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Bernard Friot (II) (Autre)
EAN : 9782358722414
240 pages
La Fabrique éditions (21/10/2022)
4.46/5   12 notes
Résumé :
Comment a-t-il été possible de construire la Sécurité sociale en 1946 dans un pays où la population dépendait de tickets de rationnement pour se nourrir alors qu’aujourd’hui nous ne serions pas capables de l’étendre dans un pays qui a rarement été aussi riche ? Ce livre propose une histoire des transformations de la protection santé en France de 1789 à nos jours, à travers le prisme des conflits qui l’ont façonnée. Au cours de la Révolution de 1789, alors que les dé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Qui sait que le régime général de sécurité sociale était dirigé par les travailleurs ? ou que la sécurité sociale est aujourd'hui dans une excellente santé financière ? » Nicolas Da Silva, maître de conférences en sciences économiques à l'université Sorbonne Paris Nord suit les réponses apportées par l'État dans le domaine de la santé depuis la Révolution française et les débuts du développement du capitalisme. Deux logiques antagonistes ne cessent de s'affronter : « la Sociale », auto-gouvernement par les intéressés, et « l'État social » qui fait de la protection sociale un instrument de contrôle de la population. Les réappropriations de l'esprit mutualiste par l'État en 1852 puis de la Sécurité sociale, progressivement après 1946 et complètement en 1996, trahissent « une volonté consciente et relativement stable […] de cibler les bénéficiaires des prestations et de laisser le capital se déployer au détriment de la production publique ».
(...)
Un brin fastidieux à force de précisions sur les réformes successives, biais inévitable de toute investigation exhaustive, cet exposé nécessaire contribuera toutefois, par la connaissance de l'histoire conflictuelle de notre système de santé, à nous éviter de nous tromper de cible. Alors que le seul horizon souhaitable, dans le débat public et militant, est celui de l'État social, Nicolas Da Silva nous invite à reprendre « le combat pour une sécurité sociale auto-organisée contre le capital et contre l'État », à relancer « la bataille de la sécu ».


Article complet à retrouver sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Qui se souvient aujourd'hui que de 1946 à 1967, la Sécurité sociale était gérée par les travailleur·euses eux-mêmes ? Mis à part certains milieux militants, il faut reconnaître que cette idée apparaît au reste de la société, comme une utopie plutôt qu'un événement crucial de la mémoire ouvrière. Nicolas Da Silva l'affirme lui-même : «la bataille de la Sécu est aujourd'hui une bataille pour la connaissance de l'histoire». C'est dans ce sens, qu'il a rédigé cet essai historique brillant et riche d'informations sur l'évolution du système de santé français, de la Révolution de 1789 à la pandémie de Covid19, en passant bien évidemment par l'expérimentation de la Sociale.

L'auteur rappelle qu'il existe deux formes historiques de protection sociale en France : celle de la Sociale (accès aux soins universel, extension de la production publique de soins, contrôle par les professionnel·les de la santé de leur outil de travail, politiques de santé définies par les citoyen·nes), et celle défendue par l'État Social (protection sociale orientée principalement pour les plus malades et les plus pauvres, maîtrise de la production publique de soins, contrôle et définition du travail du personnel soignant, organise la solvabilisation du capital).

A partir de 1946, date du début de l'expérimentation de la Sociale, l'État mènera une lutte acharnée pour laminer le pouvoir ouvrier et reprendre le contrôle de la Sécurité Sociale. Si la nationalisation de la Sécu survient en 1967, la mainmise de l'État sera totale en 1996 avec l'adoption du plan de réforme d'Alain Juppé qui acte la dépossession des travailleur·euses de leur régime général. Ayant ainsi les mains libres, l'État social favorisera l'expansion du capital dans le système de soin entraînant un appauvrissement du secteur public au profit du privé.

