Dire que je n'attendais vraiment rien de «
La maison inachevée » serait un euphémisme. Trouvé en boîte à livres, la mention du magazine « Nous Deux », le truc de romans-photos ultra kitschouille, ne jouait pas en sa faveur. ET POURTANT. Qui eût cru que ce petit machin serait une de mes meilleures lectures depuis le début de l'année et frôlerait de peu le coup de coeur ?
D'autant que les drames, ce n'est pas franchement ma came d'habitude. Et ici, il ne s'agit pas d'un prétexte pour lancer la romance : le véritable sujet du livre, c'est bel et bien le deuil. La douleur de la perte, puis de la trahison, l'incompréhension, la colère, le doute, la perte de repères, la lente reconstruction. Ça parle de visite à la morgue, d'enterrement, d'expliquer la mort à un gamin de dix ans, de sauver la face devant lui quand tout s'écroule à l'intérieur de soi. le lien mère-fils de Nadia et Romain est fantastique, avec un amour qui se heurte aux secrets de la première et au désir d'émancipation du second. «
La maison inachevée » n'est pas une lecture joyeuse, clairement, mais un excellent livre qui, en mettant les deux pieds dans des sujets rarement abordés, ne rend son histoire et son héroïne que plus réalistes. Et c'est ce qui fait que ça marche.
Du moins jusqu'à un certain point. L'ébauche de romance manque de saveur, peut-être parce qu'au début, Nadia n'a vraiment pas la tête à ça, mais on peine à ressentir l'attirance qu'elle vient à éprouver pour Marc. Quant à son cheminement envers « l'autre femme », il est plutôt réussi, mais la façon abrupte dont la situation se résout tout à coup manque un peu de crédibilité. de quoi ternir légèrement une histoire jusque-là sans fausse note.
Ceci dit, «
La maison inachevée » demeure un très bon bouquin, bien meilleur, par exemple, que « La fille du marchand de saphirs » qui exploite les mêmes thèmes. On sent clairement que l'autrice a tout donné et cette histoire aurait mérité de figurer sur les étagères des libraires, pas de paraître sous la forme d'un supplément gratuit d'un magazine à la réputation peu flatteuse...