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EAN : 9782840496847
252 pages
Seguier Editions (20/11/2014)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Ce pourrait être un sujet d'examen : La Parisienne : mythe ou réalité Mais plutôt que de philosophie ou de sociologie, il s'agirait d'esthétisme et même de littérature. C'est l'évidence : rien ne renseigne mieux sur une époque ses gens et son décor que la littérature. Et parce qu'il ne nous est pas possible de peindre la Parisienne d'aujourd'hui sans évoquer celle d'hier, se trouvent ici réunies trois oeuvres si brillamment écrites par Pierre de Régnier, Gérard Bauë... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Merci à Masse Critique, Babelio et aux Editions Séguier pour m'avoir permis de découvrir ce livre, dédié à La Parisienne.

Ce livre, écrit à quatre mains, a pour but de décrire la Parisienne de Paris sous toutes les coutures ou du moins de nous en donner un aperçu. En tout cas, les auteurs s'y essaient. Il se découpe en 2 larges parties : une 1ère partie décrite par Antoine Laurain et Gérard Bauër et une 2ème partie, celle de Pierre de Régnier et de Henry Becque, à travers leur roman et pièce de théâtre.

En premier lieu, sous la plume, d'Antoine Laurain, on remonte le temps et on traverse les époques pour nous permettre de la discerner. Et pourquoi ce mythe. J'apprécie beaucoup son écriture. Il réussit à nous intéresser à La Parisienne. Il nous parle de son charme, de son caractère, de son évolution au cours des siècles. On passe de l'école des femmes de Molière, aux courtisanes, pour se diriger, à la fin du XIXème siècle, vers « La grande Cocotte ». Mais ce qui les révéla vraiment, ce fut le théâtre et le cinéma.

Il nous parle également de leur élégance qui se veut naturelle, innée et qui a dépassé nos frontières. Peu importe le temps passé devant le miroir, ce qui compte, c'est que cela ne doit pas se voir. Pas de vulgarité chez elle. Cela ne l'empêche pas d'être multiple et indéfinissable.

Alors que pour Gérard Bauer, la Parisienne est avant tout de Paris, née à Paris. Elle ne peut provenir d'une autre ville, ni d'un autre pays. Elle ne s'importe pas.

Suivant les époques, des changements interviennent au niveau de l'habillement et de l'allure de la Parisienne. « La nature nous prodigue des Agnès, mais ne nous fournit plus d'Hermione ». Mais pas seulement. Il y a également l'uniformisation des désirs. La banalisation se généralise chez toutes les parisiennes, quel que soit leur niveau social et ça, c'est une révolution.

De plus, elles vont voir ailleurs ce qui se fait de mieux en matière de mode. Elles prennent modèle sur les Etats-Unis. Pour Gérard Bauer, c'est plutôt négatif : « Elle est devenue charmante, en toutes circonstances et dans toutes les classes. Mais, il n'est pas certain qu'elle n'ait pas abdiqué, ni qu'elle n'ait pas perdu le sens du magnifique ». Il ressent de la nostalgie.

Gérard Bauer parle aussi de l'évolution des moeurs, des habitudes, des changements : Elles se prennent en chargent et décident seules de leur vie. Elles investissent les industries et le commerce, réservés aux hommes, en bref, elles acquièrent leur indépendance. La flânerie disparaît au détriment du stress et de la rapidité. Mais également, elles embellissent. Une femme de 40 – 50 ans n'est plus une « vieille cocotte », comme elle a pu l'être autrefois.

Avec Pierre de Régnier, on change de registre. On passe de l'élégance, de la beauté, et de l'admiration à la bagatelle, à la volupté, au plaisir, à la frivolité. On suit les pérégrinations amoureuses et tumultueuses de Bernard, personnage principal dans son roman « La femme ». Il volète de papillon en papillon. La Parisienne est juste là pour assouvir les désirs à l'instant T. Il n'y a pas d'attachement. Surtout pas. La vie glisse de femme en femme, sans s'arrêter sur aucune. Il y a Suzy, la comédienne, qui se jouera de Bernard, Marianne pour qui il pensait avoir un penchant, Alice, qui était amoureuse de Bernard, mais qu'il trompera éhontément, Ninette, qui était toute jeune, Simone qu'il désire à tout prix, Marthe avec qui il partagera une idylle, Betty qui le fera courir, Hélène dont il tomba follement amoureux, Rosine qui resta indifférente à sa cour.

