Patience Woolsworthy, fille du pasteur d'Oxney Colne, est une jeune fille élevée comme une lady mais qui vit dans une société très restreinte. Peu de chances de rencontrer un bon parti dans cet environnement jusqu'au jour où le capitaine John Broughton, second fils de Lord Alfonso Broughton, vient rendre visite à sa tante, Miss le Smyrger, la voisine de Patience. Lorsqu'il repart après une quinzaine de jours, Patience reprend le train ordinaire de sa vie et ne semble pas particulièrement perturbée. Presque pas. Cependant, le capitaine a promis à sa tante de revenir avant l'automne et de ne revenir qu'avec "une raison précise".
Cette nouvelle démarre comme n'importe quelle histoire sentimentale : une jeune fille rencontre un jeune homme, etc. Cependant, Trollope nous frustre dès le début en ne nous racontant aucune entrevue entre Patience et John Broughton avant son premier départ. Pas de "love at first sight" (ni de "hate at first sight but maybe love at second sight"), pas de déclaration d'amour ni de fiançailles secrètes. Pour une amatrice de romance, il y a de quoi être frustrée. Mais l'objet d'Anthony Trollope dans cette nouvelle n'est pas de nous raconter une énième histoire d'amour. Finalement, sa nouvelle décortique ce qui peut se passer dans l'esprit de deux jeunes gens face à cet énorme changement de vie que constitue le mariage. Il le fait avec une très grande subtilité.
En résumé : Une courte nouvelle plutôt sympathique qui pourrait se résumer ainsi : "il vaut peut-être mieux y réfléchir à deux fois avant de se marier..."
Note : Cette nouvelle n'existe apparemment pas en version publiée en français. Je l'ai découverte en enregistrement audio sur Littérature audio.
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Cette courte nouvelle se lit facilement. le caractère de la jeune fille est très bien décrit. Autant dire que sa droiture d'esprit et la force de son caractère lui ont permis de ne pas se fourvoyer. Une romance dont le charme désuet m'a bien plu.
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Elle savait qu’elle l’aimait de tout son cœur, que cela la tuerait presque de se séparer de lui, qu’elle avait accueilli le renouvellement de son offre dans un ravissement de joie. Elle reconnaissait en elle-même qu’il lui témoignait autant de dévotion qu’une jeune fille pouvait en attendre de son soupirant. Et pourtant, elle ne pouvait se résoudre à dire le mot qu’il se désespérait d’entendre. Une fois ce mot prononcé, elle savait qu’elle succomberait à son amour pour toujours ! Une fois ce mot prononcé, elle n’aurait plus rien d’autre à faire que de l’idolâtrer ! Ce mot, elle devrait continuer à le lui répéter, jusqu’à ce qu’il soit fatigué de l’entendre ! Et maintenant il venait de la menacer, comment pouvait-elle lui parler après cela ? Elle ne pourrait certainement pas lui parler jusqu’à ce qu’il renouvelle sa question, sans menace cette fois. Et ainsi, ils marchèrent en silence.
Alors il avait parlé, et lui avait demandé cette main – peut-être pas comme un prétendant tremblant d’espoir, mais comme un homme riche qui sait qu’il peut passer commande de ce qu’il désire acheter.
Alors il avait parlé, et lui avait demandé cette main – peut-être pas comme un prétendant tremblant d’espoir, mais comme un homme riche qui sait qu’il peut passer commande de ce qu’il désire acheter.
Bande annonce de Doctor Throne, adaptation du roman d'Anthony Trollope