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EAN : 9782262068516
370 pages
Perrin (23/01/2020)
3.5/5   4 notes
Résumé :
La France à l'aube de la Renaissance.
Délimitée par le règne des premiers Valois, de 1328 à 1515, la fin du Moyen Âge est une période haute en couleur, forte en contrastes, marquée par la guerre de Cent Ans, les rivalités fratricides entre princes du sang, les rébellions communales contre l'impôt, les pandémies comme la peste noire, la lutte inexpiable entre Armagnacs et Bourguignons. Elle est aussi marquée par des débats érudits, des discussions théologiques... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
FRANCK ABED BARBE

Nous avons lu, il y a déjà plusieurs années, la biographie de Joël Blanchard consacrée à Louis XI dit le Prudent, roi méconnu et souvent injustement décrié. Cet ouvrage a retenu notre attention car il permet de bien comprendre l'homme, le roi et surtout son règne qui fut bénéfique pour la France. Les images d'Epinal saccagent l'Histoire…



L'auteur, professeur émérite à l'Université du Mans, est un spécialiste reconnu des XIVe et XVe siècles. Avec cette nouvelle étude intitulée La fin du Moyen Age, il revient sur cette période souvent assimilée à tort « au déclin et au désenchantement ». L'image suivante est souvent retenue pour représenter ces deux siècles : « Guerres, épidémies, famines, violences s'abattent sur le royaume de France au fil d'un affrontement qui dura plus d'un siècle et demi, la guerre de Cent Ans. Après plus de trois siècles d'heureuse continuité et de glorieuse légitimité capétienne, crise de succession, révoltes populaires et princières se multiplient sous les premiers Valois, plongeant le royaume de France dans un cycles de désastres et de redressements ».



Ce tableau se montre quelque peu effrayant, mais l'intention de l'auteur n'est pas de « céder à cette image crépusculaire obligée ». de même, il n'adhère nullement à l'idée de Michelet qui évoquait en son temps « l'agonie du Moyen Âge afin d'illustrer ce passage chaotique vers une renaissance flamboyante ». le but avoué de Blanchard ne se situe pas dans le fait d'accorder des bons ou des mauvais points sur ce temps historique, mais de dire tout simplement ce qu'il fut et ce qu'il ne fut pas. Il écrit à juste titre le propos suivant : « Sans vouloir minorer les tourments et les aspirations d'une société politique ébranlée dans ses croyances et ses pratiques, le présent livre se propose de revenir sur ce Moyen Âge tardif si singulier ».



En définitive, tout au long de ces trois cents pages riches et réellement intéressantes, Blanchard répond à cette question fondamentale : « le bilan ne serait-il pas moins négatif, moins marqué par un déclin qui semblait inéluctable aux yeux des historiens des deux derniers siècles ? » Il développe dès le départ une analyse essentielle au sujet de l'Histoire : « On sait la difficulté que présente la périodisation de l'histoire, les débats qu'elle suscite chez les historiens et, surtout pour le Moyen Age, la tendance actuelle à envisager l'existence d'un Moyen Âge long du XIIIe au XIVe siècles, qui correspond à la genèse et au développement de l'Etat moderne. Il commence au XIIIe siècle, peut-être même avant, quand la réforme grégorienne, ce que l'on a coutume d'appeler le second christianisme, refonde l'Occident ».



Ce n'est donc pas un hasard si l'auteur encadre son étude par la grande guerre d'alors. Il précise : « le choix du cadre plus traditionnel de la guerre de Cent Ans et de la disparition des principautés territoriales a le mérite d'aller à l'essentiel. Il correspond à un moment décisif de l'histoire intellectuelle, celui marqué par le développement des nouvelles formes de production écrite, dans les Cours et dans les chancelleries ». de fait, en étudiant cette période, l'erreur serait de ne se consacrer qu'à un seul phénomène. Cette posture intellectuelle aurait pour conséquence d'amener les analyses produites à des fourvoiements majeurs : « S'en tenir à une seule explication empêche de circonscrire exactement le problème que pose le règne des premiers Valois. Car les temps, nous l'avons dit, sont à la crise : crise économique avec ses cycles de pénurie monétaire, de thésaurisation pour les uns, d'endettement massif pour les autres ; crise politique et diplomatique avec son cortège de guerres endémiques ; déflation démographique liée aux épidémies ». Ainsi, l'auteur énonce que « l'image des Quatre Cavaliers de l'Apocalypse (guerre, famines, peste, bêtes fauves) fréquente dans les récits des chroniques médiévaux, constitue l'arrière-plan, la trame transparente de nos analyses ».



