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EAN : 9782072791901
576 pages
Gallimard (23/08/2018)
2.69/5   18 notes
Résumé :
Son nom parcourt le livre comme une incantation, et pourtant Saul Kaloyannis reste une énigme. Qui était-il, cet homme aux yeux emplis de ténèbres : un idéaliste, un traître, ou le dernier des héros?
Dans les années 70, un étudiant part à la recherche de ce survivant d’une guerre perdue un demi-siècle auparavant. Les témoins qu’il retrouve, tous des laissés-pour-compte de l’Histoire, se succèdent pour retracer le destin de Kaloyannis, son voyage sans retour ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
"Mais tout ceci peut aussi bien être faux, et je ne sais pas ce que je dis. Adieu, et si vous trouvez ce qui a bien pu arriver à cet homme, quel a pu être son destin, ne m'écrivez pas. La vérité va à la vie de cet homme comme le feu au maquis sec : les flammes sont superbes mais ne laissent rien derrière elles. Moi, je veux rester loin de l'incendie." (p.440)

C'est beau non ? C'est joliment dit non ? C'est comme ça tout le long du bouquin. Et ça devient, à force, extrêmement pompeux. le fait est que je ne peux m'empêcher de rapprocher le style d'Anton Beraber à celui de Jacques Abeille, notamment dans le fait que tous les personnages-témoins ont exactement la même façon de s'exprimer (à part quelques minuscules rôles).

Mais commençons par le commencement-

Le livre est en fait une succession de longs monologues. le narrateur parcourt l'Europe à la recherche de contemporains qui auraient côtoyé Saul Kaloyannis, grand mystère de sa génération, afin de les entendre et de reconstruire l'histoire du grand homme. Malheureusement, et comme je l'ai dis plus haut, les monologues se suivent... et se ressemblent.
Si l'idée du mythe de l'homme-héro du XXème est au départ attrayante, il n'empêche qu'à partir d'un certain nombre de pages la lassitude s'installe. Bien sûr certains témoignages sont plus intéressants que d'autres, mais l'inverse est également vrai : certains (notamment les derniers) semblent tirer en longueur de telle sorte que l'on a l'impression que l'auteur ne souhaite tout simplement pas achever son histoire. Ce livre pour moi est un peu un échec d'éditeur. le talent de l'écrivain est certainement présent, mais je pense sincèrement que l'éditeur aurait dû demander à son auteur d'élaguer son texte. J'emploie ce terme à dessein, pour ne pas paraître trop méchante : tout n'est pas à couper non plus ! cependant il y a une bonne centaine de pages en trop. A partir de la 400ème j'admets avoir commencé à lire en diagonale, et à la 500p j'ai directement sauté jusqu'aux 5dernières. le mystère Kaloyannis ne me passionnait plus. Un problème de rythme qui a coïncidé avec mon ennui de toutes ces belles tournures de phrases, et plus j'avançais (ramais) dans ma lecture, plus je me languissais de phrases simplifiées sans fioritures (mais là il ne s'agit sans doute que d'une préférence personnelle). Je ne serais pas étonnée que d'autre lecteurs fassent comme moi, et que lassés ils aillent directement chercher la solution au mystère Kaloyannis aux dernière pages du livre.

Il n'empêche que j'ai beaucoup aimé l'expérience jusqu'à la 350ème page environ, l'imagination de l'auteur ainsi que son style m'ont tout de même impressionné durant la première moitié de l'ouvrage. du coup, 3 étoiles.
