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Mayalen Goust (Autre)
EAN : 9782211331685
256 pages
L'Ecole des loisirs (21/06/2023)
3.87/5   94 notes
Résumé :
Si son patron ne la battait pas, si elle était justement payée, si on ne lui comptait pas son assiette et son lit, Louise adorerait la terre sur laquelle elle travaille. Une terre incroyablement fertile, qui peut donner huit récoltes par an ! Qui exporte ses légumes jusqu'à Londres, et même jusqu'en Russie.... Une terre qui n'est qu'à une dizaine de kilomètres de Paris, sur un petit village de maraîchers nommé Bobigny.
Le jour où vient la raclée de trop, Lou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Cette série intitulée Les Filles du Siècle est composée de trois tomes mettant en avant trois filles au destin différent qui vous font découvrir le quotidien des femmes à Paris à la Belle-Epoque.

Trois récits jeunesse composant une véritable peinture sociale teintée de féminisme et de socialisme.

NB : J'ai choisi de réaliser un article qui regroupe mon avis sur les trois livres. Chaque tome peut se lire de façon indépendante, mais au fil de votre lecture vous constaterez que les personnages secondaires sont présents dans toutes les histoires.

Trois filles, trois histoires en lien avec le féminisme

A travers ces trois romans courts de 200 pages, Marie Desplechin nous dévoile la condition des femmes et des jeunes filles à la Belle-Epoque et de leurs possibilités d'évolution dans une société très patriarcale.
Ainsi, avec Lucie, de Satin Grenadine, on découvre l'univers des jeunes filles de la bourgeoisie qui doivent s'instruire mais pas trop, pour éviter de faire peur à un futur mari et surtout être jolie pour attirer les prétendants. Malheureusement pour sa famille, Marceline, la gouvernante de Lucie aux idées plus progressistes souhaite surtout que Lucie s'instruise pour tracer sa propre voie. Lucie, elle, ne rêve que de partir en Amérique et de porter du Satin Grenadine, réservé aux grandes dames. Elle est loin des considérations de sa classe sociale et s'émerveille de ce qu'elle peut apprendre chez les domestiques et le peuple, au grand désespoir de ses parents.

Avec Séraphine, on découvre la classe ouvrière pauvre de Paris et surtout de Montmartre. Séraphine travaille chez une couturière pour gagner sa vie mais elle aspire à une autre vie. de nature généreuse, elle est assez naïve vis à vis de l'extérieur et s'en remet à sa foi envers la Sainte Rita, patronne des causes désespérée. Elle va s'essayer à d'autres métiers mais cela reste compliqué de s'élever socialement quand on est orpheline et sans le sou. Il faudra la solidarité de la communauté vivant sur la Butte et d'heureux hasards pour qu'elle trouve un dénouement opportun.

Louise de la Capucine, est la plus têtue et téméraire des trois héroïnes. Elle vit à Bobigny dans une ferme maraichère où elle travaille sous les ordres d'un maître violent. Elle est séparée de sa mère qui travaille pour une famille bourgeoise à Paris et l'a laissée dans cette ferme pour des raisons financières. Louise adore travailler la terre, et elle souhaiterait pouvoir son propre terrain pour vendre seule sa production mais elle est trop pauvre pour réaliser son rêve. Néanmoins, c'est une fille intelligente et autonome qui a le sens des affaires, ce qui lui permettra de s'en sortir, avec un coup de pouce du destin.

Trois destins de jeunes filles, et pourtant peu d'issues au début de chaque livre. le mariage revient très souvent comme porte de sortie, mais finalement d'autres possibilités s'ouvriront à elles grâce à l'aide d'autres personnages secondaires qui souhaitent faire bouger les choses.

Une fresque sociale à travers des personnages secondaires très vivants

En dehors des héroïnes, l'auteure nous propose une galerie de personnages secondaires féminins hauts en couleurs qui nous donnent une vision d'ensemble de la société parisienne, dans chaque classe sociale, ainsi que leurs rêves et aspirations.

