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EAN : 9782812609497
448 pages
Editions du Rouergue (19/08/2015)
3.98/5   66 notes
Résumé :
Au fond des bois, vit une communauté d'anciens membres d'un cirque. Depuis très longtemps ils ne donnent plus de spectacle. Un jour, de grands travaux grignotent le territoire autour d'eux, et on oblige l'enfant de la famille, La Petite, à rejoindre l'école du village.
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Cette lecture me laisse une drôle d'impression. C'est un belle langue, qui trouble la frontière entre le réel et l'imaginaire, la vie et la magie. Mais le tout sur fond de détresse et de violence. La vie de Petite est faite de beaucoup de violence. D'amour aussi, je le reconnais, mais c'est la violence qui m'a marquée, et perturbée. le père, cet ogre, est effrayant. La mère, cet être évanescent, est effrayante. Ce lieu, le puits aux anges, est effrayant. L'attitude de Petite, son imaginaire est effrayant. Et la frontière entre onirisme (violent) et réalité me pose vraiment question : à quel ado puis-je conseiller ce livre ? Là j'avoue que je ne vois pas...
Donc une lecture passionnante, à la langue maîtrisée, qui me marquera longtemps, mais qui m'a effrayée.
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Il est de ces livres qu'on aime tellement qu'il nous est tout simplement impossible d'en continuer la lecture. Je sais, dit comme cela, c'est étrange, mais laissez-moi vous expliquer. Ce livre, il m'a fallu presque deux semaines pour le terminer, pour la simple et bonne raison que j'en savourais le moindre paragraphe, que je devais me retenir pour ne pas en recopier toutes les phrases sur mon carnet de citations, que je voyais avec angoisse la fin se rapprocher inexorablement à chaque phrase. Ce livre, il m'a secouée, clairement, indéniablement, au point que cela fait presque une semaine que je retarde l'écriture de cette chronique, car je sais que je vais avoir toutes les peines du monde à vous en parler, à trouver les mots pour exprimer les émotions et les sensations qu'ont fait naitre en moi ces mots mis bout à bout, ces lettres ordonnées en une histoire aussi féérique que terrible. Une histoire dont on ne sort pas indemne, quoi qu'on fasse pour se prémunir de ce bouleversement radical entrainé par ce conte qui fait réfléchir sur notre monde, sur notre vie.

La Petite a toujours vécu là, au Puit des Anges, avec Belle, le Père, Franco le lion et les autres. A vrai dire, la Petite ne sait pas vraiment ce que cela veut dire, toujours. La Petite voit les jours qui passent sans chercher à les compter, voit le temps qui défile sans chercher à l'arrêter. La Petite vit entourée d'histoires, sans savoir que les histoires sont des histoires, car pour la Petite, la vie est une histoire, et les histoires sont la vie. La Petite sait les choses telles qu'elles sont, sans avoir jamais eu besoin d'apprendre. Elle sait les liens qui unissent les hommes entre eux et avec la nature, elle sait que l'homme n'est qu'une bête privée du langage fondamental. Mais un jour, elle ne sait plus, tout son monde s'évapore dans les rugissements d'une machine terrible venue détruire la forêt et les arbres et les animaux. Et pour sauver le Puit des Anges, la Petite ne voit qu'une solution : réveiller la Bête, celle qui a volé la langue des bêtes aux hommes, celle qui a sauvé l'Enfant de la colère du Patron. Quand les histoires se mêlent à la réalité, quand la réalité devient une histoire comme les autres, tout bascule et tout s'écroule.

