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EAN : 9782714450685
466 pages
Belfond (06/01/2011)
3.22/5   549 notes
Résumé :
Provocant, urgent, impitoyable, un roman coup de poing, une révélation dans la lignée d'un Don DeLillo ou d'un Jonathan Franzen.

Lors d'un barbecue entre amis, un adulte gifle un enfant qui n'est pas le sien.

Un incident qui va créer une onde de choc parmi les invités et provoquer une série d'événements explosifs. Mais aussi révéler, derrière les belles apparences, le racisme ordinaire, la drogue, l'alcool, la honte et une extrême solit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (110) Voir plus Ajouter une critique
3,22

sur 549 notes
Il en va souvent ainsi : je découvre par un pur hasard un auteur en flânant sur Babelio (c'est l'un des buts, vous me direz). Il me serait quasiment impossible d'expliquer ce qui m'attire vers un nom plutôt que vers un autre et ce qui me pousse au final à aller plus loin et à cliquer sur sa fiche pour découvrir son oeuvre. C'est ainsi.

Sans lire les critiques par crainte des spoils, je peux, au nombre d'étoiles et de points d'exclamation contenus dans la première phrase du billet, me faire une assez bonne idée de ce qu'est un "roman entier"; enfin, c'est ainsi que je qualifie un roman que les lecteurs portent aux nues ou vouent aux chiottes.

Dans un pareil cas, je jubile, mon sang entre en ébullition : il faut que je me fasse ma propre idée ; ma curiosité est titillée au plus haut point ! C'est exactement ce qui s'est passé pour "la Gifle" de Christos Tsiolkas et je remercie encore manU17 de me l'avoir envoyé.

J'ai aimé. J'ai beaucoup aimé. J'ai dévoré les 600 pages en quelques heures. Pourtant, je ne connaissais absolument rien de l'auteur et de son oeuvre mais j'ai vite appris à le connaître. Je ne connaissais quasiment rien à l'Australie et aux Australiens, à part Baz Luhrmann et Crocodile Dundee. Je n'avais d'ailleurs jamais lu d'auteurs australiens. Voilà une lacune comblée.

"Vulgaire !" (j'ai même lu "pornographique") Réponse : non.
Si lire six fois en 600 pages les mots "bite", "vagin" (qui en passant n'est pas un gros mot) et "baiser" (au lieu de "faire l'amour") en a choqué certain(e)s, ce ne fut pas mon cas. Il ne faut pas sous-estimer la propension qu'ont les Anglo-Saxons à parler crûment, or l'auteur, c'est très clair, a cherché à brosser un portrait sans concession de différentes catégories socio-professionnelles.

"Drogues & Cie !". Réponse : oui. Le roman aborde en effet le sujet de la drogue (parmi d'autres) que jeunes et moins jeunes semblent consommer avec un systématisme qui a de quoi effrayer. La drogue est l'une des problématiques sociétales les plus préoccupantes, en Australie comme ailleurs. Pas la peine de se cacher derrière son petit doigt, les jeunes, de la cigarette au shoot, en passant par l'ecstasy et d'autres saloperies, se droguent. Pas tous, nous sommes d'accord, mais ceux du roman, oui. Là encore, j'ai trouvé un auteur lucide vis-à-vis de ses personnages qui sont traités honnêtement, sans fard. Son récit est entièrement construit sur la vérité.

"De l'avis général, la vérité s'apparentait au sacré : il fallait la vénérer, la respecter plus que tout. Aujourd'hui elle paraissait secondaire. Connie avait l'air de s'en foutre, et pour Richie c'était une certitude : "Rien à cirer"." (page 580)

La vérité. Au-delà d'une écriture qui m'a séduite, j'ai aimé fouiller la vie des différents personnages afin de percer leur vérité. Derrière les masques et les convenances, la nature humaine, souvent désespérante, parfois rassurante. On sent que l'auteur veut nous faire partager la réalité d'une société en perte totale de repères, sans traditions autres que celles, multiples, apportées de la vieille Europe ou de l'ancestrale Asie dans les valises des immigrants, constamment sollicités par une société de consommation qui leur écrase le cerveau aussi sûrement qu'un char écrase tout sur son passage. Une société en déclin ? Déjà ?

