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EAN : 9782265098961
336 pages
Fleuve Editions (08/10/2015)
3.92/5   38 notes
Résumé :
À sept ans, Millie a déjà vu pas mal de Choses Mortes. La première, c'était Rambo, le chien. La vingt-neuvième, une mouche. Au numéro 28 de son Livre de Choses Mortes, Millie a écrit : « MON PAPA »...

Voilà deux jours que la fillette, cachée dans un rayon de supermarché, attend que sa mère revienne la chercher. Ce ne sera pas sa mère mais Karl, dit « le Dactylo », veuf en cavale depuis qu'il a fui sa maison de retraite. Et puis Agatha Pantha, la vieil... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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La thématique de ce roman a sûrement été vue et revue par le passé puisque à travers celui-ci, Brooke Davis réfléchit sur la mort, sur la difficulté de chacun à faire son deuil et sur les différentes façons de se reconstruire. L'auteur venait de perdre sa mère dans un terrible accident quand elle a commencé à coucher mots et sentiments sur le papier. Mais plus que le sujet du roman, c'est son ton qui lui confère cette ambiance atypique et qui en fait un véritable ovni dans le paysage littéraire.

Millie - sept ans - évoluait sereinement au coeur d'une famille aimante quand son père tombe gravement malade et finit par en mourir. Quelques temps plus tard, sa mère, incapable de se relever après cette terrible perte, l'abandonne dans un supermarché. La fillette obéit et attend bien sagement le retour des chaussures dorées de sa maman. Ainsi débute ce que Millie appelle le Premier Jour de l'Attente et elle respecte à ce point les consignes qu'elle se retrouve enfermée dans le magasin à la nuit tombée, sans que personne n'ait rien remarqué du drame dans lequel l'enfant était plongée... Les renforts viendront de là où personne ne les attendait, sous les traits de deux personnes âgées !

Karl était dactylo et ne peut s'empêcher de taper ses paroles dans le vide avant de les prononcer. Sa femme Evie, l'amour de sa vie, est décédée. Leur fils a de plus en plus de mal à faire accepter la présence de son père auprès de sa conjointe. Pourtant, le vieil homme refuse de se résigner. Il est grandiloquent, fantasque et imprudent, comme s'il était bien décidé à faire toutes les folies qu'il ne s'était jamais permis dans sa jeunesse. Les gens ont tendance à le considérer comme fou ou gâteux, mais il n'en est rien. L'esprit de Karl tourne à cent à l'heure, c'est juste le corps qui ne suit plus trop ! Il comprend instinctivement la petite Millie dès leurs premiers échanges et se sent vite responsable d'elle, même si au fond rien ne l'y obligeait. C'est sur ses directives que la fillette quittera enfin la solitude glacée des rayons du magasin.

Elle partira alors à l'assaut de son ancienne voisine. Agatha est aussi vieille que Karl mais ne le vit pas du tout de la même façon. Son corps, ses rides, ses bourrelets,... tout en elle la dégoûte. Elle est veuve elle aussi, mais n'a jamais su montrer à ses proches qu'elle les aimait. Aujourd'hui, elle incarne la sorcière du quartier qui ne quitte jamais sa maison, cette mamie acariâtre qui se tapit derrière ses rideaux pour espionner le monde et affubler les passants de noms d'oiseaux. Obnubilée par le temps qui passe inexorablement, elle oublie de profiter de celui qu'il lui reste. Quand elle voit la gamine frapper l'estomac vide à sa porte, c'est tout son univers qui bascule et contre toute attente, elle finit par quitter cette bulle dans laquelle elle s'était volontairement enfermée pour tenter d'aider Millie à retrouver sa mère.

Débute alors un road-trip des plus surprenants, où deux personnes âgées combattent rhumatismes et voyous alcoolisés, et enchaînent les méfaits - eux qui sont censés incarner la voix de la sagesse et donner l'exemple à Millie. Au cours de leur périple échevelé (au sens propre comme au figuré), les liens entre Millie, Karl et Agatha se resserrent mais une question plane continuellement au-dessus de leurs têtes : la mère de Millie veut-elle être retrouvée ? Incapables d'avouer ces doutes à une fillette aussi démunie que leur petite protégée, Karl et Agatha vont jouer au chat et à la souris pour mieux brouiller les pistes. Karl parle de ses malheurs à Manny, le mannequin dérobé qui les accompagne depuis la sortie du centre commercial, tandis que de son côté, Agatha a de plus en plus de mal à rester insensible à ce qui l'entoure. Cet improbable trio rencontrera en chemin d'autres personnages aussi hauts en couleurs et rocambolesques qu'eux et chaque échange, chaque dialogue, dévoilera davantage la vulnérabilité de Millie.

