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EAN : 9782823601367
168 pages
Editions de l'Olivier (29/08/2013)
3.79/5   72 notes
Résumé :

« Ne pas être un père qui dit à son fils : on doit fonctionner. » Taguchi Hiro refuse de « fonctionner », il refuse aussi de sortir de sa chambre, de se mêler aux autres, y compris les siens.

Il a 20 ans, il est ce qu’on appelle au Japon un hikikomori. Telle est sa situation lorsqu’il aperçoit, dans le parc en face de chez lui, un homme qui semble passer ses journées assis sur un banc : il porte un costume, une mallette, et surtout une belle ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Taguchi Hiro, vingt ans, vient de quitter la chambre dans laquelle il s'est cloîtré pendant deux ans. C'est un hikikomori, un ermite
Ohara Testu a été licencié par son entreprise et n'a jamais osé avouer sa déchéance à son épouse. Il passe depuis ses journées au parc. C'est lui l'homme à la cravate.

Un banc du parc sera le témoin de la rencontre de ces deux paumés. Ils s'observent, s'apprivoisent et petit à petit, avec beaucoup de pudeur se livrent l'un à l'autre.

Au fil de leur rendez-vous quotidien, on apprend ce qui a poussé Hiro à se couper du monde. On découvre aussi qu'Ohara Testu a perdu son travail et qu'il est incapable de l'avouer à sa femme.

Par de courts chapitres Milena Michiko Falsar raconte les confidences qu'ils vont s'offrir, timidement puis sans complexes. Il y a forcément des raisons à leur mal être, des morts qui encombrent leur conscience. La romancière austro-japonaise livre un véritable récit nippon, tout en nuances et délicatesse, dans un style poétique simple et élégant. le fil des deux existences et de leurs traumatismes se déroule de façon douce et implacable. A l'image de cette pression sociale qui caractérise la société japonaise.

Un roman magnifique qui pose de nombreuses questions, sur la solitude, l'amitié, la confiance, la lâcheté et notre rapport aux autres.
Il est regrettable que ce livre ait en grande partie été ignoré des critiques car il mérite d'être découvert.
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Dans une ville japonaise, Taguchi Hiro a vingt ans et vient de passer les deux dernières années cloîtré dans sa chambre. C'est un hikikomori, un jeune adulte solitaire totalement coupé du monde qui l'entoure. Il a depuis peu recommencé à sortir de sa tanière et passe ses journées sur un banc, dans un parc. En face de lui vient s'asseoir un salarymen cravaté et propre sur lui. Il s'appelle Ohara Tetsu, frôle la soixantaine et vient de perdre son emploi. N'osant l'avouer à sa femme, il continue à quitter le domicile chaque matin à la même heure et rentre tard le soir, pour faire comme si.

Entre Taguchi l'asocial et Ohara le cadre licencié naît une muette complicité. Bientôt suivront quelques échanges. Leur face à face sonne pour Taguchi comme une évidence : « Je pensai malgré moi à l'éternité visqueuse d'une journée qui venait de commencer et allait s'étendre à l'infini. La certitude qu'elle finirait par s'écouler n'était rien par rapport à la mélancolie fade avec laquelle elle s'écoulait, et mélancolie, continuai-je de me dire, était le mot qui nous était inscrit à tous les deux sur le front. Il nous reliait. Nous nous rencontrions en lui. »

Peu à peu leurs discussions vont se faire plus intimes et se rapprocher de la confession. le jeune garçon se raconte. Il dit la douleur du suicide qui a frappé l'une de ses amis, sa lâcheté, le repli sur soi comme seule solution : « Je ne voulais plus jamais, j'en fis le serment, être attaché à quiconque. Ne jamais plus être imbriqué dans le destin de quelqu'un. Je voulais entrer dans un espace sans temps ou personne ne me bouleverserait plus. » Ohara revient quant à lui sur ce fils né avec un handicap et qui mourut très jeune. Il confie la tendresse absolue qu'il voue à sa femme et sa volonté de ne pas lui faire de mal en lui annonçant son licenciement : « Elle a mérité mieux, beaucoup, beaucoup mieux que la vérité. »

Le récit est découpé en 114 courtes séquences, autant de petits pas, de touches délicates amenant ces êtres solitaires sur le chemin de la sérénité. Tout deux constatent que la vérité est là, dans leur relation sincère et sans faux-semblant, loin des pressions sociales et des objectifs de performance auxquels une très grande majorité de japonais est confrontée.

L'austro-japonaise Milena Michiko Flasar fait preuve d'une délicatesse absolue pour brosser les sentiments complexes de ces personnages cabossés et les mener vers la lumière. Car au final et aussi paradoxal que cela puisse paraître, on ressort de ce court roman revigoré et plein d'optimisme.

