AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Jane-Simone Bussy (Traducteur)André Maurois (Traducteur)
EAN : 9782246121626
184 pages
Grasset (01/05/1994)
3.66/5   89 notes
Résumé :
Le changement soudain de Mrs. Tebrick en renard, tel est le point de départ merveilleux de cette histoire sans pareil qui n'est pas seulement un conte mais aussi, mais surtout, l'une des plus jolies histoires d'amour depuis Adam et Eve et sans doute l'une des très rares histoires d'amour vraies.
Que lire après La femme changée en renardVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
3,66

sur 89 notes
5
6 avis
4
7 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
0 avis
Etrange que ce petit livre. Une femme qui se transforme en renard n'est , il faut le reconnaitre, pas chose courante ! Mais au-delà de cette transformation, la façon dont est traité cette métamorphose est tout à fait inattendue . La relation entre le mari et sa femme devenue une petite renarde est sans doute la définition d'un amour inconditionnel !!! C'est un beau moment, un beau conte qui au-delà de l'étonnement peut faire réfléchir sur l'apparence, l'étrangeté et l'amour.
Commenter  J’apprécie          310
"Les seules indices qui suggèrent une explication possible ne sont que conjectures vagues et je les donne ici moins que pour leur propre valeur que pour ne rien cacher au lecteur."
Voici ce qu'écrit en 1922 David Garnett en exorde de son livre "La femme changée en renard". Avertissement fait au lecteur, il faudra à celui-ci pour entrer dans le cours de cette histoire, abandonner toute idée d'improbable, dépasser l'instant d'hésitation et se laisser aller.

Nous sommes à la fin du XIXème siècle, dans la campagne anglaise. Comme à leur habitude, Mr Richard et Mrs Silvia Tebrick, jeunes et riches propriétaires terriens, partent en promenade en forêt. Ce jour est particulier car c'est aujourd'hui la reprise de la chasse. Quelques coups de fusil se font d'ailleurs entendre au loin. Mrs Tebrick est inquiète, cette promenade en forêt est dangereuse. Son époux parvient cependant à la rassurer et ils poursuivent tous deux main dans la main leur balade. Tout à coup, une détonation retentit tout proche. Mr Tebrick n'a pas le temps de réagir, qu'il sent la main de son épouse se dérober à la sienne. Il se retourne brusquement et ne voit plus Silvia à ses côtés. Désorienté, il cherche tout autour de lui du regard, nulle présence. Mais tout à coup son attention est attirée par une forme au sol, là, tout près de lui. Cette forme, c'est celle d'un renard. Richard Tebrick peu à peu comprend : ce renard immobile, silencieux, qui le scrute intensément du regard, c'est son épouse.
La stupéfaction passée, Mr Tebrick s'empare de son épouse apeurée et l'emmène jusqu'à leur habitation. La situation étrange lui commande d'agir sans délai. Il décide de dissimuler à tous les regards la présence du renard, ceux du personnel de maison, du voisinage. Pour cela, il décide de l'enfermer dans une des pièces de la maison. Il n'imagine alors pas que les événements vont prendre un tour très particulier...

Entre roman et conte fantastique, "La femme changée en renard" m'a séduit par sa forme autant que par son style. C'est par ce livre que j'ai découvert David Garnett et j'ai trouvé chez lui un vrai talent de conteur, cela au travers d'une belle écriture sobre et familière, un peu dans la tonalité des histoires de notre enfance, de celles qui nous ouvrait à l'étonnement, au fantastique et au merveilleux.

