Zou est clown et c'est pour ça qu'elle rit, la foule.
Mais ça c'est la fin de l'histoire. Parce qu'au début, il y a Zou, il y a sa mère, il y a Frère-Frère, il y a Frère-Frère second du nombre.
Ses frères ont été les premiers à partir : l'un s'est fait bouffer par les requins, l'autre écraser par un train dans un tunnel. Ils sont devenus des fantômes qui parlent à Zou pour lui dire que lui a toutes ses chances, qu'il faudra être ce pitre qu'il est depuis qu'il est tout petit pour passer les frontières...
Cette pièce de théâtre parle de migrants et le sujet est grave.
Mais la délicatesse des mots, la tendresse qui déborde de ces scènes rendent à la tristesse son sourire.
Entre poésie et drame d'aujourd'hui, entre réel et rêve, entre espoir et violence, cette pièce sensible porte à la scène un personnage bien touchant.
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La scène se passe dans un pays où, pour trouver du travail, il faut s'exiler et traverser la mer au péril de sa vie. La vieille mère aimante, usée par la vie, a trois fils, Frère-Frère, Frère-Frère Second du Nombre et Zou le plus jeune qui a un vrai talent de clown, pour la plus grande joie de son entourage. Les deux aînés sont déjà partis et Zou s'apprête à faire la même chose. Dans cette famille, il n'y a pas vraiment de frontière entre le monde des morts et celui des vivants. C'est ainsi que Zou apprend de la voix même de ses frères les circonstances terribles de leur mort et reçoit leurs conseils. Clandestin, il passe la frontière en faisant rire la police au lieu de se cacher. Mais trouver un emploi dans un cirque minable n'est pas faire fortune et la mère de Zou meurt avant qu'il puisse la rassurer et l'aider. Cette histoire pourrait être désespérante. Ce n'est pas le cas : aucun des personnages ne se lamente devant la dureté de son destin. Leur échec malgré leur courage et l'amour indéfectible qui les lie font de leur histoire une tragédie. Mais la mort n'est pas une séparation définitive ; le dialogue, la tendresse continuent à tisser des liens entre eux. le lecteur se surprend à sourire et à espérer.
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Le vent qui se lève, le vent qui nous récite le vent, il se met à hurler. Avec des vagues aux crinières de lions qui se mettent debout pour nous cracher dans les yeux. On rame, furieusement, même si la peur s'en bat les rames. Je crains pour le requin qui me bouffera, mon petit Zou, tellement je suis maigre et que le moteur avant de tomber en panne, m'a encrassé jusqu'à l'âme. La mer a ses combats, ses brouillons, ses envies de meurtre.
Pour certains, naître c'est rire une dernière fois.
tu sais, maman, l'enfance d'un clown c'est un peu compliqué, surtout quand on est né dans le pays de l'erreur. Le pays déçoit. Pauvre, ça veut dire qu'on est pauvre et que le carnet d'adresses est sans adresses.