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EAN : 9782845740877
253 pages
Le Verger (01/05/2010)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Un groupe d’amis devait passer quelques jours de rêve, bien au chaud, dans un chalet loin de tout : le Paradis.

Mais ils sont pris en otage par deux détraqués. Et bientôt, les tensions apparaissent, les secrets ressortent, la violence monte, les caractères se révèlent dans ce qu’ils ont de plus sordide. Hommes, femmes, enfants, tous les habitants du chalet sont emportés dans une spirale de veulerie et de cruauté. Jusqu’où ira leur descente aux enfers ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Merci aussi aux éditions le Verger qui, dans le cadre du partenariat avec Nota Bene, m'a permis de découvrir à titre gracieux l'ouvrage de Bernard Nuss, Là-Haut le Paradis.

Là-Haut le Paradis est un ouvrage original. Malheureusement, de prime abord, il semble assez difficile d'en parler parce que, pour bien l'apprécier, il faut absolument ne pas en dévoiler la fin. le problème, c'est que l'originalité du livre réside pour une bonne part dans cette fin gigogne.

L'intrigue en effet aurait plutôt des airs de déjà vu : un groupe d'amis, avec tout ce que l'expression recèle de rancoeurs, de frustrations, de coucheries dissimulées, de déceptions et de lassitudes, un groupe d'amis donc décide de fêter le Nouvel An dans un chalet de montagnes. Bien isolé, comme il se doit. L'auteur me pardonnera si je n'ai plus en tête le nom du personnage qui a suggéré pareille Saint-Sylvestre. Mais que le lecteur sache bien que le personnage en question n'est pas une "taupe" cachée qui ne songerait qu'à attirer ses compagnons dans un piège.

Le danger arrive de l'extérieur : deux espèces d'autochtones, débraillés, hirsutes, à complètement à côté de la plaque sur leurs skis de fortune. Ils demandent un abri pour la nuit et un peu de nourriture. Comme de juste, les deux hommes deviennent très vite beaucoup plus gourmands. Mais les vacanciers ne cèdent pas : n'ont-ils pas, déjà, l'avantage du nombre ? Tout bascule lorsque Madeleine, précédant son mari, médecin retenu dans la vallée par ses gardes, rejoint le groupe : les deux "affreux" la prennent en otage et là, ce n'est plus du tout le Paradis, mais l'Enfer qui s'ouvre ...

Bernard Nuss alterne les passages à la troisième personne d'un récit classique et les monologues intérieurs, dénués de toute ponctuation, des protagonistes. Au lecteur de se repérer dans tout ça, ce qui n'est pas toujours aisé, surtout dans les premières pages. Puis, comme on "marche" dans l'histoire, on s'habitue.

La seule chose qui me tracassait (et m'agaçait, soyons franc), c'étaient les "interventions" de l'Auteur supposé du récit, un personnage arrogant, falot, prétentieux, égocentrique, une vraie caricature que le véritable auteur, Bernard Nuss, a pris grand plaisir à croquer - cela se sent. Pour moi, ça déstabilisait l'ensemble, je ne comprenais pas : à peine commençait-on à progresser dans l'intrigue principale que, vlan ! l'Auteur réapparaissait et imposait ses affligeants délires sado-masos.

La qualité de la technique utilisée, le fil déterminé de l'intrigue, tout cela me laissait pourtant à penser que ces "interventions" avaient un but. Mais lequel ? ...

On ne le découvre que dans les dernières pages et l'habileté de l'auteur (le vrai) est telle qu'on en est tout surpris parce qu'on ne l'a pas vu venir.

