Livre assez émouvant puisque nous est donnée toute l'horreur de la Grande Guerre sans qu'on aille sur le front : tout est dit avec des extraits de lettres réelles. On suit aussi le désarroi du héros, ses cauchemars et au final ses remords et sa résignation.
Un très beau roman, nous faisant approcher par un autre biais la réalité des guerres.
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Bel hommage aux poilus envoyés à l'abattoir dans ce roman où le titre est merveilleusement bien choisi. le roman débute à l'hôpital où Louis et Fernand, amis, sont sortis de trois années de tranchées, grâce à leurs blessures. Leur plus grande hantise est de guérir et d'y retourner (boue, froid, saleté, sang, gaz, souffrance, mort). Chaque lettre officielle est angoissante. L'une d'elle apprend à Louis qu'il est affecté dans un bureau pour y lire, par jour, une centaine de lettres envoyées par les poilus. S'il y lit des propos antipatriotiques, du défaitisme, de lieu d'affectation, etc. il est chargé d'en empêcher l'envoi ou de les caviarder.
Ecrivain français non nombriliste. C'est rare ! Récit sobre. Les extraits de lettres de poilus sont issus de lettres authentiques saisies dans les rapports de commissions de contrôle postal. Il y a de l'amour, de l'amitié, des questionnements de jeunesse et surtout plein d'émotions des soldats qui vivent la guerre au quotidien. Belle réussite.
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Louis Saint-Gervais est un soldat, un poilus, mais lorsqu'il est gravement blessé et ne peut plus retourner au front, il va être réformé et transféré au service de contrôle postal. Là où les lettres que les poilus envoient à leur familles sont ignoblement ouvertes, lues et censurées lorsque trop "compromettantes" aux yeux de l'Etat major. Louis va devoir s'atteler à ce nouveau travail pour le moins révoltant et va souvent se retrouver à se questionner sur ce qu'il est juste de faire ou non.
Un roman touchant sur un aspect de la grande guerre dont on parle peu : la censure du courrier et à travers elle la détresse de tant de soldats. Les personnages de ce roman sont tous attachants, vrais et leurs péripéties ainsi que leurs joies et leurs peines d'un grand réalisme, parfois même crus, servi par une plume qui m'a beaucoup plue.
Très bon roman sur la grande guerre à lire.
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Un très bon livre sur la Première Guerre mondiale, intelligemment écrit à partir de différents courriers de soldats tirés des archives militaires. Il est informatif sur le fonctionnement de la censure et l'état d'esprit des soldats pendant la guerre. Mais c'est aussi un vrai roman avec des personnages de chair et de sang, complexes, auxquels on s'attache. A recommander à tous ceux qui aiment les romans historiques.
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les coulisses de la guerre quand les généraux veulent briser dans l'oeuf le sentiment d'abandon, de sacrifice que ressentent les poilus alors que tout un travail d'intox est fait dans la presse pour laisser croire à une heureuse issue du conflit mais surtout que les soldats prennent leur sort avec fierté et courage sans se plaindre. Pour éviter que la vérité se répande, on surveille leur courrier, on le censure voire on le saisit. J'ai apprécié d'explorer par le truchement de ce roman le fonctionnement de ces commissions de lecture et de comprendre qui les composait. Je regrette seulement quelques longueurs mais dans l'ensemble j'ai aimé le découvrir.
Le cœur encore battant, celui-ci se plongea dans la lecture de sa lettre tout juste dépliée:
"Nous nous battons pour le triomphe du droit et de la civilisation! Telle est la phrase que, depuis trois ans, les journaux nous ressassent chaque jour. De bien grands mots pour une chose aussi creuse que la guerre actuelle. C'est nous, gens civilisés, raffinés, qui au début de la guerre nous flattions d'avoir des obus à la Turpinite, obus aux effets foudroyants qui tuaient tout à leur portée, par des gaz. C'est nous, gens civilisés, qui sommes allés déposséder les Marocains, les Indochinois par le fer et le sang, c'est nous qui disons aujourd'hui que les Boches sont des barbares."
Un livre facile à lire, qui révèle les horreurs de la grande guerre au travers des lettres que les poilus envoient du front à leur famille. Ils racontent l'enfer des tranchées, les conditions de vie abominables et la peur au ventre qui ne les quitte pas. Le jeune Louis se retrouve chargé de censurer voire d'intercepter les lettres les plus pessimistes; mais comment ne pas être touché par la détresse de ces hommes quand on a soi-même connu l'effroi d'être au cœur des danger du combat?
A mettre entre les mains des collégiens en début de 3ème.
Lorsque le soir tomba et que les ampoules s’allumèrent au plafond, Louis éprouva une profonde tristesse (…). Fernand était parti et, lui, il était resté là, planqué dans cette commission de censure, embusqué de la pire espèce, tranquille sous la lampe et les pieds au chaud tandis que son camarade, son unique ami, risquait sa vie à chaque instant.
Fernand était seul là-bas et lui était seul ici.
Je suis bien sacrifié là où je suis, écrivait le fils à ses parents.
Sa dernière lettre de la journée, Louis la lut lentement et la relut une fois puis une fois encore. À elle seule, elle portait tout le désespoir des hommes abandonnés à une mort certaine.
Je suis bien sacrifié là où je suis, à 40 mètres des Boches, seul avec un camarade. Sûr que je suis là dans la tranchée en attendant la mort. J’ai beaucoup à vous dire et à vous raconter, mais je ne peux pas vous écrire sans pleurer car personne ne sait ce que je sais.
« Moi, je sais », murmura Louis en replaçant la lettre dans son enveloppe. « Moi, je sais. »
Je suis bien sacrifié là où je suis, à 40 mètres des Boches, seul avec un camarade. Sûr que je suis là dans la tranchée en attendant la mort. J'ai beaucoup à vous dire et à vous raconter, mais je ne peux pas vous écrire sans pleurer car personne ne sait ce que je sais.
Bénédicte des Mazery nous présente l'Intrus, aux éditions Plon.