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Teodore Szacki tome 3 sur 3
EAN : 9782266279574
576 pages
Pocket (14/09/2017)
3.78/5   221 notes
Résumé :
Un cadavre brûlé par des armes chimiques est retrouvé sur un chantier polonais. Les résultats de l’autopsie sont stupéfiants : certains membres prélevés sur place n’appartiennent pas au corps de la victime. Absorbé par cette étrange affaire, le procureur Teodore Szacki néglige une plainte pour violences conjugales. Il en prend conscience trop tard : la plaignante a été grièvement blessée. Son mari est découvert quelques jours après, vivant, mais la langue et les cor... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (66) Voir plus Ajouter une critique
3,78

sur 221 notes
C'est à Olsztyn, capitale de la province polonaise de Varmie-Mazurie, que le procureur Teodore Szacki a posé ses valises. Il vit depuis un an avec Zenia, une charmante organisatrice de mariage et avec sa fille Hela que sa mère n'a pas souhaité emmené avec elle à Singapour. Arrachée à Varsovie, son lycée, ses amis, l'adolescente n'est pas facile à vivre et son père peine à établir le contact. Mais ses problèmes familiaux vont être balayés par une affaire particulièrement difficile. Sur un chantier, des ossements sont découverts, ceux d'un homme décomposé chimiquement et auxquels on a ajouté les os de différentes victimes. L'homme, marié et père de famille, menait une vie sans histoires et personne ne semblait lui en vouloir. Préoccupé par ce cas complexe, Szacki prend à la légère la visite d'une femme qui se dit effrayée par son mari. Quand il la retrouve baignant dans son sang, le procureur fait son mea culpa mais il est trop tard. Sa conduite inconsidérée a fait de lui une cible...

Clap de fin pour l'intransigeant procureur Szacki. On le retrouve dans une nouvelle vie, une nouvelle région, avec une nouvelle femme et un nouvel adjoint, encore plus rigide que lui.
Après nous avoir fait visiter la froide Varsovie, puis la jolie Sandomierz, Zymunt Miloszewsi nous emmène au Nord-Est de la Pologne, dans une région qui a longtemps été allemande. La ville d'Olsztyn se targue d'abriter pas moins de onze lacs en son centre mais l'auteur ne peut s'empêcher de noter l'urbanisme effréné qui bétonne à tout va, le modernisme à tout prix ayant pris le pas sur l'art et la beauté.
Mais là n'est pas le propos du livre qui aborde un thème plus douloureux : la violence domestique et le silence qui l'entoure. Des familles qui vivent dans la peur, des enfants effrayés, des femmes humiliées au quotidien, des épouses qui tombent sous les coups de leurs maris tout-puissants. Une prise de conscience pour le procureur parfois un peu macho qui s'interroge sur ses propres comportements. Son enquête va le mener jusqu'au bout de lui-même. On le savait soupe-au-lait, ''courroucé'' comme le décrit sa fille, on découvrir toute la rage dont il est capable pour protéger les siens, une rage qui le conduira jusqu'à l'irréparable...
Un final intense qui conclut formidablement cette trilogie polonaise qui aura su nous faire découvrir un pays méconnu, un enquêteur tout en nuances et un écrivain qui sait dénoncer les travers de ses compatriotes avec suffisamment d'humour et de cynisme pour ne pas passer pour un donneur de leçons. On tourne la dernière page avec déjà la nostalgie de tous ces moments partagés avec le procureur et la Pologne. Adieu Teodore mais à bientôt Zygmunt...
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L'auteur Zymunt Miloszewsi situe son enquête à Olsztyn, au Nord-Est de la Pologne, une région à forte influence allemande, et qui en garde un certain état d'esprit.
Ce qui est évident, vus les peu flatteuses descriptions touristiques locales au long du roman, son embauche éventuelle au syndicat d'initiative de ladite région, si telle etait son ambition, ne restera à jamais qu'a l'état de projet... En tout cas, je n'irai pas specialement sur place pour visites d'une ville moche voire sinistre de par son développement architectural et urbain anarchique dixit l'auteur.
Le décor est planté, et l'on se doute que l'histoire sera moche voire sinistre. Et nous aurons raison pour notre plus grand plaisir de lecteur.

