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EAN : 9782378760205
315 pages
De Saxus (11/10/2018)
3.4/5   20 notes
Résumé :
Et si la fin du monde annoncée par les mayas avait réellement eu lieu sans qu'aucun d'entre nous ne s'en soit rendu compte ?
21 décembre 2012
Et si la fin du monde annoncée par les mayas avait réellement eu lieu sans qu'aucun d'entre nous ne s'en soit rendu compte ?
Sur le toit d'un hôpital parisien, Léo Liberati laisse son regard se perdre sur la capitale illuminée. Tant de choses se sont passées en trois jours. Il monte sur le parapet et éte... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Cette lecture pour le moins déroutante m'a beaucoup plue ! J'ai été emportée par l'histoire et par ce savant mélange des genres. le thriller flirte ici avec le fantastique et l'ésotérisme.

C'est la structure de ce roman qui en fait toute la particularité. Point de longue description, mais de constants allers-retours entre passé/présent et entre plusieurs réalités.

Les scènes sont imbriquées les unes dans les autres. Et les éléments des unes répondent aux questions des autres.
En effet, de subtils détails nous permettent de faire rapidement les liens, pour mettre petit à petit en place les pièces de ce machiavélique puzzle.

Cette construction complexe nécéssite une sacrée maîtrise, et je reste admirative devant le talent de l'auteur !

Vous l'aurez compris, il faut s'accrocher, mais les chapitres courts et une écriture percutante rendent le récit dynamique et addictif.

Les personnages sont plutôt nombreux, mais quelques-uns prennent rapidement plus d'importance que les autres.

Pour ce qui est du fond, on est notamment amené à s'interroger sur la religion, la place de l'homme dans l'univers ou la puissance des sentiments humains.

Toutefois après "digestion" du récit, la structure reste davantage en tête que le fond. Un manque d'explications sans doute. D'où l'étoile manquante ! Mais qui ne gâche pas le plaisir de la lecture ! Je vous conseille donc vivement ce premier roman !
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Et si la fin du monde était programmée pour le 21 décembre 2012, 4h44 du matin ? Léo est un homme ordinaire, il délaisse souvent sa famille pour son boulot. Il ne voit plus ce qu'il a sous ses yeux, ne mesure plus sa chance, il avance avec le troupeau humain qui a le nez dans son quotidien, sans trouver le temps de le lever pour analyser sa façon de vivre et revenir aux fondamentaux. Au matin du 19 décembre, Léo est en retard. Il a un rendez-vous important. Il neige. Il est stressé. L'accident de voiture est aussi inévitable que mystérieux. Lorsqu'il se réveillera à l'hôpital, tout aura changé. Accusé de meurtre, sa quête pour tenter de comprendre ce qui lui est arrivé va le plonger dans une réalité stupéfiante.

Le plus difficile dans un récit aussi dense c'est de le résumer. le reste devrait aller tout seul… (enfin, j'espère !) Encore une fois, cette année, je me retrouve en présence d'un premier roman, donc d'un auteur émergeant qui tente de se faire une place dans la jungle des déjà existants, des pas encore édités, ou des auto-édités. Damien Eleonori est à l'origine du recueil de nouvelles « Phobia », 14 auteurs engagés pour l'association ELA. C'est juste pour situer le coeur du monsieur. Mais aussi, parce que je n'ai pas tant de matière que ça pour parler de l'écrivain. Auteur émergeant donc qui nous propose quoi au juste ? Thriller ? Roman fantastique ? Roman ésotérique ? Et bien, tout cela à la fois ! Il faut que je vous avoue que ce genre de lecture n'est pas franchement ma came, que j'ai parfois dû m'accrocher aux idées et faire table rase de tout enseignement judéo-chrétien (ou de ce qu'il en reste) pour parvenir à totalement me libérer l'esprit, et accepter qu'il m'emporte dans un récit original aux idées plutôt osées . Cette histoire là, Damien Eleonori ne la raconte pas n'importe comment : il la raconte avec intelligence, avec pertinence, avec des arguments crédibles, en y mettant un sens profond, pour une humanité qui a dévié du plan initial conçu pour elle et qui ne mérite pas de survivre. le raisonnement est habile, la démonstration vraisemblable, et je dois dire que cette humanité là en prend plein la tête en fin de roman pour l'ensemble de son oeuvre. A juste titre, parce que c'est largement justifié ! Interrogeons-nous sur ce que nous avons fait du monde dans lequel nous vivons…

