Quiconque regarde une sculpture en biscuit de porcelaine de Sèvres ne réalise pas la multitude des opérations nécessaires avant d'en arriver à ce stade. Petit à petit s’est mise en place dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle une chaîne opératoire spécifique, aujourd’hui bien rodée, mais il n’en a pas toujours été ainsi. Dans les années 1750, au cœur de la forteresse de Vincennes, les céramistes s’essayaient à donner toutes les formes possibles à la porcelaine : pièces de services mais aussi sculptures. […] Tout nouvel exemplaire devait à nouveau être modelé. L’augmentation de la production amena tout naturellement les sculpteurs à progressivement utiliser le procédé du moulage pour reproduire en nombre les modèles de manière plus régulière.
La circulation des hommes, des œuvres et des idées dans l’Europe des Lumières contribua largement au rayonnement de la Manufacture royale de Sèvres et les nombreuses imitations et reprises plus ou moins fidèles ou maladroites que l’on vit fleurir témoignent du succès d’une entreprise dont l’un des buts était de montrer au monde le savoir-faire et le raffinement du goût français.
La Manufacture de Sèvres a toujours su adapter les techniques pour obtenir une production de qualité, malgré les multiples et complexes opérations de reproduction successives, nécessaires pour passer du modèle original de l’artiste à l’édition en porcelaine. L’alliance de la technicité, de la tradition et de la modernité reste un défi toujours d’actualité.