La fille qui venait d'un pays disparu : La chute du Mur vue de l'Est

L'auteure avait 15 ans quand le mur de Berlin est tombé et 16 quand son pays, la République démocratique allemande - RDA - a été rayée définitivement de la carte d'Europe.

Un chambardement qui a évidemment bouleversé sérieusement sa propre vie et l'existence de son entourage.
Malgré ce chamboulement, c'est avec grande sérénité et sagesse que Saskia Hellmund, qui aujourd'hui, à 47 ans, habite en Bretagne et donne des cours d'Allemand à la Sorbonne, nous relate son expérience.

En Europe occidentale et en particulier en République fédérale allemande - RFA - l'Allemagne de l'Est, un régime communiste imposé par Staline après la 2ème guerre mondiale, avait fort mauvaise presse ou faisait l'objet de blagues dénigrantes, du genre : il y a des gens qui racontent des blagues ; il y a des gens qui collectionnent les blagues et il y a des gens qui collectionnent les gens qui racontent des blagues.

Le grand mérite de ce témoignage est qu'il rectifie le tir en ce qui concerne la situation effective dans cette nation disparue avec la réunification de l'Allemagne en octobre 1990. Qu'il mentionne donc aussi ce qui y était apparemment meilleur, tels les soins médicaux gratuits, la sécurité de l'emploi, l'éducation pour tous, le statut de la femme, les crèches en nombre pléthorique, etc.

Sans que l'on puisse accuser Saskia Hellmund d'être pour autant une "Ossie" nostalgique d'un passé paradisiaque.

Je crois que les inconvénients (pour employer un euphémisme) de la rigueur du régime communiste teuton avec sa police secrète (la Stasi) sont assez connus et que je n'aie point besoin de les énumérer et exposer ici.

Il suffit de rappeler le grand nombre de citoyens de la RDA qui, surtout vers la fin en 1989, ont massivement fui leur pays principalement à travers la Hongrie vers l'Occident et ce qu'on a appelé le plébiscite par les jambes.

L'auteure expose également les difficultés que particulièrement les "Ossies" d'un certain âge ont éprouvé par la brutale "annexion" de leur nation par la RFA d'Helmut Kohl et l'introduction du Deusche Mark.
S'ils ont eu accès aux vraies pizzas italiennes, aux kiwis et papayes, ils ont aussi été confrontés au chômage, le départ de nombreux jeunes et le dépeuplement rural.

Le témoignage intelligent et instructif de Saskia Hellmund tranche avec les préjugés et clichés parfois grotesques qui ont été répandus par les "Wessies" (les Allemands de l'Ouest).

Elle conclut en notant que si la RDA a disparu, "l'Allemagne de l'Est existe toujours" et que bien qu'elle habite maintenant la pointe ouest du continent européen, "l'Est me suivra où que j'aille".

C'est un petit livre (77 pages) fort intéressant qui raconte la disparition de l'Allemagne de l'Est (RDA) vécue par l'auteur (âgée d'une quinzaine d'années en 1989).
L'auteur, qui a choisi la Bretagne pour se reconstruire, évoque le traumatisme de ne plus avoir de pays, le changement sans transition et surtout la dévalorisation par les pays occidentaux que leur "mode de société".
A l'ouest, elle a découvert la société de consommation, le chômage et l'insécurité. A l'est, elle dénonce sans langue de bois la violence du régime communiste, les suicides, arrestations et le passé trouble de certains membres de sa famille.

Un récit autobiographique très édifiant.
A lire.

Ce livre constitue un témoignage intéressant d'une jeune femme qui a perdu son pays et ses racines avec la chute du Mur de Berlin, et qui tout en reconnaissant que le communisme était une utopie qui a donné lieu à de nombreuses exactions, nous invite à comprendre que le régime est-allemand avait aussi des avantages pour ceux qui savaient rester dans les limites autorisées. Dommage que la valeur littéraire de ce récit soit assez pauvre.