Un texte magnifique tout en subtilité.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Deux hommes se rencontrent jour après jour dans un parc partageant le même banc. le plus jeune Hiro a décroché du système scolaire et depuis deux ans vit reclus chez ses parents refusant de sortir de sa chambre. Apparemment au Japon c'est fréquent puisqu'il a un nom précis,un hikikomino. Un matin il en sort pour respirer et se rend au parc. le plus âgé Tetsu,a été licencié,n'osant l'avouer à sa femme,il passe ses journées au parc.La cravate du titre est celui de Tetsu, le salaryman, un objet symbolique,le fil rouge de l'histoire. Petit à petit les deux hommes vont se confier. Tout les deux ont subit un événement traumatique dans leurs passés, ont la difficulté de vivre et de communiquer, ressentent la pression sociale et le poids du regard des autres sur eux. le roman a l'air sombre,mais non,la prose est légère et l'histoire évolue vers une sortie optimiste. Je dirais seulement que parfois il est difficile de déceler lequel des deux protagonistes parlent, mais finalement on s'en sort. Et même que je me suis demandée, si ce n'était pas fait exprès, tellement le livre est bien écrit. Un très beau roman sur la souffrance humaine,l'amitié,l'humilité et un super boost d'espoir pour tous les désespèrés de ce monde !
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Milena Michiko Flasar est née de mère japonaise et de père autrichien en 1980 à St Pölten et vit à Vienne où elle a étudié la littérature comparée ainsi que la philologie germanique et romane. Elle a publié un recueil de trois histoires courtes en 2008, ainsi qu'un court récit consacré à sa mère atteinte de sénilité en 2010 qui lui ont valu plusieurs prix et bourses. Son roman La Cravate vient tout juste d'être traduit.
Depuis deux ans Taguchi Hiro, vingt ans, vit reclus chez ses parents, refusant de sortir de sa chambre, de se mêler aux autres, y compris aux siens. Au Japon, c'est ce qu'on appelle un hikikomori. La seule sortie qu'il s'accorde, un banc dans un parc public, où il passe la journée. Un jour il remarque un homme qui s'assoit sur un banc proche du sien. Un employé de bureau qui en porte l'uniforme classique, un costume, une mallette, et surtout une belle cravate. Lui se nomme Ohara Tetsu, il a dépassé la cinquantaine, vient de perdre son emploi mais ne veut pas l'avouer à sa femme.
Chaque jour le manège se répète, Taguchi Hiro voit arriver Ohara Tetsu qui s'installe sur son banc dès le matin, y prend son déjeuner préparé par sa femme et s'en retourne chez lui le soir, à l'heure où les bureaux se vident. Lentement, ils vont faire connaissance. Lentement ils vont s'apprivoiser, lentement ils vont se raconter leur vie, en ce que des Occidentaux appelleraient des séances d'auto-analyse. Tous deux, chacun à sa manière, trainent derrière eux une souffrance non-dite qui les ruine intérieurement. le jeune n'a jamais voulu aller nulle part, « Aussi loin que remonte ma mémoire, je n'ai jamais eu l'intention d'atteindre un objectif quelconque », le plus vieux est épuisé de son voyage dans la vie, « Il paraît qu'on ne vit qu'une fois, pourquoi agonise-t-on si souvent ? ».
Milena Michiko Flasar maîtrise parfaitement le style propre à la littérature japonaise. le récit avance à petits pas timides, ni le jeune ni le vieux ne se livrent rapidement, les mots ne sont pas leur fort. Leurs récits se croisent et s'entremêlent. Par petits bouts le lecteur réussit à reconstruire leurs vies antérieures et commence à comprendre les raisons qui les ont amenés à la situation qui est la leur aujourd'hui. le suicide d'une jeune camarade d'école, un ami poète disparu pour l'un, la mort d'un enfant dans les premiers mois de sa vie et l'amour d'une épouse pour l'autre. Les épreuves endurées par Taguchi Hiro entrent en résonnance avec celles d'Ohara Tetsu.
L'écrivain par l'adoption d'un style heurté, un mot ou deux pouvant faire une phrase, ou bien un verbe pouvant se retrouver sans sujet prononcé, réussit à la perfection à nous rendre crédible et vivant ce dialogue entre deux traumatisés qui s'étend pour ainsi dire sur les cent-soixante pages du romans. L'écriture reste néanmoins légère même si les thèmes abordés sont sombres : la difficulté de vivre et de communiquer, le poids de ce qu'on appelle « une vie normale » pour la société, le rôle que nous jouons dans cette société, le poids du regard des autres sur nous…
Que le lecteur effrayé se rassure, même si l'adition est lourde, le roman s'achève sur un happy-end optimiste car « cela vaut la peine d'être en vie » admet l'un des personnages. Un roman chaudement recommandable.
