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Les enquêtes de René Turpin, diplomate tome 2 sur 2
EAN : 9782021479423
224 pages
Seuil (14/10/2022)
3.9/5   225 notes
Résumé :
Tbilissi, capitale de la Géorgie, terre natale de Staline. Un ressortissant français est retrouvé mort dans des conditions suspectes à l’hôtel Marriott. Avant qu'un scandale n'éclate, René Turpin, à l’ambassade, est mandaté pour assister les inspecteurs locaux. L’enquête les mènera sur les traces du dictateur et d'une immense ville balnéaire abandonnée...

Renaud S. Lyautey est diplomate, et fut ambassadeur en Géorgie, ex-république de l'Union soviétiq... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (98) Voir plus Ajouter une critique
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Les écrivains diplomates sont nombreux à s'être inspirés des pays visités pour irriguer leurs oeuvres. Chateaubriand, Claudel, Paul Morand, Saint-John Perse, Pierre-Jean Rémy, Jean-Christophe Rufin, Daniel Rondeau, ont ouvert la voie à Renaud Salins dont le roman posthume « La Baignoire de Staline » sort ce mois ci.

Ambassadeur de France auprès de la Georgie (2012-2016) l'auteur a partagé le sort de ce pays, ex soviétique, encadré par la Russie (qui a annexé ses provinces d'Ossétie du sud et d'Abkhazie), l'Azerbaïdjan, l'Arménie et la Turquie …

Ce territoire est au coeur d'une des régions les plus « chaudes » du monde, en bordure d'une Mer Noire où la Russie tente de progresser vers l'ouest à coups « d'opérations spéciales », et les services secrets russes (ex KGB) sont omniprésents dans la province natale de Staline et Béria.

Comme l'illustre la couverture de l'ouvrage, l'ombre de Kim Philby, le pire traitre anglais du XX siècle, y plane aussi et la mort d'un chercheur français va perturber notre personnel diplomatique et la baignoire de Staline mouiller la police locale …

Renaud S Lyautey bâtit une intrigue, ou plutôt une double intrigue, qui conduit les enquêteurs (et le lecteur) vers deux espaces temps différents, l'époque soviétique et l'époque actuelle, ce qui permet d'évoquer des faits historiques méconnus et de découvrir ce pays, ses habitants, sa culture et sa cuisine dont les multiples évocations nourrissent ces pages savoureuses.

Décédé au printemps dernier, à l'âge de 55 ans, le romancier a terminé ce livre en aout 2021 à Mascate (sultanat d'Oman) ; ses parents Yvette et Jacques Salins publient en dernière page cet émouvant hommage :

« A Renaud,

Lors de ta courte trajectoire,
tu as savouré la vie
avec bonheur et lucidité …
(…)
Aux carrefours des peuples,
à l'écoute des autres
tu as noué des amitiés,
tu as tendu la main …

Toujours tu as affirmé
une irrépressible liberté.

Tu témoignes encore … »

Merci à Babelio et aux Éditions du Seuil de m'avoir offert ce beau témoignage de l'amitié qui unit la France et la Géorgie et du talent de Renaud Salins.
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En juin 2009, à l'hôtel Marriott de Tbilissi en Géorgie, un jeune Français est retrouvé mort sur son lit dans des circonstances pour le moins étranges. L'inspecteur Nougo Shenguelia de la brigade criminelle de la capitale géorgienne se voit chargé de l'enquête et, relations diplomatiques obligent, y sera assisté du premier conseiller de l'ambassade de France, René Turpin. A eux de découvrir l'identité de la victime et les raisons de son assassinat…

« La Baignoire de Staline » est le second et dernier roman de Renaud Salins (Lyautey est le nom de sa mère), l'auteur étant malheureusement décédé d'un cancer foudroyant à l'âge de 55 ans, quelques mois après avoir terminé ce livre. Avant de nous quitter, le diplomate français a su s'inspirer des trois années qu'il a passé en tant qu'ambassadeur de France en Géorgie, pour nous baigner dans les enjeux géopolitiques et les coulisses diplomatiques de ce pays voisin de l'ogre russe.

