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EAN : 9782707194312
1300 pages
La Découverte (28/09/2017)
4/5   6 notes
Résumé :
Après la révolution de 1917, le nouveau pouvoir soviétique s’engagea résolument dans la destruction de l’ancien monde et dans la construction du socialisme. Dans le même temps, il construisit à Moscou sa propre maison, sur le site d’un ancien marécage, près de la Moskova. Cet ensemble de 505 appartements équipés, modèle d’« organisation communiste de la vie quotidienne », offrait aux hauts représentants du pouvoir bolchevique ainsi qu’à leur famille tous les service... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un beau pavé qui m'aura occupé une grande partie du mois de septembre.

Le récit d'un historien qui commence son propos par « ce livre est un travail d'historien. Toute ressemblance avec des personnages de fiction, morts ou vivants, est une pure coïncidence ». Je trouve que cela annonce un programme très prometteur ! 

Yuri Slezkine retrace l'histoire de la révolution russe à travers un angle qui pourrait sembler contraire à l'idée même du socialisme soviétique : celui d'une secte millénariste.

Oui, comparer les grands mouvements des sectes religieuses avec ce mouvement fondé sur la rationalité et l'athéisme.

Cet angle d'analyse offre des réflexions très intéressantes, même si parfois trop denses pour moi. 

L'histoire se concentre, également, sur la Maison du Gouvernement, ensemble de logements de fonction pour les dirigeants bolcheviques, et ses occupants. 

L'historien offre une vision très intime de la révolution russe grâce à des extraits de journaux intimes, des photos de l'intelligentsia au pouvoir. Ainsi, même si parfois la multitude des noms est confondante, il en ressort des passages poignants, attendrissants ou terribles. 

On découvre des jeunes idéalistes, exilés par le régime tsariste, sympathiques et qui deviendront une fois au pouvoir des hommes capables de défendre le pire au nom de la révolution prolétaire. 

L'on évoque l'architecture, la religion, l'école, la littérature et le théâtre sans oublier la scolarité. L'impression se renforce, au fil des pages, de vivre avec les habitants de cette maison qui se souhaitait éternelle. 

Un livre complet, qui n'échappe pas à quelques longueurs, mais que je suis ravie d'avoir pu découvrir et qui permet une meilleure compréhension de la révolution russe.
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J'ai choisi de lire trois livres pour mieux comprendre l'histoire de la Russie, et de Moscou en particulier, pendant ce siècle.
Le premier de ces ouvrages est l'imposant mais passionnant « La Maison Eternelle (The House of Government) » de Yuri Slezkine, un universitaire californien né en Union Soviétique. Son sujet est l'immense bâtiment qu'on a appelé « la Maison du Gouvernement » ou « la Maison du Quai » et qui fut construite sur l'île de la Moskova pour abriter les membres de la nouvelle nomenklatura et leurs familles. En effet, avec la Révolution, la capitale fut déplacée de Saint-Pétersbourg à Moscou et l'espace manquait pour rassembler les cadres dans un logement proche du Kremlin. Pendant l'édification de ce mastodonte d'architecture constructiviste, l'élite soviétique vivait dans plusieurs hôtels nationalisés comme le Metropol.
Le livre de Slezkine est à mi-chemin entre le roman et le livre d'histoire. Certains commentateurs l'ont qualifié de « Guerre et Paix » de l'Union Soviétique. A la différence de l'épopée de Tolstoï cependant, on ne suit pas les soubresauts de l'histoire à travers quelques personnages, mais bien en s'immergeant dans les vies, privées et publiques, d'une multitude d'habitants de l'immeuble dont Slezkine a rassemblé la correspondance, les témoignages ou les publications et dont il inclut de larges extraits. Comme dans de nombreux romans russes, le lecteur a un peu de mal avec la succession des patronymes mais cela a très peu d'importance car le propos de l'auteur est de brosser, à travers de multiples portraits, le destin de deux générations. On découvre la première génération, ceux qui ont forgé la Révolution de leurs mains ou de leur esprit, qui ont connu la prison ou l'exil sous le régime du Tsar, période durant laquelle est née une profonde camaraderie. On se marie d'ailleurs souvent entre camarades. En quelques mois, les leaders bolcheviques prennent le pouvoir et distribuent les leviers politiques, économiques et culturels parmi les fidèles de la première heure.
Alors qu'il apparaît peu à peu que la complète réalisation du rêve communiste ne pourra pas s'obtenir immédiatement, les enfants naissent et grandissent et certains doutes apparaissent. Tous les mariages entre camarades ne tiennent pas, mais peu importe, car le mariage n'est-il pas une institution bourgeoise et « philistine ». La famine fait rage dans les campagnes, mais la nouvelle élite n'hésite pas à réclamer l'accès aux datchas d'état, aux cures en Crimée et à leurs quotas de caviar.
Les purges staliniennes de la fin des années 30 secoueront tout ce beau monde, comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Plus d'un tiers de la population de l'immeuble sera touchée par les purges, les accusateurs et les bourreaux d'aujourd'hui prenant vite place sur les bancs des accusés le lendemain. Les coups frappés sur la porte des appartements la nuit ne peuvent signifier qu'une chose : exécutions pour la plupart des hommes, exil pour de nombreuses épouses, placement dans la famille proche ou en institution d'état pour les enfants. Une seconde génération qui n'avait peut-être plus la fièvre révolutionnaire de ses aînés, ayant grandi dans un cocon confortable et pétri de littérature classique, mais qui aura bientôt l'occasion de montrer sa valeur et sa bravoure lors de la Grande Guerre Patriotique qui éclatera en 1941 avec l'Allemagne nazie.

Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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La Maison éternelle Une saga de la révolution russe Yuri Slezkine La Découverte septembre 2017
Drôle d'ouvrage que ce livre. Beaucoup de pages. Beaucoup d'histoires de vie mais finalement mises bout à bout l'histoire de la Révolution Russe de 1917 à 1960 à travers la construction d'un immeuble d'habitations, d'appartements pour les « Hauts » dirigeants russes, les « Vieux Bolcheviks », bâtiment construit sur d'anciens marécages à Moscou. Et plus que des lieux de vie, le communiste s'intéresse à travers cette construction au rapport homme-femme, entre générations, entre parents et enfants…Faut-il vivre en couple ? Faut-il que les enfants soient elevés par leurs parents ? Et puis, l'explication des purges, de la collectivisation…Des vies massacrées. Des arrestations pour que triomphe la Révolution ou plutôt l'idéologie Salienne. Un livre qui se lit un peu comme un roman, une histoire du début de la Révolution à la fin de Staline. J'avoue avoir été passionné même si parfois l'auteur se perd dans des détails et des commentaires parfois inutiles. A lire pour les passionnés d'histoire et de la Russie.
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La présentation des bolchéviques comme secte millénariste est tout à fait pertinente, de même la comparaison avec d'autres sectes sui ont réussi ou non. Au travers de portraits de personnalités et d'acteurs du régime, c'est toute l'histoire de la plus grande escroquerie intellectuelle et criminelle de l'histoire qui est revisitée.
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Illustration de l'épopée tragique du système stalinien.
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critiques presse (2)
LaViedesIdees
14 septembre 2018
Une épopée de la révolution russe dont les personnages principaux sont les habitants de la Maison du gouvernement à Moscou, telle est la somme passionnante que nous donne à lire l’historien américain Yuri Slezkine. Sa conception du socialisme comme un millénarisme reste toutefois très discutable.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
NonFiction
11 décembre 2017
L'histoire d'un groupe de dirigeants bolcheviques sous le Stalinisme écrite à partir de nombreux documents personnels.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les bolcheviks avaient toujours été doués pour le travail "technique" et administratif. La raison d'être du Parti était "de combattre l'ennemi et de pas tomber dans le marécage d'à côté" ; il se définissait comme "une organisation de combat, pas un club de discussion", et son principe organisationnel était le "centralisme démocratique", pas la démocratie centralisée. A la veille du Grand Jour et sous la supervision de Sverdlov, les bolcheviks redoublèrent d'efforts.
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L’histoire des enfants de la Révolution ne se termine ni par une auto-immolation ni par une exécution. Elle se termine comme L’oiseau bleu, de Maeterlinck, qu’ils avaient vu au Théâtre d’art de Moscou quand ils étaient petits, comme Faust et Guerre et Paix, avec lesquels leurs parents aveugles les avaient élevés, comme le Maître et la marguerite de Boulgakov, don ils avaient fait « leur » Faust. Ce qui était un marécage pour son père était pour Trifonov la vie elle-même, la seule qu’il ait. Et ce qui était, pour le père, celle vers laquelle il ne cessait de revenir. Pour Trifonov, quel fût le temps et quel fût le lieu, sa maison serait toujours la Maison du quai, parce que la rivière continue de couler, et que les exilés de l’enfance continuent d’être emportés ou de nager contre le courant, battant l’eau d leurs mains, jour après jour, année après année.
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