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EAN : 9782211223942
208 pages
L'Ecole des loisirs (11/11/2015)
4/5   158 notes
Résumé :
Lorsqu'elle découvre la lettre de Max, Flora est à la fois heureuse et troublée, elle reçoit si peu de courrier depuis qu'elle est en prison... Que peut bien lui vouloir ce garçon qu'elle ne connaît pas et qui semble persuadé qu'ils ont tous les deux des points communs ? Que peut-il partager avec une mineure condamnée à six mois ferme pour avoir violemment frappé une fille de sa classe ? Max ne tarde pas à lui avouer qu'il vit enfermé, comme elle. Il a quitté le lyc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (71) Voir plus Ajouter une critique
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sur 158 notes
Roman lu d'une traite, Flora et Max m'ont embarqué dans leur folle rencontre épistolaire.

Deux ados que la vie n'a pas épargnés. L'une est en prison pour avoir frappé une lycéenne qui la harcelait. L'autre vit reclus chez lui depuis que de terribles crises d'angoisse l'empêche d'affronter le monde extérieur. Des prisons différentes mais des prisons quand même.

Deux solitudes, deux existences peu communes, deux êtres différents que leurs particularités, que les mots vont rapprocher. Ensemble, ils vont s'aider à retrouver la lumière.

Roman terriblement humain, empathique, positif, une réussite !
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Coucou mes petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour la chronique d'un roman qui m'a tout simplement bouleversée, qui m'a touchée en plein coeur, qui a été une véritable source de lumière et d'inspiration pour mon âme esseulée. Aujourd'hui, je vais vous parler de la folle rencontre de Flora et Max de Coline Pierré et Martin Page. Mais tout d'abord, je tiens à remercier infiniment l'adorable youtubeuse Fancy Fanny de m'avoir fait découvrir ce titre fabuleux, qui compte parmi ses coups de coeur livresques de ces dernières années. Et ce, à juste titre ! Je me demande comment j'ai pu passer à côté d'une telle pépite pendant si longtemps, sachant que le livre est paru pour la première fois en grand format en 2015. Surtout qu'il s'agit d'une parution de l'École des Loisirs ! Cette maison d'éditions occupe une place toute particulière dans mon coeur. En effet, j'ai vécu grâce à elle mes tout premiers grands moments de lectrice. Les abonnements qu'on nous proposait à l'école primaire au fil des années faisaient ma joie de petite lectrice passionnée, extrêmement curieuse et monomaniaque aussi. En effet, combien de fois ai-je relu les courts romans et albums, superbement illustrés pour la plupart, que je recevais avec frénésie et grand bonheur de la part de mes maîtres et maîtresses d'école qui faisaient office d'intermédiaires ? Je ne compte même plus. Je m'évadais dans des époques diverses et variées, je voyageais à travers le monde, je riais, j'avais le coeur tout tourneboulé, j'apprenais beaucoup de choses, sur différents arts et modes de vie, et ma vision du monde s'en retrouvait changée. Désormais, ces contes, ces histoires pleines de vie, magnifiques, bouleversantes et pétillantes, multicolores, lumineuses, vivent en moi, dans ma mémoire, pour toujours. Et je suis extrêmement heureuse de constater que cet immense plaisir continue, qu'il soit toujours aussi fort, qu'il soit même plus intense qu'auparavant, grâce à la collection Médium de l'École des Loisirs. Merci pour tout ce que vous faites pour les enfants, et pour les plus grands aussi, pour ces aventures littéraires que vous défendez et chérissez de toutes vos forces, pour votre investissement admirable. Et encore merci Fanny, je n'ai jamais été aussi satisfaite de me laisser influencer au niveau du choix d'une lecture, je pense. Je m'étais juste délectée aux vacances de Pâques de ma lecture du premier tome de Sauveur et Fils de Marie-Aude Murail (je songe sérieusement à vous en faire une chronique tellement c'était bien) de la même maison d'éditions et là, je tombe inopportunément en librairie sur La folle rencontre de Flora et Max et c'est le coup de foudre immédiat. Oups, trop tard, spoiler alert : j'ai a-do-ré ce roman petit de taille mais grand d'esprit et de coeur. On a toujours besoin de plus petit que soi et ce livre vous le prouve largement. Sans plus attendre, laissez-moi vous convaincre de faire cet achat compulsif absolument nécessaire en vous procurant cette merveilleuse pépite !

