LA CHAIR
Il est celle qui rit,
Il est celle qui pleure,
Et celle qui sourit
Et même à la douleur ;
Et celle qui se vend,
Et celle qui se donne,
Ou bien qui se reprend
Et parfois qui pardonne.
Il est celle qui s’aime
Elle-même et sans plus,
Il est celle qui sème
Amour à chair perdue,
Et dans celles qui passent
Ou dans celles qui viennent,
Il en est qui sont lasses
Comme d’autres sereines.
Or toi qui les as sues
Dans ton cœur ou ta chair,
Et qui les as connues
Dans les jours noirs ou clairs,
Lorsque vêtues ou nues
Elles passaient en toi,
Folles ou ingénues
Pour t’apporter l’émoi,
En cheveux blonds ou noirs
Yeux ouverts ou fermés,
De matin ou de soir
Dans l’ombre ou la clarté
Tu as trouvé douceur,
Sinon dans la tendresse,
Au fond de leurs caresses
Cependant sans rancoeur,
Car si la chair fait taire
L’âme que le sang goure,
D’émoi pauvre ou amer
Il est pourtant amour.
As-tu assez aimé ?
Tu n'en es pas bien sûr,
Et si tu t'es donné
Etait-ce de foi pure ;
Avais-tu résigné
accepté toutes choses,
Même ce que l'on hait
Sans en savoir la cause ;
As-tu cru tout en foi
Et sans pouvoir douter,
Etait-il paix en toi
Comme d'éternité