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EAN : 9782130488125
200 pages
Presses Universitaires de France (01/11/1997)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
La maffia russe n'a rien à envier à son homologue sicilien. Aussi féroce, aussi bien organisée, aussi machiavélique. On pourrait même dire que l'élève a dépassé le maître. Les parrains ont fait des petits, des filleuls sanguinaires extrêmement bien organisés. La Russie du crime est un ouvrage qui décortique le système maffieux à la russe. Un long descriptif de l'activité criminelle explique comment la maffia corrompt des fonctionnaires choisis, paye certains élus, e... >Voir plus
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Auteure de "Essai sur les droits de l'homme en URSS" et "Le KGB", dans la collection pratique Que sais-je, peu en France seront plus qualifié à situer l'ampleur du crime et de la violence en Russie que Nadine Marie-Schwartzenberg, professeur à l'Institut d'Études Politiques de Paris et de l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales, tout en étant chercheuse au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique ).
Donc une autorité indiscutable en la matière, mais dont l'ouvrage, qui date de 1997, mérite peut-être une mise à jour pour tenir compte des dernières tendances du crime dans cet immense pays : Les exploits de l'équipe du tsar Poutine, comme l'affaire toute récente Skipral par exemple et la valse des diplomates, bien que ce soit Moscou qui a le culot d'accuser l'Angleterre d'État mafieux !

Dans une introduction l'auteure s'inquiète que le phénomène criminel y prospère autant, "la courbe statistique est en constante progression, la sécurité menacée, le corps social fragilisé". Les journaux sont pleins de nouvelles alarmantes à propos de crimes les plus variés : règlement de comptes entre truands, liquidation de concurrents et d'opposants, rackets à grande échelle, trafics en tous genres (capitaux drogués, armes), juges et policiers corrompus, corruption et fuite de capitaux sans précédent ... jusqu'aux matchs de football truqués.

Parallèlement à l'ampleur horrifiante, il y a la férocité de la mafia russe. L'auteure note : "La mafia russe...permet parfois à certains d'évoquer avec quelque nostalgie les moeurs civilisées qui seraient celles des parrains siciliens". C'est vrai que comme certains "boss" russes s'y prennent on est loin des dons Corleone du cinéma, où un protagoniste déclare - si ma mémoire est bonne - : "J'ai horreur de la violence. Je suis un homme d'affaires et le sang coûte trop cher."

En bonne académicienne, Nadine Marie-Schwartzenberg commence par un aperçu historique du crime dans cette partie du globe. Cela a démarré sous Staline, où dans les prisons et camps en Sibérie les droits communs se sont organisés en sociétés secrètes avec leur propre code, langage (qui comporte "actuellement 10.000 termes et expressions"), tatouages et armes. Ensuite, Khrouchtchev a accordé en 1953 à plus d'un million de ces gentlemen la liberté. Dans la nomenclature de Brejnev la corruption a connu un bel essor (entre autres sa propre fille, Galina Brejneva, maîtresse en trafic de bijoux). La perestroïka de Gorbatchev, qui a ouvert le commerce avec l'étranger aux individus, jusque-là un monopole d'État. L'arrivée de Boris Eltsine a coïncidé avec la montée des oligarques qui ont volé les richesses naturelles du pays sans précédent dans l'histoire, pendant que des criminels de moindre stature se faisaient une guerre qui aurait rendu jaloux Al Capone. D'ailleurs l'estimable famille d'Eltsine lui-même s'est tellement rempli les poches qu'entre lui et Poutine un accord a été conclu comme quoi ce dernier ne ferait jamais poursuivre cette honorable famille de gros détourneurs de fonds publics.

L'auteure consacre un long chapitre aux 10 formes de crime dans lesquelles la Russie excelle, allant d'une corruption virtuellement généralisée à tous les niveaux de la vie publique, en passant par l'escroquerie pratiquement érigée en système, le racket systématique du minuscule commerce aux grosses boîtes, l'implication des élus, juges, procureurs et policiers jusqu'aux spécialités proprement russes, tels les meurtres sur ordonnance des concurrents et gêneurs de tout poil (journalistes, opposants...)....

Deux formes de crime qui m'ont particulièrement écoeuré sont : 1) la traite d'enfants enlevés à leurs mères, jusqu'en maternités par toubibs et personnel soignant, pour être envoyés à l'étranger soit en vue d'adoption, soit "à des fins de transplantation d'organes", avec la connivence des hauts placés dans l'administration médicale et des politiques locaux ; 2) l'emploi d'enfants de moins de 14 ans, et donc pas punissables au terme de la loi, par des gangs pour toute une gamme d'infractions, y compris des assassinats.

Dans sa conclusion, l'auteure compare la criminalité organisée et la mafia "à un énorme cancer dont les métastases se répandent dans l'ensemble du corps social. Ce faisant, elles minent l'équilibre organique de la société, en rongeant de l'intérieur la quasi-totalité de ses institutions économiques, politiques, gouvernementales et constituent par là un facteur de désorganisation, de décomposition et d'explosion sociales.

Peut-être que je suis naïf et pessimiste, mais aussi longtemps qu'il y aura au sommet de l'état une bande de profiteurs patentés et de pilleurs des biens publics sans scrupules, et que la collusion entre mafieux et forces de l'ordre perdure, il n'y a que très peu de chances pour que cela change pour le simple citoyen russe.

J'avais lu, il y a une dizaine d'années, d'Alain Lallemand "L'organizatsiya : La mafia russe à l'assaut du monde", mais je dois constater que l'ouvrage de Nadine Marie-Schwartzenberg est, à tout point de vue, nettement plus solide. Et bien que j'aie lu et chroniqué de Karen Dawisha "Putin's Kleptocracy", je serais curieux de lire son évaluation du crime sous Poutine. Allez-y professeur, faites-nous une mise à jour de votre ouvrage des plus instructifs.
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