Si l'auteur nous plonge dans cette ex-république soviétique, terre natale de Joseph Staline, c'est pour nous faire ressentir à quel point le grand frère russe pèse encore sur la Géorgie et sur des habitants encore marqués par les nombreuses agressions de ce voisin qui ne manque pas une occasion de leur signaler sa présence. de Tbilissi à Tskaltubo, ancienne cité thermale florissante du temps de l'Union Soviétique, où Joseph Staline possédait une datcha ainsi qu'une baignoire qui donne son titre à l'ouvrage, l'auteur nous invite à découvrir ce pays dont il connaît visiblement tous les tenants et les aboutissants.

Cette enquête policière qui demeure au coeur de l'ouvrage n'est pas uniquement un prétexte pour nous faire découvrir l'arrière-fond historique et géographique du pays, mais également un moyen d'y mêler un récit d'espionnage. Terre natale de Joseph Staline et de son bras droit Lavrenti Pavlovitch Beria, la Géorgie s'avère historiquement étroitement liée aux services secrets russes et c'est avec beaucoup de maestria que l'auteur parvient à faire planer l'ombre de l'espion britannique Kim Philby, célèbre agent double et traitre anglais, sur ce polar qui séduit de la première à la dernière page.

Derrière ce titre interpellant et cette couverture séduisante se cachent les derniers mots d'un auteur décédé trop tôt, ainsi qu'un polar aussi dépaysant que prenant, mêlant récit d'espionnage et fond historique sans nuire à la fluidité du récit. Un rideau qui tombe et des lecteurs qui applaudissent !
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En cette année 2009, un jeune doctorant français est retrouvé étranglé dans un hôtel de Tbilissi, la capitale de la Géorgie. Conseiller à l'ambassade de France, René Turpin est chargé de suivre le développement de l'enquête menée par les policiers locaux, dont l'inspecteur Nougo Shenguelia avec qui il sympathise. C'est au fil des interrogations et des déductions conjointes des deux hommes que la narration progresse vers la résolution de l'affaire.


Lui-même ambassadeur de France en Géorgie de 2012 à 2016, Renaud S. Liautey, emporté par une maladie foudroyante au printemps 2022, quelque six mois avant la publication de ce second roman, présente suffisamment de proximité avec son personnage Turpin pour que l'on puisse les imaginer vaguement alter ego. Fin connaisseur du pays et de tout ce que sa situation entre mer Noire et chaîne du Grand Caucase, sur cette frontière invisible entre l'Est et l'Ouest en même temps qu'entre les Empires perse et ottoman, implique historiquement, culturellement et politiquement, il en brosse un tableau aussi lucide qu'amoureux qui fait le sel de cette par ailleurs toute romanesque et très réussie enquête policière.


L'appétit aiguisé par les spécialités culinaires que Turpin partage avec ses connaissances et amis du cru, l'on fait à ses côtés des rencontres, attachantes ou inquiétantes, qui toutes renvoient d'une façon ou d'une autre aux traces d'un passé soviétique mouvementé et terrible, ainsi qu'à l'ombre menaçante, toujours omniprésente, du grand voisin russe. de la terreur stalinienne à la guerre froide et à l'espionnage avec l'histoire rocambolesque mais véridique du britannique Kim Philby devenu agent double pour le compte de l'URSS, des tristes et majestueuses ruines de la ville thermale de Tskaltoubo au commerce florissant des vestiges de l'époque soviétique et aux milliers de Géorgiens relocalisés dans cette ville fantôme après avoir fui en 1993 le nettoyage ethnique consécutif à la guerre d'Abkhazie et à la proclamation d'indépendance de ce territoire pro-russe, entre un vieil apparatchik aux mains sanglantes et un plus jeune mais tout aussi puissant oligarque aux édifiantes méthodes d'enrichissement, l'on croise des personnages secondaires partagés entre le traumatisme et la nostalgie des temps anciens, toujours sur la brèche d'un sentiment de menace pas seulement latente : l'on continue à disparaître en Géorgie, et mieux vaut parfois ne pas se montrer trop curieux, surtout lorsque l'on risque de froisser l'oeil de Moscou.


Son écriture fluide, la justesse de son observation des hommes et la richesse de sa peinture de la Géorgie, tant contemporaine qu'historique, font de ce polar mâtiné de roman d'espionnage une lecture en tout point captivante et plaisante, et un bien bel hommage au peuple géorgien pour qui l'auteur éprouvait tant d'affection.