Du côté des aristocrates, Mme D'Argenton s'étiole dans sa vie de confort aux côtés de son mari. Elle est dépressive depuis le décès de l'un de ses fils à la guerre et se passionne pour les spirites, seule solution pour revoir son fils défunt. A l'inverse, sa cousine Blanche, seule célibataire de la famille, passe pour une excentrique car elle aime se déguiser en domestique afin de visiter le marché des Halles. On devine par là qu'elle s'ennuie également dans sa classe sociale et qu'elle se soucie peu des convenances au profit de sa liberté de femme.

Chez les bourgeois, Mme Chassignol, la mère de Lucie, cherche à élever sa famille au rang des aristocrates. Son statut de femme mariée et aisée semble lui convenir. Elle accorde beaucoup d'importance aux apparences et souhaite marier sa fille à un homme bien né, dans la plus pure tradition de son siècle. Instruire ou élever Lucie ne l'intéresse pas, elle a laissé cela à la nourrice et la gouvernante de sa fille. Elle préfère réaliser des économies sur l'instruction de Lucie et plutôt lui offrir des robes qu'elle aura choisie pour attirer les prétendants. Elle est également charitable mais par pur intérêt : elle recueille sa cousine Marceline pour la faire travailler gratuitement comme gouvernante auprès de sa fille.

Du côté des domestiques et du peuple, les personnages sont un peu plus intéressants et très nombreux, comme si le confort ôtait toute vie trépidante ! Néanmoins, l'auteure décrit leurs rudes conditions de vie qui font parfois frémir, expliquant ainsi leur envie d'une autre avenir.

Dans la maison de Lucie, Annette la cuisinière se fait vieille et souhaiterait rentrer dans sa famille pour vivre sa retraite. Mais il lui est compliqué de partir quand elle est la seule à rester parmi les domestiques. Son aide de cuisine, Fanny, une jeune fille de 16 ans, aspire à autrechose qu'au ménage et les corvées de lessive. Maligne, prête à tout pour parvenir à ses fins, elle souhaite épouser un maraîcher repéré au marché des Halles et s'établir avec lui pour être maitresse de sa propre maison.

Charlotte, la tante de Séraphine, est une prostituée de bordel de luxe. Même si on dévoile peu ses activités, Marie Desplechin donne des détails historiquement justes à son sujet : Charlotte dispose d'un carnet où elle est signalée comme prostituée auprès de la police. Elle doit rembourser sa dette auprès de sa maquerelle pour pouvoir quitter cet emploi. Elle est obligée de s'habiller de façon voyante pour être identifiée comme prostituée, y compris quand elle sort du Bordel. Derrière ce métier nécessaire pour une fille de province sans fortune, Charlotte est généreuse, un peu frivole, têtue et surtout très pieuse. Son rêve est de se marier avec le peintre Raoul et d'élever une famille.

Marceline, la cousine et gouvernante de Lucie est une orpheline élevée par les religieuses suite au décès de ses parents. Elle est recueillie par sa cousinge, la mère de Lucie, pour devenir gouvernante alors qu'elle sort de l'enfance. C'est la plus intelligente de tous les personnages : ancienne bourgeoise abaissée au rang de domestique, elle se débrouille pour avoir du temps libre en menant Mme Chassignol et les autres domestiques par le bout du nez. Elle cherche à émanciper Lucie, lit beaucoup et fréquente des cercles socialistes. Son objectif est de quitter la famille Chassignol, sans pour autant s'enfermer dans un mariage, et de protéger Lucie de son avenir tout tracé de bourgeoise.

Bernadette, l'amie et voisine de Louise est une vieille femme qui cache un passé malheureux. Elle voit les fantômes et cela lui causé bien du tort. Elle adore cuisiner et travailler la terre. Ce sera le seul exemple de personnage à refuser d'évoluer socialement car elle ne se sent pas à l'aise dans la Haute-Société Parisienne et préfère le bonheur d'une vie simple.