J'ai aimé la structure du roman. Un fait "minime" (ne vous attendez pas à de l'action dans ce livre, ce n'est qu'une galerie de portraits psychologiques), une gifle donnée à un enfant (qui soit dit entre nous la méritait bien), entraîne brusquement l'éclatement de la cellule sociale et familiale. Peut-on frapper un enfant ? Doit-on le faire quand il dépasse les bornes ? Est-ce qu'être adulte signifie ne jamais faire de faux pas ? de toujours rester maître de la situation ? de tout maîtriser ? le peut-il ? le doit-il ? Est-ce que l'adulte qui donne une correction à un enfant, en pensant en protéger un autre, est un monstre ? Son acte est-il un crime ? Doit-il aller en prison ? Sa vie doit-elle être irrémédiablement transformée par les conséquences d'un acte que les générations de nos parents et grands-parents considéraient comme un châtiment juste ?

Chaque chapitre nous fait entrer dans l'intimité d'un homme ou d'une femme, tous liés les uns aux autres d'une manière ou d'une autre. J'ai pris un réel plaisir à deviner quel serait le prochain personnage qu'il me serait donné de découvrir et la construction du roman est méthodique, on saisit qu'à la fin d'un chapitre, le protagoniste du suivant va petit-à-petit apparaître, prendre la place, naturellement. Pour cette raison, je suis persuadée que c'est sciemment que l'auteur n'a pas mis de sommaire, pour ne pas donner d'indices à son lecteur, pour le laisser patienter, le défiant de tourner les pages par anticipation et provoquant ainsi une irrésistible envie de les tourner...

J'ai aimé "la Gifle" car je n'y ai trouvé ni clichés ni manichéisme. Il m'a plongée dans la vie de classes moyennes et aisées de Melbourne et m'a fait découvrir plusieurs facettes sociétales de ce pays immense, jeune, neuf, paumé, détestable à bien des endroits, fascinant à d'autres. le sexe, le racisme ordinaire, la violence verbale, la violence physique, la drogue, les insultes, l'esprit de caste, l'adultère... mais aussi l'amour, la tendresse, la famille, les sentiments, l'adolescence, l'espérance, l'amitié, il y a tout cela dans ses 600 pages. Il y a aussi un peu de chacun de nous. Les scènes du quotidien, les rapports souvent tendus entre membres d'une même famille, les illusions, les déceptions, les joies et les ambitions trouvent leur résonance dans mon existence.

Ce roman ne m'a pas giflée mais il m'a parlé. Une lectrice m'a dit "je doute que les Australiens soient comme l'auteur les décrit, ce n'est pas leur rendre justice". Étrange. Moi, je n'ai aucune difficulté à me les représenter ainsi et en la matière je décide de faire confiance à... un Australien.


Challenge AUTOUR DU MONDE
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CLAC (ça, c'est le bruit de la gifle que reçoit Hugo, 4 ans, de la part d'un ami de ses parents... qui ne le sera bientôt plus) et CLAP CLAP (ça, c'est moi qui applaudis cette formidable galerie de portraits, mélange de vitriol et de tendresse).

C'est la série diffusée l'an dernier sur Arte et dont j'avais attrapé quelques passages au vol qui m'a mise en appétit. Et bien le livre se révèle un festin et un pur régal ! Pourquoi, alors que c'est politiquement très incorrect, qu'il ne se passe pas grand chose et qu'on ne suit aucun personnage du début à la fin ? Tout simplement parce que ça ressemble à la vie, à notre vie, tantôt toute pourrie et tantôt fabuleuse...

Le principe, c'est de suivre alternativement les pensées et les actes de ceux qui étaient présents au moment de la fameuse gifle : Hector le beau quadra qui s'occupe beaucoup de son sexe, Harry l'homme des cavernes déguisé en garagiste parvenu, Rosie la mère hippie laxiste qui allaitera toujours son fils dans 10 ans, Connie et Richie les ados paumés qui boivent et se droguent pour oublier, Manolis le vieux grec au grand coeur et à l'horrible épouse-mégère...