Ce roman est très probablement l'un des récits les plus étranges qu'il m'ait été donné de lire. C'est à la fois beau et horrible, léger et dramatique. On sort des sentiers battus pour atterrir au coeur de l'inconnu. On se laisse surprendre par cette narration si particulière, cette narration qui va à l'essentiel sans jamais le dire vraiment, cette narration qui raconte sans jamais raconter. Les scènes se déroulent devant nous, en nous. Car finalement, l'histoire que nous raconte cette histoire n'est rien d'autre que notre histoire : quand vint le temps de quitter définitivement l'enfance insouciante (mais emplie d'une sagesse bien plus profonde qu'on ne le pense), notre monde s'écroule douloureusement pour se voir remplacer par un univers aux règles incompréhensibles, nos yeux s'ouvrent à ce qu'on préférait jusqu'à présent éviter de voir, nos oreilles comprennent ce qu'elles s'obstinaient à reformuler différemment pour préserver notre joie. Cette histoire, c'est ça : la Petite découvre qu'elle n'est plus la Petite d'hier, sans pour autant savoir ce que sera la Petite de demain. Cette histoire, c'est la douleur de cette enfant que tout oblige à grandir, brutalement, cruellement, sans y avoir été préparée, sans l'avoir demandé. Cette histoire raconte la mort de l'enfance.

Ce roman se fait le messager d'un regard sur le monde, d'un regard qui remet en question bon nombre de nos attitudes, de nos comportements. Ici, l'humanité est présentée comme « enfermée dans des cages de bêton avec pour seule fenêtre l'écran des télévisions », esclave volontaire de ces « paradis colorés, bruyants et artificiels ». Prisonniers de l'inutile, dirait Manset. La Petite vit loin de tout cela, loin de ce Village et de cette Ville qui se font ici le reflet de tous les Villages et de toutes les Villes du monde, et à ses yeux ces individus sont des sauvages, qui ne respectent ni la nature ni les animaux ni les hommes, qui se sont enfermés dans leur vision du monde sans songer une seule seconde que c'est la diversité qui fait la richesse de l'humanité. Tout le monde devrait lire ce livre une fois dans sa vie. Car ce livre fait réfléchir. Ce livre nous invite à nous poser cette essentielle question : « qu'est-ce que l'essentiel ? ». L'essentiel, est-ce l'argent, est-ce la normalité, est-ce l'essentiel présenté par les médias ? Mais ce livre, c'est aussi une invitation à laisser tomber notre vision purement rationnelle du monde pour se laisser emporter par les histoires et les rêves, par les intuitions et les émotions, par tout ce qui se passe du matériel pour exister. Ce livre nous invite à ouvrir les yeux et le coeur.

Et quand bien même on déciderait de lire ce roman comme n'importe quel autre roman, sans chercher à se laisser entrainer par ces réflexions sous-jacentes à l'histoire, croyez-moi, il vaut le détour. C'est beau. Chaque mot de ce livre a trouvé sa juste place pour faire de chaque phrase une poésie. On pourrait passer des vies entières à savourer ces phrases, à les murmurer, à les crier, à les chanter. Les mots et les phrases et les paragraphes sont emplis d'une fluidité rare, d'un rythme délicat, d'une harmonie parfaite. Tout dans ce roman invite à la lecture à voix haute, au coin du feu ou au coeur de la forêt, pour soi-même ou pour un public. le langage occupe dans ce récit une place primordiale, centrale, cruciale, et cela se ressent dans la narration. Les mots ont été choisis avec soin, autant pour leur signification que pour leur sonorité, pour leur connotation que pour leur beauté. Je ne peux que vous encourager à lire ce roman, ne serait-ce que pour découvrir cette plume si singulière, cette plume qui vous fait retenir votre souffle à chaque instant, cette plume qui fait vibrer tout votre corps et votre coeur d'émotions brutes.

Dire que ce livre est un coup de coeur serait à la fois un euphémisme et un mensonge. Ce livre, c'est une expérience que vous ne voulez pas manquer. Jusqu'à présent, je n'ai jamais rencontré un livre tel que celui-là, et je doute fortement en rencontrer un autre un jour. Car ce livre ne ressemble à aucun autre livre, autant par son fond que par sa forme. Je peine à exprimer avec précision ce que je pense à propos de ce livre, pour la simple et bonne raison que les mots ne suffisent pas toujours à décrire les émotions et les sensations. Ce livre bouleverse, mais il réconforte aussi, ce livre ébranle, mais il amuse également. Ce livre n'est ni une comédie ni une tragédie, ni un roman ni une poésie, ce livre est tout et rien à la fois. N'hésitez plus et laissez-vous appeler par ce livre unique en son genre, qui ne vous décevra pas.
Lien : https://lesmotsetaientlivres..
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Pourquoi l'Homme ne peut plus communiquer avec les bêtes ? Voilà un secret qui nous est révélé dans La langue des bêtes de Stéphane Servant. Mais autant vous prévenir tout de suite : vous ne ressortirez pas indemne de cette révélation. En suivant l'histoire de vieux personnages de cirque délavé à travers les yeux de la Petite, vous serez amenés à apporter un nouveau regard sur le monde et vous demander dans quel camp vous êtes : celui de la spontanéité et de l'allégresse, ou celui du conformisme et des machines dégoulinantes d'asphalte.