Enfin, Mme Sponze est la couturière des bourgeois et des gens bien nés. Elle fait le lien entre les domestiques et les hautes classes sociales car elle fréquente les deux. On la retrouve dans les trois romans. C'est la mieux considérée des « domestiques » car elle dispose de son propre commerce. Pourtant, elle déteste ceux qui la font vivre alors qu'elle est très proche de leurs valeurs morales. A Lucie qui souhaite s'émanciper, elle lui rappelle qu'une jeune fille ne peut pas vivre sans la tutelle d'un homme si elle souhaite disposer de son propre argent.

On comprend à travers tout ces exemples que les seuls moyens pour les femmes de tracer leur propre chemin à la Belle-Epoque se résume à peu de possibilités : avoir de l'argent, se marier, fuir la France pour un autre pays, s'instruire ou faire fi des convenances. En somme, il faut beaucoup de courage et de travail si l'on n'a pas d'argent ni l'envie de se trouver un mari.

La Commune en filigramme

Dans chaque récit, Marie Desplechin associe des personnages ou des événements en lien avec la Commune de Paris. On en apprend ainsi un peu plus à la fois sur ce qui s'est passé du point de vue des communards, et aussi sur l'état d'esprit du peuple quelques années après.
Dans Séraphine, on découvre que le Sacré Coeur est construit pour « faire oublier » les atrocités commises pendant la Commune. Mais aussi que d'anciens communards ont été déportés au Bagne pendant 10 ans. On rencontre Louise Michel qui a participé à cette révolution et souhaite éduquer les jeunes filles pour les sortir de leur condition de femme. Et surtout, on touche du doigt l'émotion que suscite le souvenir de la Commune chez les anciens communards : une immense tristesse devant les victimes de cette révolution, la déception envers un système de classes qui n'a que peu bougé, l'espoir d'une nouvelle révolution qui améliorerait leur sort.

Dans La Capucine, on découvre que Jacques D'Argenton, l'ami de Lucie et surtout aristocrate, connaît la chanson communarde Dansons la Capucine, et qu'il adhère aux idées socialistes. Apostrophé au marché par des maraîchers parce qu'il chante la chanson alors qu'il n'est pas de la classe sociale qui a fait la révolution, il rétorquera qu'il en connaît l'auteur. On comprend par là que La Commune touche aussi d'autres classes que le peuple. Des années après, les idées que ce mouvement a généré ont perduré, intéressant même les aristocrates, plus empathiques vis à vis des autres. Par ailleurs, Jacques sort complètement des normes car il est homosexuel mais sans pour autant le revendiquer ouvertement.
Cette tendance trouve son apogée dans Satin Grenadine, avec Marceline, qui discrètement instille des idées socialistes et du féministes dans l'éducation de Lucie, en lui faisant réaliser les tâches des domestiques pour lui faire comprendre le quotidien de ceux qu'elle emploie. On rencontrera aussi un bourgeois (dont je taierai le nom pour éviter tout spoiler), qui adhère aux idées du peuple et va de café en café pour haranguer les foules et répandre les idées socialistes. Il finira par vivre en accord avec ses principes en épousant une fille du peuple et en sacrifiant son héritage pour construire une usine utopique où les ouvriers seront mieux traités et logés dans des conditions décentes. Sortir des convenances associées à sa classe sociale lui aura permis de faire progresser la société en quelque sorte.
D'une manière générale, les trois romans vous donneront envie de connaître La Commune, cette période de l'Histoire de France un peu sombre, mais nécessaire pour faire comprendre notre société actuelle. En tout cas, cela m'a personnellement donné envie de me replonger dans les livres d'Histoire !

Une ballade dans Paris à la fin XIXème siècle

La série nous fait littéralement replonger dans Paris à la Belle-Epoque avec une visite en règle de certains lieux phares, alimenté par de recherches historiques pointues de la part de l'auteure.

