La maison que Pierre a bâtie

Il n'est pas toujours coutume de prendre le temps de célébrer ici le caractère patrimonial de la Littérature Jeunesse Française sur ces espace de Chroniques.

L'édition est vive, nombreuse.

Votre Loup à Lunettes, votre obligé, privilégie particulièrement les Nouveautés, les réassorts me sautent dans les mains, il est vrai.

Mais parfois, je vous en conjure de me croire tant le plaisir est là, je coule et écrase une petite larme émue, avec cette pensée tournée vers ceux et celles par qui tout a commencé et fleuri.

Merci du bouquet.



Des incontournables de la petite histoire, des audacieux de l'illustration, on note en vrac les albums du Père Castor, l'inoubliable Benjamin Rabier, les sauvages éditions Harlin Quist, pour ne citer qu'eux.

Je renvoie joyeusement vers ce lien de l'auteur de l'Abécédaire illustré de la Littérature Jeunesse, Jean-Paul Gourévitch.

https://www.herodote.net/La_litterature_jeunesse-synthese-2335.php



Il ne faut pas renier ces auteurs, ces visionnaires.

Je ne crache jamais dans la soupe, la soupe, c'est bon et ça fait grandir.

D'ailleurs, sur ce blog, il y a bien eu tout de même les sympathiques rééditions de chez Circonflexe, dans la collection « Aux couleurs de l'Europe ", avec bon nombre du patrimoine de la Littérature Jeunesse anglaise.



Il est si important d'en revenir de temps en temps aux origines, de plonger dans le travail des racines, la fantaisie des pionniers du genre qui ont tant oeuvré pour que les enfants soient considérés comme une personne par une lecture qui leur ressemble.



Un petit clin d'oeil qui est tombé de l'arbre et dont j'ai ramassé le fruit.

"La maison que Pierre a bâtie..." de Sara Cone Bryant.

Les éditions Memo font aussi dans la réédition patrimoniale.

La première édition date de 1946 chez Nathan.



Le papier épais et l'illustration surannée offrira un voyage dans le temps pour petits et grands (les parents ne pourront s'empêcher d'y revoir le style des ouvrages scolaires d'antan, ceux avec des histoires dedans).


Dans le pédagogique, il y avait de l'humour même avant (dans la littérature jeunesse, j'entends).

L'écriture est énorme et mange la page.

L'écriture dite en attachée, dame cursive, donne le LA pour reproduire la belle écriture et permettre aussi de bien lire (au travail! Et oui..).



(Récréation!)

Il va y avoir un jeu texte et image (ils étaient malins) et plus il y aura de personnages dans le fil d'histoire, plus le texte va se charger et diminuer de police.

Les enfants se sentiront-ils capable d'aller au bout de la phrase qui va devenir un serpentin de mots interminables?

Un élément récréatif bien vu et hilarant.

(Prenez votre souffle et tentez votre chance).



Nous sommes sur de la bonne histoire Randonnée.

Qu'est-ce que j'aime ça, nom d'un Loup myope!



Pas de monotonie dans la présentation, le texte alterne entre bleu et orange, cela rythme l'air de rien.

Et il s'en passe des choses dans cette histoire de maison que Pierre a bâtie.

Cela semble un fait tout banal et ordinaire et pourtant, tout le monde s'en mêle, le chien, le chat, le rat, la fermière, un brigand, un bon monsieur et un coq.

Et puis, hop! Demain est un autre jour et cocorico!

Et dire que tout cela est parti d'un rat gourmand.



Un conte très classique que l'on aura plaisir à reprendre à l'oral et dont je suis sûr, n'aura pas pris une ride sur son puissant pouvoir humoristique auprès des tout-petits.

Chez MeMo, ils aiment les beaux papiers, les vieilles histoires qui ne prennent pas tellement de rides, qui se transmettent, les histoires qui semblent venir de très loin, d'il y a bien longtemps, celles que l'on a oubliées, ou que l'on ne se souvient plus très bien, surtout celles-là finalement, pour pouvoir nous les faire découvrir à nouveau, et susciter peut-être le même émerveillement qu'à l'époque. Ils ont ainsi réédité les albums de Maurice Sendak, des contes classiques dans leur jus, et des histoires d'antan qui raviront les amateurs de vintage.

La maison que Pierre a bâtie est tirée d'une chansonnette populaire britannique The house that Jack built, que l'on connaît davantage en France sous la forme d'un conte de randonnée avec ses multiples accumulations de personnages reliés entre-eux par des actions, avec le petit côté cruel et impertinent typique des contes traditionnels.

Cette version-ci nous vient des Etats-Unis du début du 20eme siècle, lorsque la pédagogue et conteuse Sarah Cone Bryant choisit de donner des clés aux éducateurs en publiant un livre rempli de conseils et de textes à lire aux enfants. Les éditions Nathan ont ensuite édité plusieurs extraits de son livre sous forme d'albums pour la jeunesse, dont celui-ci, édité en France pour la première fois en 1946.

C'est un album très riche, à lire, scander ou chantonner, avec des jeux de langages, de sons, de mémoire, au fil de cette farandole populaire qui se met en place. Les illustrations de Simone Ohl, d'époque également, sont très vives, les couleurs sont chatoyantes même, dans un dessin qui se concentre sur l'action. La typographie du texte fait partie intégrante de l'album également, avec une écriture très ronde, enfantine, qui prend d'abord ses aises avant de rétrécir à mesure de l'accumulation.

A partager dès 1 an ou 2 ans pour les jeux de sonorités, jusqu'à 5-6 ans pour le conte en lui-même, et bien plus tard pour la beauté de l'objet.
Lien : http://casentlebook.fr/maiso..

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