Petite est protégée – emprisonnée ? – du monde extérieur grâce aux histoires que lui racontent Major Tom, Belle, Pipo, Colodi et l'Ogre, ce père si tendre sous sa carcasse. Tous vivent au Puits aux Anges, autres carcasses, qui croulent sur un vieux parking.

“Au Puits aux Anges, le temps s'écoule, fluide, léger, sans brisure autre que celle du basculement de la lumière sur les carcasses des voitures et des ombres des arbres alentour qui s'étirent ou rétrécissent selon les saisons, et l'ombre de la Petite est pareille à celle des pins, mouvante, parfois minuscule parfois infinie.” – p. 11

Petite, gamine sauvage, nous entraîne dans une contemplation éblouissante de la nature qui l'entoure. Elle se questionne sur les sentiments, les émotions, sur l'origine des choses, et la disparition d'autres. Ses pensées finissent par tourner en rond, se répètent, et le roman devient un cycle incontrôlable qui entraîne chaque personnage dans sa chute, jusqu'au recommencement.

“La forêt semble figée sous une carapace de silence et pourtant, à l'oreille de la Petite, tout bruisse et murmure. Elle le sent : comme dans les histoires anciennes que lui racontent Pipo et Colodi, les esprits habitent les bois. Les esprits sont dans toutes les choses vivantes. Et aussi dans les pierres, l'eau et le vent. Il suffit d'être attentif. Ici, tout bruisse, tout palpite, tout vit.” – p. 14

Reste à savoir si l'on veut se laisser embarquer. C'est un texte puissant, sombre, dur. Comme les gens du cirque pensent tendre un miroir devant leurs spectateurs lors des représentations, Stéphane Servant nous impose notre propre reflet : de quel côté sommes-nous ? de la marginalité, de la spontanéité et de la joie, ou du conformisme, des oeillères et de l'autoroute qui avale la forêt ? C'est là toute la force de ce roman : l'auteur nous fait croire aux histoires, et nous roule dedans, nous enveloppe, nous fait vaciller au côté de Petite, et nous flanque de sacrées gifles de réalité qui arrivent en coups de poings çà et là – quand on ne s'y attend plus ; parce que les descriptions sont longues, parce qu'on s'attarde sur de petites choses pour leur donner leur importance. Parmi cela, des évènements terribles s'enchaînent, et il revient longuement dessus comme pour nous rappeler que les peines ne passent pas en un clin d'oeil. Qu'il faut du temps pour panser les plaies du coeur. Qu'il faut du temps pour comprendre qui l'on est et ce que l'on souhaite devenir. Qu'il faut du temps pour accepter, et qu'il faut de la force pour se résigner, parfois. Qu'il faut du temps pour grandir et un courage énorme, celui qu'on essaie d'insuffler à la Petite pour aller jusqu'au bout de ses peines.

“La liberté n'est pas un combat contre les autres, c'est un combat contre soi-même. (…) La résignation n'épargne personne, ni les hommes, ni les monstres, ni les dieux. Nous sommes pareils à des comètes esseulées, toutes filant dans le même ciel, toutes promises à la même obscurité. Alors pourquoi ne pas se rassembler pour éclairer plus fort un instant ce coin de ciel désolé ? Ce sont les brins tressés des histoires qui relient nos vies. Voilà pourquoi la Petite enterre sa jalousie sous les histoires d'amours et de cruautés qu'elle raconte, elle raconte, encore et encore, pour faire briller ce qui reste de beauté dans ce monde d'infinie solitude.” – p. 333

Le cerveau boue plusieurs fois, on se questionne, on pense comprendre, puis on oublie l'explication que nous avions trouvée, on finit par ne plus en chercher et nous nous laissons emporter dans cette vague de légendes et d'histoires, auxquelles on a, finalement, envie de croire.

