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EAN : 9782823602975
276 pages
Editions de l'Olivier (06/02/2014)
3.52/5   56 notes
Résumé :
« Alors donc, au départ, il y a ça : la maison blanche simple et bourgeoise prêtée ou soldée, peu importe, et puis le reste, le fond : Antoine s’est jeté du pont de Normandie et elle ne sera jamais légère malgré ses quatorze ans et les champs de coquelicots rouges qui éclatent dans sa tête et l’écrasement du ciel délaissé, les vagues violentes des champs d’herbes sèches qui ondulent subitement, l’odeur de boucherie de ce mois de juillet vibrant. »

Ell... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Avis de tempête dans un verre d'eau sur l'île de Ré où une toute jeune fille passe des vacances en famille.
Entre narration et introspection, il ne se passe pas grand chose dans ce récit où s'étirent des journées d'été "normales, heureuses et vides à se taper la tête contre les murs " pendant un mois de juillet vibrant de chaleur et d'odeurs. C'est la grande vacance...
Emmanuelle Richard nous donne à lire la description d'un moment bien particulier de la vie de cette jeune fille qui ne sera jamais nommée et qui sera tout le long du roman "elle" ou "je ".
A quatorze ans elle se sent mal dans sa peau, un pied dans l'adolescence, l'autre encore dans l'enfance. Elle se sent tenaillée par la nostalgie d'avant, quand tout était si simple et si pur mais éprouve aussi une sensation d'urgence . Elle voudrait qu'il se passe enfin quelque chose pour se sentir vivante, pour ne pas rater sa vie. Parce qu'après il sera trop tard.... Mais elle ne sait pas quoi faire et même s'il faut faire quelque chose. Alors elle reste dans l'attente, traîne, se languit, rêve, fantasme, se morfond et s'interroge.
Complexée par son physique, elle n'ose pas allers vers les autres ni répondre aux sollicitations des garçons par peur de paraître une fille facile. Elle a honte aussi de modeste condition sociale de ses parents. Ceux ci d'ailleurs ne l'aident pas à traverser cette période délicate, bien au contraire. L'attitude ambiguë de la mère embrouille plutôt les idées de la jeune fille qui ne comprend pas ce qu'on attend d'elle...
Ce roman s'intitule la légèreté car la jeune fille croit savoir qu'elle ne sera jamais légère "parce que rien n'est sublime".
L'écriture de prime abord peut paraître déroutante avec sa syntaxe un peu aléatoire et le passage constant du "je" au "elle". C'est une écriture tantôt chaude, tantôt froide mais jamais tiède en parfaite adéquation avec l'état d'esprit de la narratrice
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Ce roman traite de l'adolescent, des sentiments qui parcourent une jeune fille à cet âge. Ce qui m'a déplut dans ce roman, c'est que notre adolescent n'a pas de nom. Peut-être est-ce un procédé pour faciliter l'appropriation de l'histoire de cette jeune fille, mais j'ai surtout ressorti un manque d'existence, de consistance et de dénaturation de l'individu.

Cette jeune fille va bientôt avoir quinze ans, va entrer en seconde. Ce livre, c'est le récit de ses vacances à l'Île de Ré avec sa famille, son père, sa mère et son petit frère. Ce n'est pas une ado épanouis. Elle est très maigre, peu de forme. Elle a un problème avec l'image que lui renvoi son corps (est-elle anorexique ??). Elle n'assume pas les changements physiologiques, comme la pousse de ses poils sur ses jambes, qu'elle considère comme « des araignées noires ».
Le but de ses vacances : coucher avec un garçon, n'importe lequel. Elle a un rapport à la sexualité complètement déformé, et un rapport avec les autres qui est complètement faussé. Elle s'enferme dans son univers, enviant les autres jeunes filles de son âge, mais n'arrive pas à passer le cap de la sociabilité.

Ce roman est assez creux, même si l'auteur essaye de donner un peu de profondeur avec des consi-dérations pseudo-sociologique, en évoquant Bourdieu, avec le capital culturel, économique, sociale de chaque individu. Ce roman est l'histoire d'une jeune fille mal dans sa peau, qui est torturé par des complexes qui sont un peu futile, et qui ne se sent pas à sa place, et se considère elle et les siens comme des beaufs au milieu de bourgeois.

Au début, le lecteur est tenu en haleine avec l'histoire d'Antoine, se camarade de classe qui s'est suicidé en sautant du pont de Normandie. Pourquoi a-t-il agit de la sorte, comment réagit notre protagoniste… Eh bien, elle en parle très peu, et ‘histoire n'a rien avoir avec Antoine.

Bref, même si l'écriture porte et pousse le lecteur à aller plus en avant le texte et l'histoire, je suis assez déçu de l'intrigue (quelle intrigue !) et de la chute du roman. J'ai un peu eu l'impression, en refermant la dernière page du livre, d'avoir perdu mon temps.
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La légèreté

En finir avec Emmanuelle Richard serait une sorte de contrepoint au livre d'Edouard Louis, mais les milieux familiaux ne sont pas comparables et les objectifs de l'héroïne non plus. A Quatorze ans et demi elle veut « faire l'amour » ou mieux « le faire » pour ne pas dire tout simplement baiser, avec n'importe qui du moment qu'il possède les outils nécessaires. En vacances sur l'île de Ré, tout en trouvant ses parents ringards et décidément trop pauvres dans leur maison en location, elle rêve malgré tout de participer au concours de "tétons durs" du camping voisin.