Ainsi, le marché des Halles est au coeur de la Capucine. On s'y rendra aussi dans Satin Grenadine, nous faisant découvrir son organisation, ses odeurs, par des descriptions très vivantes, dignes d'Emile Zola dans le Ventre de Paris. On retracera le trajet des légumes et autres denrées qui arrivent au marché depuis les villages maraîchers autour de Paris avec Louise, qui se lève vers 3h du matin depuis Bobigny pour vendre sa production. On découvrira le coin des bouchers, son fumet atroce et la vente de verres de sang chaud censé revigorer les jeunes filles avec Jean Martin, l'ami de Fanny et de Jacques. On apprendra à marchander avec Louise, et comment les domestiques des grands maisons réalisent leurs commissions pour leurs maîtres. On ira manger dans une cantine autour des halles, fréquentée par des ouvriers socialistes.

L'autre lieu emblématique des romans est Montmartre pendant la construction du Sacré-Coeur dans Séraphine. Ici se côtoient une population pauvre qui vit dans des conditions sordides, des artistes-peintres, des cabarets où viennent s'encanailler les bourgeois, des ouvriers du chantier et surtout la plus grande communauté communarde de la ville. Ici, les rares commerçants ne sont pas charitables, mais c'est pour survivre et non pas par gaieté de coeur, comme Marthe et Eugène tenanciers d'un café où Séraphine ira trouver du travail. On rencontrera Raoul, un artiste peintre, qui réalise des peintures post-impressionnistes de prostituées et gens de la butte, dans un style proche de Edgar Degas. On verra aussi Jeanne, une couturière et ancienne communarde, qui coud nuit et jour pour survivre comme d'autres travailleurs pauvres,

Nous irons aussi à Bobigny, dans une ferme où vit et travaille Louise. Quand on regarde Bobigny de nos jours, complétement bétonné, on éprouve des difficultés à se l'imaginer village maraîcher avec des champs à perte de vue. Et pourtant, Bobigny à la Belle-Epoque est un village paysan fier d'alimenter Paris grâce à sa terre fertile tout comme les autres villages alentours. L'auteure laisse entrevoir leur avenir avec un projet d'industrialisation dans Satin Grenadine et l'abandon progressif du travail de la terre avec Antonin, le fils du propriétaire de la ferme qui préfère partir en Australie. Ici, on rencontrera Gaston, le père d'Antonin et maître de Louise, un paysan radin, avide d'argent et soucieux de son patrimoine avec les conséquences que cela implique pour les autres.

La ballade ne s'arrête pas là, mais elle sera plus brève dans d'autres lieux : les hôtels particuliers des bourgeois et aristocrates, le parc où se promènent leurs enfants, l'île de la Cité et Notre-Dame toujours debout, les cafés populaires de la Butte, les couvents, les péniches qui charrient du charbon pour la capitale via les canaux et la Seine. Un clin d'oeil à la mode des cercles de Spiritisme fréquentés par Alexandre Dumas fils et Mme D'Argenton sera aussi évoqué avec les escroqueries des tables-tournantes. Pour ceux qui aiment Paris à la Belle-Epoque, c'est un réel enchantement de se promener à travers ces trois histoires.

En conclusion : Marie Desplechin propose une série de romans jeunesse historiquement justes, qui vous fera voyager à la Belle Epoque dans le quotidien des différentes classes sociales parisiennes. Elle nous présente des héroïnes, proche des jeunes lecteurs comme des adultes, ainsi qu'une foule de personnages dignes d'une fresque sociale à la Emile Zola. Une belle leçon d'Histoire sur l'évolution de la société et de Paris, sous une plume agréable et avec des couvertures de roman dignes de tableaux de Monet.
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Louise, dite "Scarole" en raison de son abondante chevelure crépue, est née à Bobigny sur la propriété d'un maraîcher qui l'emploie comme fille à gage. Grande et forte pour ses 13 ans, elle trime comme une bête à semer, repiquer, arroser, fumer, pailler et récolter les légumes qu'elle ira vendre avec son "goujat, rapiat et salopiot" de maître aux halles de Paris. Là elle peut y rencontrer sa mère qui travaille comme domestique. Elle y noue aussi des relations amicales et commerciales qui vont lui permettre de s'affranchir de sa condition d'esclave dans le marais balbynien. Elle découvre alors le monde de la bourgeoisie et ses excentricités en tout genre mais aura-t-elle envie de s'y adapter ?