Le très rigoriste et légaliste procureur Teodore Szacki s'y installe en provenance de Varsovie, avec sa fille adolescente difficile par définition, dont le rôle secondaire mais essentiel est l'implacable déclencheur de l'irfeversble explosion de sa rage latente de "misanthrope sociopathe".

Le roman se déroule sur fond de question récurrente : faut-il que la loi du "talion social" en réponse aux violences sociales et familiales, et bien sûr appliquée par une élite capable de condamner, se substitue à une Justice estimée trop laxiste, formelle, lente et plus encore ?
L'ultra légaliste et néanmoins misanthrope sociopathe procureur Szacki y est bien sûr opposé mais rendra lui même sa justice personnelle en tuant un coupable présumé ; je precise que ce n'est pas divulgâcher car effectif dès les premières pages.
Le roman va démonrer le mécanisme et la machination l'amenant à ce geste, ainsi que les conséquences.

Les personnages sont épais, fouillés, intéressants, et la chute, amorale, surprenante par son aspect non conventionnel.
Le tout baigne dans une écriture nerveuse, remplie d'un humour mordant et d'un cynisme réjouissants.
L'avantage du roman est que l'auteur ne tombe pas dans les leçons de morales lourdingues, ne juge pas ses personnages, il anime un scénario bien huilé.

Je découvre évidemment à la fin que ce sympathique voyage polonais est le dernier tome d'une trilogie... qui peut se lire indépendamment des autres sans problèmes.
Une bonne découverte.