Baisera? tapez 1. Baisera pas? Tapez 2. (sélection par tirage au sort, coût 1.34€ l'appel et 0.34€ la minute)

Rien de grave. Rien à dire de plus de ce livre qui dit-on (chez Elle ou Aujourd'hui le Parisien) est très prometteur. Effectivement il l'est puisque il est si mince qu'une brise pourrait tourner les pages à votre place et si léger qu'on l'oublie jusqu'à son titre bien inspiré.
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On n'arrive même pas à se rappeler si elle a un nom ou pas. En fait, cela ne servirait à rien. « Elle » a quatorze ans et demi et ressemble à toutes ces ados mal dans leur peau, convaincues d'être moches, trop grosses (Ah ! La dictature du mètre-ruban autour de la taille!), avec des jambes-allumettes qui font rigoler les garçons, ceux-là même qu'elle voudrait bien fréquenter, juste pour s'intégrer dans un groupe qui parle haut et s'esclaffe. Même sa mère la descend d'une phrase quand elle ne la traite pas carrément de pute parce qu'elle tortille du fessier en marchant !

Cette même mère qui la pousse à aller vers les garçons sur la plage puis, avec le père qui en blêmit de honte, qui la rabroue parce qu'elle le fait. C'est qu'on doit savoir se tenir sur ces plages pour riches de l'Île de Ré où on fait semblant d'être au niveau, restaurant à l'économie (pas de dessert, merci, on n'a plus faim), location juste un peu au-dessus de ses moyens. Être désargenté mais faire comme si. Se sentir moche et intimidée mais faire comme si. « Elle » est toujours en décalage, ni intégrée dans un groupe ni contente d'être seule malgré son choix réitéré de passer ses après-midi seule, sans le petit frère qu'elle adore et loin de parents qui ne la comprennent pas.

Encore une variation sur le thème « Personne ne m'aime » ?.Oui, mais avec une omniprésence de ce corps qui se sent grandir et cherche l'émoi, avec ce coeur qui voudrait bien dédaigner mais qui est affamé, et dans un style, tantôt journal intime, tantôt narration, qui, s'il est bien éloigné de l'expression probable d'une ado, est riche, soigné, vivant, imagé et sensible et procure du plaisir au lecteur.

Au final, un premier roman rafraîchissant même si le thème, un peu « ciblé », n'intéresse que moyennement.
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Elle a quatorze ans presque quinze, et les vacances sur l'île de Ré avec ses parents et son petit frère s'annoncent déjà d'un ennui profond. Plutôt que cette maison qu'ils ont du mal à payer, elle aurait préféré aller au camping, au milieu d'autres adolescents. Car cet été, il faut qu'il se passe quelque chose... Mal dans son corps changeant mais trop maigre encore, elle pense au sexe même si elle n'a encore jamais embrassé de garçons. Mal dans sa vie aussi, car elle estime ses parents bofs et pauvres malgré leur aspiration à une vie bourgeoise. Elle a honte d'eux et honte d'en avoir honte. Seul son petit frère, complice de jeu et de rire, la relie encore à cet univers qu'elle cherche à fuir.

Un été, presque rien ne se passe et pourtant tout est dit de l'adolescence. Ou plutôt d'un moment précis de l'adolescence, ce moment juste avant d'avoir trouvé l'aisance et l'arrogance de la jeunesse, ce moment juste au sortir de l'enfance.

L'envie, les questionnements, la solitude l'obsèdent, l'étouffent. Elle voudrait faire partie de ses bandes de jeunes riants, beaux et bronzés qui passent leur été à flirter et à nager mais elle n'a pas les codes, le physique, l'origine social. Elle est cruellement consciente du côté "prolo" qui lui colle à la peau.

Les errances de cette tout jeune fille résonnent avec justesse et nous plongent dans des tourments oubliés depuis longtemps... Cette plongée dans la langueur adolescente comporte tout de même quelques longueurs, mais c'est propre aussi à l'ennui adolescent (plus assez petit pour se distraire avec des jeux, pas encore assez grand pour mener sa propre vie et suivre ses envies...).

J'ai terminé ce livre pleine de nostalgie, et en même temps heureuse de ne plus être plongée dans tous ces émotions si envahissantes et incontrôlables.

Un extrait m'a beaucoup amusée car j'ai fait la même scène à ma famille à 14 ans, en même temps j'espérais croiser mon flirt de l'été et ils se promenaient en cape de pluie en plein Saint Jean de Luz ! La honte ! Je me souviens parfaitement de marcher devant d'un pas rapide, trempée dans mon sweat à capuche en coton, pour être sûre de ne pas être assimilée à ces clowns en plastique (dont je fais partie maintenant, je l'avoue ;-)) : "Elle contrôle sa vitesse, se retourne pour voir si personne ne vient derrière avant de jeter un coup d'oeil devant. Il ne faut être ni trop loin ni trop près, il ne faut pas qu'on les confonde elle et eux, tout en laissant penser malgré tout qu'il s'agit d'une famille - sinon ils demandent, Pourquoi tu ne veux pas marcher avec nous."