La langue des bêtes est mystérieuse, celle de Stéphane Servant nous envoûte. Un roman sur l'amour des mots et le pouvoir des histoires, sur l'importance de croire aux rêves, à l'espoir, et de distinguer parfois la réalité de tout cela. Mais aussi un roman sur l'amour du temps présent, infini, éternel cycle de secondes renouvelées. Incontrôlable. Puissant.

“C'était infiniment bon. Les heures semblaient pétrifiées. Les secondes mêmes. Elles s'écoulaient avec la lenteur d'une goutte de pluie se frayant un passage dans la terre sombre. Aveugles. Millénaires. Sans volonté. D'une pureté sans cesse accrue. Distillés par une attente qui n'en était plus une puisqu'il n'aurait pas suffit d'une vie pour voir la première seconde vaciller dans le passé. Un éternel présent renouvelé.” – p. 376


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(c'est une critique qu'on a fait en double lecture avec @Dream Bookeuse)

— Bah Lou qu'est-ce qui t'arrive ?

— J'sais pas ma vieille. Tu vois d'habitude c'est moi qu'emporte un morceau d'histoire avec moi. Mais là j'peux pas refermer le livre sinon j'ai l'impression que c'est lui qui va emporter un bout de moi et que je pourrai plus jamais voir les choses de la même façon.

— Tu sais Lou les histoires emportent toujours un bout de toi. Parfois c'est de larmes, de joie, de tendresse, ça réveille des choses et tu les donnes aux personnages et aux mots. Mais une fois que tu le refermes ça reste pas à l'intérieur. Ça ressort, comme un feu d'artifice. Je te jure je l'ai refermé, et le monde il était pas différent. Comme avant. Et je le vois toujours pareil. Mais les arbres n'ont plus les mêmes sourires, les bêtes ont les yeux qui brillent et parlent une langue secrète, et les zétoiles accueillent des gens. Ça a pas changé. C'est juste que je le voyais pas avant. Et ça c'est vraiment vraiment beau.

— On dirait une histoire faites pour ceux qui ont juré de jamais arrêter de croire, mais qu'ont fini par le faire et d'être en paix avec tout ça, à préférer la ville et le confort et tous les trucs dont on se gave pour remplir les vides de l'aventure ! Même le Père il le dit qu'à force tout le monde s'étouffe et c'est ce qui précipite la Chute. le Père c'est Nous dans l'histoire. Je te jure j'ai la chiale quand je lis les passages sur lui.

— Noooon t'as tout faux. le Père c'est un homme tendre qui a été brisé, le coeur en vrac et les émotions en rage. Et s'il a arrêté de croire c'est parce que son étoile rousse est tombée du ciel et elle était toute cassée. Alors oui y a des histoires auxquelles on ne devrait pas arrêter de croire et puis il y a les mensonges et les rêves et les contes et les vérités toutes nues qu'on regardera jamais droit dans les yeux. Mais tu sais... Au fond. C'est juste un livre qui te fait comprendre que toi aussi t'es le personnage d'une histoire encore plus grande et qui te dépasse. Toi, moi et tous les autres. Alors parfois on dit des trucs qui sont pas vrais et ce sont des illusions. Et puis parfois on va rechercher toutes les histoires du monde et peut être que ça sera la vérité. Les histoires on en fait un peu ce qu'on veut. le tout c'est de ne pas se laisser enfermer, et briser comme le Père. Les histoires elles sont dans la forêt, et dans la ville, et sous les zétoiles. C'est ça qu'il veut dire le livre. Que même si on croit plus aux histoires, elles sont toujours là, tout le temps, tout autour.

