La malédiction de Jacinta

Pepino, un jeune homme à la dérive, veut revivre la gloire qu'il a connue lorsqu'il était acteur dans une télénovela argentine mythique.
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Obsession de la réussite, peur de la médiocrité et de l'oubli… La Malédiction de Jacinta, un roman sur la gloire aussi éblouissante qu'éphémère qui renvoie directement à la télé-réalité et aux ravages psychologiques qu'elle peut entraîner. Mais pas seulement. La télénovela en Argentine est un puissant outil de propagande ou de soft power pour diriger la population et influer sur la culture des pays récepteurs. Santa Cruz, le scénariste de Señorita Maestra, est pour Pepino ce que la télénovela est pour le peuple : un gourou de la « bonne conduite »... et un sésame pour assurer à la famille des acteurs une manne financière.

La Malédiction de Jacinta est habité de personnages hétéroclites, fragiles et sombres, souvent privés de leur libre-arbitre, qui d'un instant à l'autre semblent prêts à basculer. La force de ce roman, c'est que tout semble possible, et ce sont toutes ces possibilités qui fascinent et tiennent en haleine. Impossible de trop en dire, mais ce roman est plein de choses étonnantes et troublantes. Les non-dits laissent des zones d'ombre, et tout comme dans la « vraie vie », les questions n'ont pas toujours de réponses et tout n'est pas élucidé au moment où on referme le livre, mais l'universalité et la puissance de la gloire donnent à l'histoire sa postérité.

À l'image de l'oeuvre de Lucía Puenzo, ce roman est surprenant et dérangeant, voire malsain, mais intense et spécial. le talent de cette auteur est de capter une histoire vraie, un fait divers, pour en faire une histoire intense, presque incroyable, où la part d'irrationalité est fascinante.

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Ce livre a été inspiré d'une excellente série TV argentine qui a connu un énorme succès dans toute l'Amérique Latine. Un succès qui a perduré à travers les ans puisque 3 générations d'acteurs ont animé la même série entre 1966 et 1985, au total quelques 199 épisodes.

Un film a été tourné en 1977 avec la troisième génération d'acteurs; il est visible en entier sur Youtube sous le titre de Jacinta Pichimahuida se enamora; c'est un très joli film.

Ce livre m'a intéressé parce le sujet est très actuel avec l'histoire d'enfants véritablement exploités et déboussolés par des parents qui recherchent l'appât du gain ou une notoriété. Ces enfants se retrouvent promus followers, influencers à la recherche effrénée de likes, coupés de toute réalité. On a pu lire récemment Delphine de Vigan et son livre Les enfants sont rois; on pourrait dire alors que Lucia Puenzo a fait de véritable pionnière sur le sujet.

Le livre concerne donc la troisième génération d'acteurs qui avait eu un succès d'audience colossal. Très étrangement l'actrice qui jouait le rôle de la maitresse, ainsi que plusieurs enfants devenus adultes, ont connu une fin violente, comme une malédiction.
L'histoire concerne une classe de primaire en Argentine avec une riche interphase entre la maitresse et plusieurs écoliers. Quelques enfants de cette classe vont intégrer la série TV où nous croiserons Pepino et sa mère. La mère de Pepino fera l'impossible (et le pas correct) pour intégrer Pepino dans la série. Tout ce qu'elle aura, ce sera un rôle obscur de bègue, rôle que tous auront oublié rapidement.

Cette aventure va bousiller le destin de Pepino, lequel, 20 ans après on peut dire qu'il a raté sa vie, il végète en faisant la statue humaine sur une place pour quelques sous. Il va croiser Twiggy, une autre paumée, junkie, avec laquelle il va vivre une liaison la plus proche de certaine affection, mais dans des conditions matérielles désastreuses. Twiggy rêve de partir en Allemagne et pour faire de l'argent au plus vite, elle travaille dans des films porno. Pepino a croisé d'autres acteurs qui ont aussi raté leur vie et presque personne ne se souvient du rôle de bègue si difficilement obtenu par Pepino.
Voici un roman qui baigne dans un cynisme noir et réaliste, avec un texte agile et émouvant. le travail de la romancière est vraiment excellent.

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