Je remercie Babelio et les éditions Nil de m'avoir proposé ce roman.
Je l'avais choisi, tentée par la première de couverture qui respirait la mer, le soleil et les vacances et par la quatrième de couverture qui promettait secrets de famille, histoires d'amour dramatiques...
J'avoue que j'ai été déçue.
J'ai fini le livre par acquis de conscience (je laisse toujours une chance à un livre jusque dans les dernières pages) mais je me suis vraiment forcée à le finir.
Bon, commençons par le positif : la description de l'ile de Majorque, de son évolution due au tourisme de masse est bien rendue; de même que l'aspect méditerranéen du décor de l'intrigue. On est dépaysé à la lecture du roman. On ressent bien le soleil, la mer, l'atmosphère de vacances perpétuelles.
La description du microcosme cosmopolite qui reste surtout entre eux et qui se croit supérieur aux autochtones est également bien vue.
De plus, j'ai beaucoup apprécié les allusions à
Homère et aux voyage d'Ulysse, surtout qu'un marin a bien retenté de refaire le périple du héros "aux mille ruses" comme Gérald.
En outre, j'ai trouvé très intéressant le procédé narratif de la chronologie à rebours.
Au lieu de partir d'un événement et d'en voir ses conséquences à travers le temps, l'auteur part à l'envers. Il commence par la fin, pourrait-on dire, et remonte jusqu'à l'événement fondateur. A côté de ce dernier, d'autres racontés dans les différente parties chronologiques expliquent la situation postérieure des personnages (dans les parties déjà lues); c'est un procédé qui entretient le suspense et garantit normalement l'intérêt du lecteur ou de la lectrice.
Malheureusement, cela n'a pas marché avec moi.
D'abord car les parties chronologiques ne sont pas assez étendues pour poser le lecteur dans le cadre temporel et dans les événements qui sont relatés. On a l'impression d'avoir un aperçu d'un moment de la vie des personnage, d'ailleurs souvent dramatiques et hop... on repart dans le temps.
J'aurais voulu plus de développement pour lire les conséquences des événements alors que mon intérêt était éveillé.
J'ai eu l'impression d'être une voyageuse temporelle qu'on baladait d'un moment à l'autre d'une frise temporelle avec pour mission à chaque fois de déduire ce que j'avais raté. A force, c'est un peu agaçant.
D'autre part, je commençais juste à m'attacher aux personnages tels qu'ils l'étaient à une période donnée (Luc et Aegina adolescents, par exemple) et zou, on me les enlève.
Surtout quand j'aurai voulu comprendre la portée psychologique de certains épisodes (Aegina, par exemple, quand elle a 14 ans et qu'elle croise Dominick). Je ne suis pas arrivée à cerner les personnages avec tous ces fragments de vie. Ils me restent complètement étrangers à la fin du roman et pourtant, je les ai suivis sur 50 ans de leur histoire.
De fait, je n'ai pas réussi à m'attacher aux protagonistes et à ainsi trouver un quelconque intérêt à suivre leurs aventures et mésaventures.
J'ai trouvé la plupart des personnages de ce roman faibles, lâches et infidèles. Il y a beaucoup de drames et de malentendus qui auraient été évités sans cela. Lulu, la protagoniste féminin, si mystérieuse et qui attire tous les autres personnages, je l'ai malheureusement trouvée détestable, surtout après qu'elle a séduit Charlie (son attitude lors de la disparition de Luc n'a pas effacé ce fait).
Bon, mon côté féministe me fait penser que ce n'est pas juste lorsque dans les fictions et dans la vie, on ne trouve rien à redire quand un vieux beau séduit une petite minette mais quand le contraire se produit...
Cependant, j'ai eu beaucoup de mal avec cette femme de 70 ans qui profite d'un gamin de 15 ans, qui se trouve qui plus est, être le petit-fils de son ancien mari. C'est quasiment de l'inceste et du détournement de mineur. Ce schéma d'un personnage d'âge mur qui est attiré, et agit en conséquence, par un adolescent ou une adolescente (14, 15, 16 ans) se répète et un des personnages est même qualifié de pédophile sans que cela inquiète ses amis qui continue de le recevoir comme si de rien n'était. Même si j'ai lu des choses plus horribles ou que je ne cherche pas une morale aux événements d'un roman, cet état d'esprit m'a déplu. Et quand on trouve les personnages d'un roman tous peu dignes de sympathie, cela ne donne pas trop envie de lire.
Les scènes de sexe assez fréquentes dans le roman sont d'ailleurs souvent tristes, rapides et dénuées d'amour. Reflet des personnages?
Les derniers chapitres qui reviennent au présent (2005) éclairent et reprennent certains péripéties du passé. Néanmoins, ils n'expliquent pas tout.
Lulu apparemment a su la vérité pour les événements de 1948 mais alors pourquoi a-t-elle gardé cette distance?
Ces chapitres ont permis d'atténuer ma frustration à la lecture de certains des chapitres antérieurs; cela rattrape mais pas totalement car l'attention du lecteur est comme les événements d'une vie : une fois enfuis, c'est trop tard.
Bref, un gros roman (450 pages) qui promettait de l'exotisme et de l'évasion mais qui m'a assez vite ennuyée par ses personnages qui ne sont restés pour moi que des êtres de papier, pour la plupart superficiels voire détestables.
Ce que je retiendrai dans un mois, ce sera certainement la jolie couverture évocatrice.