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« Flamboyant », « stupéfiante », « époustouflante »... autant d'adjectifs utilisés par la Presse pour évoquer le style et l'écriture de Beraber qui signe son premier roman avec La Grande Idée. La lecture révèle, en effet, un grand styliste qui s'affirme dans le déploiement d'une narration généreuse, et homérique. Nouvelle Odyssée, cette Grande Idée est la quête d'un homme – le héros, grec, ou le traître d'une guerre oubliée des années 1920 – par un thésard. Ce dernier suit la piste du fameux Saul Kaloyannis. Fameux, car tout le monde semble le connaître, de près ou de loin. Pourtant plus l'enquête progresse, plus ce Kaloyannis semble fuyant, vaporeux . Mythique, en somme. Après tout, dans le domaine du « récit de vie extraordinaire, personne ne sait rien ». Qu'il ait existé ou non importe peu. Après tout, comme l'énonce l'un des témoins, « un mythe, ça ne prétend pas à la clarté, ça se contredit, ça s'oublie parfois dans des détails qui n'ont rien à voir. » Finalement, il suffit de fermer les yeux: certains récits recueillis à son sujet sont d'ailleurs de seconde main : « Je n'étais pas là. Je n'ai rien vu. J'imagine juste, et tout cela n'aura pas de valeur si, à ton tour, tu n'essaies pas aussi d'imaginer » glisse un autre des témoins interrogés. L'imaginaire. C'est le domaine où Beraber exerce tout son talent, interrogeant le réel à la recherche de l'image juste – miniature éloquente ou fresque monumentale, sujets naïfs ou impressionnistes – à mesure que son personnage interroge les témoins du passage de Kaloyannis dans le XXe siècle. Cette quête de la mimesis, qui se superpose à la quête de son personnage, Beraber la thématise et la métaphorise avec brio tout au long du roman, dans le sublime chapitre III notamment, qui fait entendre le témoignage d'un peintre qui, jadis, croisa la route de Kaloyannis et d'Henri de Monfreid et qui se servit des traits du premier pour représenter le second ; déplorant que ses traits évoluent sans cesse « comme la ligne des vagues ou les tempêtes de sable. » Et quand le premier parle du second à ses compagnons, le peintre le soupçonne de parler de lui-même, si bien que le portrait des deux hommes se confond et que la Vérité s'égare, encore. Parce qu'elle est ailleurs, dans la beauté et la poésie. Comme le peintre derrière sa toile blanche, qui choisit ses couleurs, l'auteur « se donne à cette quête », choisissant « exactement ses images », tâchant de saisir comme son avatar, « la lumière qui vacille, qui menace s'éteindre, l'éternité ». Pourtant, le réel se dérobe parfois, le spectacle des choses « épuisant toute métaphore ». Alors, « il faut tricher, inventer, raccourcir, recourir aux portraits anciens ». Et Beraber s'y applique, développant les négatifs oubliés de l'Histoire dans le bain révélateur de la fiction. On découvre alors des instantanés hallucinés, parfois drôles, légendés par des formules sentencieuses et définitives que n'aurait pas renié un autre galérien du XXe siècle, Bardamu, héros-narrateur du Voyage au bout de la nuit : « C'est cela, l'histoire des civilisations : une démence collective saisie par accident avec beaucoup de magnésium. » lâche un des personnages.
Saura-t-on, in fine, « la Vérité » sur Kaloyannis ? Au lecteur de le découvrir. Mais ne nous y trompons pas, celle de l'auteur ne fait aucun doute, c'est la Littérature.
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Ce premier roman est le livre brillant d'un jeune auteur qui sait qu'il l'est et qui ne se prive pas de l'asséner à son lecteur. Au risque de sembler l'être moi-même, je l'ai trouvé un peu présomptueux. Il a des qualités indéniables mais manque de sobriété et aurait gagné à être canalisé. de plus, si j'ai été admiratif devant la performance stylistique et les grandes capacités de l'auteur, la lecture ne m'a finalement procuré que très peu de plaisir.
L'article complet sur mon blog.
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
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Indéniablement, l'auteur, Anton BERABER, fait certes preuve d'érudition, mais son ton présomptueux et ses phrases pompeuses démobilisent le lecteur, m'ont démobilisée.
L'idée est originale, cependant les témoignages recueillis sont tous de la même facture : démesurément longs, monotones et répétitifs.