En résumé, Là-Haut le Paradis est un bon roman (policier ou non, noir ou gore, à vous d'apprécier) qui, en dépit de quelques imperfections (le caractère peut-être un peu trop convenu de certains, les comportements stéréotypés des deux "affreux", la banalité prévisible des conflits qui, peu à peu, s'installent entre les "amis"), s'efforce, avec succès et non sans malice, de renouveler le thème, si souvent traité, de l'isolement d'un groupe humain en pleine montagne, en hiver. Un travail réel sur une idée qu'il n'était pas si facile de rendre cohérente, crédible surtout. Un travail dénué de tout nombrilisme, pour le seul plaisir de raconter une histoire, et de bien la raconter. Tout ce qui manque, trop souvent, de nos jours, à tant de livres qui ont pourtant droit à la première place, dans les gondoles des super-marchés et sur les tables des libraires. ;o)
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Un véritable tour de force... voilà les premiers mots qui me viennent en tête après avoir fermé ce roman. Je n'étais guère optimiste à la lecture des premières pages. Je m'explique: je ne suis pas une fervente admiratrice des histoires imbriquées qui me rappellent le système du Nouveau Roman - que j'évite le plus possible. Et là, horreur ! Je découvre que non seulement on a affaire à l'histoire des personnages et à celle de l'Auteur, mais qu'en plus Bernard Nuss a poussé le vice jusqu'à supprimer toute forme de ponctuation lorsqu'on rentre dans la pensée du narrateur. Je me voyais déjà abandonner ce livre au bout d'une vingtaine de pages.

Et pourtant... j'y ai mis le nez et n'en suis pas sortie. Certes, il y a bien quelques longueurs et des passages sanglants à en faire pâlir un réalisateur de films d'horreur. Mais l'histoire, ou plutôt les histoires, sont bien menées. A tel point, que le suspens a pris le dessus sur toutes les appréhensions que j'avais. le style est simple, clair et, au final, on suit les histoires assez facilement. Quant à la chute - car cela ressemble bien à une chute - , elle est digne des meilleures nouvelles.
Lien : http://livresetmanuscrits.e-..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
CLAUDON et VIRY sont arrivés au refuge du Clairmont peu avant la tombée de la nuit, après avoir marché toute la journée et une partie de la nuit précédente. Ils avaient en effet tué les deux chasseurs vers minuit, au mirador n°15 de la chasse du comte de Lazelle, s'emparant d'un fusil, d'un revolver et de munitions. Nous ignorons toujours comment ils ont réussi à arriver à cet endroit après leur fuite de l'asile psychiatrique de Ruvergne.

Leur accoutrement, leurs manières bizarres et leurs explications peu crédibles ont naturellement intrigué les occupants du Clairmont. Ceux-ci ont néanmoins décidé de les héberger pour la nuit. Compte tenu des conditions météorologiques et de leur fatigue extrême, un refus aurait en effet signifié une mort certaine pour les deux hommes. Il a été prévu qu'ils coucheraient dans le grand dortoir, on leur a interdit de boire de l'alcool et de faire du tapage. Après avoir mangé goulûment, les deux hommes se sont installés près du poêle pour faire sécher leurs vêtements, sans essayer de frayer avec les autres.

*


Lotz sort de la pièce après avoir fait un signe discret à Leroy.

- Jean-Marie, lui dit-il à voix basse quand ils sont seuls dans le couloir, ces gens nous ont menti !

- C'est l'évidence même, répond Leroy. Leur histoire d'argent volé et de...

- Ce n'est pas de ça que je parle, l'interrompt Lotz. Est-ce que tu as remarqué leurs dos ?

- Non, dit Leroy un peu étonné. Qu'est-ce qu'ils ont de particulier, leurs dos ?

- Leurs vêtements étaient complètement trempés et pleins de neige gelée partout... sauf dans le dos ! Tu comprends ce que cela signifie ? Qu'ils ont porté des sacs au dos pendant tout le trajet et qu'ils les ont enlevés pour venir chez nous ! Donc, ils contiennent quelque chose que nous ne devons pas voir...

- Tu as raison, dit Leroy après avoir réfléchi un instant. Ils ne les ont sûrement pas cachés bien loin, puisqu'ils doivent les récupérer demain matin... Il va bientôt faire nuit, mais je vais quand même essayer de les retrouver. Arrange-toi pour qu'ils ne remarquent pas mon absence.