Les nombreuses péripéties présentes dans cette histoire nourrissent sans cesse la relation entre Mr Tebrick et son épouse changée en renard, réduite à l'état sauvage (il n'y a pas d'essai d'anthropomorphisme dans ce livre) et lui donnent un étrange et passionnant caractère. Une relation teintée de peur, de désespoir parfois mais aussi et surtout, d'un amour sans mesure. "La femme changée en renard", c'est aussi le rythme de la nature et des saisons.
Je recommande avec plaisir ce beau petit livre, injustement méconnu selon moi.
Commenter  J’apprécie          161
Voici un conte délicat et merveilleux. Mrs Tebrick, au cours d'une promenade dans la campagne anglaise se transforme tout à coup en une jolie renarde. Mr Tebrick ne doute pas un instant que l'animal affectueux qui vient vers lui est sa ravissante épouse et s'emploie à la ramener à la maison pour la protéger des chasseurs. Il licencie son personnel pour se consacrer dorénavant, et en secret, à la jolie renarde. Il la baigne, la brosse, la parfume et essaie dans le lieu clos de la maison de lui procurer quelques distractions, en lui faisant la lecture à haute voix ou en jouant aux cartes avec elle. Mais, notre renarde ainsi confinée s'ennuie. Commencent alors des promenades dans le jardin, car la campagne est trop dangereuse. Mais, malgré toute sa douceur, la charmante bête ne peut échapper aux instincts de sa race et se met à chasser canards et oiseaux de toute plume. Mr Tebrick, pourtant homme de peu d'imagination, comprend la métamorphose lente qui s'opère.
David Garnett ne donne aucun effet à son écriture pour nous faire glisser de la banalité du quotidien d'un couple retiré à la campagne au merveilleux sans coup de théâtre : ce qui arrive à Mrs Tebrick advient tout simplement, et la seule chose qui importe c'est que Richard – comme la gouvernante d'ailleurs – ne doute pas un instant que la renarde EST Silvia. Tout le reste n'est qu'une affaire d'accommodements. Bien sûr, les premiers temps, Mr Tebrick croit en une réversibilité de l'état de son épouse, mais quand cette possibilité s'éloigne, il s'adapte à la situation au fur et à mesure que Silvia est soumise aux impératifs de sa métamorphose et se met à dévorer des lapins sans passer à table et manger bien proprement dans son assiette. Elle fait avec sa condition de renarde et son mari fait avec sa condition d'être humain attaché à une renarde. Rien ne change fondamentalement dans leur relation sinon que tout a changé autour d'eux.
David Garnett se garde bien de nous délivrer un message. Pourtant, on ne peut éviter de le rechercher, voire d'en discerner plusieurs. L'amour de Richard s'accommode de tous les obstacles car il les fait tomber chaque fois qu'il s'en présente un. L'homme conventionnel, conformiste, connaît lui aussi sa métamorphose et elle est tout aussi radicale que celle de Silvia : il se met à portée de celle qu'il aime et, peu à peu, il abandonne le sens de conventions, les règles de la bonne éducation, les règles d'une vie normale pour suivre d'un amour neuf et sans préjugés celle qu'il aime. L'auteur nous montre aussi que la différence entre les espèces ne devrait jamais nous faire oublier que notre humanité s'accomode bien facilement d'un mépris et d'une certaine cruauté pour les créatures animales.
Commenter  J’apprécie          40
«Les faits merveilleux ou surnaturels ne sont pas aussi rares qu'on ne le croit ; il faudrait plutôt dire qu'ils se produisent sans ordre. Parfois tout un siècle s'écoule sans qu'on observe le plus petit miracle, puis soudain lève une riche moisson de prodiges ; des monstres étranges grouillent sur la terre, des comètes flamboient dans les cieux, des éclipses terrifient la nature, des météores tombent en pluie, cependant que sirènes et filles de la mer ensorcellent les navigateurs, et que des cataclysmes terribles assiègent l'humanité.»

En forme de contrepoint à un grand cataclysme, ce bref roman d'une centaine de pages nous conte l'histoire d'une jeune mariée, Mrs. Tebrick - Sylvia Fox de son nom de jeune fille -, subitement transformée en un renard d'un rouge très vif, lors d'une promenade dans les bois en compagnie de son époux.

Le mari amoureux renvoie ses domestiques et se débarrasse de ses chiens, déterminé malgré son désespoir à toujours aimer sa femme comme avant la métamorphose. Mais l'héritage de l'éducation irréprochable de celle-ci progressivement s'estompe, tandis que les instincts animaux et la ruse de renarde prennent de l'ampleur.

Ce court récit centenaire et excentrique, entre Kafka et Lewis Carroll, valut la célébrité à David Garnett lors de sa parution en 1922 et sa lecture ravive notre âme d'enfant.
Commenter  J’apprécie          70
Quel roman troublant, remarquable. Il fait penser à "La métamorphose" de Kafka par le fait que cette métamorphose n'est pas du tout expliquée ni même vraiment décrite. Elle a lieu subitement, sans aucune raison apparente. Cette femme est transformée en renard et point.
On pourrait chercher des allégories symboliques, moralisatrices ou éthiques dans ce livre, mais finalement rien d'évident n'apparaît et on est bien obligé d'admettre le fantastique comme un incident, un hasard.
Une fois la surprise passée de cette transformation hors du commun, lorsque la métamorphose est acceptée, nous observons les réactions et émotions des personnages qui sont décrites avec beaucoup de justesse et de tendresse, tant du mari à sa femme-renarde que de l'auteur à ses personnages.

Ce livre m'a également fait penser à "L'île du Docteur Moreau" par ce mélange subtile de modernité surprenante et, paradoxalement, d'archaïsme mélancolique suranné dans les attitudes et réflexions des personnages.

