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EAN : 9782809826593
240 pages
L'Archipel (12/06/2019)
4/5   27 notes
Résumé :
1906, juste après le vote de la loi sur la laïcité. Dans le Haut-Bocage vendéen, un boulanger républicain est maudit par le curé de son village. Son crime ? Avoir hébergé dans sa grange, par un froid polaire, des soldats venus faire l'inventaire des biens de l'Église. Plus personne n'achètera son pain. Il en mourra et sa compagne s'enfuira en Algérie.

Cent ans plus tard, son arrière-petite-fille, elle-même victime de la fureur islamiste en Algérie, a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Dieu !
Combien de crimes commis en ton nom ? Combien de crimes encore à venir ?
Mais ce n'est pas TOI, si tant est que tu sois là,
Ce sont les Hommes, d'ici et de là-bas, qui parlent pour toi.

La Vendée, le Diable et son comté
Des grenouilles de bénitier
Un gentil boulanger bouffeur de curés
Henri le rouge : SUICIDÉ

L'Algérie, colonie devenu beau Pays
Des fous d'Allah et leur coutelas
Une fière boulangère émancipée
Yasmine, petite fille de Joséphine : ASSASSINÉE

Henri et Joséphine unis pour l'éternité par la folie des Hommes : vertus surannées, menaces "voilées", peur du curé, passion du pouvoir et soif de l'or.
Il fallait bien qu'un jour ces amants maudits, séparés de force par la Méditerranée, se retrouvent au grand jour et ce, par la voix du fruit, du fruit, du fruit de leurs entrailles : Nadia l'algérienne, Nadia la frondeuse, Nadia la bouillante, obligée de fuir l'Algérie pour rejoindre la Vendée, un doigt de pied en terre sainte mais le soleil du pays dans les veines et dans le coeur.
Sa présence dans le bocage délie les langues et les souvenirs, Nadia sent monter la tension et s'interroge sur sa filiation et sur son héritage. "L'Histoire dure plus longtemps que les hommes" nous dit Hubert Huertas et c'est Nadia qui, près de cent ans plus tard, aidée de son cousin vendéen - les voies du seigneur sont impénétrables - va devoir démêler l'écheveau de cette intrigue diabolique et ainsi tenter de remettre à l'heure les pendules du destin. le maire, le comte et le notaires veulent la jouer à l'envers, Nadia la boulangère ne se laisse pas démonter. Les visages de bonne grâce affichés cachent plus de noirceur que le Diable personnifié.

Hubert Huertas dénonce : quand les fous de Dieu - de quelque bord soient-ils - se déchaînent, il faut toujours craindre le pire.
Hubert Huertas nous met en garde : cette "histoire n'est pas nouvelle et pas ancienne, mais les deux à la fois. Elle est éternelle. Elle est insatiable. Elle est gloutonne. Méfiez-vous d'elle : elle recommence quand on la croit finie." car aujourd'hui encore "(...) d'Alger à Paris, j'entends les mêmes folies, les mêmes passions, les mêmes vociférations. Là-bas les barbus qui n'ont pas pris le pouvoir par les armes mais n'ont renoncé à rien et veulent l'imposer par la charia. Ici, des débats sans fin sur la laïcité, qui se retourne comme un gant".
Hubert Huertas est drôle : Son texte regorge d'une ironie grinçante et perçante qui cible les travers et les turpitudes des Hommes qui, sans craintes de l'écoulement du temps qui les pousse inéluctablement vers la fin des temps, sont indécrottablement "quand on est con, on est con" pour citer Brassens qu'il affectionne visiblement.
Hubert Huertas est un boulangécrivain : Il pétrit les mots sans ménagement, fait gonfler les phrases patiemment et nous livre un roman cuit à point, croustillant sur le dessus, mais tout en moelleux et en douceur en dedans. C'est que l'auteur connaît son sujet, son coeur partagé entre la France et l'Algérie où il a passé son enfance, on le sent navré et déchiré, et son amour pour l'Algérie transpire par tous les pores de sa pâte à pain.

Je remercie chaleureusement les Éditions de l'Archipel en la personne de Mylène P. car en seulement 234 pages (comme quoi il est inutile de délayer la pâte), l'écriture franche, les opinions tranchées et l'humour omniprésent d'Hubert Huertas ont su me séduire et m'ont donné envie de tout lire de lui.

En doutiez-vous mécréants ? C'est un coup de coeur assurément ! Bonté divine !

P.S. : Un petit bonjour à La Manif Pour Tous 😈
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Ne connaissant pas du tout le romancier Hubert Huertas, je dois bien avouer que je n'aurais jamais acheté de moi-même « La boulangerie du Diable ». C'est donc totalement novice et grâce à une masse critique que je me suis plongée dans ce roman que j'ai très vite terminé.
Il est vrai qu'il ne fait que 230 pages, c'est clair ce n'est pas un pavé.
Mais voilà, ce n'est pas que cela. Une fois démarré, je ne l'ai plus lâché. Et pour cause, quel sujet…l'intégrisme religieux quel qu'il soit.
Par les temps qui courent, plus qu'intéressant !