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Je suis triste en terminant ce livre. Je viens d'apprendre que l'auteur est décédé peu après l'avoir terminé. Un cancer foudroyant. Il allait avoir 55 ans. Beaucoup trop jeune pour mourir. Ce livre se termine d'ailleurs après les remerciements d'usage par un court poème de ses parents, hommage à leur fils.
L'auteur était diplomate et il s'est inspiré de son métier et d'une de ses affectations pour ce livre. Et il est certain que, à l'égal de son personnage principal, le conseiller d'ambassade René Turpin, il aimait la Géorgie, pas l'état d'Amérique, mais l'ancienne république de URSS, elle aussi victime d'une « opération militaire » de la Russie, qui préfigure ce qui s'est passé en Ukraine, la Russie intervenant pour soi-disant défendre la sécurité de populations jugées favorables à Moscou contre le gouvernement en place. le roman se déroule peu après cette guerre.

Un jeune Français est retrouvé mort, assassiné, dans une chambre d'hôtel. Un policier géorgien est en charge de l'enquête, secondé par ce conseiller René Turpin. D'autres meurtres vont suivre, sans qu'on puisse facilement établir un rapport entre les victimes. Pourquoi ont-ils été tués ? Dans une Géorgie d'où Staline était originaire et où les souvenirs de l'époque soviétique et des années difficiles qui ont suivi sont encore frais dans les mémoires, avec regret ou avec crainte, l'enquête va se dérouler, nous promenant dans le pays de Tbilissi à Tskaltoubo, ancienne cité thermale où Staline possédait une datcha où a été retrouvée la fameuse baignoire du titre. A ces occasions, l'auteur nous allèche avec de nombreuses descriptions de la cuisine géorgienne qu'il a appréciée manifestement.

« Il songeait avec mélancolie au moment où il lui faudrait quitter son poste, dans quelques semaines, après quatre années de séjour. Il avait aimé ce pays. Sous l'âpreté montagnarde des Géorgiens se cachait une douceur de vivre qu'on apprenait au gré de leurs banquets joyeux et généreux, de leurs chansons tristes, de leurs danses. À la violence des moeurs caucasiennes répondait une nonchalance orientale dont on s'imprégnait pas à pas, sans hâte, avec la satisfaction de celui qui vient de loin et qui est bien accueilli. La nature était grandiose et presque intacte, ce qui était rare dans l'ancien Empire soviétique. La nourriture sublime, il n'y avait pas d'autre mot, même dans la bouche d'un Français convaincu de son bon droit. »

Mêlant avec adresse enquête policière et roman d'espionnage, Géorgie actuelle et époque soviétique, l'auteur nous entraine dans un roman où les réminiscences de la guerre froide et la découverte de la Géorgie, de son histoire récente, de sa gastronomie constituent des plus intéressants. Les deux personnages principaux sont attachants, ce jeune policier à la famille marquée par la guerre de 1993 entre Géorgie et Abkhazie, qui tente de faire de son mieux, mais qui se heurtera à l'impuissance de la police locale envers son encombrant voisin et ce conseiller d'ambassade, manifestement amoureux de ce pays, de son peuple et de sa culture, plein d'empathie envers ce jeune mort dont personne ne réclamera le corps qui sera enterré là en Géorgie, loin de sa terre natale. Ce n'est pas un roman policier dont j'ai tourné les pages avec avidité, mais un livre où j'ai aimé me promener, prenant le temps de découvrir un peu un pays et des évènements dont je ne savais pas grand-chose.
Je remercie Babelio et les éditions du Seuil pour cette découverte.
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Je reviens d'un voyage palpitant en Géorgie. Ce petit pays qui a connu la main de fer de l'Union Soviétique et qui est situé dans le Caucase, à cheval entre l'Europe et l'Asie, une belle étape sur la route de la soie. Je l'ai découvert en compagnie de René Turpin, premier conseiller de l'ambassade de France à Tbilissi et de Nougo Shenguelia, inspecteur nouvelle génération d'un commissariat de sa capitale ; les anciens policiers ayant tous été virés du fait de la corruption ; une façon de nous rappeler à quel point le système fut gangréné par les malversations.