« le sort de l'humanité a toujours été entre vos mains. Ce sont vos péchés qui vous ont menés jusqu'à cette fin, à présent inévitable. (…) L'homme, exterminé par les péchés capitaux qu'il avait lui-même édictés, anéanti par ses propres défauts. Aucun autre coupable que lui-même. »

Belles diatribes également sur la religion en général. Postulats intéressants sur ce que sont au final le paradis et l'enfer dans les appellations que nous en connaissons. A l'instar de sa construction, tout part à rebours dans ce livre : on commence par la fin comme on commence par l'origine du monde et la motivation première de sa création dans sa version biblique. Plusieurs espaces temps se mélangent, et c'est parfois déconcertant. Au début, il n'est pas aisé de savoir dans quel espace le lecteur est plongé, mais si vous êtes attentifs, concentrés, vous le saurez rapidement et cela ne vous dérangera plus. J'ai beaucoup aimé le fait d'être totalement baladée dans ces réalités et surtout d'avoir la possibilité d'ouvrir mon esprit à une approche des choses différente et novatrice. le propos d'un écrivain est aussi de présenter des faits sous un prisme différent, de faire s'interroger le lecteur sur un thème global, d'ouvrir de nouvelles portes dans l'imaginaire.

J'ai aimé clore le livre en me posant mille questions : la mort existe-t-elle, quelle est la place de Dieu, la fin du monde serait-elle une forme de délivrance et le commencement d'autre chose, quelle est l'essence de l'âme? C'est un thriller qui soulèves des médiations intimes et personnelles, sur des thématiques précises, mais aussi sur notre façon de nous comporter en tant qu'humains. En ce moment, on ne peut pas dire que cela soit joli-joli et qu'il serait peut-être temps de nous prendre une belle baffe en pleine tête, histoire de nous remettre les idées en place. C'est un peu avec ce sentiment là que je referme ce livre et avec cette citation que je trouve pugnace :

« Qu'ont engendré vos religions ? Les humains ont-ils décidé d'aimer leur prochain? Ont-ils eu des guides irréprochables afin de rendre leur monde meilleur? Non. de l'amour tout puissant n'a découlé que de la haine envers ceux qui n'ont pas les mêmes convictions.Gouvernés par vos émotions et leurs contraires : le peur de vos semblables, la jalousie envers ceux qui ont ce que vous ne possédez pas, le mépris envers vos inférieurs. En seulement quelques milliers d'années, l'homme a montré son vrai visage. le seul être capable de s'annihiler soi-même, sans aucune aide. »

Je remercie Damien Eleonori d'avoir eu l'intelligence et le talent de proposer autre chose à un lectorat de plus en plus avide de sortir des sentiers battus, et les éditions de Saxus d'avoir bravé la frilosité d'autres maisons d'édition qui n'envoient ni livre, ni document numérique à l'étranger.

Je me répète : attention talent, auteur à suivre. A l'avenir, je vais essayer d'alterner les auteurs connus et ceux dont on parle moins, ou peu, ou pas. Certaines pépites sont sans doute planquées tout en bas de nos piles à lire, et il est grand temps de les en sortir !



Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Léo Liberati a comme qui dirait perdu les rênes de sa vie. Incapable d'accoucher du manuscrit qu'attend son éditeur, il est à court d'excuses, et la naissance de sa fille a jeté un voile sur son couple. le stress de chacun, la fatigue, les encouragements de Manon qui deviennent reproches… les jeunes parents s'éloignent l'un de l'autre. Lorsqu'il reprend conscience à l'hôpital, sans aucun souvenir de ce qui l'a conduit là, c'est carrément les pédales que Léo perd : il vient de s'éveiller dans une « autre » réalité. Lui, l'écrivain loupé, le père de famille dilettante, est accusé du pire des meurtres qui soit. Avec l'aide d'une « amie », il parvient à s'échapper. Mais ses problèmes sont loin d'être résolus : ce n'est que le commencement… C'est au tour de la psy qui joue des coudes pour participer à l'enquête de lui porter secours, mais qui peut-il croire dans cette histoire de dingue ? Et surtout quoi ?