1906 : Année du vote de la loi sur la laïcité qui le moins que l'on puisse dire n'est pas du goût de tout le monde, en particulier dans un village nommé, Fleurdécieux ! Cela ne s'invente pas un nom pareil ! Dans ce haut bocage vendéen, un boulanger républicain est maudit par le curé du village. Son seul crime : Héberger dans sa grange des soldats venus faire l''inventaire des biens de l'église, mais surtout s'insurger haut et fort contre l'extrémisme religieux.

De nos jours : Nadia Kasmi, arrière-petite-fille du boulanger, algérienne, vient de perdre sa mère assassinée par «ces fous de Dieu », « ces salopards de religieux » comme elle les appelle, pour avoir refusé leur diktat. Pour sauvée sa propre vie, elle se réfugie dans le village de son arrière-grand -père dont elle devient à son tour la boulangère. Sa présence va très vite délier les langues et raviver les souvenirs. Les secrets enfouis vont ressurgir et jour après jour, Nadia va replonger dans l'histoire tragique de son aïeul, que l'extrémisme catholique a poussé au suicide.

A partir d'un fait réel et à travers la voix de Nadia qui en est la narratrice, l'auteur tisse une intrigue prenante grâce à un suspens qui nous tient en haleine de bout en bout. Son écriture est fluide et percutante, teinté d'une ironie particulièrement grinçante.

Mais au-delà de tout cela, ce roman est un plaidoyer contre tous les fanatismes religieux. Un vrai réquisitoire contre tous les crimes commis de tout temps et à venir au non d'un Dieu, quel qu'il soit ! Combien de temps encore la folie des hommes va-t-elle durer ! Cent ans séparent ces deux « crimes » et rien n'a changé ! Ce livre est donc à mettre entre toutes les mains !!!

Finalement deux phrases citées par l'auteur résument si bien tout ceci :
« Abderrahmane, Martin, David,
Et si le ciel était vide, » Alain Souchon !

Je remercie Babelio et les Editions de l'Archipel pour m'avoir permis de découvrir ce roman et cet auteur qui à présent ne m'est plus inconnu !
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D'une folie religieuse à l'autre… le Diable a bon dos. En 1906 Henri Brissaud, boulanger vendéen et républicain se donne la mort après avoir été mis au ban de son village par le curé peu après le vote de la loi sur la laïcité. Déshéritée sa compagne Joséphine part s'installer en Algérie où grandira leur enfant née en mer, Henriette. Presque cent ans plus tard, sa petite-fille Nadia, elle-même boulangère avec sa mère à Alger, retrouve cette dernière la gorge tranchée par les islamistes, et épouvantée décide de se réfugier en France chez son lointain cousin Jacques Brissaud. D'une génération à l'autre, d'un pays à l'autre, se sont transmis la passion du métier de boulanger et le refus du diktat religieux.

Nadia sera plutôt bien accueillie au début dans ce village vendéen, Fleurdécieux, mais au bout de quelques mois elle apprend qu'elle va devoir repartir… Ses liens familiaux avec Henri Brissaud ont été découverts et elle ne tarde pas à découvrir que certains craignent voir resurgir des secrets du passé…et quelques crimes oubliés. Avec l'aide de son cousin et d'un jeune clerc de notaire surnommé deux-en-un, ils vont remonter le temps pour retrouver le fil de leur histoire personnelle étroitement mêlée à celle d'une région, la Vendée, marquée par les guerres contre-révolutionnaires et le poids du catholicisme. Et découvrir que derrière le masque de la respectabilité, de la religion ou de l'hospitalité peuvent se dissimuler de bien sombres manigances.

Un roman captivant qui relie l'histoire de l'Algérie à celle de la France, pose le problème de la laïcité à un moment où elle est plus que jamais d'actualité, montre que la logique du fanatisme n'est pas l'apanage d'une communauté mais qu'elle se renouvelle sous des visages différents quand le religieux devient intégrisme ou idéologie politique. Et qu'à l'image du combat des femmes, celui de la laïcité n'est jamais totalement acquis. le récit est envoutant et se laisse dévorer, l'auteur dénonce des doctrines meurtrières d'autant plus dangereuses qu'elles agissent au nom de la religion, et que certains les défendent au nom de la liberté… Merci aux éditions de l'Archipel et à Babelio pour cette découverte originale.

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Années 70, Nadia, petite excitée algérienne de 29 ans raconte sa fuite devant les barbus qui ont égorgé sa mère, puis son arrivée dans une Vendée aux relents royalistes-religieux, où le 'drame' a eu lieu lors de la loi de 1905 sur la laïcité de l'état.