Ce fut un réel plaisir de faire connaissance avec ce pays et sa table. Entre annexion et indépendance, la Géorgie est parvenue à trouver sa stabilité. René Turpin vous dira « Sous l'âpreté montagnarde des Géorgiens se cache une douceur de vivre qu'on apprend au gré de leurs banquets et une nonchalance orientale dont on s'imprègne petit à petit ». C'est exactement ce que j'ai ressenti tout au long de mon périple avec René Turpin et Nougo Shenguelia. Des personnages sympathiques, une cuisine tout aussi conviviale, et de très jolis paysages à découvrir mais aussi et surtout, un retour salutaire historiquement sur le passé de la Géorgie, ancienne république soviétique.

L'auteur, Renaud S. Lyautey, a très certainement projeté une partie de lui-même sur la personnalité de René Turpin.
S'inspirant de son expérience professionnelle, il fait preuve d'un réel talent pour nous entraîner dans un roman policier qui se transforme rapidement en roman d'espionnage.

Hôtel Marriot à Tbilissi, le corps sans vie d'un jeune enseignant français, Sébastien Rouvre, est retrouvé dans sa chambre. Les premières constatations font penser à un assassinat. L'ambassadeur de France, son excellence Bertrand Mousquet étant particulièrement occupé par sa charge, le consul Weber absent, c'est donc René Turpin qui s'y colle. Il lui est donc demandé de bien vouloir rejoindre les policiers qui sont sur place.

Au prétexte d'une enquête policière dans un pays étranger, l'auteur nous fait découvrir les coulisses d'une ambassade, les relations qu'il faut savoir entretenir autour de soi, tout ceci en parfait diplomate afin de garantir les intérêts de son pays et de ne pas créer d'incidents. Renaud S. Lyautey est un guide touristique accompli. de ce récit se dégage un certain engouement pour cette région doublé du plaisir d'écrire, le tout savamment habillé d'humour. C'est un style très fluide qui vous tient en haleine du début à la fin et vous emporte. Instructif, l'auteur sait nous transmettre l'Histoire de ce pays tout en captant notre intérêt dans une énigme qui va de rebondissement en rebondissement.

Et de péripétie en péripétie, d'indice en indice, l'enquête va mener notre sympathique équipe, René Turpin et Nougo Shenguelia, à la découverte de la ville de Tskaltoubo.

Staline étant originaire de la Géorgie, le statut de la région fut beaucoup modifié sous la dictature de Joseph Staline qui a fait de la Géorgie un lieu de détente pour l'intelligentsia soviétique. Dotée de sources chaudes, la ville de Tskaltoubo s'est vue gratifiée de thermes pour y accueillir notamment la datcha de Staline. Et c'est à partir de cette ville que l'énigme policière devient un véritable roman d'espionnage dont le héros figure sur le timbre de la couverture du livre. A titre personnel, ce fut une mine de renseignements.

Je trouve passionnant de regarder, de lire, comment un auteur parvient à créer une fiction qui tient la route, tout en mélangeant les brins de la réalité et ceux de la fiction sans se casser la figure. J'admire ! Et ici, c'est particulièrement fascinant d'autant que notre espion a déjà fait couler beaucoup d'encre.

Ce qui affleure et étreint dans cette narration, c'est cette sensation oppressante permanente qui suinte chez les personnages. L'expression « L'oeil de Moscou » prend tout son sens. L'auteur parvient à nous faire sentir à quel point le poids de l'ex-Union Soviétique pèse encore sur la Géorgie. Il y règne chez les individus le sentiment d'être toujours épié. Les dégâts psychologiques émergent de ce récit, de ce mixage entre le passé et le présent, il est difficile de se libérer du joug de la Russie, de la présence du KGB aujourd'hui le FSB, d'autant plus qu'avec les évènements actuels, la Géorgie doit être inquiète. Renaud S. Lyautey se sert de sa vision géopolitique acquise au cours de sa mission diplomatique pour nous offrir un roman intelligent, passionnant et différent dans sa teneur comme toujours lorsque la profession crée l'écrivain.

Renaud Salins, nom de plume Renaud S. Lyautey, nous a quittés en avril 2022. C'est le coeur serré que j'ai refermé ce livre. de son écriture, il se dégage une envie de vivre, un regard bienveillant sur ses semblables et ce cancer foudroyant qui lui a coupé le souffle me parait terriblement injuste. J'ai une pensée émue pour ses parents.