Cela s'explique par le fait que Pierre de Régnier a eu une vie assez dissolue, qu'il raconte d'ailleurs dans son livre « La vie de Patachon ». Elle n'était faite que de fêtes délurées, de beuveries, et d'escapades nocturnes où tout le monde couchait avec tout le monde. Que de désoeuvrement et d'autodestruction dans cette manière de vivre, dans le Paris des années folles.

Quand à la pièce de Henry Becque, on pénètre au coeur de la vie de la Parisienne. C'est un Vaudeville. Il y a le mari, qui ne soupçonne pas que son épouse à un amant, et l'amant. A travers les dialogues des différents protagonistes, on découvre la vie d'une parisienne. Elle doit jongler entre son mari et son amant, qui se fait très pressant et dont elle aimerait se débarrasser, car elle a des vues sur un autre homme. Malgré tous ses efforts pour le décourager, celui-ci s'accroche. Mais ne vous y trompez pas, la Parisienne reste sous l'entière coupe de son mari. Elle doit lui rendre compte de tout et n'a pas son mot à dire. Elle n'est pas émancipée. Bien que… Dans cette pièce, c'est elle qui, de par ses conseils à son mari, lui obtiendra le poste tant désiré. Pièce très plaisante qui se lit facilement et qui m'a fait sourire.

Livre esthétiquement très beau, pages en papier glacé, plaisant à lire, une belle écriture fluide, sans compter les très belles gravures de la Parisienne, de René Gruau, qui viennent ponctuer les chapitres tout au long du livre.

L'analyse qui est faite de la Parisienne est bien amenée. On parle d'émancipation, de liberté sociale, d'évolution des moeurs. Il n'est pas aussi léger qu'on pourrait le penser au premier abord. Tout a un coût. Certaines n'arrivent pas à atteindre leur objectif. Elles retombent dans une existence étroite, monotone et retourne à l'anonymat.
C'est un bel hommage à la Parisienne à travers les époques.

Ce serait bien que les éditions Séguier sortent un livre sur les femmes qui, elles, ne sont pas Parisiennes… (là je suis un peu jalouse, je l'avoue).
J'espère que vous aurez l'occasion d'avoir ce livre prochainement dans les mains et que vous l'apprécierez autant que moi.
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Le livre :

Un essai sur la parisienne. Qui est-elle ? Plusieurs auteurs se sont penchés sur ce portrait féminin d'hier à aujourd'hui. Femme élégante, femme amoureuse, femme d'affaire… La parisienne est multiple mais fait toujours rêver…

Autour du livre :

Je remercie Babelio et les éditions Séguier qui m'ont donné la possibilité de découvrir ce livre par l'opération Masse Critique.

J'ai beaucoup aimé cet essai dont le titre avait accroché mon regard : "la parisienne de Paris", C'est un peu moi ! Je suis née dans le 15e à Paris et j'ai vécu presque toute ma vie dans cette ville. J'ai aimé les illustrations de René Gruau, belles et distinguées.

Cet essai permet le temps de quelques pages de réfléchir à la parisienne, vantée par les peintres, les chanteurs et les cinéastes. Rêve ou réalité ? Elle est un peu de tout ça.

L'essai d'Antoine Laurain est ce qui m'a le plus intéressée, moins séduite par la pièce de théâtre de Becque dont l'action est plus creuse.

Antoine Laurain est un écrivain français né dans les années 70.

Gérard Bauër est un auteur français né en 1888 et mort en 1967.

Pierre de Régnier est un écrivain, auteur d'un seul livre : la vie de Patachon, né en 1898 et mort en 1943.

Henry Becque est un dramaturge français né en 1837 et mort en 1899.