J'ai modérément apprécié la manière dont Huertas nous fait saliver la moitié du bouquin avant de commencer à raconter son 'drame'.
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Histoire familiale et d'héritage qui se déroule sur trois générations, de 1906 à 2000, et nous promène du bocage vendéen jusqu'en Algérie.

Magouilles politique dans un village de Vendée, qui pousse le boulanger figure emblématique du village à se pendre et sa femme à émigrer.

Mais l'Histoire n'en restera pas là et va se répéter.

Les rancunes sont tenaces, l'omerta est de mise.

Mais il se trouve toujours des personnes intègres, pour qui l'honnêteté et la vérité ne sont pas des vains mots.

Un hymne à la vie, à la transmission entre générations, et ,également un réquisitoire contre le fanatisme en tous genres.

Récit tiré de faits réels.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Elle avait vingt-six ans en 1962, exaltée par la victoire des gueux, des sans-chaussures, des dents cariées, des bougnoules, des bicots, des ratons, ces mots infâmes renvoyés aux poubelles de l'Histoire, par la grâce d'une jeunesse qui se sentait portée par une force irrésistible. Ma grand-mère Henriette était plus circonspecte. Elle se méfiait des gens qui arrivaient au pouvoir à Alger en tenue camouflée, mitraillette en bandoulière, elle les trouvait sans pitié, pensait à Camus, n'aimait pas ce que l'on racontait sur les Européens massacrés à Oran ou les harkis épurés comme les collabos de France en 1945. Elle plaignait aussi les pauvres gens que l'on disait européens et qui fuyaient leur terre d'Afrique vers une France qu'ils ne connaissaient pas. Elle applaudissait quand même à la victoire des siens, oubliait ses réserves, contaminée par le bonheur de sa fille. Elle bâtirait l'Algérie nouvelle, Yasmine, elle en était certaine, elle faisait plaisir à voir.
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Dieu et le diable, c'était pareil dans ma tête, Dieu et les hommes surtout, et je savais que le malheur de mon ancêtre Henri, comme le mien presque cent ans plus tard, avait la même origine. La folie religieuse. Le fanatisme. Ces tyrans en costumes de prophète qui prétendent être des serviteurs mais se conduisent comme des maîtres. Comme s'ils avaient chassé Dieu de son ciel, s'étaient assis sur son trône, arrogé ses pouvoirs présumés, avaient conquis la terre et décrété les lois. Tu ne tueras point mais moi oui, car j'ai l'aval du Prophète, tu ne voleras pas mais moi je te ferai payer l'impôt, car je suis le percepteur céleste. Ils décidaient du bien et du mal, de ce que l'on peut faire ou ne pas faire, comment se vêtir, comment manger, comment aimer, laisser vivre ou faire mourir.
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Nous étions à quinze mois de l'an 2000, des Algériens massacraient d'autres Algériens avec encore plus d'ardeur que les Français pendant la guerre d'indépendance. Ils torturaient au nom du bien. Ils égorgeaient pour nous apprendre à vivre. Ils prétendaient agir au nom d'un Dieu qui me terrorisait avec ses promesses de paradis pour les commandos suicides, où les vierges étaient violées dans des tournantes, par groupes de soixante-dix.
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Et ce qui me touchait le plus dans ce que je venais d'entendre, c'est que des hommes avaient infligé à mon ancêtre Henri, presque un siècle auparavant, ce que d'autres ont fait à ma mère, l'année dernière. Ils l'ont saignée au nom de Dieu. J'ai fui un fanatisme pour tomber dans un autre, identique dans sa nature, son jumeau messianique.
J'ignore lequel est le pire et je ne veux pas établir de palmarès entre le djihad ou les croisades, les fatwas ou l'Inquisition, mais je sais qu'une même ivresse métaphysique, une hystérie sacrée, a égorgé ma mère à Alger et suicidé mon aÏeul en Vendée.
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J'apprendrais un peu plus tard que cet homme sans méchanceté était prêt à tous les aplatissements pour obtenir le soutien des puissants. Dernier représentant d'une dynastie de cordonniers ayant chaussé le village depuis la nuit des temps, mais éteinte aujourd'hui, il continuait à cirer les pompes avec ardeur.
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Videos de Hubert Huertas (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hubert Huertas
Marseille 50 ans après ... nous jouerons quand même ensemble .Il y a cinquante ans, les états Français et Algériens se séparaient. Mais cinquante ans plus tard les Français et les Algériens continuent de vivre ensemble, bon an, mal an.Hubert Huertas et Timo Ebermann sont allé à la rencontre de la ville la plus algérienne de France, Marseille. (avec accord de Pascal Delannoy)
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