Leroy quitte le refuge sans faire de bruit, chausse ses skis et se remet à gravir la pente jusqu'au petit belvédère. Une fois arrivé, il constate que les traces faites par lui et ses compagnons ont été recouvertes par la neige, mais que celles des deux hommes sont encore parfaitement visibles.
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... Depuis le matin à 11h 27, l'Auteur est de fort méchante humeur. C'est en effet à ce moment précis qu'il a lu la lettre que sa compagne avait posée sur son bureau une heure avant et dont il avait facilement identifié l'expéditeur. Pour retarder le plus possible le moment d'en prendre connaissance, il s'est promené de long en large sur le balcon, a fait un tour dans la cuisine pour humer l'odeur délicieuse d'un cake en train de cuire, est passé dans la salle-de-bains pour arracher avec une pincette les poils disgracieux sortant de ses oreilles, a compté et recompté dans son placard les chemises propres qui lui restaient, enfin s'est attardé longuement aux toilettes sans cependant obtenir le résultat recherché.

Le ton de la lettre était, comme il s'y attendait, sec et péremptoire, le contenu déprimant au possible."Ce que j'attends de vous" écrivait l'éditeur, "c'est une histoire pour une fois bien construite, avec un vrai suspense et sans les élucubrations pseudo-intellectuelles habituelles" (ces derniers mots étaient soulignés d'un grand trait). L'Auteur tremblait de rage, car il savait que l'éditeur rejetait ainsi catégoriquement le projet d'un roman qu'il lui avait soumis oralement quelques jours auparavant, lors d'une réception : un remake drolatique des Liaisons dangereuses. Avec l'air de quelqu'un qui a mordu dans un citron, l'éditeur avait immédiatement mis fin à la discussion en annonçant une lettre "dans laquelle je préciserai ce que j'attends de vous." Si l'Auteur avait eu l'ouïe plus fine, il l'aurait encore entendu marmonner sur les gens qui insistent à vouloir péter plus haut que leur derrière ...
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... Pour tromper leur anxiété, les membres valides du groupe développent à nouveau une activité fébrile : l'un range des affaires qui traînent, l'autre brosse le plancher, un autre encore hache en petits morceaux l'une des commodes du dortoir afin d'entretenir le feu dans la cuisinière. Pareils à des automates mal réglés, ils se déplacent au ralenti, puis de façon saccadée, comme dans les films muets de jadis. Plus tard, Nathalie et Gabriel se plaignent d'avoir mal à la gorge. Ils ont un peu de température, leurs amygdales sont rouges et enflées. Ce début d'angine n'inquiète pas outre mesure leur mère, qui connaît ce point faible de ses enfants. Elle les expédie immédiatement au lit, trop heureuse de les savoir ainsi immobilisés et donc en sécurité dans le refuge.

Vers le soir, il commence à neiger, pas très fort encore mais suffisamment pour obscurcir précocement le fond de la vallée. A plusieurs reprises, Claudon et Viry sont sortis de la cabane pour examiner attentivement le refuge et les barricades. "Ils sont en train de préparer un mauvais coup," dit Lotz à voix basse. ...
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Video de Bernard Nuss (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bernard Nuss
Par Jacques Bonnaffé. Mise en scène par Frank Hoffmann
Frontalier est une méditation automobile qui trouve son roulement par la parole. Ce monologue tresse une histoire personnelle traversant plusieurs fois la frontière comme le font les frontaliers de France à Luxembourg, comme l'ont fait ses parents venus d'Italie ou ses grands parents italiens, les Portante.
Frontalier commence comme une histoire personnelle et intime, qui devient progressivement l'histoire de l'humanité. La migration en est le fil rouge. À partir d'elle se superposent et s'entremêlent des faits historiques, des anecdotes, des souvenirs, des réflexions et des émotions, pour décrire une réalité tantôt révoltante et amère tantôt silencieuse et nostalgique.
Lecture créée au Théâtre National du Luxembourg.
Musique et effets sonores : René Nuss Costumes : Denise Schumann Lumières : Zeljko Sestak Assistance à la mise en scène : Natalia Sanchez Stagiaire : Pauline Cano
À lire – Jean Portante, Frontalier, Hydre éditions.
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