Premier détail, et pas des moindres à mes yeux : ce court récit nous est narré de façon épistolaire. Je sais que beaucoup ont du mal avec ce genre littéraire mais, pour ma part, j'en suis particulièrement friande : pour commencer, je trouve que de nous raconter une intrigue par le biais de lettres rend le récit beaucoup plus fluide et prenant. Dans la forme aussi, cela se ressent : pas de chapitres interminables ou inégaux, et surtout la pagination est bien mieux aérée, c'est plus agréable pour nos petits yeux. Enfin, ce n'est là que mon humble opinion. Et puis, de lire une correspondance, cela nous absorbe, on se sent privilégiés d'être les destinataires indirects de lettres qui nous transportent et nous émeuvent de par leur profondeur et leur sincérité. Personnellement, j'ai toujours trouvé que l'exercice de rédiger un courrier manuscrit était particulièrement ardu et en même temps terriblement simple : cela demande en effet de l'application, de la sensibilité, de la patience, celle de prendre son temps de trouver les bons mots à poser sur le papier, ceux qui sauront au mieux encapsuler notre état d'âme au moment d'écrire notre missive. Cela demande donc aussi beaucoup de rigueur et cela peut faire peur, au vu de la rapidité et de l'efficacité de nos moyens de communication d'aujourd'hui avec notamment la messagerie instantanée. Pourtant, selon moi, il n'y a rien de plus facile et de plus authentique que de noircir une lettre de nos sentiments les plus sincères et les plus doux. Même les courriers les plus élémentaires revêtent un caractère tout spécial à mes yeux car on a pris la peine de manier le stylo, de choisir d'employer différentes couleurs peut-être, de sélectionner le bon timbre qui fait toute la différence (et encore, cela aussi tend de plus en plus à disparaître), de dessiner, que sais-je, bref, d'y mettre du sien et de créer quelque chose qui vient de nous, même infime. Une lettre est telle une jeune demoiselle, raffinée et élégante, quelque ce soit sa forme et son contenu. Elle capture tous les coeurs et constitue un souvenir impérissable capturé dans de l'encre et du papier, immortalisé à tout jamais, noir sur blanc. Elle sait y faire pour trouver les bons mots, les tournures de phrases adéquates, ce qui saura vous déstabiliser, vous faire chavirer dans l'euphorie la plus totale ou la mélancolie la plus profonde. Mais, in fine, elle sera celle qui vous apportera le réconfort bienvenu, même avec une vérité qui fait mal, la plus redoutable des armures face au monde extérieur selon moi ! Je vous défie de regarder l'anime Violet Evergarden (ma chronique ici), un véritable plaidoyer pour l'envoi de lettres qui sauvent l'âme et le coeur des gens, et de m'affirmer le contraire après ça ! Tout ça pour dire que j'ai beaucoup apprécié le fait que Max et Flora, bien qu'ils fassent partie de la jeune génération (le roman étant sorti en 2015, ils ont un peu près mon âge, ce qui me touche encore plus), soient comme on dit des "vieux de la vieille" qui prennent la peine de s'écrire, de se transmettre de l'espoir et de la tendresse à profusion, d'être le petit rayon de soleil l'un de l'autre sans même s'en rendre compte, de faire preuve de bienveillance envers leur pen pal, d'être à l'écoute des mots que qu'autrui lui envoie.