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Le procureur Teodore Szacki poursuit son périple professionnel et sentimental. Après avoir été en poste à Varsovie dans le premier roman de la série, « Les impliqués », une enquête au cours de laquelle il quitte sa femme Weronika après une aventure avec une jeune journaliste de la République, Monika, il s'est retrouvé à Sandomierz, dans « Un fond de vérité », une ville du sud-est de la Pologne, confronté dans son enquête aux liens complexes du judaïsme avec l'histoire de la Pologne. Là encore il a séduit une jeune collègue mariée.
Dans « La Rage », Teodore Szacki est muté à Olstyn, ville du nord-est de la Pologne, connue pour ses onze lacs et son prestigieux passé prussien. Il y vit avec Zenia, (« Il s'était dit : ce n'est pas mon genre. Zenia lui avait jeté un seul coup d'oeil, et il avait été foutu. »), et sa fille Helena (Hela), issue de son premier mariage avec Weronika, qui a quitté la Pologne pour Singapour avec son nouveau mari.
Olsztyn, « au coeur d'une région frontalière avec l'enclave de Kaliningrad », n'est pas vraiment une destination de rêve : « Dans certains cas, elle était si laide que la capitale de la Varmie devenait régulièrement la risée du pays en raison des excentricités architecturales dont on l'agrémentait avec une persévérance digne des plus justes causes ».
L'un des principaux intérêts des romans de Zygmunt Miłoszewski est de proposer une vision précise, juste et lucide de la vie en Pologne, et de nous faire toucher du doigt les contradictions de ce pays qui sort avec bonheur et difficulté à la fois, de plus de quarante ans d'histoire vécue en supportant le joug de l'URSS.
L'auteur, comme dans ses deux précédents romans a véritablement des talents d'essayiste lorsqu'il exprime, à partir de scènes banales, de descriptions des tracas de la vie quotidienne, ou du fonctionnement de l'administration, l'essence même de ce qu'est aujourd'hui la Pologne.
A titre d'exemple les nombreuses références à l'absence de bases de données nationales :
« C'est une putain de blague ou quoi ? Il n'y a vraiment aucune base de données dans ce foutu pays où on traque ce qui arrive à ses putains de citoyens ? »
« C'était vrai, le procureur Teodore Szacki savait que rien n'apparaissait jamais dans les bases de données officielles. Les flics avaient leur propre système d'information (…) le parquet avait le sien, LIBRA, (…) de plus, tous ces systèmes étaient curieusement démembrés, incompatibles et disjoints. »
La rage respecte aussi ce que j'appellerai la signature Miłoszewski : un découpage en chapitres journaliers (24,25,26,27,28 novembre- 2.3.4.5.9 décembre 2013- 1er janvier 2014) dont chacun est précédé en exergue d'extraits de l'actualité internationale et polonaise vue à la fois par le petit et le gros bout de la lorgnette, qui relativisent l'importance des sujets d'actualité traités par les média.
L'intrigue du roman se faufile entre ces différentes figures imposées et surgit peu à peu pour s'imposer, nourrie à la fois des données du contexte et des sentiments contradictoires des personnages au sein desquels Szacki se débat pour faire surgir la vérité.
Au parquet d'Olsztyn, Szacki est entouré de :
Sa patronne, Ewa Szarejna, « Elle était une sorte de crocodile emprisonné dans un déguisement d'ours en peluche. » ; son adjoint Edmund Falk, « le procureur savait que tout le milieu juridique d'Olsztyn se moquait du « roi des coincés » et du « prince des coincés », comme on les appelait tous les deux. (…) car si Szacki avait eu un fils, (…) il n'y aurait eu aucune chance pour que cet enfant (…) lui ressemble davantage qu'à Edmund Falk. » ; le commissaire Jan Paweł Bierut, qui porte une veste en simili cuir « …si reconnaissable qu'il aurait pu tout aussi bien porter un gilet fluorescent estampillé « Police » ». le légiste Ludwig Frankenstein avait « …la même apparence que celle du savant fou sorti d'un film allemand. », et « son assistante, Alicja Jagiełło, l‘air de débarquer d'un tournage de film porno se déroulant dans un décor de laboratoire. »
Rien ne se passe à Olsztyn. du moins est-ce l'impression que laissent les 50 premières pages. Jusqu'à ce que la découverte d'un cadavre dans un ancien abri anti aérien, à l'occasion de travaux d'aménagements, emballe le roman. Je n'irai pas jusqu'à vous dire pourquoi.
Ce cadavre, dont on pense, comme à l'habitude qu'il est celui d'un allemand oublié là depuis la fin de la guerre, vu son état, va révéler l'une des énigmes les plus ardues à laquelle Szacki ait jamais été confronté.
Parallèlement, le lecteur est témoin de scènes anodines du quotidien qui révèlent les côtés obscurs de la vie domestique et la spirale de la violence conjugale ; notamment chez ce couple modèle de la rue Równa, qui a tout pour plaire et pour être « heureux »,
« Il observa la maison qu'il avait lui-même construite, l'arbre près de la terrasse qu'il avait lui-même planté, (…) il voyait les fenêtre éclairées derrière lesquelles jouait son fiston, tandis que sa femme s'affairait en cuisine. Elle n'arrivait pas à y « faire » grand-chose, d'habitude, mais il ne se plaignait pas. (…) En tant qu'homme moderne, il n'exigeait ni réciprocité ni reconnaissance pour ses efforts. Il le faisait par amour, et il était capable de l'admettre, pour ressentir une fierté masculine. »
Sur ce point en particulier, Miłoszewski dépeint un Teodore Szacki obscur lui aussi. Sur la question des violences conjugales, il s'en fait remontrer par son adjoint, et lui-même n'est pas à l'abri, même s'il ne passe pas à l'acte de ce sentiment puissant de machisme qui imprègne les relations hommes femmes.
« Il sentit la colère monter en lui. Il en avait assez d'être pris pour cible. Il avait déjà mis sa veste, et il faudrait maintenant qu'il l'enlève, qu'il ôte ses boutons de manchette, qu'il remonte ses manches et qu'il fasse la vaisselle. Pour elle, ce ne serait qu'un instant, elle ne le remarquerait même pas. »