Avec ce tout premier roman, Brooke Davis frappe fort ! Elle possède un style unique, constitué de phrases courtes et dynamiques conjuguées au présent. En parcourant ce texte, on a l'impression de voir le monde à travers les yeux d'un enfant. le ton est curieux, candide et amusant, mais l'on a aussi souvent mal au coeur pour Millie, cette petite fille de sept ans si attachante et volontaire alors qu'elle a tout perdu. Rien ne semble pouvoir l'arrêter et l'énergie qu'elle déploie suffit à illuminer les gens qui la côtoient. Elle incarne à elle seule ce vent de renouveau aussi terrifiant qu'espéré, ce souffle qui suffit à bouleverser des vies qui jusqu'ici se contentaient de peu et s'étaient résignées à la fin de tout. Chaque page est un délice de fraîcheur et d'humanité, où l'on nous parle paradoxalement de la mort et du chagrin à travers une foule de sourires.
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La balade des pas perdus est un très beau roman, plein de poésie, un de ceux qui font du bien, et qui donnent envie de croire encore en l'espèce humaine.

C'est l'histoire de Millie, sept ans, qui, depuis quelques semaines, vit des choses pas très faciles… D'abord, il y a son papa qui est mort. Et puis, il y a ce jour où sa maman l'a laissé au bout du rayon de lingerie féminine du grand magasin en lui disant qu'elle allait revenir la chercher très vite, qu'elle ne bouge surtout pas, et qui attend encore, plusieurs heures après, pensant que sa maman a eu un problème et qu'elle va très vite venir la chercher… En attendant, elle remplit son livre des choses mortes : il y a déjà son chien Rambo, et aussi son Papa. Elle s'apprête à y ajouter une mouche. C'est également l'histoire de Karl, le dactylo, qui n'est plus de première jeunesse, veuf, qui a fui sa maison de retraite et qui a élu domicile dans la cafétéria de ce grand magasin. C'est d'ailleurs lui qui va retrouver Millie, et non sa maman… C'est enfin l'histoire d'Agatha Pantha, la vieille voisine de Millie, qui n'est plus sortie de chez elle depuis la mort de son mari. Non qu'elle le pleure depuis tout ce temps, mais elle est bien trop occupée à dénigrer le monde pour sortir : elle mesure tout les matins, ses rides, sa peau qui pend, tout ce qui fait qu'elle vieillit de jour en jour, elle observe par la fenêtre et crie de vilaines choses aux gens. On pourrait la taxer d'acariâtre et de vieille peau asociale, et on n'aurait pas tort. Mais elle aussi va aider Millie, en sortant de chez elle, d'abord, puis en décidant de l'aider à retrouver sa maman, parce qu'abandonner son enfant, cela ne se fait pas. Ils vont donc se retrouver tous les trois sur les routes d'Australie, Millie, qui écrit partout des indications pour que sa maman la retrouve, Karl qui traîne un mannequin derrière lui et tape des choses comme sur une machine à écrire en l'air, sur les tables, sur tout ce qu'il trouve, et enfin Agatha, qui râle après tout le monde. Que vont-ils trouver à l'arrivée ?

C'est une très jolie histoire sur les liens qui nous unissent tous, nous, êtres humains, et sur la manière d'aider les autres. Et il n'y a pas d'âge pour cela ! Chacun recèle des trésors cachés, parfois très bien cachés, et certains retrouvent le goût de la vie dans des situations improbables… Parce que c'est un roman “d'apprentissage” en quelque sorte : chacun va découvrir quelque chose sur sa vie. A la lecture de mon résumé, on pourrait croire que l'histoire va être rondement menée, mais non, l'auteur nous entraînant dans des digressions dans le passé de ces deux personnes âgées, pleines de ressources mais un peu brisées par la vie. C'est un roman sur les secondes chances, aussi : est-il possible de pardonner à une maman qui décide de tout plaquer, même son enfant ? On pourrait croire que l'auteur condamne ce comportement, mais en réalité, il n'est fait à aucun moment son procès, parce que, volontairement ou non, de nombreuses personnes se retrouvent orphelines dans la vie, à l'image de l'auteur lui-même qui a perdu sa maman il y a quelques années.

La poésie est cachée à chaque recoin des pages de ce roman enchanteur, qui nous raconte, l'enfance, la vieillesse, sur fond de paysages désertiques australiens, pleins de magie et de mystères, qui entraînent toujours plus loin notre trio, et ce avec drôlerie et bienveillance. La fin est éblouissante, parce qu'elle ne se situe pas là où on l'aurait cru. Elle est juste belle et parfaite, elle clôt magnifiquement ce joli roman qui m'a fait rire, qui m'a touchée, et qui m'a donné envie d'avoir des amis tels que Karl et Agatha.

