La nostalgie des blattes

Elles nous font face, assises, sur un plateau de scène désolé, à l'image du monde qui les entoure.

Plus de poussière, plus d'abeilles, plus de détritus, plus de gluten, plus de présence végétale ou animale..La brigade sanitaire veille et les drones qu'on entend parfois passer ou s'abattre non loin d'elles surveillent. Un monde aseptisé, contrôlé, où les existences humaines sont des micro-solitudes juxtaposées.

Reste le pouvoir des mots.

Catherine qui a exercé avec conviction le plus vieux métier du monde et Tania qui s'enorgueillit d'avoir pratiqué celui de comédienne s'en servent à merveille, des mots! D'abord pour s'agresser, puis pour se tester, et enfin pour s'interroger, et, peut-être s'unir, se lever, fuir...qui sait?

Dit comme cela, ça n'a pas l'air d'une franche drôlerie. Une version féminine de Becket, une sorte de En attendant Godette...

Et pourtant on est plié de rire.

Pierre Notte a écrit cette pièce, en 2017, pour les deux grandes comédiennes que sont Catherine Hiégel et Tania Torrens.

Deux grandes vieilles!

Ce qu'elles attendent, là, c'est quelqu'un- un homme, une femme, un spectateur- qui viendrait contempler deux authentiques vieilles, sans Botox, sans chirurgie esthétique, sans implants, dans leur délabrement naturel, progressif et revendiqué ! Quelqu'un qui donnerait - par son regard, par son écoute- du sens à leur existence, à tout ce temps palpable, visible, fait de lutte et d'espérance, temps passé à donner du plaisir au corps ou à l'esprit , à exister...

Dialogue brillant, plein de rythme, comme un jeu de ping-pong inventif et insolent, parfois cru ou franchement scato- les petites misères du grand âge ne s'embarrassent d'aucune pudeur!- souvent poétique et caustique.

Encore une fois je suis tombée sous le charme de la plume de Pierre Notte : servie par l'immense talent de deux grandes comédiennes, c'est un vrai festival!

Courez voir ce spectacle qui s'est donné au Rond Point et continue à tourner -je l'ai vu au Jean Vilar de Suresnes- pour votre plus grand bonheur!

Je continue ma découverte des pièces de Pierre Notte avec "La Nostalgie des blattes". Et je dois dire, que je n'ai pas accroché du tout...

L'histoire? Des veilles personnes, dans une société aseptisée où l'on ne vieillit plus, sont exposés dans un musée et philosophe sur leur vie, sur la nostalgie des blates. Malheureusement, les thèmes sont, je trouve, largement sous exploités, survolés, tombant dans des dialogues inintéressants.

Pourtant, Pierre Notte m'a déjà fait vibrer de plaisir avec ses pièces, mais ici, j'étais plutôt endormi, ennuyé et lassé. Peut-être sympa à voir sur scène ou à jouer mais surement pas à lire.

En fait, le rythme, les répliques, le dialogue "ping pong" cher à Pierre Notte ne ressort pas, ici, en simple lecture. Alors, j'ose espérer qu'elle est plus plaisante à vivre.

En attendant, je ne garderai pas grand souvenir de ce livre...

A travers une pièce qui frôle l'existentialisme, Pierre Notte s'inspire tant du génie absurde Oh les beaux jours qu'il peine à dépasser la frontière du redit bon marché.
La nostalgie des blattes parvient cependant à capter l'intimité d'une rencontre entre deux septuagénaires opposées et solitaires, ayant emprunté des chemins de vie foncièrement divergents. Entre jugements et jalousie, ce sont finalement leurs références communes, leur courage et leur sens du partage qui permettent aux deux femmes de s'élever.. ou du moins de quitter cet ennui pour une plénitude méritée, n'en déplaise à Beckett.