Les Gars des Villes et le Gars des Champs.
Auguste est un agriculteur normand de 65 ans qui s'aperçoit que son gabion a été visité, et qu'on y a caché dix paquets de horse. « Tout paysan qu'il fût, Auguste n'avait pas vécu soixante ans à moins de dix kilomètres du Havre sans entendre parler de stupéfiants. Il n'y avait pas deux mois, les journaux locaux racontaient encore l'arrestation de la tenancière d'un bar et d'un navigateur qui se chargeaient d'en acheminer vers New-York. Ce genre de faits divers était fréquent. On en parlait le soir en mangeant la soupe, comme jadis du loup-garou ou du grand bouc ».
Auguste cogite, il ne peut s'agir que d'Henri, son petit-fils. Fou de rage, il jette la horse. Mais ce geste ne sera pas sans conséquence. Les patrons d'Henri veulent récupérer leur mise, Auguste qui est têtu et plein de ressources possède un Lüger et sait préparer des cocktails Molotov. Il ne compte pas baisser son pantalon devant des gars du Milieu qui le prennent pour un pèquenaud.
La Horse, c'est Auguste le Breton qui s'invite chez Maupassant, le télescopage de deux univers, les tractopelles qui saccagent les bocages au nom de la modernité, le trafic de stupéfiant qui s'invite dans les campagnes. Ce polar rural au petit parfum écolo fait aussi penser à certains Georges-Jean Arnaud, comme L'Enfer du décor. Le contraste entre l'argot du Sud de la France et le parler normand est amusant. Le roman est plus sombre que son adaptation avec Gabin et Christian Barbier.
Une première lecture d'un ouvrage signé Michel Lambesc, et pas la dernière.
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J'ai le nom de l'une d'elles, Pierrette la Bigleuse. (...)
En traversant l'aquarium, Dallet aperçut Pierrette à son poste, assise sur un tabouret, ses lunettes sur le nez, tenant sa serviette de cuir serrée contre elle. Le style secrétaire de direction était son truc, à Pierrette la Bigleuse. Ses clients ne s'y trompaient pas, mais il leur plaisait qu'elle fit sérieuse, un rien intellectuelle et, pour certains, qu'elle ressemblât à la secrétaire du patron. (...)
- Dis-moi, tu les gardes, tes lunettes, pour...
- En principe, je les retire, ça fait plus habillé, mais il y en a qui préfèrent, surtout les vieux.
Je vous avais prévenus. Je vous avais dit : "Aujourd'hui on leur laisse prendre une tranche de gâteau sans râler, mais demain ils vous faucheront le reste de la tarte".
Si ma tante en avait, elle serait mon oncle.