Cependant, il convient de ne pas avoir en tête que ces seuls aspects, car la Fin du Moyen Âge s'avère être une époque « inspirée, savante, bouillonnante d'idées neuves et traversée d'une rare vitalité créative ». Les idées circulent, certains réfléchissent à l'organisation d'une nouvelle société - sans pour autant remettre en cause la notion de royauté comme en 1789 - pendant que la grande noblesse réclame déjà plus de pouvoir. La bourgeoise grimpe tout doucement l'échelle sociale et aspire à contrôler la monarchie, à l'image d'Etienne Marcel prévôt des marchands de Paris, qui entend faire plier l'autorité royale. La question de la tyrannie semble occuper nombre d'esprits, d'où les envies de limiter les pouvoirs royaux. Il existe également de grandes controverses théologiques, philosophiques et intellectuelles qui animent cette époque. Blanchard les présente, les restitue dans leur contexte et nous comprenons à travers ces différentes joutes que ce furent deux siècles très riches.



Blanchard écrit que « ce livre se présente moins comme une histoire des théories et des idées politiques que comme la tentative de saisir l'heure du danger, l'espace entre le dedans et le dehors. La liberté, la force d'anticipation de la fiction, est capable de restituer ces moments rares où alternent espoir et crainte, à l'heure où tout menace de s'effondrer. Il s'agit moins de définir la dimension dogmatique de l'Etat que de lui restituer sa contingence ». Nous considérons cette étude comme la réhabilitation de deux siècles méconnus et surtout vilipendés pour de mauvaises raisons : « La critique est aisée, mais l'art est difficile… »