Vous l'aurez compris, j'ai trouvé que ces lettres échangées nous permettaient de nous immerger d'autant plus dans le récit car les deux personnages nous décrivent leur quotidien, leur ressenti, de façon succincte et surtout avec leur propre vocabulaire, leur propre style d'écriture, qui est très révélateur de leur personnalité à chacun. En effet, Max, qui est celui qui débute la correspondance, a gardé son innocence d'enfant intacte, malgré ses dix-sept ans. C'est-à-dire qu'il s'exprime sans filtre, il dit tout haut ce qu'il pense tout bas, dans un flot presque ininterrompu. Il est aussi extrêmement curieux et n'hésite pas à poser toutes les questions qui lui passent par la tête, tel un petit garçon à l'esprit éveillé qui cherche à comprendre le monde qui l'entoure et chaque petit élément qui le constitue. Sa franchise désarmante et prompte à nous redonner le sourire m'a véritablement émue, ainsi que tout l'amour et la force qu'il offre à son interlocutrice Flora de façon toute spontanée. Effectivement, Max ne connaît même pas Flora au début de l'histoire. Il a juste entendu parler d'elle et du tollé qu'elle a suscité à leur lycée et a décidé de lui apporter son soutien, à tout du moins de la comprendre, sans rien espérer en retour. Là où tous les autres ont rejeté et jugé l'adolescente sans connaître ses motifs, Max veut savoir, veut aider à sa manière, veut ouvrir le dialogue et permettre à Flora de s'épancher sur ses sentiments, d'ouvrir son coeur et de ne pas se sentir seule dans le chaos qu'est devenue sa jeune vie. Je pense qu'on devrait tous en prendre de la graine sur ce jeune homme qui vous paraîtra peut-être être un extraterrestre mais, si être un alien, c'est être quelqu'un comme Max, alors moi aussi je veux devenir une telle personne, aussi exceptionnelle et au coeur empli de bonté. J'ai décelé tout cela chez notre petit Max rien qu'en lisant la poignée de missives qu'ils se sont échangées Flora et lui. Comme quoi, les lettres que nous rédigeons avec minutie et amour sont comme le reflet de notre âme, en quelque sorte. Après tout, ce n'est pas pour rien si l'écriture est une activité si chère au coeur de nombreuses personnes, à commencer par les écrivains. Cela me permet de réaliser un petit big up envers Martin Page et Coline Pierré, les deux auteurs de ce fabuleux roman. En ouvrant ce livre, je ne les connaissais pas mais je les aimais déjà, dès la première phrase de la première lettre. Effet immédiat, je n'ai même pas cherché à résister. Ces mots choisis avec tant de soin par Max (et par, je suppose, Martin Page si c'est lui qui s'est occupé des lettres du "garçon" mais l'inverse - Martin pour Flora, Coline pour Max - serait tellement plus cool !) détenaient tellement de vérité qu'ils ont exercé un véritable pouvoir sur moi et mon petit coeur fait de chocolat fondu (pour changer du beurre chaud sur la tartine...). On arrive déjà à cerner la nature de Max dès l'ouverture de sa toute première lettre à Flora : celle d'un garçon innocent mais pas naïf, qui a su conserver son âme pure et brillante dans un monde de noirceur aux nombreuses équations inconnues, un monde sur lequel notre jeune homme porte un regard extrêmement perspicace, acéré, ce qui m'a fait totalement adhérer à ses propos. Je dis juste chapeau aux deux auteurs pour ce roman écrit à quatre mains avec un brio impressionnant ! Les deux personnages centraux sont extrêmement attachants et vivants à nos yeux, comme s'ils existaient en chair et en os, alors qu'ils naissent dans notre imagination par le biais de simples lettres ! Mais justement, c'est grâce à ce moyen de communication qu'ils deviennent tout ce qu'il y a de plus réel pour nous et on a ainsi d'autant plus de mal à leur dire au revoir une fois le livre terminé. Bref, avant de continuer cette chronique plus en détails, je tenais juste à sincèrement remercier Martin et Coline pour leur remarquable travail. Comme Max et Flora, ils forment un duo de choc, d'exception, un tandem incroyable qui a su créer des personnages tout aussi extraordinaires qu'eux deux, profondément réalistes, au récit de vie tout à fait crédible car leur famille à chacun devient la nôtre d'une certaine façon, imparfaite et brisée mais une famille quand même, qui se serre les coudes, qui rit et pleure ensemble, qui s'exaspère beaucoup mais qui n'abandonne jamais personne sur le bord de la route semée d'embûches mais aussi de petits bonheurs au goût de miracles qu'est notre existence. Et en tant que lecteurs, on prend véritablement part à leur histoire digne du plus grand des films. Cela en devient tangible pour nous, voire presque plus important que les épreuves que nous traversons nous même au quotidien, que les sentiments que notre petit coeur las éprouve, car on veut à tout prix, comme c'est le cas aussi des membres de leur famille, préserver Max et Flora et les porter le plus loin possible, jusqu'au firmament des plus étincelantes étoiles. Merci aussi à Martin et Coline d'avoir fait revivre un mode d'expression et de communication au charme indémodable ! Merci de faire rêver les enfants et ceux qui devenus grands, de leur insuffler de l'espoir et de leur redonner goût à l'existence. Merci de tout coeur.

