dans le bleu du jour
dans les jardins de l’oubli
les cœurs de Marie
accrochent leurs pendeloques fleuries
aux fenêtres de mon enfance
les pensées découpent des clartés
dans des vagues de pierre
où des tulipes alvéolées
trinquent dans des calices dorés
des roses rouges en bouton
font des pointes sur les tombes
et donnent un ballet fantôme
aux ombres qui longent les allées
le ciel aux ailes d’aronde
accorde ses violons de lumière
pour déposer dans le bleu du jour
sa petite musique du silence
Le temps grignote l'enfance
Dans l'armoire aux souvenirs
Où dorment nos rêves
Dans l'ourlet des draps blancs
Les matins d'hier reviennent
Avec des bouquets de printemps
Qui fleurissent dans la cuisine
Où ma mère chantait en repassant
Le temps se cache sous la table
Où je construisais avec mon frère
Les fondations invisibles
De nos châteaux en Espagne
Le temps repose dans le jardin
Où je plantais avec mon père
Des carrés de radis roses
Où courait un lapin blanc
L'ombre descend sur ma mémoire
Et voile sans les effacer
Les images de mes premiers livres
Où les mots brillaient comme des étoiles
Le temps se glisse
Dans l'épaisseur du silence
Et délivre à la mort
Sa dernière page blanche
cœurs de lumière
la grille en fer forgé
découpe des cœurs de lumière
sur le mur de pierre
où mon ombre s’est allongée
j’entends leurs battements
qui irriguent mon silence
sur notre page blanche
où s’écoule le temps
au cou du jour
j’accroche au cou du jour
des guirlandes de poèmes
où rougeoie mon cœur
le soleil roule dans mon tablier
avec les poèmes de l’automne
qui ont gardé la saveur de l’enfance