Si j'ai pris plaisir à suivre Louise, j'ai quand même du mal à avoir un avis tout à fait objectif sur ce roman destiné à un lectorat cinq fois plus jeune que moi. C'est bien écrit, jamais simpliste et l'insolence de Louise relève le texte d'une légère touche d'humour des plus agréables. J'ai aimé tout particulièrement le passage où elle rencontre les bateliers du Nord qui lui apprennent les paroles de Dansons la capucine, "une chanson de maudit socialiste". A travers leur patois et leur simplicité chaleureuse, c'est un joli clin d'oeil de l'auteure à sa région natale. Par la même occasion, j'ai été stupéfaite de découvrir qu'en ce temps-là (fin XIXe siècle), les péniches étaient tractées à la force humaine à l'aide d'une bricole puisqu'elles n'avaient pas de moteur... et bien d'autres bizarreries d'époque encore. Et justement, c'est de la germination d'une nouvelle époque dont nous parle l'histoire de la petite Scarole aux doigts verts.
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L'excellente romancière pour la jeunesse- et aussi pour les adultes- Marie Desplechin, a crée il y a quelques années une trilogie pour les adolescents intitulée " Les filles du temps"

Chaque tome met en scène des jeunes filles de treize ans dans le Paris de la fin du XIXème siècle, trois filles au destin différents qui vous font découvrir le quotidien des femmes à Paris à la Belle-Epoque.

Trois destins de jeunes filles,enfermées dans des schémas sociétaux mais qui souhaitent faire bouger les choses.

Le dernier volet est,paru fin 2020.
Louise, dite la Capucine, treize ans et maraichère à Bobigny en est l'héroïne.

Elle est séparée de sa mère qui travaille pour une famille bourgeoise à Paris et l'a laissée dans cette ferme pour des raisons financières.

Louise adore travailler la terre, et elle souhaiterait pouvoir son propre terrain pour vendre seule sa production mais elle est trop pauvre pour réaliser son rêve.

Alors, lorsqu'elle suit son maitre sur Paris pour vendre au marché, qu'elle rencontre sa mère et qu'elle se rend compte qu'une autre vie est possible, Louise se rebelle…

On l'aime cette Louise, fière héroine têtue et téméraire intelligente et autonome, personnage principale d'une belle fresque sociale à travers des personnages secondaires très vivants et bienveillants.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le dernier volet d'une trilogie: nous avions découvert Séraphine et Satin grenadine, voici Capucine, surnom de Louise, jeunes filles du même siècle aux chemins différents vers la liberté. Capucine a 13 ans, sa mère est partie travailler à Paris, la laissant en pension qu'elle verse pour qu'elle soit nourrie et logée chez "le maître" mais Gaston l'exploite: elle travaille sans relâche et n'est pas payée. Heureusement il y a la grosse Bernadette, amie de sa mère, auprès de laquelle on n'a jamais froid mais celle-ci va être retenue à Paris pour ses capacités culinaires et ses dons de spirite. Victor Hugo l'a investie et parle parfois par sa bouche.
Trop battue, Louise fuit et rejoint Paris (en péniche) où par chance elle trouve du travail dans ses cordes: elle a la main verte et s'occupera du parc à condition de ne pas y faire pousser des légumes (son métier d'avant) Elle se sent heureuse mais un événement va changer sa vie.
Un roman agréable à lire avec quelques expressions en patois du nord (région d'origine de Marie), des descriptions de la vie des paysans puis de la vie du personnel au service des grands bourgeois, j'ignorai l'origine de la chanson Dansons La-capucine du même auteur que le Temps des cerises...la Commune n'est pas si loin. Il y a surtout l'émergence de la soif d'émancipation et de liberté des femmes.
nb: il est beaucoup question des cheveux fous de Louise, ils lui viennent de son père; il est fait allusion aux cheveux d'Alexandre Dumas comme africain mais il était métis par sa mère créole.
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Travailler la terre.
Un geste ancestral et une préoccupation contemporaine.
Louise est maraîchère, une petite main dans les champs de Bobigny. Elle sème les capucines en bordure, elle fait ce qu'on appelle aujourd'hui de la permaculture. Comme Monsieur Jourdain de la prose.
Sa mère est partie pour travailler à Paris et elle se sent bien seule auprès d'un patron qui la bat. Heureusement, il y a Bernadette, qui est très chouette. Un sacré personnage même. Bernadette est spirite. Mais surtout, Bernadette est Victor Hugo. Et elle va rencontrer Alexandre Dumas fils.