Franck ABED
Lien : http://franckabed.unblog.fr/..
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Après une succession parfaite de monarques entre 987 (Hugues Capet) et 1316 (mort de Louis X le Hutin puis, quelques jours après sa naissance, de Jean Ier – souvenons-nous de l'épopée de Maurice Druon « Les Rois maudits »), le miracle capétien bute sur la légitimité de la transmission du sang royal par les femmes.
Ne pouvant exercer ni sacerdoce, ni office, comment pourraient-elle être sacrées ? On va « inventer » la loi salique, afin d'éviter que le royaume n'échoie à l'Angleterre, ce qui provoque la guerre de Cent Ans.
Le livre – parfois difficile – de Joël Blanchard nous raconte cette histoire des premiers Valois, de 1328 à 1515, à travers les mouvements de pensée, les controverses, les conflits internes entre le trône et les Princes du sang, l'apparition progressive des idées humanistes à l'aube de la Renaissance. Pour y voir plus clair, avant de commencer la lecture, je conseille vivement d'étudier la généalogie de cette famille régnante, qui se trouve en page 285. Car la période étudiée est une succession de malheurs.
« Guerres, épidémies, famines, violences s'abattent sur le royaume de France au fil d'un affrontement qui dura plus d'un siècle et demi, la guerre de Cent Ans. Après plus de trois siècles d'heureuse continuité et de glorieuse légitimité capétienne, crise de succession, révoltes populaires et princières se multiplient sous les premiers Valois, plongeant le royaume de France dans un cycles de désastres et de redressements ».
Un état de belligérance endémique aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur, jalonné de cuisantes défaites (Crécy (1346), Poitiers (1356), Azincourt (1415) où périt la plus grande partie de la noblesse française, sans compter les guerres civiles (la guerre du Bien Public, la Guerre folle, le conflit entre Louis XI et le duc de Bourgogne, la lutte entre Armagnacs et Bourguignons, les Cabochiens, etc ), les révoltes fiscales (déjà !), les exactions des Routiers, militaires démobilisés vivant sur le pays, puis la Peste …
L'analyse de l'auteur s'appuie sur la littérature alors en plein développement : textes de sermons (les prédicateurs sont célèbres), romans, poésies, mémoires, mais aussi textes de jugements, lettres royales, en latin ou, de plus en plus, en langue vernaculaire. Les auteurs les plus largement cités sont : Jean de Meun, Christine de Pizan, Commynes, Froissart, Jean Gerson, Philippe de Mézières.
C'est une époque de bouillonnement intellectuel. Si le moyen-âge s'inscrit dans le cadre de rites, de rythmes, de cycles, on observe à l'époque des Valois une inflexion, des déplacements, des transformations de comportements, avec progressivement – en même temps que la référence constante à un âge d'or révolu (l'époque de saint Louis) – l'émergence de l'individu, la recherche de la solitude, dans la nature … Une remise en cause du lien social, du sens des alliances, de l'union entre le seigneur et son vassal : la guerre de Cent Ans a vu proliférer les reniements, les trahisons et félonies, malgré des serments sur les reliques … On précise la signification et la codification du crime de lèse-majesté. Faux, rumeurs, montages, calomnies sont légion, la méfiance est généralisée, la propagande subversive largement répandue. Un peu comme aujourd'hui ?
Le fait marquant de la période reste l'assassinat de Louis d'Orléans et ses suites politiques. le frère de Charles VI (le roi fou) et oncle de Charles VII, influent au Conseil de Régence est occis d'un coup de hache à la tête le 23 novembre 1407, à l'instigation de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, fils de Philippe le Hardi, frère de Charles V. Selon le commanditaire de l'assassinat, Louis était un tyran et voulait s'approprier le pouvoir … C'est le début de la guerre civile entre les Bourguignons et les Armagnacs. le crime sera vengé en 1419 par l'assassinat de Jean sans Peur, lors d'une entrevue avec le dauphin futur Charles VII au pont de Montereau – c'est ce qu'illustre la couverture du livre.
Une période particulièrement complexe, à la veille de l'accession au trône de François 1er et l'avènement de la Renaissance.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Deux ans, il m'a fallu deux ans pour lire ce livre (que j'ai abandonné, même si il me restait une vingtaine de pages) il faut avoir fait math sup pour comprendre ce livre, je suis désolé mais j'ai tout oublié, c'est extrêmement rare que j'oublie un livre mais là. Ce livre fut une torture pour moi, un vrai supplice. Trop compliqué à lire, on revient en arrière, ça n'en finit pas, c'est pas du tout fait pour moi.
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critiques presse (1)
LeFigaro
06 février 2020
Dans La Fin du Moyen Age, l’historien s’attache à exhumer les « forces intellectuelles et spirituelles » qui, tout en dénonçant les faiblesses des pouvoirs, ont porté les aspirations d’une société éprouvée par le malheur.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Au cours de douze règnes, durant plus de trois siècles, grâce à des mariages, des acquisitions et, plus rarement, des guerres, la dynastie capétienne avait extraordinairement agrandi le domaine royal. Le charisme de Saint Louis, pourtant très critiqué de son temps, inspiré par un souci d’équité et le désir de mettre fin au conflit avec le roi d’Angleterre au terme de près d’un siècle d’affrontements sporadiques, avait durablement marqué les esprits. Deux crises de succession en 1316 et 1328 entament la légitimité capétienne et plongent la France dans un cycle de désastres et de redressements éphémères qui se succèdent durant les deux siècles environ de l’histoire des premiers Valois, de 1328 à 1515.
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Video de Joël Blanchard (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Joël Blanchard
Storia Voce - 11 mars 2020 La fin du Moyen-Age ou le temps de l’effervescence
Alors que la France connaît un répit dans la guerre de Cent ans grâce aux victoires de Du Guesclin et de Charles V le Sage, un crime traumatise le pays : l’assassinat du duc d'Orléans, frère unique du roi Charles VI, le 23 novembre 1407. Il est vengé dans le sang, le 10 septembre 1419 par les Armagnacs qui assassinent Jean sans Peur. Dans l'imaginaire, ces épisodes ont contribué à donner au Moyen-Age son image désolante et sa pale figure. La société de Charles VI, de la fin du Moyen-Age siècle est souvent brandie comme l'image d'Epinal appropriée pour illustrer l’obscurantisme des temps médiévaux, le caractère glauque et sombre de l'Ancien-régime : entre crises, pestes, guerres, révoltes paysannes et tensions princières. Ce n’est pas pour rien que Michelet parlait de cette période comme de « l’agonie du Moyen-Âge ». Mais, c’est aussi et surtout un temps de débats : théologiques, politiques mais aussi poétiques. Un temps marqué par la naissance de l’Etat moderne et la redéfinition du pouvoir. On y voit émerger sur la scène politique, de puissants acteurs spirituels et intellectuels. Alors que certains contestent les rapports de pouvoir, le gouvernement politique s'ajuste. Des crises traversent le pays et en même temps, encouragent la production littéraire et artistique. Bref, la fin du Moyen-Âge est autant une période de remise en question qu'une ère aux perspectives idéologiques et philosophiques nouvelles : un temps et une société en pleine effervescence. Joël Blanchard est interrogé par Mari-Gwenn Carichon pour nous raconter la fin du Moyen-Age loin des caricatures.
Notre invité : Joël Blanchard est historien médiéviste. Egalement professeur de littérature au Mans, il a travaillé sur plusieurs figures médiévales (Saint Louis, Louis XI, Philippe de Commynes) et commenté des écrits de l'époque médiévale. Il nous propose avec La fin du Moyen-Age (janvier 2020, Perrin, 342 pages, 16.99 €) une approche renouvelée d'une période cruciale de l'histoire de France en insistant sur les sources littéraires.
+ Lire la suite
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