— Tu sais je sais. Je sais qu'au fond c'est toi qui as raison, mais j'ai le cendrier qui pousse au fond de ma gorge. D'avoir été apprivoisé au début avec l'histoire des Renards. Et qu'à la fin tout ça, ça existera pu jamais. Il tire nos ficelles et moi j'ai rien vu venir. Maintenant faut se débrouiller tout seul parce qu'il donne pas de solutions pour ceux qui veulent jamais arrêter d'y croire, même avec David Bowie ou même avec Les Doors. Il fait croire qu'on peut s'échapper mais jamais jamais on s'échappe.

— Les solutions... Les solutions c'est juste des facilités. La vie c'est pas comme ça Lou, ça se saurait si on te donnait toutes les clés, l'énigme, les indices et puis même tous les coffres. Moi non plus j'en ai pas. Mais y a les montagnes immenses, et le ciel gigantesque, et peut être que tout ça c'est à réapprendre. Parce que moi je sais. Je sais que Petite, le Père et Belle ils vont se réécrire une histoire. Une histoire qui n'aura jamais été écrite nulle part. Et puis après ils vont la dire, et la raconter. Et peut être que toi aussi tu as une Bête. Une Bête au fond du ventre qui demande à ce que tu la laisses sortir, et qui grogne, et qui griffe et qui t'emprisonne un peu. Peut être que c'est ça le roman, laisser sortir sa Bête pour réapprendre le langage du monde.

— Oui j'ai trouvé aussi, c'est pour ça que je trouve cette histoire géniale malgré toute la mélancolie que ça m'a collé. Et chacun se retrouvera dans ce roman c'est obligé. C'est rare que tout le monde puisse se retrouver quelque part au même endroit de façon différente. J'ai l'impression que Stéphane Servant il y arrive et je le crois encore plus quand je vois comment tu l'as lu toi et que moi je l'ai lu moi.

— Et puis ils sont vraiment tous bien ces personnages. Et le Major Tom. Y'a que Le Professeur que j'ai pas aimé. C'est juste un con.

— C'est un drôle de conteur n'est ce pas ? Moi, tous ses romans et la plupart de ses personnages – sauf le prof' t'as bien raison - me mettent un coup au coeur et le rendent immense. J'ai l'impression que le monde est plus beau et plus sauvage à travers ses mots à lui.

— C'est le premier roman que je lisais de lui mais si tu jures qu'ils sont bien les autres je les lirai certainement. En tout cas moi je dis que tu peux lire celui ci à n'importe quel moment de ta vie. Et alors tant pis s'il part avec un peu de nous. Peut-être faut savoir le faire des fois.

— Oui ! Lis "Le coeur des Louves" ça parle d'héritage, de douleur, de filles-louves et de louves-filles et de mémoire et c'est plus violent, plus dur, mais je le trouve aussi plus profond. Il faudra encore laisser la porte ouverte (aller retour fréquent coeur - ventre - tête) mais promis si jamais ça te retourne encore, tu m'appelles et on cause. Mais cette fois-ci autour de pancakes, bourrés de sucre qui colle au doigt. En attendant, là, tout de suite, tu me sèches tes joues toutes salées et on va s'enfiler quelques cuillères de glace caramel. Bretonne la glace. Une tuerie je te dis.

— Deal ma vieille, j'arrive ! Ah un dernier truc tu veux pas m'aider à faire mes lacets ? Mes chaussures elles tombent et y'en a marre de trébucher partout !

Besos !
Lien : https://www.instagram.com/lo..
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Depuis que j'ai lu Sirius, je suis tombée sous le charme de l'écriture de Stéphane Servant. Il sait développer des univers très particuliers, pleins de magie, dans lesquels il y a toujours un lien fort avec la nature et des personnages un peu sauvages.

Dans La langue des bêtes, on suit l'histoire de Petite, une enfant dont on ne connaît pas l'âge. Elle a toujours vécu avec ses parents dans une petite communauté de marginaux au Puits des Anges, un ancien cirque constitué d'un chapiteau et de caravanes à l'orée d'une forêt. le Père est décrit comme un ogre cruel avec les animaux et sa mère Belle est une ancienne trapéziste à la main tordue. Mais il y a aussi Pipo le clown, Franco le vieux lion, Colodi le marionnettiste et Major Tom le nain. Petite a grandi entourée des légendes qu'ils lui ont racontées, des légendes auxquelles elle croit dur comme fer et qui pourraient bien devenir réalité.