Si j'ai adoré Max de tout mon être, Flora aussi n'est pas en reste ! Ne la jugez pas trop vite car les apparences sont fort trompeuses. L'histoire de ce petit bout de femme m'a énormément touchée. Cette dernière s'est transformée en un ouragan de violence en un éclair qui a ravagé la fin de son adolescence mais l'orage de dégoût et de ressentiment n'a pas éclaté pour rien. Cela faisait déjà longtemps qu'il tonnait, il n'a été que la conséquence désastreuse d'une succession d'injustices que notre chère Flora a dû subir dans le silence le plus assourdissant, en espérant que cela allait s'arranger, en se convaincant que ce n'était pas si grave que ça. Sauf que, dès que l'on vous fait du mal, que ce soit physiquement, verbalement, mentalement, aucune parole ou aucun acte n'est à prendre à la légère. En matière de méchanceté, l'insignifiance n'existe pas pour moi. Un de mes préceptes favoris est le suivant : « Si tu n'as rien de gentil à dire alors tais-toi ». La maman de Panpan est une vraie queen, je sais. Bref les loulous, vous l'aurez compris : ne restez pas sans défense et surtout sans voix face au harcèlement sinon, quand le volcan explosera, cela aura des répercussions dramatiques pour tout le monde. J'ai également trouvé cela très intéressant que les deux auteurs aient choisi de nous faire découvrir l'univers carcéral à travers les yeux d'une mineure qui se trouve derrière les barreaux. On se rend compte que les différents prisonniers et prisonnières ne sont pas tous des bourreaux mais qu'ils ont été eux aussi les victimes de monstres méconnaissables du quotidien ou de conditions de vie proprement insupportables. Cela n'excuse peut-être pas leurs divers crimes à chacun mais cela me permet d'aborder un point fondamental souligné du livre : l'humanité a plusieurs visages et plusieurs histoires, plusieurs couleurs et origines aussi, et les marginaux sont loin d'avoir choisi d'être dans cette position, de se sentir invisibles au point que la rage la plus tenace en devienne la seule solution envisageable. Cela m'en a fait mal au coeur, c'est comme si j'avais moi aussi reçu un sacré coup de poing en pleine poire, et cela nous secoue. le duo d'auteurs nous dépeint avec beaucoup de justesse le quotidien de la prison. Ils introduisent les jeunes lecteurs en douceur à ce monde très sombre et dont nous avons une image extrêmement négative. Vous me direz que c'est normal, au vu des spécimens qu'on y enferme. Dans notre tête, la prison est l'équivalent du béton, du danger, du désespoir, d'une morosité presque morbide, du sang qui coule, des barbelés qui agressent la peau, de la torture déclinée sur tous les plans et j'en passe et des meilleurs au niveau des images tout droit sorties de nos pires cauchemars. J'ai trouvé que Martin Page et Coline Pierré avaient habilement réussi à briser les préjugés sans pour autant enjoliver la réalité, bien au contraire. Ils nous font prendre conscience que l'enfer se trouve ailleurs, pas forcément là où l'on s'y attend, et qu'il ne tient qu'à nous de se battre et de devenir un phare dans la nuit pour ceux qui ont perdu le chemin de leur liberté. Il n'y a rien de plus précieux que d'avoir le choix de faire des erreurs, d'avancer, de faire preuve de solidarité et de continuer à rêver, à se montrer créatif et plein de promesses. Merci Coline Pierré et Martin Page pour cette jolie leçon de vie !