René Gruau est un dessinateur né en 1909 et mort en 2004.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Gérard Bauer - Page 48
Si on affirme d’une jeune femme qu’elle est une Parisienne, on évoque un ensemble de qualités qu’on rencontre rarement réunies chez celle qui n’est pas de Paris. Cette primauté est à la fois physique et morale. Il existe une certaine grâce qu’on voit aux Parisiennes, et qui n’est pas la grâce de Toulouse, ni celle de la femme de Turin… ni encore celle de la Viennoise, souvent comparable à la Française. Alors que le brevet de « Parisien » retient surtout des qualités d’esprit, d’adaptation au talent ou à la mode, celui de « Parisienne » implique premièrement une délicatesse qui participe autant du physique que du moral. Voilà premièrement la qualité permanente qu’on peut attribuer à la Parisienne de toute classe. Délicatesse du corps, délicatesse du sentiment du procédé. Elle s’intéresse à beaucoup de choses : elle s’étonne de peu. Elle n’a pas de morgue dans sa réussite, et si elle possède le goût de réussir, ce n’est pas avec cette âpreté, cette lourdeur qu’on remarquera souvent chez les femmes de province ni le fracas des étrangères.

Page 66-67
La Parisienne, lassé de ces sujétions, et ayant, une fois pour toutes, compris le prix de la liberté, a cherché à la conquérir. Elle n’a pas envié d’ailleurs une liberté de flânerie ; on ne flâne plus à Paris. Elle a recherché une liberté sociale, un état où elle serait moins assujettie à ce qui, de tout temps, a constitué les occupations de la femme.

Page 75
L’esclavage de la femme s’affirmait naguère, non seulement par la soumission aux préjugés sociaux, aux décisions des hommes, mais aussi par sa résignation à de fausses fatalités de l’âge. Elle acceptait de vieillir, comme un devoir…. En se rebellant contre cet abus, la Parisienne la première, a reculé l’âge de son affaissement ; et sans ridicule, il convient de le dire, car il est bien notable que c’est au moment où la Parisienne a prolongé de plus en plus l’espace de sa séduction que le type de la vieille coquette a disparu. Cela tient à ce que la Parisienne d’aujourd’hui ne lutte plus contre l’âge en se parant des attributs de la jeunesse, en décorant un corps fatigué d’élément anachronique, mais en protégeant son être, en soignant sa personne, en faisant valoir dans chaque âge ce qu’il peut avoir de séducteur et de délicieux…

Page 77
L’autorité de la femme moderne s’exerce pour son compte et pour un pouvoir étendu. Or, cette autorité est devenue séductrice ; car elle implique de l’intelligence et de la décision, qualités bien attrayantes, et de celles qui retiennent un homme aujourd’hui, autant que la beauté ou la frivolité, jadis, les charmèrent.

Page 98
Hélas ! Hélas ! je ne le sais que trop ! Les Parisiennes ont cet avantage de ne pas vous prendre pour des dieux.
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Pierre de Régnier – Page 105
Si, de tous les fléaux du monde, l’amour est considéré comme le plus ravageur, je crois qu’en tant de plaisir, il reste, jusqu’à nouvel ordre, inégalé ; s’il s’accommode assez bien d’autres voluptés secondaires, comme celles de boire ou de fumer, il me semble que l’amour « pur » avec tous ses préliminaires et les complications qui en résultent, constitue un sport de premier ordre, surtout pour les gens paresseux.

Page 112
Ce n’est que plus tard, beaucoup plus tard, lorsque Bernard eut gravi péniblement les degrés difficiles de son intimité, après beaucoup de soirées plus ou moins inachevées et compliquées par sa morne fantaisie, qu’il s’aperçut qu’elle n’aimait pas les hommes.

Page 117
J’ai trouvé toujours insensée cette manière de faire l’amour avec des gens qu’on ne connaît pas et c’est pour ça que le mariage m’a toujours semblé insipide.

Page 120
Je crois que vous avez été dans la vie de Bernard l’élément presque abstrait et indispensable, et qu’il a eu de la veine de tomber sur vous assez tôt pour s’apercevoir que rien n’existe en ce bas-monde, si ce n’est le plaisir, qu’aucune pensée n’arrête et qu’aucun remords ne gâche.

Page 128
Et puis, aussi, ne vous ai-je pas dit qu’Alice était une femme charmante ?... Seulement, elle était intelligente… Méfiez-vous comme de la peste des femmes intelligentes…
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Henri Becque - Page 194
Etes-vous bête, mon ami, et malchanceux dans vos suppositions. Tenez, je veux bien faire quelque chose pour vous, quoique vous ne le méritiez guère. Mon mari ouvre toutes mes lettres, toutes, sans exception, le l’ai préféré ainsi, vous voilà tranquille de ce côté.