Cela faisait un certain temps que je n'avais pas lu de livre de l'auteur et je n'ai pas été déçue. J'y ai retrouvé le style qui m'avait séduite dans ses autres romans, ce style étrange et envoûtant qui le distingue de ce qu'on lit habituellement. Il met ici en scène une enfant qui veut croire à la magie mais qui est rattrapée par la réalité et par sa cruauté. de nombreux aspects fantastiques sont présents dans le récit et on a souvent du mal au cours de la lecture à faire la différence entre le réel et l'imaginaire. L'univers développé est très sombre, ce qui peut être assez oppressant par moments, en particulier sachant que ce roman est classé en jeunesse (ce qui ne me semble pas forcément judicieux).

Une très bonne lecture, dans la lignée de le coeur des louves. J'ai aimé partager le quotidien des mystérieux habitants du Puits des Anges, qui cherchent à préserver Petite de ce monde où ils n'ont pas leur place. Mon préféré de l'auteur reste tout de même Félines, qui avait été un de mes coups de coeur 2021.
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critiques presse (2)
Ricochet
24 juin 2016
C'est un très beau conte, un magnifique roman.
Lire la critique sur le site : Ricochet
HistoiresSansFin
10 septembre 2015
Dans une langue poétique et envoûtante, La langue des bêtes nous rappelle qu'il est essentiel de croire à la magie des histoires.
Lire la critique sur le site : HistoiresSansFin
Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Une histoire, c'est comme une couverture de laine. Elle est faite de brins tissés. Personne ne sait qui a commencé à raconter. Mais on se passe la couverture et de jour en jour la couverture s'agrandit. Tout le monde peut venir se blottir en dessous, les vivants et les morts trouvent un endroit pour se réchauffer. C'est pour cela qu'il faut continuer à croire aux histoires et à les raconter. Parce que les morts vivent encore à travers les histoires. Avec les histoires, comme les brins de laine tressés, nous nous tenons la main. Avec les histoires, rien ne disparaît jamais.
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Cette nuit-là, dans son lit, la Petite comprend qu’un homme peut parfois étrangement ressembler à ces marionnettes aux mécanismes brisés. Il faut du temps. De la patience pour démêler les fils et en renouer certains. Et personne d’autre que des frères, des amis, ne peut faire cela. C’est pour ça que nous rugissons, pense la Petite en sombrant dans le sommeil. Parce que nous somme une famille, une tribu, une bande de bêtes sauvages faite pour l’amour et la guerre et les victoires et les défaites.
Et ce soir est un soir de victoire car Pipo est revenu parmi eux.
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Nous mettions en scène ce qui fait que l'homme est plus qu'un homme. Qu'il est à la fois un animal et un dieu. Capable de déclencher des tempêtes, de frémir devant une souris, de se faire respecter d'un fauve, de trembler au moment de sa naissance comme à celui de sa mort. Ce mystère qui fait de nous des êtres doués de haine et d'amour. (p.54)
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De longues minutes s’écoulent, cristallines, réchauffées par le soleil qui passe maintenant ses doigts blonds dans la chevelure de la futaie épaisse. La Petite sommeille sur le tapis de mousse où une limace rousse trace son sillon d’argent. Un mouvement imperceptible la ramène au pied du pin et la Petite voit le corps gracile du faon qui s’avance, lentement.
L’animal blond s’approche de la vigne, aux aguets. Son œil rond et noir et doux comme un raisin sauvage roule sur la clairière. Sous ses flancs, le petit tambour de son cœur palpite. Ses naseaux hument le sucre qui imprègne le matin et c’est un parfum si doux que l’animal en oublie toute prudence. Le faon déroule ses pattes graciles et s’approche de la vigne baignée d’une lumière jaune. L’animal tend son cou fin et saisit délicatement une grappe malgré les protestations des merles. La Petite sent alors l’odeur de son Père se répandre dans l’air. Une odeur âcre, sombre et violente. Peut-être la Petite a-t-elle bougé car le faon relève maintenant la tête. Ses yeux ourlés se posent sur elle. Et leurs regards se mêlent. Les mêmes yeux. Noirs et ronds. Insondables. La Petite hoche la tête, lentement. Un signe de paix. Puis elle ferme les yeux et la détonation fait voler en éclats noirs les merles apeurés.