Dans ce roman, Miłoszewski se livre à un véritable Teodore Bashing. Jamais dans les deux précédents romans, on n'avait vu notre procureur préféré, subir de telles avanies.
Szacki se débat avec ses problèmes sentimentaux et familiaux – de fait il n'est pas marié à Zenia – mais enrage lorsqu'il regarde vivre sa fille Hela et sa compagne Zenia. Cédant à ses les plus vils penchants, il pense « Evidemment, la grande mégère boudeuse et la petite mégère s'entendaient à merveille,… »
Il voit les autres familles, les autres maris et femmes, à l'image de ce qu'il est lui, pour Zenia et sa fille. Bien entendu, cette vision des choses, sujette à caution, le fait passer à côté de la réalité et le fait se planter lamentablement.
Peut-être pour adoucir ce portrait au vitriol, Miłoszewski nous dévoile un aspect jusqu'alors peu connu de Szacki, sa francophilie :
« Il était couché et lisait du Pierre Lemaitre. (…) Il était cependant forcé d'admettre que l'auteur français était vraiment bon. »
« le jeune magistrat avait des faux airs de Louis de Funès. Il ne l'avait pas remarqué d'emblée, parce que, primo, Falk était jeune, et, secundo, mortellement sérieux. »
« A l'intérieur de sa Citroën, l'atmosphère était chaude, agréable et rassurante. »
« N'était-ce pas cela dont parlait Camus, n'est-ce pas précisément cela le plus grand défi de la vie, la tâche la plus difficile ? Appeler les choses par leur nom. »
Szacki se retrouve maintenant avec plusieurs cadavres sur les bras. Sans aucune piste. Sans aucuns indices. Avec seulement des questions. Malgré ses travers, il reste ce procureur capable de s'extraire d'un contexte trop prégnant, des pistes évidentes qu'il suggère, pour s'élever au-dessus des hypothèses convenues, convenables, et élaborer une cartographie des faits, différente. Il réussit à penser comme le tueur :
« Quelqu'un perd la vie parce qu'il a provoqué la mort.
Quelqu'un perd la parole parce qu'il humiliait verbalement.
Quelqu'un perd les mains parce qu'il cognait.
C'est limpide. » (…) « Quelqu'un perd l'ouïe, parce que ? »
A partir de ce moment, le roman prend une tournure différente et les différentes pièces du puzzle s'assemblent pour parvenir à une fin qui prend le lecteur à froid. Hélas sauf à déflorer le sujet je ne peux vous dire laquelle.
Les personnages les plus insignifiants rencontrés au fil des pages reviennent sur le devant de la scène et inter agissent avec des situations auxquelles ils semblaient étrangers.
De ce point de vue, comme d'habitude chez Miłoszewski, le récit est très habilement construit ménageant les effets, perdant le lecteur, le ramenant sur le fil de l'intrigue, sans aucun bavardage inutile.
Le roman boucle sur lui-même quand Szacki cherche à se mettre à la place des criminels qu'il interroge. Il comprend que lui aussi pourrait tuer froidement….dans ce cas, s'appliquerait-il les sentences qu'il prononce habituellement, sans la moindre hésitation ?
La Rage pose in fine deux questions qui sous-tendent l'intrigue :
- Dans quelle mesure la justice ou la société civile peuvent-elle s'affranchir des règles de l'état de droit pour forcer les victimes ou les témoins à dire la vérité, dès lors qu'elles supposent ou ont l'intime conviction que cette vérité peut contribuer à condamner un coupable, dissuader de futurs témoins de se taire simplement pour éviter de se trouver confrontés à la machine judicaire ou à des représailles. Vaste question.
Szacki a depuis longtemps répondu que lui pouvait s'affranchir de ces règles ou du moins flirter dangereusement avec leurs limites extrêmes pour faire basculer une enquête, faire tomber les faux semblants et faire triompher la vérité.
Il sait alors se montrer sans pitié avec les hésitants : « Si, c'est précisément ce que je veux dire. Si vous aviez investi le monde véritable et si vous aviez retrouvé la soeur de ce petit, vous n'auriez pas seulement sauvé ce garçon merveilleux, mais aussi beaucoup d'autres vies. »
- Quelle est la nature des relations que nous entretenons avec l'autre sexe. Les protagonistes du récit vivent tous en couples et on retient de chacun d'eux qu'il y a une part de pathologique, de jeux, de dissimulation, de mauvaise foi, dans leurs relations : entre la psychiatre Teresa Zemsta et son mari notaire ; entre Zenia et Szacki ; entre Monika et Piotr Najman ; entre Jadwiga Korfel et son mari décédé, Artur Ganderski.
Ce roman montre une fois de plus les talents multiples de l'auteur, qui scénarise à merveille une société, ses travers, ses faiblesses et les contextes multiples dans lesquels évoluent des personnages encombrés de leur histoire personnelle. Une référence pour mieux comprendre et apprécier la Pologne contemporaine, même si, au passage, Szacki éreinte un peu son pays : « La Pologne est moche. Pas entièrement, bien sûr, aucun endroit n'est entièrement vilain. Mais si on établissait un classement, la Pologne serait le plus laid des pays d'Europe. » Mais c'est pour mieux en souligner les attraits « Pourtant, il y a des moments où la Pologne est le plus bel endroit de la terre. Ce sont les journées de mai après l'orage (…) ce sont ces longues soirées d'août (…) c'est la première matinée d'hiver (…) »
Dernier point que je soulèverai, celui de la traduction. Elle gagnerait sans doute à être moins littérale. Il est de bon ton de reconnaître la performance du traducteur attitré de Miłoszewski, Kamil Barbaski, mais pour en avoir parlé avec des lecteurs polonais du roman, je trouve personnellement que certaines expressions polonaises sont partiellement rendues en Français. Je citerai pour exemples : « la vague verte » dont on ne comprend pas qu'il s'agit de la synchronisation des feux de circulation ; « pardon le mot » présenté comme une expression fautive tirée du Français (?) ; Bimber traduit par « eau-de-vie » alors que gnôle me semble plus adapté ; des constructions de phrase où l'on se perd dans les doubles négations comme « car si Szacki avait eu un fils, (…) il n'y aurait eu aucune chance pour que cet enfant (…) lui ressemble davantage qu'à Edmund Falk. »


Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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La Pologne, trois régions et un procureur incorruptible.

En trois livres, Zygmunt Miloszewski a gagné haut la main ses galons d'auteur de polar, et il est regrettable que ce roman mette un terme à ce qui restera une trilogie très originale.

J'avais été intriguée par le premier thriller*, un nouvel enquêteur dans un nouveau pays...
J'avais été passionnée par sa seconde enquête**, dans un magnifique petit bourg du centre de la Pologne...
J'ai retrouvé avec grand plaisir le ténébreux Teodore Szacki, même si je ressors légèrement déçue de cet ultime opus. L'immersion dans la société polonaise est toujours plaisante, car l'auteur s'y entend à la décortiquer avec ironie, humour et acidité. Mais l'histoire m'est apparue alambiquée et tortueuse et le récit parfois une peu trop bavard.

Je garderai néanmoins en mémoire un personnage de procureur fort bien construit, naviguant à vue dans des décors urbains plus que laids, sous un climat détestable et une ambiance assez désespérante sur fond de violences conjugales.

L'auteur semble être le poil à gratter de la littérature polonaise, fustigeant ses contemporains, leur passé, leurs travers, se moquant du climat et de la laideur de son pays. Il y va un peu fort, car découvrir la Pologne est un plaisir.
Mais peut-être pas y vivre?...


* Les impliqués
** Un fond de vérité
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Troisième et dernier opus de la trilogie consacrée au procureur Teodore Szacki, qui officie désormais à Olsztyn, dans le Nord-Est de la Pologne -à son grand désarroi.

En Pologne, c'est le procureur qui dirige l'enquête, et celle qui se présente à Szacki est des plus mystérieuses : un squelette, parfaitement bien conservé, est retrouvé dans un ancien abri antiaérien du centre-ville. Après analyse, il s'avère que le squelette est un peu trop propre pour être honnête ; qu'est-ce donc que cette diablerie ?
C'est avec plaisir que j'ai retrouvé le psycho-rigide Teodore Szacki ("dont la raideur aurait pu humilier un acteur porno"), son professionnalisme rigoureux, sa maladresse avec les femmes, ses ronchonnements de perfectionniste, et ses problèmes de conscience (on est en terre slave). Dans ce troisième volume, il est aux prises avec une machination qui le dépasse, et j'ai admiré tout le talent de l'auteur pour imaginer et structurer une intrigue d'une telle complexité. le souci est que je m'y suis parfois quelque peu égarée, tant les ramifications sont profondes et nombreuses.
J'ai également apprécié de retrouver un morceau de Pologne, revoir un peu comment les Polonais vivent, et découvrir un bout d'Histoire, à savoir celle de la Warmie-Mazurie. J'ai aussi aimé la franchise avec laquelle Zygmunt Miloszewski évoque son pays ("un territoire encombré de la pire architecture d'Europe") et ses concitoyens ("une foutue mentalité de gueux du moyen-âge") ; derrière l'acidité, on perçoit la tendresse, un peu comme la kapusta, ce plat de chou adouci par des morceaux de pommes. Toutefois, si la thématique de ce roman est universelle, elle semble résonner plus durement en Pologne -et l'actualité le démontre encore. D'où la forte impression que laisse ce livre, une fois refermé.