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Un roman particulièrement ambitieux: un thésard cherche à comprendre, des années après, le mystère d'un héros disparu. Cela se passe en Grèce, dans les Balkans et puis en France, et puis ailleurs encore. En confrontant les témoins, il finit par composer une sorte d'épopée foutraque, contradictoire, d'une beauté un peu exotique, qui tient largement de l'Odyssée. Je l'ai lu comme on lit un livre-monde: fasciné par la prose puissante d'Anton Beraber, par son ambition tout-à-fait étrangère aux romanciers de son temps mais, parfois, je l'avoue, le sublime s'ajoutant au sublime, l'immense à l'immense, avec un peu d'écoeurement.
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critiques presse (3)
Bibliobs
29 août 2018
D'un classicisme mutant, «la Grande idée» époustoufle par son écriture au lyrisme assumé, son souffle qui rappelle le rythme de l'hexamètre dactylique et par son ambition aux confins de l'arrogance.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Bibliobs
24 août 2018
Ce premier roman homérique, tissé de références à la mythologie, déroule la quête d'un étudiant parti sur les traces du héros ou traître d'une guerre qui eut lieu en Méditerranée, dans les années 1920. Une Odyssée hallucinée portée par une écriture stupéfiante.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LaCroix
24 août 2018
Chasse à l’homme rétrospective : Saul Kaloyannis, soldat grec vaincu par les Turcs en 1922, est dépisté un demi-siècle plus tard. Une merveille de premier roman.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
On imagine bien, pourtant, que ce n’était pas prévu comme ça, à l’origine ; que ces océans infinis, ces montagnes, ces forêts du tout début appelaient, je ne sais pas, des hommes à leur mesure ; qu’ils les susciteraient même, comme l’huître fait sa perle, assez naturellement. Il n’en fut rien. Au lieu de ça — mais regardez-les ! ces amoureux de l’humble, ces frayeurs dans les caves, quasi aveugles, mais prêts à lever la main devant leurs yeux au cas où une lueur trop forte apparaîtrait. Ils ont des philosophies de la mesure, des monceaux de proverbes sur la prudence, et ils atténuent leur grande peur d’avoir mal compris en se les répétant les uns aux autres, comme des enfants.
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Il m'a demandé mon nom et je ne sais plus quel nom j'ai donné. Il m'a demandé pourquoi je n'avais pas de chaussures et je lui ai expliqué que les morts, sur la plage, taillaient tous trop grand. Après il m'a plus regardé, et pourtant j'en suis là, des années plus tard, à parler de lui avec vous dans la voiture; si vous freinez trop fort, ma mémoire éclatera partout sur le pare-brise et on ne verra que lui.
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On imagine qu’à la guerre il faudrait gueuler moins mais non, tout nous agace, et on voudrait tout corriger. Le commandement faisait ses recommandations et le voisin tirait des lignes très soigneuses sur des cahiers neufs grands carreaux au porte-mine — un sourire ahuri, vraiment. Ça a énervé le frère de Cola Javier et il s’est levé pour tout rempaqueter. On l’a tué là. Le type de la radio a dit, dame ! que ce n’était pas de sa faute si, que les gens n’avaient qu’à pas, qu’il n’avait fait que suivre les, et il tremblait tellement que le pantalon lui tombait.
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J’ai vu ce que c’était, avant la guerre, même. Les gens parlaient bas à la terrasse des cafés : toutes les langues oui, mais la nôtre, celle-là, ils la parlaient bas. Comme si on allait s’en souvenir, la tasse, la cuiller, le fou noir de l’échiquier, comme si tout notait dans le secret de sa matière : lui, c’en est un. On rentrait chez soi avant l’heure, et très vite. On commandait des armes aux consulats étrangers, en graissant la patte des sentinelles. On n’en obtenait jamais.
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La vérité, c’est que ces ombres sur qui nous avions épuisé nos balles depuis le début des hostilités étaient l’avenir, et que nous étions les ombres. La vérité, c’est que ces gens-là nous singeaient sans risque, nous jugeaient sans faute, un pied sur la page suivante du manuel d’Histoire, où nous ne poserons pas le nôtre. L’avenir en ces cas-là a toute autorité. La vérité, c’est qu’à leur place, les gars comme moi, je les aurais tous pendus par hygiène.
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Prix littéraires de L'Incorrect, édition 2018
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