Après un premier chapitre absolument irrésistible qui promet une grande aventure, Damien Eleonori nous plonge dans le chaos que vit son personnage. Qui est vraiment Léo ? Une victime, un bourreau, un dommage collatéral ? Aux antipodes du héros, il semble en avoir pourtant beaucoup sur les épaules. Rapidement, on se trouve ébranlé par des révélations incroyables, puis on commence à reconstituer le puzzle… et il faut s'accrocher, car la construction, originale, ne nous facilite pas les choses ! Je ne suis pas fan de fantastique, c'est un genre qui bien souvent m'ennuie, auquel je ne fais pas l'effort de croire. Ici, c'est mesuré, et j'ai grandement apprécié que l'auteur s'appuie sur des faits réels pour étayer son histoire, lui donnant le crédit espéré. Les épigraphes, aux origines très variées, sont bien choisies, en tout cas, elles m'ont parlé. Si je me suis un peu perdue à certains moments – j'aurais aimé plus d'explications, la mort est un sujet fascinant – j'ai passé un bon moment, avec nombre de questions et de réflexions bienvenues. Il y a beaucoup d'humanité dans ce roman, et ça fait du bien.

« le destin ?

« Le destin ?

Sans la main de l’homme pour appuyer sur la détente, un "Et si... " n’est qu’une arme chargée à blanc. »

Pouce levé, je recommande.


Merci à Babelio et aux éditions De Saxus
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Bonjour à toutes et à tous…

J'ai toujours adoré ce genre de romans.
Indéfinis, à la croisée de plusieurs styles…
Lorsqu'un auteur ose sortir d'un espace “dit” de confort.

Est-ce un roman noir ?
Un conte ésotérique, philosophique ?
Une histoire fantastique ?
C'est un peu tout ça et plus encore…

Véritable “conte” à rebours qui nous éloigne de la fin du monde, annoncé par les Mayas le 21 décembre 2012, Léo, à travers un parcours initiatique, bien malgré lui, part à la recherche de certaines vérités.
- Qu'est-ce que la mort ?
- Qui est Dieu ?
- Pourquoi certains anges ont-ils été déchus ?

L'écriture est très habile. Damien joue avec le lecteur. Il nous “titille” en allant dans plusieurs directions diamétralement opposées jusqu'à un final qui bien que connu va quand même vous surprendre… Ce roman troublant, m'a beaucoup intrigué, jusqu'à me fasciner…

L'écriture est tellement fluide qu'elle en parait facile, la maîtrise du sujet par Damien démontre une réelle ouverture d'esprit, et ne serait-ce que pour cela, ce roman mérite une grande diffusion. Il y a, quoi qu'il en soit, un réel talent dans la construction de son histoire. Christopher Nolan s'y était déjà frotté pour son 'Mémento”, mais Damien, nous propose ici un sujet qui va au delà de ce que vous pourriez imaginer, bien au delà… Toucher Dieu et les mystères de la vie…

Un “sans fautes” pour ce premier roman de Damien qui me laisse entrevoir un potentiel sur la forme mais aussi sur le fond qui mène forcément, en plus d'un réel plaisir de lecture, à une réflexion sur notre condition d'humains au milieu de l'univers.

À lire et découvrir absolument.
Merci aussi aux éditions de Saxus et bravo pour cette très belle couverture !


