Il y a quelques années j'ai découvert le personnage d'Adélaïde de Toulouse grâce à la saga de Bernard Mahoux : La malédiction des Trencavel.
J'avais adoré !
Adélaïde est la fille de Raymond V comte de Toulouse et de Constance de France, soeur du roi Louis VII.
Son père craint une alliance de Trencavel, vicomte d'Albi et de Carcassonne, un de ses vassaux très puissants, avec le roi d'Aragon. Il propose donc sa fille Adélaïde en mariage à Roger II Trencavel afin de resserrer les liens entre ces deux familles que tout semble opposer. En effet, Raymond V est un fervent catholique et combat vivement la nouvelle religion des Parfaits (cathares) alors que Trencavel, lui, y est plutôt favorable et les protège.
Voilà donc la jeune Adélaïde aux prises avec un mari qu'elle n'a pas choisi. Bon, on est au XIIe siècle. Faut pas trop pousser non plus...Les mariages arrangés, rien de plus normal, à l'époque ! Toujours est-il qu'Adélaïde ne vivra guère aux côtés de son guerrier d'époux quasiment hérétique. Elle sera éloignée de la cour de Carcassonne et résidera à Burlats entourée de sa propre cour de troubadours qui l'initieront à l'amour courtois.
On sait d'Adélaïde qu'elle fut une importante mécène des troubadours au XIIe siècle et qu'elle eut maintes relations avec des troubadours renommés ainsi qu'avec le roi d'Aragon Alphonse II. Ce qui est beaucioup plus incertain, c'est la nature même des relations qu'elle a entretenus avec ces différents personnages.
Francis Pornon s'est bien sûr inspiré du roman de Bernard Mahoux pour cette autobiographie romancée mais, comme il le dit lui-même dans la post face, il n'en a pas suivi toutes les hypothèses.
Il choisit de nommer les personnes en langage occitan. Ainsi l'Adelaïs de Bernard Mahoux est ici Azalaïs.
Il choisit également un autre père pour Raimon-Rogier, le fils d'Azalaïs. Ce dernier étant officiellement le fils de Rogier II, l'époux d'Azalaïs, serait probablement celui d'Alfonso II, le roi d'Aragon. C'est cette option que choisit Francis Pornon prétendant ainsi que le mariage entre Azalaïs et Rogier Trencavel ne fut jamais consommé. J'avoue que je préférais nettement la version, beaucoup plus romanesque, de Bernard Mahoux où les deux époux finissaient par tomber amoureux l'un de l'autre.
François Pornon a surtout cherché à tracers cette « autobiographie » à montrer l'influence de la dame de Burlats à l'ère du fin'amor. On y apprend ainsi les différentes étapes de l'amour courtois qu'il convenait de suivre au pied de la lettre et on s'y délecte d'extraits de poèmes chantés.
Il s'agit plus ici d'exprimer la vie quotidienne d'Azalaïs plutôt que d'exposer les différents aspects politiques. Ce roman a surtout pour vocation de narrer l'histoire d'une figure emblématique de l'époque, d'une femme, qui en dépit de la prédominance masculine, sut rester indépendante et libre.
Un très beau portrait !
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Je contemplai ces groupes sombres et chenus. Au fond, peu de choses pouvaient me choquer chez eux, si ce n'étaient le rejet de la bonne chère et celui de la chair. J'étais même depuis quelque temps conquise par l'humilité et la générosité des pratiquants. Et l'on pouvait admirer leur capacité à prendre avec détachement les événements qui se dessinaient comme funestes.
(à propos des Parfaits)
Sur le chemin pierreux et plein d'ornières au vent mauvais dessous un ciel inclément, soudain les nuées se déchirent quand paraît un soleil bienfaisant qui fait fleurir les plantes jalonnant la route. C'est ça l'amour.
- Pouvons-nous agir comme eux ?
- Qu'est-ce qui empêcherait ...
- Je veux dire comme si nous étions faites comme eux...avec entre les jambes quelque chose de prétentieux ?