Sur ce, je vais conclure afin de ne pas vous gâcher le plaisir de découvrir ce livre petit mais féroce par vous même ! Croyez moi que je voudrais vous en parler avec plus de moult détails car Max et Flora sont assurément devenus deux de mes âmes soeurs ! Vous allez voir, les deux adolescents vont apprendre à vaincre leurs peurs ensemble. Ils vont se soutenir, rassembler tout leur courage afin d'affronter ce monde réel qui les répugne tant pour prouver qu'ils ont à la hauteur de leurs espérances et que rien ne les empêchera d'embrasser leur avenir radieux. Je suis tout simplement tombée amoureuse de ces deux personnages extrêmement intelligents, combattifs, drôles, bouleversants, épatants et sûrement les êtres les plus humains qu'il m'ait été donné de rencontrer. Je considère que cette chronique est la déclaration d'amour vibrante que je leur adresse ! Cela sera l'unique lettre signée par moi dans cette correspondance à trois, ma pierre à l'édifice. Merci Max et Flora de m'avoir requinquée, de m'avoir donné une nécessaire leçon d'humilité, de m'avoir appris qu'il n'y a rien de plus beau que d'avancer pas à pas, à mon propre rythme, et de savourer chaque petite victoire. Ce sont des enseignements qui resteront gravés dans le marbre de ma mémoire, ça, c'est certain ! Mon coeur frétille d'impatience et de félicité non contenue à l'idée de vous retrouver dans la suite de votre propre feuilleton, le plus trépidant qu'il m'ait été donné de suivre à ce jour, Les nouvelles vies de Flora et Max. À tous les deux, je vous adresse mon sourire le plus éclairant et ma gratitude la plus sincère. Merci pour votre grande sagesse qui ferait pâlir d'envie tous les adultes du monde, merci pour tous ces beaux fous rires partagés ensemble, merci de m'avoir fait frôlé à de nombreuses reprises la crise cardiaque (et je suis sérieuse pour le merci !) et... juste merci d'être vous. Vous valez plus que toute la poussière de fée du monde à mes yeux car la magie de votre amitié, de la beauté de votre âme et de vos projets ensemble, le regard tourné vers la même direction quoiqu'il arrive, c'est la seule qui compte, la seule qui fait le poids face à nos attentes démesurées car c'est elle, la véritable magie, et non pas toute cette poudre de perlimpinpin que n'importe quel charlatan, que ce soit en politique ou à la télévision, essaye de nous vendre jour après jour. C'est la magie de votre rencontre des plus improbables, digne d'une ironie tragique et tout bonnement grotesque, c'est la magie du ciment de votre amitié impérissable comme les bonbons mais aussi raffinée et élégante qu'une rose, aussi exaltante et chaleureuse qu'une fleur des champs, c'est elle qui me donne envie de croire en un avenir meilleur pour cette planète et pour les hommes. La foi en ce qui est beau, en ce qui est vrai, est loin d'être morte. J'ai hâte de vous retrouver, de pouvoir vous serrer dans mes bras jusqu'à vous en étouffer en pensée, de prendre de vos nouvelles, et que vous me prouviez encore une fois à quel point vous êtes les super-héros de vos vies et de celles de vos proches. Je sais que vous ne me décevrez pas, que les remarquables Martin Page et Coline Pierré ont su se montrer à la hauteur de leur premier bébé de papier, de leur chef d'oeuvre pour la jeunesse et même pour tous les âges qu'est La folle rencontre de Flora et Max. Folle oui, elle l'a été, assurément. Mais la folie n'a jamais été plus belle qualité qu'à ce moment-là. Max, Flora, attendez-moi, on se retrouvera (à ceux qui lisent cette chronique, vous pouvez mettre en fond sonore la chanson éponyme de Francis Lalanne afin d'être encore plus dans l'émotion)...