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Extrait :
“- Si je te dis : la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu.
- Aucune idée
-L'Apocalypse selon saint Jean. Un passage du Nouveau Testament. Une vérité. Lors de notre passage vers ce monde, les émotions négatives disparaissent. Ce qu'oublie de dire la Bible, c'est que la douleur n'est pas remplacée par la joie, l'amour ne se substitue pas à la haine. La mort n'est pas une plénitude.
- Alors quoi ? Qu'as-tu ressenti ?
- Rien. Aucune émotion ne remplace la tristesse, elle est tout simplement effacée. Au fur et à mesure que le savoir m'engloutissait, mes émotions s'éteignaient. Comme si un barrage venait de céder et déversait son torrent sur mes sentiments. J'étais triste, je ressentais une douleur insurmontable, jusqu'à ce que je comprenne que je pouvais commander à mon cerveau de l'oublier. Ainsi fonctionne ce monde. À l'opposé du nôtre, ses lois ne sont dictées que par la connaissance et la raison.”
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Premier service presse bon je suis assez fière depuis l'ouverture de mon blog le 23 aout, l'auteur as pris contact avec moi, suite a ma chronique sur Phobia, ou il as réuni des auteurs de polars pour la cause de l'association ELA.

Donc merci a la maison d'édition DE SAXUS de leur confiance ainsi que la gentillesse de l'auteur @damieneleonori.


Léo Libérati se retrouve dans une chambre d'hôpital, alors qu'il s'apprêtais a aller voir son éditeur, pour son manuscrit, il apprends qu'il est accusée du meurtre de sa femme et sa fille.

C'est une course poursuite, pour la vérité, pourquoi elles sont morte ? Pourquoi Léo est accusée ?

J'ai beaucoup aimer d'abord parce c'est un livre original, oui ça parle d'un meurtre, donc c'est un thriller, donc la base est la dessus, mais il y a une partie qui traite du paranormal, quel au delà après la mort ? Un sujet qui m'as toujours intéressée.

J'ai beaucoup apprécier la diversité des personnages, et aussi, la jolie histoire d'amour, je trouve ça apporte un gros plus, quand il y a un soupçon d'amour dans un thriller, je trouve ça allège les choses, sur des livres qui peuvent être parfois très dur.

Un peu de calme pour repartir dans le suspens et la tension qu'apporte le thriller, je trouve çà très intéressant, en plus quand il lie aussi des notions de paranormal et de science fiction, vraiment j'adore, j'aime beaucoup les mélanges des genres, après évidemment, faut que ça prenne, dans mon cas, comme vous l'avez compris, c'était vraiment top.

Les rebondissements et le suspens est vraiment présents, et l'histoire remarquablement bien construite, la preuve c'est la première fois que je lis un opus d'une seule traite.

Donc pour un premier roman, c'est un coup de maitre, donc c'est un auteur, encore un, que je vais suivre de prés




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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
21 décembre 2012 – 4 h 30 du matin
14 minutes restantes

Les ténèbres.

Puis la lumière. Faible. À peine perceptible.

Où suis-je ?

Tu le sais très bien, réveille-toi, Léo.

Cette voix… Quelle est-elle ?

Le temps presse.

Manon… Lily.

Une fraction de seconde et tout lui revint en mémoire.

L’amour.

La mort.

Esther.

Léo ouvrit les yeux dans un sursaut, tel un diable sorti de sa boîte, et expulsa un cri libérateur. Sa respiration peinait à trouver un chemin au travers de ses sanglots incontrôlables. Dans cet appel à l’aide muet, seules les ténèbres lui répondirent par une opacité pesante. À mi-chemin entre rêve et réalité, ses yeux perdaient leur sens commun, balayant de leur mouvement rapide une scène qui n’existait déjà plus. Une certitude prit cependant forme dans son esprit embrumé : il était de retour de l’autre monde. Le néant s’estompa. Petit à petit, l’univers qui était désormais le sien se dévoila.

Dans cette pièce plongée dans l’obscurité, il commença à discerner des murs nus et froids.

Sans fenêtres.

La seule promesse d’un monde extérieur se situait derrière la porte, éclairée à son seuil par un rai de lumière lointain. Sur sa gauche, une ligne verte oscillait au rythme des battements de son cœur. Des odeurs aseptisées lui parvinrent. Suivies de picotements le long de ses veines, percées par des perfusions.

Ta destinée se joue ici et maintenant.

— Je ne peux pas, articula-t-il lentement.