Ce livre, c'est un pur plaisir de lecture. Je n'avais pas lu Marie Desplechin depuis longtemps et j'ai très envie de lire Satin Grenadine et Séraphine, les deux autres tomes de la trilogie. Parce que j'ai aimé le ton, les sujets qui ont un écho fort avec notre société actuelle, et surtout me replonger dans cette fin du XIXe siècle, où toutes les grandes luttes prennent leur source.
Louise est une héroïne frondeuse, qui va décider par elle-même. Comme toujours, je suis heureuse de voir ce genre de personnage en littérature jeunesse. Louise ne cherche pas un mari à tout prix, c'est son indépendance qu'elle veut. Et un arpent de terre à travailler.

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critiques presse (1)
Ricochet
23 avril 2021
A ce tournant de siècle, le féminisme naturel de Louise ne détonne plus, même s’il lui faudra encore longtemps pour se concrétiser dans la loi. Il n’empêche, l’insolente et volontaire jeune fille commence employée et finit propriétaire à la force de son intelligence.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Et moi qui croyais au matin, en entrant dans Paris que j'étais libre comme le vent... II ne m'avait pas pas fallu très longtemps pour apprendre que la liberté n'est pas la même selon que l'on est riche ou que l'on est pauvre, selon qu'on est aimé ou qu'on ne l'est pas. Les filles socialistes devraient se méfier de la misère comme de l'amour, car il se trouve toujours un état pour les faire obéir.
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J'étais au spectacle. Paris me fait l'effet d'un grand héritage à cause de tous ces gens différents qui s'y pressent et fabriquent de l'agitation et du vacarme. Le monde me fait venir des désirs nouveaux qui me chargent le sang d'impatience. Ce n'est pas que je n'aime pas Bobigny mais on y manque d'amusements. Les champs y sont plats, les usines tristes, les habitants rares et les enfants morveux. Et on n'y voit jamais de belles toilettes. C'est le travail qui nous gouverne, ou la guigne pour ceux qui n'arrivent pas à travailler. Si je n'avais pas Bernadette et le canal pour me distraire, je deviendrais certainement folle et l'on me trouverait à l'hôpital chez les aliénés.
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J'ai alors pensé qu'il était merveilleux d'être riche car les riches n'ont rien d'autre à faire que désigner ce que les autres se chargent de leur porter.
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J'étais si contente de recevoir un cadeau que je me suis levée de mon banc pour l'embrasser, ce qui lui a mis les larmes aux yeux. J'en ai déduit que les gens qui viennent du Nord ont peut-être le dos solide mais qu'ils ont aussi le cœur fragile.
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Bernadette avait cette qualité qu'on n'avait jamais froid en sa compagnie. Elle rayonnait en quelque sorte, comme si elle avait toujours porté un feu en dedans. Il n'y avait pas à s'étonner que les âmes des défunts veuillent se réfugier chez elle, je pense qu'il y faisait bon.
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Vidéo de Marie Desplechin
"Le journal d'Aurore", Marie Desplechin, Agnès Maupré, éditions Rue de Sèvres
Conseil lecture d'un livre jeunesse par Stéphane Nappez, co-fondateur de l'association Baraques Walden.
Entretien mené à l'Abbaye de Jumièges (Département de Seine-Maritime)
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