Ce qui est bien dans ces portraits, c'est que personne n'est tout blanc (même pas l'innocente petite victime Hugo qui est en fait un sacré casse-pieds mal élevé) mais personne n'est tout noir non plus (sauf peut-être cette timbrée de Rosie qui réussit à fiche un sacré bazar avec ses théories à la con). Non, tout est dans la nuance, dans la subtilité, dans la finesse.

Je parle là bien entendu de nuance, de subtilité et de finesse dans la psychologie des personnages... parce que, dans le concret, c'est autre chose : ça baise, ça vomit, ça bouffe des ectasys, ça pisse, ça s'engueule, ça picole, ça menace, ça pleure... Mais c'est vrai ! Même s'il y a trop de drogue pour que j'y croie et même s'il manque à mon sens dans cette tribu un personnage vraiment objectivement malheureusement seul, c'est vrai ! Donc moi j'aime...
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Dans la foulée de la série diffusée ce soir sur arte, et sur laquelle je reviens longuement sur mon blog, j'ai lu rapidement le livre pour voir si l'adaptation filmée était fidèle et j'ai vu que c'était largement le cas.
Les deux suivent ainsi le quotidien d'une famille d'immigrés grecs et de leurs amis, dans la banlieue tranquille de Melbourne. Une communauté paisible en apparence, qui va lentement mais surement se déliter après la gifle donnée par l'un d'eux au fils d'un autre membre du groupe.

Et chaque chapitre donnera donc voix à 8 personnages présents à ce barbecue, non pas pour qu'il nous raconte la scène de son point de vue (comme je le pensais au départ), mais pour que l'histoire continue chronologiquement, mais à chaque fois vu sous le prisme d'un des témoins ou un des acteurs de cette fameuse gifle, qui prendra des proportions et des résonnances assez incroyables et totalement irrémédiables sur tous les membres de cette collectivité.
Ces personnages ne sont pas vraiment sympathiques et admirables et nous dévoilent quantités de bassesses et de tares de différents niveaux (racisme, violence, alcoolisme, homophobie, mysoginie, supériorité entre classes sociales), mais ils possèdent en même temps une vraie profondeur psychologique, et chacun aura son mot à dire, et aucun personnage ne sera sacrifié ni caricaturé.

Une grande maestria, une incroyable virtuosité : un grand livre ( et une grande série)!!!

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Eh bé, vu comme ça ça fait pas trop envie l'Australie!
A partir d'une paire de baffes lors d'un barbecue à l'issue duquel on va découvrir un à un les participants dans son intimité, ses croyances, ses petitesses, ses désillusions, ses peurs et ses haines, l'auteur nous dresse le tableau d'une société au bout de sa course matérialiste, ayant foiré son intégration et recroquevillée sur sa peur de l'avenir. Des beaufs, des ivrognes, des jeunes désabusés face à des petits bourgeois confits dans leur confort s'y agitent mollement, sans réel but.
L'intrigue aussi est plutôt molle (encore un mensonge éhonté en quatrième de couverture, point de déflagration après la gifle inaugurale), ce qui devient vite un peu gênant sur un format de plus de 600 pages. le bon côté est que l'on prend le temps de fouiller chaque personnage en profondeur - le problème étant que la plupart en manque, de profondeur!
Il y a bien sûr quelques points de lumière dans toute cette société qui nous est présentée, mais étrangement je n'en retiens que le plus sombre.
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Melbourne, aujourd'hui. Un barbecue comme on en fait tous les week-end. Il y a là quelques collègues, les cousins, les parents, les amis. Des enfants aussi, qui s'amusent et se chamaillent. Parmi eux, Hugo, quatre ans, est du genre capricieux. Lors d'une partie de cricket improvisée, le gamin ne supporte pas de se faire éliminer et il entre dans une colère noire. Il s'apprête à frapper un des joueurs avec sa batte lorsqu'Harry l'empoigne et lui colle une gifle magistrale. Problème, Harry n'est pas le père d'Hugo. Il est intervenu parce qu'il a senti son propre fils en danger face à un mioche incontrôlable. Son geste va provoquer une secousse sismique chez tous les participants du barbecue...