Sous son crâne, une douleur lancinante s’éveilla. Machinalement, il tenta de lever son bras, sans y parvenir. Quelque chose entravait ses mouvements. Léo baissa les yeux. Son poignet était encerclé d’un épais bracelet métallique. Il était menotté à un long barreau courant le long de ce lit d’hôpital. Un sourire nerveux se dessina sur ses lèvres sèches.

Sans le savoir, l’humanité venait de lui donner une seconde chance. Un possible, une nouvelle existence. Sans elles.

Les minutes passaient, inexorablement. Léo devait réagir, avant que ses capacités naissantes s’évanouissent. Ses yeux fixèrent les menottes. Concentrèrent toute son énergie, magnétique, vers ces cercles de métal. Un clic retentit. Les attaches s’ouvrirent et échouèrent sur le carrelage dans un bruit beaucoup trop sonore à son goût. Sa respiration se coupa et il guetta le silence.

Aucune effervescence perceptible.

D’un soupir, Léo retira les multiples branchements le long de son corps. La fin de la route s’ouvrait à lui. Autant conclure comme il avait toujours vécu, dans l’anonymat le plus total. Sans effusion.

Des bips stridents interrompirent sa réflexion. La chambre clignota de flashs rouges, lui rappelant que son activité cardiaque était sous surveillance.

— Quel con…

Des pas pressés résonnaient déjà dans le couloir. Au diable la discrétion ! Léo se leva, s’étira et se prépara.

La porte claqua. Dans l’embrasure, un jeune interne apparut, transpirant dans sa blouse trop large. Appuyé de tout son poids sur la poignée de porte, il tentait vainement de reprendre son souffle. L’occasion était trop belle pour ne pas la saisir. Léo se concentra. Focalisa son attention jusqu’à ressentir cette puissance gonfler ses veines. D’un soupir imperceptible, il expulsa cette énergie hors de son corps.

Une force invisible plaqua le médecin au mur. Son corps tétanisé semblait aimanté à la paroi. Dans ses yeux, un mélange de surprise et de peur. De sa bouche déformée, l’air s’étiolait progressivement. Léo s’approcha doucement, laissant le temps à ses jambes de se réhabituer au contact du sol. À quelques centimètres d’un des derniers visages qu’il rencontrerait, Léo s’arrêta. Blafard, apeuré, impuissant, cet inconnu reflétait à lui seul l’image de l’humanité.

Ne les accable pas, sauve-les.

— Pour quelle raison les sauverais-je ? s’emporta brusquement Léo contre cette voix intérieure.

Un râle sortit de la gorge du jeune médecin, comme s’il tentait d’apporter une réponse à cette question qui n’en attendait aucune.

— Restez calme et tout ira bien, le rassura Léo.

De la poche supérieure de la blouse du médecin dépassait une carte magnétique. En l’extrayant, les doigts de Léo effleurèrent la poitrine frissonnante de son prisonnier.

La maladie.

La mort.

Esther.

Cette pâleur, cette respiration sifflante, cette fragilité évidente. Le médecin était lui aussi contaminé, comme tant d’autres désormais. D’ici quelques heures tout au plus, il succomberait.

Le reste de l’humanité suivrait.

L’heure est venue, Léo.

— Je n’en suis pas capable, murmura-t-il.

Réveille-toi, il y a un Créateur qui sommeille en toi.

— Non, il n’y a que douleur et peine.

Le temps semblait figé, suspendu à sa décision.
Il le savait, sa défaite était inéluctable. Autant l’accepter. Ses yeux embués se levèrent vers le médecin.

— N’ayez pas peur. Je ne vous ferai aucun mal, au contraire, je vous plains. Vous qui avez choisi de vous dévouer corps et âme à guérir ce qui peut l’être. Personne ne pourra vous soigner. Vous êtes le reflet de cette fatalité qui domine notre monde.

Sans un mot de plus, Léo franchit la porte.

Un immense couloir pavé de carrelage blanc s’ouvrait à lui. De chaque côté, les murs aux couleurs passées étaient traversés par une main courante longiligne, régulièrement entrecoupée de renfoncements sombres. Une succession de portes jaunâtres ponctuait le corridor. À son extrémité, un bloc rectangulaire annonçait la sortie d’une faible lumière verte.