Un joli roman à lire pour un beau moment de lecture qui fait du bien.
Lien : https://breveslitteraires.wo..
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La balade des pas perdus fait partie de ces livres pour lesquels il est très difficile de donner un avis, car sa lecture est subjective.
Quatre personnages pour cette drôle d'histoire : une petite fille oubliée par sa mère dans un magasin, un vieil homme qui c'est sauvé de la maison de retraite, une vieille qui vit recluse chez elle passant son temps à noter les effets de la vieillesse sur elle. Ils se retrouvent dans une histoire rocambolesque où ils partent à la recherche de la mère de Millie. Ah j'allais oublier Manny, mais je vous laisse le découvrir...
En fait cette fable a pour sujet le deuil et la manière de chacun de le vivre. C'est pourquoi chaque lecteur l'appréciera avec son expérience.
Mais l'auteur a su mettre beaucoup d'humour dans son livre.
Une belle découverte pour moi
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« Il faut bien l'avouer : ces trois perdus-là se sont trouvés ». C'est cette phrase dans le résumé qui m'a fait emprunter ce roman à la médiathèque. C'est exactement le genre d'histoire qui m'attire, des gens qui n'ont au départ aucun lien entre eux, mais qui se raccrochent les uns aux autres pour créer leur propre famille.
Et bien je n'ai pas été déçue. Un peu déstabilisée tout de même au départ par la forme, en particulier par les dialogues écrits en italique, je m'y suis faite et j'ai ensuite été totalement emportée par l'histoire. le sujet, le deuil d'un être cher, est douloureux, d'autant plus que Millie qui vient de perdre son père n'a que sept ans, mais l'humour est présent tout au long du roman, avec les personnages totalement déjantés de Karl le dactylo, et Agatha la vieille acariâtre, tous les deux veufs récemment, sans oublier Manny le mannequin ! Ces trois là vont accompagner Millie à la recherche de sa mère à travers l'Australie, et le rire alterne avec des moments poignants sans aucun ennui.
La fin, à part une interrogation restante, est parfaite, et m'a tiré une larme d'émotion !
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Étrange roman. La narration y est particulière, j'avais parfois l'impression de lire une sorte de pièce de théâtre ou de scénario avec les didascalies. Cela m'a un peu décontenancé.

Et pourtant, je me suis attachée aux personnages,

Chère petite Millie, je n'avais qu'une envie, te prendre dans mes bras et te faire un immense câlin !

Et vous, Karl et Agatha, vous m'avez touché à votre manière...vos souffrances, vos bizarreries...

Et pour une fois, je suis d'accord avec les appréciations de la presse qui figurent sur ce livre ! "Touchant, drôle et brillant" Herald Sun ou encore "Décalé et drôle...Une histoire à la fois douloureuse et tendre" The Times...

C'est un roman à découvrir !

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critiques presse (1)
Chatelaine
06 janvier 2016
Une cavale passionnante sur les routes du désert australien.
Lire la critique sur le site : Chatelaine
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Il reconnaissait l'espoir qui brillait dans les yeux du jeune homme. C'était l'espoir de conquérir une femme, la vraie. Karl savait qu'il suffisait d'une femme, une seule, à laquelle s'accrocher comme à une bouée dans l'océan, qui t'aiderait à flotter, t'empêcherait de te noyer. Tu es toujours en pleine mer mais ce n'est pas grave parce que tu peux lui donner la main, faire la planche et regarder le ciel en t'émerveillant de voir les choses que, seul, tu aurais pu rater.
(...)
Chacune de ses paroles donnait l'impression d'être mesurée, comme si elle avait versé les mots dans des verres gradués pour en lisser la surface avant de les répandre dans la nature.
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- Est-ce qu'ils vont aussi m'apporter mes nénés ? chuchote-t-elle. Parce que moi, je les prendrai pas.
- Tu dis ça maintenant ! Aujourd'hui, tu n'en veux pas, et plus tard t'en voudras, et quand tu auras mon âge, et qu'ils seront bien plus longs que larges, tu voudras être morte !
P.129

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Au paradis, tu te balades avec Jimi Hendrix et tu manges des donuts à volonté. En enfer, on t'oblige à, euh, danser la macarena. Pour l'éternité. Sur le remix des chansons de Grease.
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Pendant la pause des publicités, Karl regarda autour de lui. La pièce sentait les produits de nettoyage et le vomi. Une femme tricotait dans son fauteuil, un spectacle plutôt réconfortant s'il s'était agi d'une vieille dame rondouillarde, à joues roses, destinant son ouvrage à un troupeau de petits-enfants assis à ses pieds tandis que dans le four doraient des brioches. Mais il semblait à Karl qu'elle tricotait son propre cordon ombilical destiné à la rattacher aux vivants, qu'elle jouait des aiguilles pour ne pas mourir. p. 106
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Pourtant on devrait pouvoir câliner toutes les mamans qui ne sont pas la notre, parce que ceux qui n'ont pas de maman, ils en font quoi, de tous leurs câlins ?
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Vidéo de Brooke Davis
Deuxième partie de notre rencontre avec Brooke Davis pour son livre "La balade des pas perdus" aux Éditions Fleuve.
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