Le problème analyse Nicolas Da Silva, c'est qu'à droite comme à gauche, «dans le débat public et militant, le seul horizon souhaitable de la protection sociale publique est celui de l'État social» alors même qu'il solvabilise l'existence du capital. Aujourd'hui, le mouvement social en est à réclamer des miettes pour une augmentation de salaire, où demander des augmentations de budget pour tel ou tel autre service public. Mais sans la conquête du pouvoir par les travailleu·euses, ces revendications resteront vaines. Il est donc urgent de réveiller la lutte anticapitaliste et antiétatique «pour embrasser de nouveau l'idéal de la Sociale», et cet essai de Nicolas Da Silva en est un premier jalon.
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Voilà une lecture très éclairante pour toute personne souhaitant en savoir plus sur la sécurité sociale française et son fameux "trou", dûment percé par ceux-là mêmes qui le dénoncent. Les mêmes qui confondent volontairement taxe et cotisation, en oubliant étonnamment de compter les "cotisations" obligatoires privées (assurances logement, santé, véhicules, etc.) qui nous coûtent pourtant un "pognon de dingue" pour un taux de reversement médiocre, comparé à celui de la sécurité sociale.

L'ouvrage part de la situation précédant la révolution française, en montrant les différentes étapes ayant mené à la création de "la Sociale", puis à sa reprise en main par l'État. On peine aujourd'hui à imaginer une institution brassant un budget équivalent à celui de l'État, géré directement par les personnes concernées. Je vous parle d'une époque où les cotisations servaient à financer les aides sociales dont les cotisants avaient besoin et non à rembourser les dettes d'emprunts réalisés sur les marchés financiers. A quand 15h de travail hebdomadaire obligatoires pour les "assistés" gagnants des dividendes à rien faire ? :-)
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Pour comprendre tout le caractère de ces attaques et en démasquer les origines, il suffit de se rendre compte que la rentrée dans la Sécurité sociale d’un nombre beaucoup plus important de salariés que par le passé, l'augmentation assez considérable du taux des cotisations, tant ouvrières que patronales, l’introduction dans la Sécurité sociale des Accidents du travail et des Allocations familiales, font que les Caisse de Sécurité sociale vont gérer dans une année la somme énorme de plus de 200 milliards de francs, c'est-à-dire presque la moitié du budget de l'État. L'on comprend alors aisément les résistances dans certains milieux. Pensez donc, un budget aussi formidable, de 200 milliards, qui va être géré par les travailleurs eux-mêmes. Pensez donc que là-dedans il ne sera plus possible au paternalisme patronal de s'exercer comme dans les anciennes œuvres sociales créées et dirigées par les patrons. Pensez donc aussi à l'utilisation des caisses confessionnelles qui ont constitué une des armes essentielles de pénétration du haut clergé dans les milieux ouvriers, et vous comprendrez alors pourquoi tous ces milieux ne voient pas d’un bon œil les travailleurs avoir en main à travers toute la France les Caisses Régionales chargées de la gestion des œuvres sociales alimentées par les fonds de la Sécurité sociale.
Là est la source des réactions très fortes et
des velléités de destruction d'un pareil régime démocratique et laïque, que la classe ouvrière doit défendre de toutes ses forces.
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Qui sait que le régime général de sécurité sociale était dirigé par les travailleurs ? ou que la sécurité sociale est aujourd'hui dans une excellente santé financière ?
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Comment comprendre l'opposition virulente de nombreuses forces sociales au régime général ? L'enjeu n'est pas l'argent mais le pouvoir. Le régime général s'inscrit dans les pas des grandes luttes pour la démocratisation depuis 1789. Pour la première fois, la classe ouvrière organisée est en mesure de diriger une partie significative de l'activité économique du pays. Ceci est insupportable pour tous les conservateurs et réactionnaires qui préfèrent le système représentatif à la démocratie, le paternalisme à l'auto-organisation, l’État social à la Sociale.
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Une tentative de recensement et d'analyse des métiers dangereux pour la santé et menée dans un contexte où il est évident que la production peut tuer. L'historien Thomas Le Roux cite un philanthrope qui a écrit à ce sujet à l'Académie des sciences en 1793 : Nos bâtiments sont cimentés avec du sang, nos vêtements en sont teints, nos plaisirs en sont affectés ; il n'est point de jour où la richesse n'ordonne des meurtres : et la vie humaine est mise à prix comme un effet commerçable.
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En France, l'État devient social non par conviction mais par nécessité de garantir l'ordre établi face au mouvement social auto-organisé qui s'élève contre le capital et contre l'État.
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