Denis Grozdanovitch a été joueur de tennis professionnel.
Cette rapidité à renvoyer la balle est à l'image de sa curiosité intellectuelle, de son érudition librement acquise, au rythme de ses découvertes, de ses lectures et des hasards de la vie.
Il a longtemps consigné ces notes dans des dizaines de petits carnets.
Noircissant ces pages, pour ne pas se décourager, il pensait à CEL.
CEL, c'est un « charmant éventuel lecteur. »
Depuis plusieurs années, ces lecteurs virtuels sont devenus bien réels et, pour ma part, il me serait impossible de me passer de
Denis Grozdanovitch, de son esprit libre et non conventionnel, ouvert à tous les possibles.
Dans «
La puissance discrète du hasard », l'auteur explore dans « un joyeux bric-à-brac », en ne suivant d'autre règle que celle des associations mentales, « les mystérieuses conjonctions du hasard. »
Vous pensez à un livre, vous plongez la main dans un carton de brocanteur, et il est là.
Vous faites une tarte, elle se renverse et vous créez la tarte Tatin.
Vous oubliez des moisissures dans une boîte de labo et vous découvrez la pénicilline.
Un oiseau cogne à la vitre le soir des funérailles d'un ami.
Une bibliothèque craque.
Et tant et tant d'autres petits hasards auxquels les Occidentaux, trop cartésiens, ont tort de ne pas prêter une plus grande attention, car ils sont « une clé qui ouvre l'âme des profondes forêts sauvages ».
Il ne faut pas non plus tout sur-interpréter, mais prendre conscience de ce que Jung appelait la « synchronicité. »
Mêlant citations littéraires et anecdotes personnelles,
Denis Grozdanovitch offre un livre formidablement écrit, sensible et drôle à la fois.
Grâce à lui, nous savons mieux ce qu'est la « sérendipité » très à la mode aujourd'hui : il s'agit de faire des découvertes extraordinaires en recherchant tout autre chose.
Il y a aussi la « zemblanité » qui est l'art d'être au mauvais endroit au mauvais moment.
Ce livre est une invitation à la flânerie. Il ne donne en aucun cas des leçons de vie, mais il engage à la légèreté, à la joie simple, et à l'amusement face aux caprices du hasard.
De Grozdanovitch, on peut lire aussi « Petit traité de désinvolture », «
L'art difficile de ne presque rien faire », « de l'art de prendre la balle au bond », entre autres textes fort stimulants et originaux.