leur bonheur ? Ma défunte voulait du bonheur…, et puis mon fils, et puis ma bru…

Et te voilà, toi aussi, maintenant, avec ton cœur mou ! Qu’ont-ils donc dans la poitrine, ceux de mon nom ? Le bonheur ! Il n’y a pas de bonheur… Il y a des gens qui savent se tenir droit et d’autres qui se couchent, tout de suite las… Éveline Mazureau, avant de songer au bonheur, il faut tenir sa maison, il faut lever l’honneur de la famille !
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A Quérelles, devant la grille du notaire, le vieux
Mazureau tira la poignée de la sonnette. Un tintement
léger se fit entendre au fond de la cour.
Personne ne parut. Il faisait très froid devant cette
grille; un vent d’est mordait âprement.

Un petit gars
d’une quinzaine d’années, qui accompagnait le vieux,
chuchota:
— Tu n’as pas tiré assez fort, grand-père; ou
bien leur mécanique est démolie. Veux-tu que j’essaye?
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