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EAN : 9782330072643
181 pages
Actes Sud (04/01/2017)
3.4/5   31 notes
Résumé :
Bernard a appris au cours de sa vie l'art si singulier de la taxidermie. Réinventer la vie, le mouvement, l'harmonie, sauvegarder l'apparence, la mémoire d'une créature aimée, en refuser la perte et effacer l'absence, mais ce n'est pas tout. Qu'avait-il trouvé dans ce métier si rare qui l'ait tant consolé, voire réenchanté ? Sur le point de quitter ce monde, Bernard va choisir une fois encore d'en maîtriser la scénographie.
Un roman qui aborde l'identité sou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Deux soirées à dévorer littéralement ce roman captivant et bouleversant, car il narre de façon originale des thèmes et questionnements universels: d'où l'on vient ? Nos origines ? l'Histoire d'une lignée ? d'une terre de naissance ou d'élection ?

La nécessité parfois de ne pas tout dire... pour survivre et "reconstruire"; le thème de la filiation prend dans cette narration une ampleur rare. Autour d'une figure paternelle, taiseuse et omniprésente, Bernard, taxidermiste de profession, a découvert cette passion par hasard, et assez tardivement, mais lui a permis de gérer ses parts d'ombre

"C'est là, entre montagnes et plaine, que Bernard découvrit sa vocation. le paysan qui l'accueillait pratiquait la taxidermie. (...)
L'artisan conférait à ces formes vides et plates un volume qui ramenait l'animal du côté des vivants. le mouvement qu'il imprimait aux membres était une magnifique supercherie, une parfaite imitation de la vie. Lorsque Bernard fut invité à s'exercer sur une peau de renard, qu'il put lui offrir sa propre interprétation de l'essence du vivant, il comprit qu'il venait de découvrir ce qui l'occuperait toute sa vie et l'occupait peut-être déjà d'une
tout autre manière" (p. 40)

Cette vocation sera hautement symbolique de l'histoire, et du parcours complexe de Bernard; personnage central que nous ne croiserons que plus tardivement dans le roman; ce dernier débutant par le retour de Marianne, [ La fille de Bernard] en Corse, sur une île qui lui est d'autant plus chère qu'elle est reliée à une partie de son histoire familiale, qu'elle a besoin de retrouver et d'interroger...

Le roman est tel un puzzle ou telles des poupées gigognes... et le récit, descriptif des différents protagonistes sur trois générations vont s'éclaircir progressivement, mélangeant la grande Histoire ainsi que les destins individuels, parfois massacrés ou amputés par cette dernière, et comment chaque individu, dans des circonstances terribles, "broyantes"... construit
son propre chemin, avec des non-dits, des concessions, mensonges, malgré soi...

Dans tout cela, l'interrogation de chacun sur ses origines, sur la vérité de sa lignée, de ses ancêtres, de ceux qui ont précédé , connus ou non, qui ont construit le début de notre propre histoire . Notre enracinement plus ou moins sûr et ancien dans une lignée fiable... comme l'extrait suivant choisi nous l'exprime si justement:

"Peut-être parce qu'il jamais eu de grand-père paternel, son fils ne s'est jamais inscrit dans une lignée. Quant à lui, Bernard, qui ne se connaît pas d'avant, comment aurait-il pu préparer un après ? Maillon unique, il aura sans doute condamné son fils à vivre avec cette difficulté de n'avoir toujours été inscrit que dans le présent. "(p. 58)

J'ai , comme je l'ai formulé , au tout début de cette chronique, "dévoré" ce roman, bouleversant, nous emportant dans l'histoire de "Bernard", un homme solitaire, au parcours initial des plus malmenés... mais sa rencontre et son amour pour Louise, va transfigurer son existence.....
C'est lui le noyau... d'une histoire qui s'élargit, se déploie avec ses deux enfants, Antoine et Marianne, un frère et une soeur aux caractères entiers, différents, ne se comprenant qu'avec difficulté.
Marianne qui semble concentrer à elle toute seule, tous les questionnements et mal être de sa famille....

Une histoire aux multiples ramifications entre lumière et ténèbres... entre des paysages aussi contrastés que les différents personnages [entre les paysages corses, bretons , mais aussi ceux du sud de la France et la Kabylie]

Je ne rentrerai pas dans les détails de la narration, car l'auteur sait avec tant de talent nourrir le suspens, qu'il est hors de question que j'en prive les prochains et nombreux lecteurs !!

