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Bernard Cohen (Traducteur)
EAN : 9782221096246
651 pages
Robert Laffont (23/04/2009)
3.72/5   44 notes
Résumé :
Aussi captivant, aussi irrésistiblement intelligent qu'Échec et mat : Stephen Carter s'impose décidément comme le grand romancier de la bourgeoisie afro-américaine.

Reprenant le cadre (l'université d'Elm Harbor, petite ville de Nouvelle-Angleterre représentative des États-Unis d'aujourd'hui) et deux personnages secondaires d'Échec et mat, Carter poursuit avec La Dame noire sa radioscopie passionnante des élites noires et de la question racia... >Voir plus
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Stephen Carter nous offre avec "La dame noire" plus qu'un polar, c'est une brillante analyse, critique, dense et complexe de cette "upper class" de "l'obscure nation" , donc des Africains/Américains. Plus que l'intrigue elle-même, le regard porté sur cette grande bourgeoisie, sur ces très grandes fortunes, immensément éduquées, cultivées, influentes n'est pas toujours tendre mais semble bien toujours assez juste.
Ce serait un tour de force que de tenter de vous résumer l'intrigue en quelques lignes. Disons simplment que les Carlyle s'installe à Elm Harbor, petite ville représentative des E.U., ville universitaire de Nouvelle-Angleterre. Lemaster Carlyle est devenu président de cette prestigieuse université; son épouse, Julia, y occupe le poste de vice-doyenne de la faculté de théologie. Un soir, ils ont un accident de voiture en revenant d'une soirée et découvre dans la neige, le cadavre d'un des leurs: l'éminent professeur d'économie Kellen Zant. Cette mort nous entrainera dans une recherche de vérité sur ce qui est réellement arrivé au professeur Zant, ancien amant de Julia Carlyle. Quête qui impliquera de lever aussi le voile sur le meurtre d'une jeune fille blanche par un noir, dans cette petite ville, 30 ans plus tôt.
Il est plutôt rare de lire sur les grandes fortunes noires américaines, afro/américaines. Leurs luttes, leurs aspirations, ce combat mené par et pour "l'obscure nation" face à la blanchitude ou " pâle nation" de certains milieux nous est moins connu. Mais l'humain étant ce qu'il est, on y retrouve les mêmes vilains traits de caractères ainsi que les bons: snobisme, cupidité, séparation des classes, engagement, loyauté (parfois malsaine), fidélité, etc. Les ghettos sont différents mais restent bien réels. La mixité n'est qu'une illusion argent $$$ ou pas .
Sans retenue, Carter nous dit que la couleur de la peau distingue clairement les gens aux E.U. et que la question raciale demeure bien réelle. Un roman policier et une presqu'étude sociologique sur les difficultés de l'intégration, celles d'être respecté, sur la morale, le puritanisme, le racisme (des deux côtés) et la religion.
C'est livré avec style, détails, intelligence et maitrise. La pavé parfait à mettre dans votre sac de vacances.
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« La dame noire » est un roman foisonnant sur la communauté africaine-américaine et plus particulièrement sur la frange privilégiée de celle-ci. On est loin des quartiers populaires où les noirs sont ghettorisés par des politiques mises en place par les blancs. Non, l'action se situe dans les quartiers huppés, mettant en scène des noirs qui ont réussi et qui se sont immiscé dans les sphères du pouvoir. D'ailleurs, le couple Carlyle est un de ces couples qui a préféré s'installer dans une ville où la population est quasiment exclusivement blanche, au grand dam de leurs familles, qui leur reproche une sorte de trahison. Cela m'a un peu fait penser à Condoleeza Rice.

Stephen Carter, lui-même proche de ces milieux intellectuels assez huppés, développe dans ce roman les luttes d'influence au sein de la communauté noire bourgeoise, celle qui appartient à des clubs selects, en apparence inoffensifs, mais au sein desquels se jouent des enjeux politiques insoupçonnés. le maître mot est la discrétion ! En effet, l'important est de ne jamais laisser paraître le pouvoir acquis par ces africains-américains, mais de toujours laisser croire aux caucasiens (les blancs ) que ce sont eux qui tirent tous les fils ! Mais au final, ce fil conducteur n'est que peu développé par rapport à l'enquête que mène Julia Carlyle au sujet de la mort de Kellen Zant. Double enquête en parallèle, puisque ce décès fait resurgir le meurtre, vieux de trente ans, de Gina Joule, fille d'un professeur de l'université.