PS : C'est in fine bien Coline Pierré qui a rédigé les lettres de Flora et Martin Page celles de Max.
Lien : https://lunartic.skyrock.com..
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Flora est en prison pour six mois, condamnée pour avoir violemment frappé la camarade qui la harcelait. « Tu vas peut-être trouver ça choquant, mais Émeline mérite ce qui lui est arrivé. La violence venait d'elle, simplement elle était moins spectaculaire. Elle n'était pas physique. » (p. 30) Max ne peut plus sortir de chez lui, terrifié par le monde et les autres. « J'ai choisi de m'enfermer chez moi, dans ma propre maison. Pourtant, je n'ai pas commis de crime. » (p. 34) Flora et Max s'écrivent des lettres et apprennent à se connaître. Ils s'apprivoisent et ils apprivoisent leurs différences et ce qui les rapproche. Quand Flora sortira, se rencontreront-ils ? Max pourra-t-il se libérer de sa prison intérieure ? « Je pourrais très bien sortir, je pourrais réaliser le rêve de milliers de détenus. Alors, est-ce que je ne suis pas égoïste en restant chez moi ? » (p. 139) Ce qui les a blessés, c'est l'école, son carcan, ses règles, sa nature inadaptée à leurs caractères sensibles. Alors ils parlent de créer une école alternative pour eux et pour ceux qui ont besoin d'apprendre autrement. Parce qu'il faut bien vivre. Parce qu'il faut trouver sa place dans le monde, avec ses propres moyens. En se lisant et en s'écrivant, Max et Flore s'aident mutuellement à repousser leurs barrières et faire tomber les grilles. « J'aime la manière dont tu parles de la prison : tu n'éludes pas les choix difficiles et tu avances, tu es optimiste. Ton exemple me donne le désir de changer. » (p. 58) Ce que l'avenir leur réserve, à ces lycéens épistoliers, c'est peut-être tout le bonheur du monde, s'ils consentent à le cueillir.

Je commence par ce qui m'a déplu et je garde le meilleur pour la fin. Tout d'abord, non, non et non. Et non. En français, le verbe « réaliser » ne signifie pas « comprendre », mais « accomplir ». Cet anglicisme me hérisse le poil et il apparaît au moins trois fois dans les lettres de Flora. Autre avertissement grammatical : la concordance des temps et des discours, c'est important. Mais sur ce point, je vais supposer que les auteurs ont mis sciemment des erreurs dans le langage de leurs jeunes héros. Mais tout de même, au lycée, les deux gamins devraient maîtriser ça ! Et en parlant d'adultes qui prêtent leur voix à celles d'adolescents, je déplore un recours un peu facile à certaines réflexions ou idées toutes faites qu'un adulte peut supposer trouver dans le discours de jeunes personnes. Enfin, certains passages, selon moi, ne collent pas à la maturité pourtant affichée des deux héros. La première phrase de Max en est un exemple criant : « Je ne savais pas que les filles allaient en prison. Pour tout dire, je ne savais pas que les filles étaient violentes. » (p. 9) Qu'un élève de primaire pense cela, pourquoi pas… mais pas un adolescent en première ES ! Il a accès aux informations, à la télévision et à Internet, et il n'est reclus chez lui que depuis quelques mois : tout cela ne justifie pas une naïveté aussi crasse sur la nature humaine !

Voilà pour la forme, passons au fond. Rangez vos haches, vos couteaux et vos envies de m'égorger : ce roman est une bonne histoire. Les auteurs écrivent une rencontre par lettre en détournant un peu une réalité que je trouve légèrement glauque, celles de femmes qui écrivent à des criminels. Ici, c'est le jeune garçon qui prend l'initiative de la correspondance. Certes, Flora n'est pas Ted Bundy, mais ça inverse joliment les rapports tout en donnant à la relation naissante une gaucherie tout à fait charmante. « On devrait se permettre d'aller à la rencontre de ceux qu'on ne connaît pas. » (p. 15) Par ailleurs, j'ai vraiment apprécié que les auteurs n'essaient pas à toute force de nous refiler une histoire d'amour : deux adolescents qui se rencontrent, même par lettre, n'ont pas forcément que ça en tête. Cette histoire n'est pas une romance : c'est juste une rencontre dont on ne présage rien, parce qu'il n'est pas toujours utile de tirer des plans sur la comète. J'en viens aux grands sujets de ce texte. Évidemment, il est question de harcèlement et du système scolaire français. Évidemment, il est question de claustration et de liberté. Surtout, il est question de découverte de soi et d'ouverture à l'autre. La culpabilité ne justifie pas le repli et l'isolement. Finalement, ce que vivent Max et Flora, c'est une évasion par correspondance.