Petit mais très important détail à mes yeux: la réussite incroyable de la couverture de ce roman très original: un mélange de réalisme, d'exotisme, de mystère , d'insolite et de poésie,tout à la fois...

le meilleur signe après un enthousiasme aussi fort, ressenti à cette lecture, c'est ma grande difficulté à choisir la lecture suivante, ayant du mal à quitter ce que je viens de découvrir et d'aimer !!! Et "La mort du taxidermiste" va habiter un certain temps mon esprit !!
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Les cauchemars de Marianne ont réussi à s'immiscer dans sa minuscule cabine-couchette sur ce bateau qui la ramène vers ses origines, là-bas, en Corse.
Pour trouver l'apaisement auquel elle aspire, Marianne éprouve le besoin de fouler les lieux où son histoire familiale du côté maternelle a pris racine.
Sa perception de l'île comme terre de ses ancêtres la mène dans un village de montagne où bon nombre de maisons montrent tristement leurs volets clos.
Montagnes, forêts, clairières et maquis vert-bleuté, tous ces lieux auront-ils l'effet rassurant qu'elle recherche pour faire face à ses tourments ?

Ses parents, Louise et Bernard se sont rencontrés dans les Bouches-du-Rhône, un lieu d'exil pour l'un et pour l'autre. Bernard y découvre sa passion pour la taxidermie, redonner l'illusion de la vie en conférant un mouvement plein d'allant à ces dépouilles d'animaux. Leurs deux enfants, Marianne et Antoine auront des attentes et des vues diamétralement opposées et une relation bien différente avec leurs parents. En exposant le mal-être de Marianne, l'auteur met sensiblement en avant sa frustration éprouvée dans ses liens du côté paternel et son désespoir à vouloir trouver un ancrage familial du côté maternel. Alors que son frère Antoine partage les silences du taxidermiste, les non-dits de leurs parents, sans demander davantage, Marianne éprouve depuis toujours le besoin de s'appuyer sur des certitudes pour trouver sa place et apaiser ses rancoeurs.

J'aurais aimé être emportée par cette lecture comme Fanfanouche24 et Cigale17. Beaucoup de sujets qui interrogent profondément y sont esquissés : exil, fin de vie d'un père ou époux, dommages collatéraux de la colonisation, coulisses cruelles des aménagements de barrage, place et rôle de chacun dans le noyau familial… mais, mais, j'ai trébuché sur de nombreux fils qui sont tirés de cette pelote familiale sans avoir de précisions sur certains questionnements. Trop de paramètres se télescopent, dont certains que j'ai jugés complètement inutiles au détriment d'autres qui auraient mérité d'être davantage développés. J'ai trouvé ce pêle-mêle plutôt confus.

Les relations filiales difficiles ou apaisantes, tendues ou réconfortantes que l'on perçoit nettement au coeur de ce roman manquent d'analyse et de profondeur.

Mes attentes n'ont pas été pleinement comblées mais je ne regrette pas du tout cette découverte de l'auteur. Il sait magnifier les lieux en nous offrant de très jolis passages. La narration, d'une beauté sensible, véhicule aussi les émotions chez chacun des personnages et aborde très délicatement la disparition du taxidermiste.
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J'ai d'abord pensé que le personnage principal de la Mort du Taxidermiste était Marianne, une jeune femme que l'on suit quand elle se réinstalle en Corse, le pays de sa mère, celui des vacances d'été. Ce n'est que vers la page 40, au cours du deuxième chapitre titré (il y en a treize) que j'ai compris que ce beau roman se construit autour de Bernard, son père. On découvrira petit à petit toute la famille : Bernard et son épouse Louise ; Marianne et Antoine, leurs enfants, aux caractères si différents ; Pauline et Lisandre, les parents de Louise, Corses exilés sur le continent, propriétaires d'un café dans un petit village du Sud de la France ; Thomas, le fils d'Antoine, heureux de vivre, et Agnès, la compagne d'Antoine, qui n'est pas la mère de Thomas, douée pour mettre les gens en confiance et pour, momentanément, apaiser la colère qui habite Marianne. C'est à elle que Bernard, 75 ans, se sachant malade d'un cancer, conscient que ses jours sont comptés, remettra un précieux document confié, dit-il, par un de ses amis. Et Bernard, d'où vient-il ? de Bretagne, comme son nom l'indique (il s'appelle Caradec), que sa mère de 17 ans, célibataire, a dû fuir pour se protéger des brimades infligées « aux filles-mères », comme on disait à l'époque…

Il est vraiment très difficile de résumer ce magnifique roman sans dévoiler un ou des éléments importants, ce qui reviendrait à gâcher le plaisir de suivre le jeu de piste que nous a préparé Guillaume le Touze, avec embûches et faux indices. Des éléments sans rapport entre eux se révèlent posséder des liens étroits, un personnage anodin devient important, des événements finissent par s'emboîter ou se compléter… Autour des thèmes des origines, de la filiation, des liens générationnels, l'histoire se construit et nous révèle bien des surprises. L'Histoire, la grande Histoire, aussi, d'ailleurs ! Je mets un temps fou à écrire cette critique parce que, en même temps, je suis en train de relire des passages entiers et que je me retrouve aussi émue que lors de ma première lecture. Voilà l'effet qu'il produit sur moi, ce bref roman : l'urgence de le relire, tout de suite, sans attendre !