J'ai vu que certains lecteurs reprochaient au roman que les relations noirs-blancs étaient finalement peu développées et que c'était dommage. Je n'ai pas trouvé cela préjudiciable, personnellement, car, selon moi, le message que veut véhiculer Stephen Carter passe parfaitement bien ! Et le roman est quand même avant tout un thriller, et un excellent thriller ! Il sort des sentiers battus de par son sujet et ses personnages. Et je dois reconnaître que la fin m'a bluffée ! Les personnages sont très bien construits, leur psychologie est parfaitement fouillée et le moins qu'on puisse dire c'est que l'auteur excelle à brouiller les cartes à leur sujet. Plus j'avançais dans ma lecture, plus je doutais de tout le monde. Lemaster est évidemment le personnage qui apparaît le plus ambigu mais même Julia me semblait fausse et double alors qu'elle est le personnage central dans la majorité du roman. Je ne vais bien sûr pas vous dire si j'ai eu raison ou non de la soupçonner. Mais je dois reconnaître cette force du romancier de réussir à faire douter de tous ses personnages. le seul reproche que je pourrais formuler concerne les quelques longueurs et les quelques passages où j'ai trouvé que l'auteur tournait un peu en rond, mais même là, c'est minime car j'ai énormément apprécié ce roman et ça ne m'a pas vraiment gêné. Surtout que l'écriture y pallie, tant elle est maitrisée. J'ai bien envie de lire son premier roman, « Echec et mat », mais je vais quand même attendre quelques temps avant de m'y attaquer car c'est aussi un pavé !
Lien : http://www.chaplum.com/la-da..
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Julia et Lemaster Carlyle forment un des couples africains-américains les plus en vue de Nouvelle-Angleterre : ils sont beaux, riches, puissants et familiers de la Maison Blanche, ce qui fascine autant que cela irrite dans ce bastion de la "blanchitude". Un soir, alors qu'ils rentrent d'une réception donnée à la prestigieuse université que Lemaster dirige, ils sont pris dans une tempête de neige et leur voiture quitte la route. Près du lieu de l'accident, ils découvrent un cadavre, celui de l'éminent économiste noir Kellen Zant, ancien amant de Julia.

Ce crime va bouleverser la petite ville universitaire d'Elm Harbor en ravivant les plaies de la question raciale, car ce meurtre semble étrangement lié à celui de Gina Joule, une adolescente blanche prétendument assassinée par un jeune noir il y a 30 ans de cela. Et alors que l'enquête officielle se dirige vers l'hypothèse pas vraiment convaincante du crime crapuleux, Julia s'interroge. Car grâce à d'infimes indices que lui a adressés Kellen, elle découvre qu'avant sa mort il travaillait sur un projet qu'il tenait secret mais qui, d'après lui, pouvait bouleverser le résultat des prochaines élections présidentielles. Alors, un peu malgré elle, guidée par la piste laissée par Kellen, Julia se résout à mener sa propre enquête, tout en veillant sur sa fille Vanessa, inexplicablement obnubilée par la mort de Gina Joule.

Un foisonnement de détails, une foultitude de personnages secondaires, une enquête caracolant de fausses pistes en rebondissements : démêler l'intrigue s'avère long et fastidieux. Elle aurait sans doute mérité d'être resserrée, surtout dans la première moitié du livre, pour gagner en dynamisme. D'autant plus que le personnage de Julia, notre enquêtrice-amatrice, est d'une agaçante indécision et met un temps excessivement long à décrypter les indices laissés par Kellen. Quant au personnage de Lemaster (sur lequel pèsent quelques soupçons), il est exaspérant de suffisance, de froideur et de rigidité.

Toutefois ce polar s'avère prenant, pas tant pour l'enquête elle-même (qui tourne un peu en rond), que pour son description en finesse d'une communauté subtilement raciste, et pour sa dissection passionnante de cette élite noire qui a du mal à trouver sa place et à imposer sa voix dans la société américaine actuelle. Les personnages de Carter, malgré leur position sociale privilégiée, sont en permanence confrontés aux limites que leur couleur de peau leur impose.

Le roman aborde aussi de grands thèmes "moraux" (que font et que sont les individus face à l'ambition, la richesse, le pouvoir, la corruption, la discrimination, et face à l'assassinat de l'un d'entre eux) sans en être "plombant". La principale interrogation de Carter semble être : pourquoi les individus font-ils les choses qu'ils font ? Particulièrement les "mauvaises" choses ? Et comment les justifient-ils ?

La faiblesse humaine est un sujet troublant et fascinant, qui semble préoccuper et captiver Carter, qui nous captive de même.
Lien : http://descaillouxpleinleven..
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Un roman complet et complexe que La Dame Noire.