Je tiens à remercier les « Editions du Seuil cadre noir » ainsi que l'équipe de Babelio qui m'ont permis, lors de cette masse critique, de faire connaissance avec Renaud S. Lyautey. Ce fut une belle découverte qui m'invite à me procurer son premier roman « Les saisons inversées ».
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critiques presse (1)
Liberation
21 octobre 2022
Souvent, les romans écrits par des connaisseurs des lieux, diplomates ou journalistes, sont alourdis par trop de passages historiques ou descriptifs. Ici, rien de tout cela. Le style est fluide et entraînant. L’histoire passionnante.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (64) Voir plus Ajouter une citation
- Vous savez, j'ai un ami prénommé Sergo, un ancien professeur communiste comme moi, membre du Parti, qui est devenu moine. Après la chute de l'URSS. Ce type de conversion n'était pas rare, à l'époque ... La volonté d'expier.
La recherche d'une spiritualité nouvelle, pour des gens soudain privés de leurs idoles. En 1992, le camarade Sergo a pris l'habit. Il est devenu le père Spyridon. Je vais le voir de temps en temps. Il m'accueille deux ou trois jours dans son petit monastère qui se trouve tout près de la frontière azerbaïdjanaise, à une heure d'ici en voiture. J'ai découvert que cela me faisait du bien, ces retraites. La solitude, le silence. Il faudra que je vous y emmène un de ces jours.

page 118
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Nougo Shenguelia n'aimait pas les scènes de crime. C’était moins leur côté morbide que le sentiment d'être arrivé trop tard qui le perturbait. Une scène de crime représentait toujours une défaite. Un meurtre qu’on n’était pas parvenu à prévenir. Un individu que la police n’avait pas pu protéger. La criminologie, même dans ses versions les plus modernes, comme celle qu'on lui avait enseignée en France, était une science de l’échec. Certes, on finissait presque toujours par deviner ce qui s'était passé. Avec un peu de chance, on arrêtait même des suspects. Mais on ne faisait pas revenir les morts.
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On sait où il logeait quand il n'était pas à l'hôtel ce Sébastien Rouvre ?

- C'est justement cela qui est étrange, monsieur l'ambassadeur. L'adresse qu'il nous avait laissée correspond à la résidence privée de Papouna Berichvili.

- Le milliardaire ?
- Oui. Cela intrigue beaucoup a police.

Mousquet se massait maintenant les sinus en gloussant.
- Avouez que c'est tout de même un drôle de prénom, Papouna. Pas très sérieux pour un milliardaire, non ? Sacrés Géorgiens ! Quand on pense qu'ils ont gouverné l'empire avec des prénoms pareils.... Entre les Guigui, les Guiga, les Goga, on a du mal à s'y retrouver. Vous saviez que le petit nom de Staline était Sosso ? C'est comme ça que l'appelait sa maman.


page 26
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- Réfléchissez deux secondes. René. Les trente années les plus sanglantes de l’URSS correspondent en gros à la période où les Caucasiens ont gouverné l’empire. Staline, bien sûr. Mais aussi Beria, Ordjonikidze. L’Arménien Mikoïan. Et bien d’autres. Depuis que je suis en poste ici, j'en suis venu à me demander dans quelle mesure tous ces Caucasiens n’avaient pas tout simplement transposé à Moscou leurs mœurs de montagnards paranoïaques et violents. La vendetta. La passion des complots. Le goût pour l’élimination des ennemis politiques...
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Les koupatis arrivèrent sur la table, grésillant dans des plats en fonte chaude. La face de Kartadze prit l’air extatique que Turpin lui connaissait bien. Ils mangèrent quelques instants en silence. Il fallait avoir un cœur de montagnard bien accroché pour englourir de telles quantités de saucisses épicées. Au goût, le koupati rappelait à la fois le boudin noir et l’andouille de Vire. Turpin se dit avec effroi que son taux de cholesterol allait encore faire un bond. Le professeur remplit leurs verres de vin doux …

(…)

Les deux hommes venaient de finir leur festin et Turpin se sentait sur le point d’exploser. Il se demanda comment il allait remonter la rue jusque chez lui. Ils ne seraient pas trop de deux pour s'épauler dans la cage d'escalier. Kartadze commanda de la liqueur de framboise, un tord-boyaux à 60 degrés venu des monts d'Arménie.
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