Page 252
Clotilde : Vraiment ! Il est bien fâcheux que cette dame ne soit pas ici pur vous entendre ; elle saurait l’opinion que vous avez d’elle et de toutes les femmes. La confiance, monsieur Lafont, la confiance, voilà le seul système qui réussisse avec nous.
Du Mesnil : C’a toujours été le mien, chère amie…
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Ce pourrait être un sujet d’examen si ces gens-là se dé-corsetaient un jour : «La Parisienne : mythe ou réalité ?».
Mais plutôt que de philosophie ou de sociologie, il s’agirait d’esthétisme. Or rien ne renseigne mieux sur une époque ses gens et son décor que la littérature.
Et parce qu’il ne nous est pas possible de peindre la Parisienne d’aujourd’hui sans évoquer celle d’hier, se trouvent ici réunis trois bijoux littéraires issus de trois écrivains et deux époques. Henry Becque, Pierre de Régnier, Gérard Bauer : il ne s’agit pas «d’embaumer un souvenir» mais de comprendre la continuité des traits et des m½urs. Antoine Laurain, écrivain de ces nouvelles années dix, spécialiste de la créature féminine pour l’avoir si bien croquée dans «La femme au carnet rouge» (Flammarion), ouvre le bal de ces Parisiennes vers lesquelles, toujours, se tournent tous les regards du monde.
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« Rassurez-vous, la plupart du temps, ces femmes sont imaginaires et inventées par la rédaction. La parisienne y est décrite comme une jeune femme libre et moderne qui se déplace en vélib, mange un sandwich bio, bois un jus de grenade, fait un petit « selfie » d’elle-même avec son iPhone devant une boutique tendance et le poste aussitôt sur Instagram et Facebook en attendant les « like ». Elle travaille forcément dans la communication, vit avec un type qui est gauchiste et qui gagne très bien sa vie mais se pose beaucoup de questions et serait bien tenté par une formation de bartender mixologiste (on disait barman autrefois) afin d’ouvrir un bar à cocktail très « hypster » à Colonel Fabien avec d’autres copains (graphistes eux aussi)."
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Videos de Antoine Laurain (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Antoine Laurain
Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/antoine-laurain-les-caprices-de-l-astre-53253.html
Certains livres sont comme une rencontre. On ne les attendait pas et ils vous apportent plus que vous ne le pensiez. Ainsi en est-il du nouveau roman d'Antoine Laurain, « Les caprices de l'astre». Antoine Laurain trace discrètement son sillon depuis 15 ans en France comme à l'étranger où ses livres sont traduits en une vingtaine de langues et sont l'occasion pour lui d'accompagner ses personnages de l'Amérique du Nord à la Corée du Sud. Si son titre le plus connu reste « le chapeau de Mitterrand », en 2012, adapté ensuite pour la télévision, ces autres livres révèlent eux aussi un talent certain d'écriture où le style le dispute à la poésie sans renier une pointe d'humour. « Millésime 54 », « Rhapsodie française » ou « le service des manuscrits » font partie de cette bibliographie. Mais sa petite consécration personnelle reste sans doute la fait que Camilla, duchesse de Cornouailles,épouse du prince Charles, ait choisi son livre « La fille au carnet rouge » dans sa sélection de lecture pendant le confinement. Dans son travail d'écriture, l'auteur reconnait volontiers une nostalgie heureuse. Lui qui a, pendant plusieurs années, travaillé dans un magasin d'antiquités s'appuie souvent dans ses romans sur le temps qui passe, les rencontres au-delà du temps et les objets qui créent la transmission. On retrouve cet esprit dans ce nouveau titre « Les caprices de l'astre ». Guillaume le Gentil de la Gournaisière, savant et astronome, est envoyé sur les mers du globe par le roi Louis XV. En parallèle, dans le Paris d'aujourd'hui, Xavier et Alice, malmenés par la vie se croisent sans se trouver. Mais le destin est en embuscade. On entre avec une réelle jubilation dans cette jolie histoire qui parle d'amour, de résilience, de lien aux autres sans mièvrerie, sans pathos mais avec légèreté et poésie. L'écriture est belle et légère, le style permet de retrouve la belle plume d'Antoine Laurain. Quant à l'intrigue, finement amenée, elle nous offre une réelle parenthèse enchantée dans cette période tellement troublée. Et mon Dieu, que ça fait du bien… « Les caprices de l'astre » d'Antoine Laurain, aux éditions Flammarion.
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