Léo s’avança. Ses pieds nus abîmés par le froid marquaient le sol de taches évanescentes. À cette heure avancée de la nuit, à la limite de l’aube, le personnel hospitalier était réduit. Les sens en alerte, il passa devant la salle de garde dédiée aux infirmières. Personne à l’intérieur. Du fond du couloir, des voix approchèrent. Sans réfléchir, Léo entra dans cet espace réservé et se glissa furtivement derrière la porte. Les bruits de pas se firent de plus en plus distincts, jusqu’à ce que la conversation devienne clairement audible.

— Imagine que la prédiction soit vraie, ça serait dommage de ne pas en profiter une dernière fois ! Plus que dix minutes à vivre ! C’est assez pour partager un bon moment.

— Dix minutes ? Prétentieux…

— Cinq et je te fais jouir.

— Dans tes rêves.

L’infirmière et son prétendant brancardier entrèrent dans la salle sans remarquer Léo, collé derrière la porte. Son champ de vision se réduisait désormais à un tableau blanc apposé au dos de cette dernière, sur lequel une inscription hâtive en lettres rouges le mettait en garde : « 21 décembre 2012 : FIN DU MONDE. À demain. »
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Léo, collé derrière la porte. Son champ de vision se réduisait désormais à un tableau blanc apposé au dos de cette dernière, sur lequel une inscription hâtive en lettres rouges le mettait en garde : « 21 décembre 2012 : FIN DU MONDE. À demain. »
L’ironie le fit sourire. Mais le temps pressait, il devait agir. Léo posa son regard sur le dos de l’infirmière. En un instant, elle vacilla.
— Qu’est-ce qui t’arrive ? Ça va pas ? s’alarma son collègue.
— Non, j’ai… j’ai la tête qui tourne. Il faut que je m’allonge, articula-t-elle péniblement avant de s’évanouir. L’homme eut tout juste le temps de la rattraper, lui évitant une chute contre le sol carrelé.
— Là, tout va bien… Finalement, tu as quand même fini dans mes bras !
Son trait d’humour à peine lancé, il s’écroula sans préavis. Léo relâcha sa concentration, respira profondément et sortit de la pièce.
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Sur sa droite, un large escalier couvert d’un revêtement gris conduisait vers les étages inférieurs. Sur sa gauche, quelques marches défraîchies précédaient une issue verrouillée d’où filtrait un mince filet d’air. Le toit. Sans hésiter, Léo frôla le loquet qui lui obéit comme par magie et tira la porte grinçante. Une bourrasque froide s’engouffra dans l’ouverture.
Il n’est pas trop tard, tu peux faire machine arrière.
— Hélas ! non.
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Léo ouvrit les yeux dans un sursaut, tel un diable sorti de sa boîte, et expulsa un cri libérateur. Sa respiration peinait à trouver un chemin au travers de ses sanglots incontrôlables. Dans cet appel à l’aide muet, seules les ténèbres lui répondirent par une opacité pesante. À mi-chemin entre rêve et réalité, ses yeux perdaient leur sens commun, balayant de leur mouvement rapide une scène qui n’existait déjà plus. Une certitude prit cependant forme dans son esprit embrumé : il était de retour de l’autre monde. Le néant s’estompa. Petit à petit, l’univers qui était désormais le sien se dévoila.
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— Imagine que la prédiction soit vraie, ça serait dommage de ne pas en profiter une dernière fois ! Plus que dix minutes à vivre ! C’est assez pour partager un bon moment.
— Dix minutes ? Prétentieux…
— Cinq et je te fais jouir.
— Dans tes rêves.
L’infirmière et son prétendant brancardier entrèrent dans la salle sans remarquer Léo, collé derrière la porte. Son champ de vision se réduisait désormais à un tableau blanc apposé au dos de cette dernière, sur lequel une inscription hâtive en lettres rouges le mettait en garde : « 21 décembre 2012 : FIN DU MONDE. À demain. »
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