Challenge Multi-défis # 6
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La mort du taxidermiste, c'est l'histoire de Bernard et de sa famille, du secret familial, du déracinement, de l'exil, de la reconstruction, de l'amour, de la quête d'identité, tout cela à la fois.

Tout est mélangé, un peu décousu, mais l'histoire est tellement bien amenée qu'on a envie de savoir ce qui se cache derrière toute cette attente, cette recherche de la place de chacun au sein d'une famille.

Quel est mon ressenti ? Je cherche encore. Tout se télescope dans mon esprit. Ce roman ne laissera personne indifférent. En tout cas, moi, il m'a bouleversé.

Si vous voulez en savoir plus, lisez la critique de Fanfanouche54, elle en parle tellement mieux que je ne saurais le faire. C'est d'ailleurs elle qui m'a donné envie de lire ce livre  et la couverture aussi m'attirait tout particulièrement.
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La mort du taxidermiste est un beau livre sur la quête d'identité, les secrets de famille, la filiation pour les lecteurs qui aiment ce genre. Je ne suis pas entrée dans l'histoire parce que je n'ai pas cru au parcours de Bernard. Malheureusement, je suis beaucoup trop terre à terre pour me laisser emporter dans une fiction. J'ai toujours besoin de la preuve, peut-être une déformation professionnelle. Je dois avouer que j'ai lu ce roman non pas pour les personnages mais pour la Corse, île sublime que j'adore. Côté positif, j'ai aimé la belle écriture de l'auteur.
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critiques presse (1)
LaCroix
17 mars 2017
Guillaume Le Touze brouille les images et fait vaciller les mythes que le silence d’un père, avant sa mort, avait fait naître dans sa famille.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Il est des lieux qui imposent d'emblée, par leur magnétisme, une forme de narration. (...)
On n'a déjà plus l'âge de croire aux miracles, on sait que rien ne dure, ni la félicité, ni le mal-être, pour peu que l'on soit capable de regarder la vie en face. On ne cherche pas à être sauvé, simplement lavé d'une tristesse ou d'un engourdissement passagers. Ou bien, si la souffrance est nettement identifiée, on vient seulement chercher un peu de force pour repartir vers la vie ordinaire avec le courage d'affronter ce qui doit l'être. (p. 63)
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De longues heures passées derrière son père à l'atelier, scrutant ses gestes, s'imprégnant de sa méticulosité et de sa lenteur, Antoine retint que les creux et les zones d'ombre racontent davantage les êtres vivants que les discours construits. (p. 45)
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Marianne sait que les gestes quotidiens communs à tout le monde l'apaisent. Cette monotonie est peut-être le baume qu'elle est venue chercher. Certains soirs, pourtant, elle donnerait tout pour entendre quelqu'un frapper à sa porte, entrer et la serrer dans ses bras. (p. 29)
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C'est là, entre montagnes et plaine, que Bernard découvrit sa vocation. Le paysan qui l'accueillait pratiquait la taxidermie. (...)
L'artisan conférait à ces formes vides et plates un volume qui ramenait l'animal du côté des vivants. Le mouvement qu'il imprimait aux membres était une magnifique supercherie, une parfaite imitation de la vie. Lorsque Bernard fut invité à s'exercer sur une peau de renard, qu'il put lui offrir sa propre interprétation de l'essence du vivant, il comprit qu'il venait de découvrir ce qui l'occuperait toute sa vie et l'occupait peut-être déjà d'une tout autre manière. (p. 40)
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(...) elle sait que son amour pour Loïc est intact, mais elle se défend d'y penser trop souvent car se retrouver encore des années plus tard, dépositaire d'un sentiment mis sous cloche est une souffrance. (p. 84)
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Videos de Guillaume Le Touze (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Guillaume Le Touze
« Ce qui m'intéressait dans la gémellité, c'était ce rapport de dépendance entre les deux frères, cette idée qu'on est toujours là pour l'autre. Benoît a besoin de Xavier parce qu'il est porteur de troubles autistiques, et depuis l'enfance, Xavier est celui qui le pousse vers le monde. C'est vraiment le point de départ du roman. Et puis après, il y a ce personnage de la mère disparue avec, pour chacun des deux frères, la question de ce qu'elle leur a transmis. » Guillaume le Touze
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**Moi en plus beau** de Guillaume le Touze
Un archéologue ferroviaire marche dans la nature sur les traces de lignes disparues, de ces voies de chemin de fer arrachées par souci de rentabilité mais dont les empreintes révèlent la présence de communautés humaines depuis dispersées. Un frère au regard d'une acuité très particulière, une amie qui recherche les écrivains reconnus qui soudain n'écrivent plus, une mère magnifiquement réinventée. Tels sont les points de départ de ce livre aux contours d'enquête située dans les parages de ces endroits lointains, de ces ruines blotties dans les forêts, imaginaires ou bien réelles.
https://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature/moi-en-plus-beau
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#rentréelittéraire #rl2022
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