Une lecture qui touche au coeur de l'adolescent en proie au doute, à la solitude et au désir que nous avons, pour certains, été.


Céline
Lien : http://enlivrezvous.typepad...
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critiques presse (1)
Liberation
03 mars 2014
L’écriture enregistre cette sensibilité : le roman est une exploration stylistique réussie à partir de la scène intérieure d’une adolescente.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Quand elle était petite, elle ne pensait pas à son corps. Il n'existait tout simplement pas. Quand elle était petite, il était là, efficace et suffisant, huilé et confortable, et ça roulait, tout roulait, il n'y avait pas besoin d'y penser ou de réfléchir à ce que l'on portait, de se surveiller et de se regarder faire, de s'observer et de contrôler son image en permanence. Elle était un tout et non pas une dissociation, pas encore une séparation consommée de son esprit avec son corps, l'un passant son temps à scruter l'autre pour le juger. ..... Avant c'était avant. Tout à coup elle a un corps qui ne fait plus un avec ce qu'il y a dans sa tête, un corps dont elle a conscience et qui ne la représente plus, un corps encombré dont tout le monde se met à parler et que tout le monde se permet de jauger, d'évaluer, mesurer et elle ne peut rien y faire, il est là et elle doit se mouvoir avec ça, avec tout ce qu'on en dit et qui ne lui plaît pas.
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Elle, la professeure, avait choisi un texte différent des autres fois. Elle avait pris une voix haute et belle et basse, vibrante, que les élèves ne lui connaissaient pas. Une mer lointaine s'était dessinée et une vedette était passée dessus. C'est là qu'elle avait "entendu" cette vedette trouer le silence de la mer dans la tension d'un cours de piano, immobile et flottant, ouvert sur une baie de l'autre bout du monde. La fin d'après-midi de leur journée de juin, pas encore l'été, s'était mêlée à l'éclatement du soir du texte. Elle avait pu "voir" les mains de l'enfant de ce cours de piano, avec cette expression de fleur, incroyable et folle, pour les qualifier. Il s'était passé quelque chose de physique qui lui avait donné envie de pleurer. Elle était sortie de cours. Elle avait cherché quelqu'un à qui parler mais il n'y avait personne. Elle avait cherché, quelqu'un, peut-être, dans le collège, dans la cour, dans la rue, mais il n'y avait personne. Personne alentour, personne dans la ville, personne dans aucune de toutes les vies à venir.
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Je sais tout si tu savais, si tu savais comme je sais tout ce que je sais avant même de l'avoir vécu, j'ai douze ans mais bientôt j'en aurai quinze, et puis vingt, et vingt-cinq, j'ai vingt-cinq ans et je suis une femme seule dans un bar et j'attends ; j'ai trente ans et je suis belle et je porte des talons malgré ma promesse juré-craché de ne jamais le faire ; j'en ai quarante et je saute de train en train pour aller retrouver mon amant, puis cinquante, avec les yeux pochés d'avoir trop aimé, je n'ai jamais été si belle, et bientôt c'est la fin.
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Elle pense au temps rêvé, haï, lointain, en même temps qu'attendu, où elle se trahira. Où elle sera une femme qui n'aura plus l'horreur des robes et qui ne sera plus soumise à aucune autre autorité que la sienne, qui disposera librement de son corps. Et celui encore plus lointain où elle n'aura plus l'angoisse de plaire, la délivrance, cet âge où la beauté n'aura plus aucune importance. Elle aimerait déjà être une vieille femme sortie du jeu pour qui l'angoisse de plaire et l’inquiétude du corps ne signifient plus rien, une femme qui aura cessé de se voir au travers du regard des hommes. Elle voudrait être délivrée (p. 264).
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Je me demande si c'est ainsi que sera ma vie, une succession de tentatives ratées pour aller vers les autres, une ribambelle d'échecs se tenant par la main, pareils aux bonshommes en papier crépon de toutes les fêtes d'école du monde et des kermesses de la terre, sera-ce ainsi que je passerai ma vie, à me traîner péniblement, opiniâtrement, inlassablement, comme un bousier tenace, dans des lueurs troubles de bar, auprès de garçons et de filles qui ne me remarqueront jamais sans calcul donc sans dignité, jusqu'à ce que je me lasse, que je me taise et m'assèche définitivement, pour enfin rester seule, vieille et décatie avec mes chats que j'aurai choisis nus dans un souci égalitaire d'empathie généralisée - ils sont laids et alors ? -, le même genre de sentiments qui poussent certaines personnes à adopter des furets orphelins puants.
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Videos de Emmanuelle Richard (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Emmanuelle Richard
Un texte collectif dirigé par Charlotte Pudlowski avec Emma Becker, Marina Rollman, Joy Majdalani, Wendy Delorme, Laurine Thizy, Emmanuelle Richard
Éditions de l'Iconoclaste | septembre 2023
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