Des passages intéressant pour un livre un peu trop long, où il y a beaucoup de chiffres. Je l'ai quand même lu jusqu'à la fin, heureuse qu'il se termine.
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Ici comme là, pourtant, même si l'on ignore tout d'Austerlitz ou de la Berezina, le nom de Napoléon vient aussitôt sur les lèvres. Un peu comme ces citoyens du Paraguay ou de Tasmanie qui, sans être jamais allés à Paris, récitent la tour Eiffel, Montmartre et les Folies-Bergère.
Le phénomène est analogue là même où Napoléon a laissé le plus mauvais souvenir.
Il y a des pays de l'Est où l'on dit encore à un enfant turbulent :
- Si tu n'es pas sage, Napoléon va venir!
Il en est d'autres (Portugal) où, dans certaines provinces, les mères menacent toujours leurs enfants récalcitrants d'appeler o Maneto (le Manchot), sobriquet d'un officier de Napoléon dont les atrocités ont fait un croquemitaine.
En Espagne, où l'on célèbre le 2 mai (date de l'insurrection nationale de 1808 contre Napoléon) comme nous la Libération, on peut encore lire dans les catéchismes de l'époque, rédigés sous la forme classique de questions et de réponses :
- Quel est l'ennemi de notre félicité?
- L'empereur des Français.
- Qui est cet homme?
- Le sujet de tous nos maux, la fin de tout bien, le détenteur de tous les vices. (...)
Existe-t-il, simplement, des esprits calmes qui répondent aux trois interrogations de base de l'information : où, quand, comment?
Là encore, l'Histoire rejoint le quotidien - les quotidiens. Car enfin, entre les peuples qui annoncent dans leurs journaux qu'Un tel est décédé hier à la suite d'une longue et douloureuse maladie - et ceux qui précisent qu'il est mort à 18 h 45 d'un cancer du foie à l'hôpital Mark Hopkins, quels sont les plus aptes à renseigner ceux qui restent? (I)
(I) En 1973, un major britannique avait fait, dans ses Carnets, la même comparaison en examinant certaines formules par lesquelles les vivants s'emparent des morts. Manquait à son tableau celle employée par l'Agence Tass pour annoncer que M. Anastase Mikoyan, ancien président du Soviet Suprême, était décédé "des suites d'une longue et grave maladie". On ne saurait mieux dire qu'entre toutes les maladies qui entraînent la mort il en est qui sont sans gravité.
Le délire verbal continue : les soldats de l'an II répondent toujours "Présents!"; le cadavre de Robespierre - un nom à tout casser - passe de main en main, brandi tantôt comme un suppôt de la réaction, tantôt comme le plus pur des révolutionnaires. Un parlementaire peut bien s'écrier : "C'est le 9 thermidor!" ou : "C'est un 18 brumaire!"... combien de ses collègues, sur 350, savent exactement ce qui s'est passé ce jour-là? Ca n'a pas d'importance, le nom sonne bien, la date est bonne, l'effet immanquable.
S'il nous fallait résumer ce livre en quatre mots - quitte, en y parvenant, à prouver qu'il était inutile d'en écrire davantage - nous dirions qu'il s'agit de montrer "comment on apprend l'Histoire sur la Terre" (pour ne pas dire "je", on dit "nous", comme le pape).
A propos de l'Europe, toujours à faire, on ne parlait guère que d'indépendance nationale, de souveraineté nationale, d'intégrité nationale. Il ne fût venu à l'idée d'aucun professeur, d'aucun historien, d'apprendre aux enfants, et de rappeler aux parents, que "l'intégrité" nationale de toutes les grandes nations était le résultat d'une succession de guerres, de rapts, de vols, de viols, de soumissions, d'annexions, de confiscations.
Les nouveaux comportements des Français
Bernerd PIVOT et ses invités se livrent à une sorte de radiographie de la
société française des
années 80 : d'abord avec
Pierre DANINOS qui, dans son livre "La France dans tous ses états" décrit le
climat de "sériosité" qui a envahit l'hexagone. "Nous avons un vocabulaire extrêmement sérieux; exemple emprunté au présent plateau, on ne dit plus "oui" mais "absolument" ..."....