Pour ce qui est de l'intrigue policière, j'ai été largement servie : pas de temps mort, des rebondissements en cascade, une enquête intrigante, un vrai sac de noeuds, une intrigue diaboliquement complexe, un jeu de piste, des énigmes, des organisations secrètes et très puissantes, des conspirations…

Une enquête sur un crime qui se déroule au départ du roman nous entraine vers une enquête sur un crime vieux de plus de 30 ans, nous avons donc une intrigue à deux niveaux temporels, aspect que j'aime particulièrement dans les romans.

Le style m'a paru un peu « ampoulé » au départ mais j'ai vite accroché à cette manière d'écrire foisonnante de détails, aux phrases longues et habilement structurées, aux métaphores et comparaisons subtiles, aux multiples figures de style que je ne saurais même pas nommer

J'ai particulièrement aimé l'expression « innocence sardonique » pour illustrer le visage d'une adolescente s'adressant à sa mère.

Ici et là, sont livrés discrètement au détour d'une phrase, presque l'air de rien, des éléments très importants de l'intrigue.

Au-delà du simple polar, l'auteur nous emmène vers une réflexion sociologique et il apparait clairement que la barrière entre « la pâle nation » et « l‘obscure nation » n'est pas encore tombée, loin de là. Et que même au sein de chaque population, il existe des classes sociales qui se considèrent comme supérieures, à part…
Découverte faite à l'occasion de l'opération Masse Critique de Babelio. Merci !
Lien : http://legrandnullepart.over..
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Stephen Carter reprend ici le cadre de son premier roman Échec et mat (l'université d'Elm Harbor, petite ville de Nouvelle-Angleterre) et deux de ses personnages secondaires : Lemaster Carlyle, ancien conseiller du président des États-Unis – à noter que l'auteur le fut auprès de Bill Clinton) et président de l'une des plus prestigieuses universités d'Amérique ; et sa femme Julia, doyenne et vice-présidente de la faculté de théologie. Tous deux forment un couple très en vue, souvent jalousé, et vivent dans le quartier huppé – blanc – d'Elm Harbor.
Un soir, en rentrant d'une réception, ils découvrent le cadavre de Kellen Zant, économiste réputé, ancien amour de Julia et rival fréquent de Lemaster. Bien malgré elle, Julia se retrouve peu à peu à mener l'enquête sur ce meurtre et à fouiller un passé vieux de trente ans qui implique son mari et ses amis de jeunesse – l'actuel occupant de la Maison Blanche et le sénateur briguant le prochain mandat.

Dans ce second roman, Carter poursuit son étude de la communauté afro-américaine, ou plutôt de ses élites intellectuelles et financières, et surtout de leurs contradictions : une volonté farouche de défendre les droits de l'«obscure nation » et pourtant une vie quotidienne plus proche des Blancs.
Par le biais d'une quête de la vérité, c'est de politique et de problématiques raciales dont il est question : les méandres du pouvoir, l'amabilité de façade de certains Blancs pour les Noirs puissants comme les Carlyle, la permanence des idées reçues…

J'ai dévoré ces 900 pages brillantes et passionnantes, comme je l'avais fait pour Échec et mat – dans lequel j'ai bien envie de me replonger. Très bien écrit, extrêmement intelligent, c'est autant un roman-document à la Tom Wolfe qu'un roman policier.
L'auteur en semble conscient d'ailleurs et c'est comme s'il introduisait certains passages uniquement pour respecter les « codes » du polar : une intrigue terriblement alambiquée (on finit par s'y perdre quand on lit, comme moi, un peu trop vite), des scènes d'action sans grand intérêt (peu nombreuses, heureusement) et un dénouement haletant et spectaculaire. Dommage, car on préfèrerait des rebondissements plus sobres.
Mais l'ensemble reste un formidable et captivant roman de société.
Lien : http://monbaratin.blogspot.c..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Elle s'est souvenue des réunions d'étudiants noirs auxquelles elle avait participé dans sa jeunesse, prétextes à condamner tout membre de l'obscure nation qui acceptait de "faire le jeu du pouvoir", au nom de la théorie plutôt spécieuse que leur succès était en soi une forme de trahison de leur peuple. On chuchotait notamment que Byron Dennison n'était entré au Congrès que grâce au soutien de Blancs riches et influents. Comme s'il aurait pu en être autrement...
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Le professeur Zant était l'inventeur d'une formule particulière en économie, n'est-ce-pas ? Une sorte de théorème ? Une méthode pour mieux estimer les valeurs boursières passées en fonction d'événements hypothétiques, a répondu le président, cherchant une nouvelle fois à tester l'intellect des deux limiers. Ils ont attendu la suite. C'était encore à ses débuts, quand j'étais jeune diplômé, a poursuivi Lemaster. L'équation Zant-Feldman, l'une des avancées les plus significatives de la théorie de la finance au cours de ces cinquante dernières années.
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