« le repérage des conflits n'est évidemment pas une opération neutre, il est en lui même un enjeu de luttes » « …la manière de construire, de reconnaitre et de caractériser un conflit collectif ne va pas de soi, mais relève d'un jugement subjectif situé socialement et temporellement. »
L'objectif des auteur-e-s est double : « Il s'agit, d'une part, de soumettre les idées reçues, véhiculées par les discours médiatiques et politiques, à un examen critique, pour accéder à une connaissance plus précise de la conflictualité au travail et de son évolution. Il s'agit, d'autre part, de montrer son importance pour la compréhension des rapports de domination et des résistances qui traversent les mondes du travail. »
Un double travail est nécessaire : appréhender l'intensité des pratiques conflictuelles, leurs localisations, leurs formes et leurs dynamiques, croiser et contextualiser les représentations pour étudier les formes contemporaines, dans un moment historique précis, de la contestation au travail.
L'ouvrage se divise en quatre chapitres « Des conflits en baisse ? », « Continuité des luttes ? Un paysage moins bouleversé qu'il n'y paraît », « du retrait individuel à l'action collective : des frontières poreuses » et « Conflits et négociations : des réalités imbriquées ».
Les auteur-e-s remettent en cause l'image médiatique (valorisation de la grève et oubli des autres formes de protestations, comme les pétitions et les manifestations) d'une baisse des conflits. « Cette déperdition se révèle particulièrement discriminante à l'égard des petits établissements et des conflits courts. » Elles et ils prennent en compte « les formes plus souterraines, moins visibles et plus individuelles que traduisent l'absentéisme ou les refus d'heures supplémentaires. »
En conclusion, tout en soulignant que « Cette hausse de la conflictualité rompt enfin avec les visions pacifiées du monde du travail tant elle rappelle que les antagonismes sociaux sont loin de disparaître sous l'effet conjugué des restructurations sectorielles et de la transformation des modalités des gestion de la main d'oeuvre. Au contraire, les conflits s'imposent comme une dimension toujours structurante des rapports productifs », les auteur-e-s invitent à modifier le regard sociologique pour saisir les conflits du travail comme des mobilisations collectives et se déprendre du discours dominant sur l'état des relations professionnelles.
Je souligne néanmoins une autre dimension. Si « La perception commune de l'activité protestataire et revendicatrice des salariés dépend, en effet, de représentations politiques et médiatiques qui en biaisent l'analyse », l'oubli des rapports sociaux de sexe (genre) empêche de saisir la totalité et la complexité du champ étudié.
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Cette hausse de la conflictualité rompt enfin avec les visions pacifiées du monde du travail tant elle rappelle que les antagonismes sociaux sont loin de disparaître sous l’effet conjugué des restructurations sectorielles et de la transformation des modalités des gestion de la main d’œuvre. Au contraire, les conflits s’imposent comme une dimension toujours structurante des rapports productifs
Il s’agit, d’une part, de soumettre les idées reçues, véhiculées par les discours médiatiques et politiques, à un examen critique, pour accéder à une connaissance plus précise de la conflictualité au travail et de son évolution. Il s’agit, d’autre part, de montrer son importance pour la compréhension des rapports de domination et des résistances qui traversent les mondes du travail.
La perception commune de l’activité protestataire et revendicatrice des salariés dépend, en effet, de représentations politiques et médiatiques qui en biaisent l’analyse
Le repérage des conflits n’est évidemment pas une opération neutre, il est en lui même un enjeu de luttes
la manière de construire, de reconnaitre et de caractériser un conflit collectif ne va pas de soi, mais relève d’un jugement subjectif situé socialement et temporellement