Pour conclure, ce roman est un bon roman, mais je pense qu'il est plutôt adressé à des lecteurs jeunes. C'est que je commence à me faire vieille !
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Comment Flora et Max pouvaient-ils se rencontrer? Flora est en EPM (établissement pénitentiaire pour mineur) après avoir tabassé une élève de sa classe de terminale fort heureusement sans la tuer! Cette fille l'a harcelait depuis plusieurs mois mais personne ne l'a crue Elle a pris 6 mois de prison ferme. Max est en 1ère et vit reclus chez lui , impossible pour lui de mettre un pied en dehors de la maison où il vit retranché entre livres, disques, ordinateur et ukulélé ...Max va écrire à Flora un peu comme si il jetait une bouteille à la mer. Flora va prendre plaisir à lire les lettres de Max, chacun apportant à l'autre une présence amicale et un soutien dans l'épreuve.
Martin Page et Coline Pierré signent ce roman. La forme épistolaire s'imposait. Au fur et à mesure les échanges entre Max et Flora deviennent plus aisés, la parole se libère bientôt ils vont se rencontrer pour de vrai c'est certain.
Cependant la forme très policée des échanges entre ces grands adolescents, 17 et 18 ans, me semble peu contemporaine. Dommage!
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A l'heure d'internet, deux adolescents solitaires, qui ne se connaissent ni d'Eve ni d'Adam, vont sympathiser en s'envoyant des lettres. Pour eux, point de paradis, leur vie est un enfer. L'un est cloitré chez lui pour des crises d'angoisse : les psys appellent ça l'agoraphobie. L'autre est en prison : les juges appellent ça la privation de liberté.

Pour un académicien, ce livre est un roman épistolaire. Pour un philosophe, c'est une parabole de la vie moderne. Pour moi, ce livre est simplement beau. C'est un conte de la vie ordinaire, drôle, sensible, toujours empreint de poésie.

Un moment de lecture rare !
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critiques presse (1)
Ricochet
02 mars 2016
Psychologique mais pas pesant, original mais pas fantaisiste, La folle rencontre de Flora et Max est d’abord un beau moment de lecture avec des héros touchants.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
Depuis le début de cette lettre, j’ai réfléchi à la violence. A la tienne, à la violence en général. Tu as réagi radicalement, entièrement, comme l’expression honnête de ce que tu es : un être capable de résister. Je te comprends mieux, d’autant plus que j’identifie cette violence en moi, par exemple, dans ma décision de m’isoler . Je ne frappe pas les gens, je les fais disparaitre.
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« Je ne savais pas que les filles allaient en prison. Pour tout dire, je ne savais pas que les filles étaient violentes. D'une certaine manière, c'est une bonne chose, ainsi vous pouvez vous défendre, le monde est plus égalitaire. Bien sûr, l'idéal serait que la douceur soit la norme, mais j'ai peut qu'on n'en prenne pas le chemin. » (p.9)
« Non, je ne suis pas dans une mini-prison, ni dans un camping-car. Il y a trois filles et cinquante-trois garçons. Les filles sont dans une unité séparée de celles des garçons, mais nous avons cours ensemble. C'est un établissement pénitentiaire pour mineurs, un EPM. » (p.23)
«J'ai quitté le lycée fin septembre suite à une crise de tétanie très violente. Je me suis mis à trembler et j'ai perdu connaissance. Les pompiers m'ont raccompagné chez moi. Le lendemain, j'ai ouvert la porte : les tremblements sont revenus. Je n'ai pas pu mettre les pieds dehors. Désormais, je ne peux plus sortir de ma maison. » ( p.35)
« Mon père m'a aussi demandé si je pensais à téléphoner à mes amies. Mais quelles amies ? Ni Inez, ni Maelys, ni Paula n'ont cherché à avoir de mes nouvelles. Aucune ne m'a défendue au tribunal, aucune n'est venue raconter les insultes et les moqueries. Je m'en doutais, car à partir du moment où Émeline a décidé que toute la classe devait me détester, elles m'ont ignorée. Elles ont été plus fidèles à leur soumission à cette fille qu'à notre amitié. » (p62)
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Il y a beaucoup de choses qui m'échappent chez les êtres humains (le fait qu'ils soient si peu humains, principalement).
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Il y a beaucoup de choses qui m'échappent chez les humains (le fait qu'ils soient si peu humains principalement).
[...]
Je te disais que je ne supportais pas la violence physique. Mais je ne supporte pas davantage la violence psychologique des rapports humains habituels. La réalité est trop dure pour moi. J'ai l'impression que la vie quotidienne passe son temps à me tabasser.
(p.34)
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Comme tu vois, je ne suis pas si calme. La violence, je la retourne contre moi. Ce n'est pas plus sain que de la tourner vers les autres.
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