Les chapitres ont pour titre le prénom d'une personne ayant assisté à la scène. le narrateur s'attarde sur ces caractères très différents les uns des autres et est totalement omniscient. Il révèle l'intimité, les fêlures, les points de vue, les petits secrets...

La gifle est un roman très cru, dérangeant. La personnalité des principaux acteurs de ce barbecue qui a mal tourné est grattée jusqu'à l'os. Et chacun, sous la surface lisse qu'il expose en société, cache en réalité une nature complexe et plus ou moins torturée. Les faux semblants tombent les uns après les autres et ce n'est pas beau à voir. le lecteur, quelque part, devient voyeur. Il s'immisce avec horreur ou délectation (selon les goûts) dans ses existences régies par l'argent, l'ambition, la religion, l'alcool, le sexe, le racisme ordinaire... Entre malaise et fascination, impossible de décrocher, même si je comprends sans problème que l'on puisse ne pas aller au bout d'un tel texte.

L'écriture est simple et directe. Pas de chichi, pas d'envolées lyriques. C'est âpre, rugueux et sans langue de bois. Là encore, on aime ou pas mais difficile de rester indifférent.

Ceux qui passent ici régulièrement savent que j'apprécie ce genre de littérature qui vous saute à la gorge. Quelque part, je peux comparer La gifle au Démon ou à Last Exit to Brooklyn de Selby. Des textes qui, à leur époque, ont choqués ou emballés les lecteurs.

Trop facile de dire que La gifle est une claque alors je me contenterais de préciser que ce roman est mon premier gros coup de coeur de l'année. Pour autant, je ne le recommanderais à personne. Trouvez-le à la bibliothèque où faites-le vous prêter si vous n'êtes pas sûr que ça vous plaise parce que franchement, vous risquez d'être secoués, et pas forcément dans le bon sens du terme.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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critiques presse (2)
Chatelaine
02 juillet 2014
Mais l’auteur y décrit plutôt la vie dans une banlieue résidentielle où se profilent rupture entre tradition et modernité, racisme, obsession du fric, sexe et drogues, ados déboussolés et enfants-rois.
Lire la critique sur le site : Chatelaine
Lexpress
05 juillet 2012
On plonge dans l'intimité de familles passablement xénophobes, torpillées par l'alcool et la drogue, et totalement déboussolées face aux brassages raciaux dont l'Australie est aujourd'hui le théâtre. Impitoyable.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
- [...] Je kiffe.
- S'il-te-plaît, ne parle pas comme une ado, Connie.
- Je suis une ado.
- Oui, mais bien plus intelligente que beaucoup d'autres. Je ne supporte pas la langue des jeunes d'aujourd'hui. C'est si compliqué de faire des phrases entières ?
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[...] Craig l'avait emmené à un match de foot. Rich pressentait déjà que flanquer des coups de pied dans un ballon en cuir ne présageait rien de bon pour la race humaine.
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-Tu ne devrais pas fumer, papa. ça donne le cancer.
Elle répétait bêtement les mises en garde qu'on lui enseignait à l'école. Ses enfants retenaient à peine leurs tables de multiplication , mais ils savait que fumer causait le cancer du poumon, et qu'à faire l'amour sans préservatif on attrapait des MST.
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N'envie jamais les riches parce que, si tu commences un jour, tu ne pourras plus jamais t'arrêter. Et tu gâcheras ta vie.
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- Tu vois, ce qui me gêne dans l'adolescence, c'est qu'elle rime souvent avec violence.
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Vidéo de Christos Tsiolkas
Interview par Olivia Phelip en partenariat avec www.viabooks.fr Christos Tsiolkas revient en cette rentrée littéraire avec "Barracuda" : un roman coup-de-poing sur le dépassement de soi, le sacrifice, l'échec et la reconstruction, avec en toile de fond toutes les contradictions d'une nation bâtie sur le racisme et la violence.
En savoir plus sur "Barracuda" : http://bit.ly/1MslTkk Lire un extrait : http://bit.ly/1KTrX6g
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