Terriblement original, écrit avec beaucoup de simplicité, ce roman m'a bouleversée. À emporter sur une île déserte.
Commenter  J’apprécie          71


critiques presse (1)
Actualitte
28 décembre 2018
Histoire terrible, tragédie, ce petit texte magistral de David Garnett conserve encore aujourd’hui toute sa puissance d’évocation poétique et son caractère sulfureux.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Car, quand nous sommes accablés par un très grand chagrin, nous n'agissons plus comme hommes ou femmes, mais comme les petits enfants pour qui le remède à tous les maux est de se presser contre la poitrine de leur mère ou, si celle-ci n'est pas là, de se serrer bien fort dans les bras l'un de l'autre.
Commenter  J’apprécie          170
Ne suis je pas jaloux? se demandait il. Interrogeant son coeur il reconnut qu'il était bien jaloux, oui, et furieux aussi, à la pensée qu'il partageait maintenant sa renarde avec des mâles sauvages. Il se demanda alors s'il n'était pas déshonorant d'accepter cette situation, s'il ne vaudrait pas mieux oublier complètement sa femme et suivre son premier plan, qui était de se retirer du monde et de ne plus la voir....
Mais je puis être heureux en voyant ma renarde puisque je l'aime, et de son côté elle fait bien d'être heureuse en suivant les lois de son être.
Commenter  J’apprécie          40
Cette histoire avait été inventée de toutes pièces par ses voisins, gens qui n'avaient pourtant ni beaucoup d'imagination, ni même l'intention de mentir mais il en était de ces racontars comme de tous les autres: ils remplissaient une lacune. Peu d'hommes aiment à confesser leur ignorance; si on leur parle de tel ou tel , il faut qu'ils trouvent quelque chose à dire sous peine de baisser dans l'estime du monde, d'être classés "ennuyeux" ou "gens qui ne sont pas dans le mouvement".
Commenter  J’apprécie          20
A l’endroit où sa femme avait été un instant plus tôt, il vit un petit renard d’un rouge très vif. Ce petit animal le regarda d’un air suppliant, avança vers lui d’un pas ou deux et Mr. Tebrick comprit tout de suite que sa femme le regardait avec les yeux de cette bête. Vous pouvez bien imaginer quelle fut sa consternation, et quelle sans doute celle de la dame en se trouvant sous cette forme. Ils restèrent donc ainsi pendant près d’une demi-heure sans pouvoir faire nulle autre chose que de se regarder, lui tout égaré, elle demandant des yeux comme si elle avait parlé : « Que suis-je devenue maintenant ? Ayez pitié de moi, mon cher mari, ayez pitié, car je suis votre femme. »
Commenter  J’apprécie          10
Il est certain que le nom de jeune fille de Mrs. Tebrick était Fox, et il est fort possible que la famille ait reçu ce nom en sobriquet parce qu’un miracle du même ordre s’y était produit auparavant. C’était une très vieille famille qui, depuis des temps immémoriaux, avait comme résidence Tangley Hall. Il est vrai aussi qu’on avait vu jadis, enchaîné dans la cour intérieure de Tangley Hall, un renard à demi apprivoisé, et j’ai souvent entendu des raisonneurs de cabaret attacher grande importance à cette circonstance, bien qu’ils fussent toujours forcés d’admettre que « ce n’était pas du temps de Miss Silvia ». Au premier abord, j’avais été tenté de trouver une explication dans le fait suivant : Silvia Fox ayant assisté, quand elle avait dix ans, à une chasse à courre, avait été barbouillée de sang (comme on a coutume de faire à ceux qui chassent pour la première fois). Il paraît que cette scène lui inspira un grand effroi, ou un grand dégoût, et qu’elle vomit aussitôt après. Mais je ne vois plus maintenant en quoi cet incident jette beaucoup de lumière sur le miracle lui-même ; nous savons cependant que depuis ce jour elle plaignit toujours les « pauvres renards » quand une chasse se préparait et qu’elle ne chassa jamais elle-même jusqu’à son mariage. Son mari seul l’y fit consentir.
Commenter  J’apprécie          00

Video de David Garnett (1) Voir plusAjouter une vidéo

David Garnett : La femme changée en renard
Depuis le café Rostand à Paris, Olivier BARROT, présente le livre " La femme changée en renard " (Cahiers Rouges / Grasset) de David GARNETT. Des plans du livre et des photos de l'auteur en illustration du sujet.
autres livres classés : métamorphosesVoir plus
Les plus populaires : Roman d'amour Voir plus


Lecteurs (194) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5259 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..