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Deux personnages, Taguchi Hiro un jeune homme de 20 ans, il est un hikikomori depuis deux ans, c'est-à-dire qu'il vit coupé de toute vie sociale, même au sein de sa famille. Ohara Tetsu un homme dans la soixantaine, définit comme un salaryman, mais il a perdu son emploi, et il ne veut pas l'avouer à son entourage.
Hiro Taguchi commence par éprouver le besoin de sortir de chez lui, et c'est dans un parc que ces deux êtres vont se rencontrer, s'apprivoiser, leurs échanges de chaque jour vont se faire de plus en plus intimes. Ils s'entraident à surmonter, à comprendre leur mal être. le tout nous est livré délicatement par petites touches subtiles, c'est aussi une réflexion sur la disparition, la honte, l'amour, les rêves …
C'est un magnifique premier roman qui m'a poursuivi dans la réflexion sur l'être humain, comment vivre après le suicide d'un camarade, l'acceptation d'un enfant handicapé, la perte d'un emploi, d'un enfant qui se referme sur lui-même, un premier roman à découvrir.
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critiques presse (1)
Telerama
25 septembre 2013
Ce livre redonne un présent dense et régénérant à tous ceux qui ont trébuché un jour pour ne plus se relever.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (47) Voir plus Ajouter une citation
Vous avez entendu ?
Un hum.
Puis il s'est tu. Son silence n'évaluait pas ce que je lui avais dit. C'était un hum, rien de plus, et avec un hum le soleil traversait le ciel en biais. Lorsque nous avons recommencé à parler, c'est sur des bagatelles que nous sous sommes attardés. Le weekend. La météo. Si le temps reste aussi beau, nous irons à la mer demain. Kyõko aime ça. Partir quelque part.
Encore un hum.
Puis il s'était endormi.
Je remarquais que j'avais omis beaucoup de choses. J'avais par exemple omis le fait que Kumamoto m'avait parfois appelé son jumeau. Ou plus précisément : son jumeau par l'âme. J'avais omis de dire qu'il me manquait. J'avais omis de dire que ma mère pleure très souvent à mon propos. Et que mon père n'oubliait jamais de me glisser mon argent de poche sous la porte. J'avais omis de dire que ce sont précisément ces omissions qui donnaient son contour à mon histoire. Kumamoto avait eu raison : on pouvait écrire des poèmes d'agonie, des millions, sur une seule et même mort, et pourtant chacun d'entre eux disait quelque chose d'autre, selon ce qu'il omettait.
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S’il existe quelque chose que tu puisses apprendre, c’est seulement que tu ne dois pas avoir honte. N’aie pas honte d’être un homme doté de sentiment. Quoi que ce soit, ressens-le profondément et avec ferveur. Ressens-le encore avec un peu plus de ferveur, ressens-le encore avec un peu plus de profondeur. Ressens-le pour toi. Ressens-le pour l’autre. Et ensuite, laisse-le aller.
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Un peu plus tard j'ai été licencié. Manque d'efficacité, tel était le motif. J'emballais mes affaires et les jetai dans la première poubelle venue. J'étais libéré d'un poids. Mieux, j'ai honte d'avouer que pendant un instant délicieux je n'ai ressenti que du soulagement. On n'avait pas besoin de moi. Je n'avais plus rien à prouver. Le sentiment d'avoir définitivement échoué m'enivrait. J'étais le sursaut tempétueux et vacillant d'une bougie dont la flamme n'est plus nourrie que par un reste de cire de plus en plus petit. Elle sait qu'elle va bientôt cesser de brûler. Et pour cette raison même, elle brûle, une dernière fois plus claire que jamais.
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Hum, tu es encore jeune, c'est vrai. Dix-huit ans ? Dix-neuf ? Vingt ? Incroyable, si jeune. Avoir tout devant soi. Rien derrière. Il soupira. Incroyable, d'avoir soi-même été si jeune. D'avoir été là. Qu'est-ce que ça signifie ? Je veux dire, chacun n'a jamais qu'un âge. J'ai eu, j'ai, j'aurai toujours cinquante- huit ans. Mais toi. Veille bien à l'âge que tu te choisis. Ça colle à la peau. Ça se pose sur toi comme un coup de tampon. L'âge que tu te choisis, c'est comme une colle qui durcit autour de toi.
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Mes parents m’attendraient sans doute, ils guetteraient le bruit de mes pas dans le couloir (…) Comment expliquer la disparition d’un garçon qui a déjà disparu ? Comment décrire le fait qu’il nous manque, bien qu’il soit absent depuis longtemps ? Et pourtant, dès que le matin se levait, je ne souhaitais rien plus ardemment que ceci : que l’on me cherche et que l’on me trouve. Que l’on me prenne par les épaules, que l’on me gifle et que l’on me demande : Comment a-t-il été possible que nous soyons passés les uns à côté des autres à ce point-là ? Et que l’on me prenne dans les bras pour me dire : Recommençons à zéro.
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