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Dans les contes de fées, toujours, tout finissait toujours bien. Il fallait y croire, bien sûr, mais la vie était une histoire bien plus compliquée. Partout, des bêtes se tenaient à l'affût. Les plus terribles étaient celles tapies sous la peau de chaque homme, de chaque femme. Elles étaient terribles parce qu'on ne pouvait les nommer et que ce vide, cette absence de mots, permettait à nos peurs de modeler leurs traits.
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Vidéo de Stéphane Servant
Dans cet épisode, nous vous présentons des livres qui nous ont fait rire. Huit propositions de lectures pour différents âges : de l'humour, fin ou gras, des jeux de mots, de l'absurde, du comique de situation, de la satire sociales... Des livres que nous avons beaucoup aimés, auxquels nous repensons avec le sourire et que nous adorons mettre entre les mains des lecteurs. Une liste à garder précieusement, concoctée par nos libraires Laure, Rozenn, Nolwenn, Jérémy, Nicolas et Adeline !
Voici les livres cités dans cet épisode :
Un ours, un vrai, de Stéphane Servant et Laëtitia le Saux (éd. Didier Jeunesse) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23128786-un-ours-un-vrai-stephane-servant-didier-jeunesse ;
Horace. Tome 1, Cheval de l'Ouest, de Poirier (éd. Revival) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23359947-horace-tome-1-poirier--revival ;
Les Culs-reptiles, de Mahamat-Saleh Haroun (éd. Gallimard/Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22745328-les-culs-reptiles-mahamat-saleh-haroun-folio ;
Admirable, de Sophie Fontanel (éd. Seghers) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22540820-admirable-l-histoire-de-la-derniere-femme-ride--sophie-fontanel-seghers ;
Chroniques du Château faible, de Jean-Christophe Mazurie (éd. Fluide Glacial) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23032241-1-chroniques-du-chateau-faible-tome-01-jean-christophe-mazurie-fluide-glacial ;
Stella et l'Amérique, de Joseph Incardona (éd. Finitude) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23109474-stella-et-l-amerique-joseph-incardona-finitude ;
Le Rire des autres, d'Emma Tholozan (éd. Denoël) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23030426-le-rire-des-autres-emma-tholozan-denoel ;
Roman fleuve, de Philibert Humm (éd. des Équateurs/Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23286751-roman-fleuve-philibert-humm-folio.
Et quelques autres titres qui auraient pu faire partie de cette sélection de livres drôles :
Le Discours, de Fabrice Caro (éd. Gallimard/Folio) ;
Miracle à la tombe aux Aspics, d'Ante Tomi (éd. Libretto) ;
N'essayez jamais d'aider un kangourou !, de Kenneth Cook (éd. Autrement) ;
Je dénonce l'humanité, de Frigyes Karinthy (éd. Viviane Hamy) ;
Le Chien de madame Halberstadt, de Stéphane Carlier (éd. le Tripode) ;
Roulio fauche le poil, de Julia (éd. le Tripode) ;
La Vie est une corvée, de Salomé Lahoche (éd. Superexemplaire) ;
Idées noires, de Franquin (éd. Fluide Glacial) ;
#Les Mémés, de Sylvain Frécon (éd. Fluide Glacial).
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Les Éclaireurs de Dialogues, c'est le podcast de la librairie Dialogues, à Brest. Chaque mois, nous vous proposons deux nouveaux épisodes : une plongée dans le parcours d'un auteur ou d'une autrice au fil d'un entretien, de lectures et de plusieurs conseils de livres, et la présentation des derniers coups de coeur de nos libraires, dans tous les rayons : romans, polar, science-fiction, fantasy, BD, livres pour enfants et adolescents, essais de sciences humaines, récits de voyage…
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