A l'instar des deux précédents, cet opus m'a tenue en haleine sur ses 550 pages, et confirme que Miloszewski est l'un des meilleurs auteurs de polars actuels ; ça change des Scandinaves.
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critiques presse (2)
Lexpress
24 octobre 2016
Tableau de la société polonaise, ce polar de Zygmunt Miloszewski, dernier d'une trilogie, se dévore du début jusqu'à la fin.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeFigaro
07 octobre 2016
En trois polars et trois villes, Zygmunt Miloszewski dresse un portrait corrosif de son pays. Visite sur ses terres.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
La pluie s'interrompit, une légère brume persista dans l'air, et la ruelle latérale se transforma en un trésor pour photographe qui préparerait un album sur la mélancolie en Varmie. Tout était gris-noir, ambiance somme toute classique pour une fin de novembre, tout était couvert d'une fine couche de glace. Sur le trottoir, cela prenait des allures de danger pour la vie et l'intégrité physique, mais sur les branches dépourvues de feuilles, l'effet était époustouflant. La moindre ramure, la plus ténue d'entre elles se transformait en gl¸acon sombre qui scintillait à la lumière molle des lampadaires dispersée par le brouillard. Il inspira profond.ment l'humidité froide et se dit qu'il appréciait ce trou paumé chaque jour davantage.
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Il y avait une blague, dans le temps, à propos d'un Polonais, d'un Allemand et d'un Russe. Le diable les attrape, leur donne deux boules métalliques et une semaine pour qu'ils apprennent à faire des tours incroyables. Celui qui divertira le plus le diable pourra repartir libre. Une semaine plus tard, l'Allemand sait tenir les boules en équilibre sur son nez, le Russe jongle, quant au Polonais, il a cassé une boule et perdu l'autre.
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C’était vrai, le procureur Teodore Szacki savait que rien n’apparaissait jamais dans les bases de données officielles. Les flics avaient leur propre système national d’informations de la police. Le parquet avait le sien, LIBRA, parce que aucun petit malin ne s’était dit que les divers organes judiciaires du pays devraient avoir un seul et unique circuit sanguin. Ou plutôt, un petit malin s’était dit que, plus il y aurait de systèmes et d’appels d’offres, plus la probabilité qu’il finisse son mandat les poches vides était faible. De plus, tous ces systèmes étaient curieusement démembrés, incompatibles et disjoints. Si la nature avait été aussi sotte, chaque partie du corps humain aurait eu son propre cœur, son estomac et ses poumons, et il aurait fallu nourrir chaque partie séparément, en enfonçant des morceaux de steak dans les genoux et dans les coudes. On avait de la chance si les différents parquets de districts réussissaient à relier leurs systèmes en un seul au niveau régional, mais parfois, ça restait un vœu pieux. Ce qui signifiait qu’il suffisait à un tueur en série de changer de région à chaque meurtre pour que personne ne relie jamais ses crimes entre eux.
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Frankenstein s’agenouilla près du crâne de Najman et invita Szacki à le rejoindre. Avec un crayon pris dans la poche de sa blouse, le scientifique toucha des fragments disposés à hauteur de l’oreille du fantôme.
– Ce sont les osselets auditifs, dit-il. Ils transfèrent les vibrations de la membrane du tympan à l’oreille interne, grâce à quoi vous entendez ce que je vous dis. Le marteau, l’enclume et l’étrier. Une construction fascinante. Sachez que ce sont les seuls os du corps humain dont la taille ne varie pas depuis la naissance jusqu’à la mort. Ils se forment à 100 % lors de la période utérine, d’une manière assez inhabituelle d’ailleurs, ce qui constitue une preuve en faveur de la théorie de l’évolution, dans la mesure où, chez les poissons et chez les reptiles, leur formation est identique…
– Professeur, je vous en prie…
Frankenstein se redressa fièrement. S’il avait prévu une riposte, il la garda pour lui.
– C’est l’étrier. Vous voyez ?
Il hocha la tête. Il avait toujours cru que ce nom n’était qu’une façon de parler, alors que le minuscule osselet ressemblait effectivement à un étrier miniature, on aurait dit un accessoire d’équitation pour Schtroumpfs.
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Il est utile de rappeler que le roi de France en personne, Louis IX le Prudhomme, plus connu sous le nom de Saint Louis, a été bouilli à Tunis après sa mort, et dans du vin qui plus est. On peut aujourd'hui admirer ses os dans des reliquaires, je ne sais plus où.
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