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EAN : 9782357070332
128 pages
La Fosse aux Ours (17/08/2012)
4.05/5   374 notes
Résumé :
Un homme sur une moto, à laquelle est accrochée une remorque bringuebalante, traverse la campagne ukrainienne. Il veut se rendre dans la zone interdite autour de Tchernobyl. Il a une mission.
Le voyage de Gouri est l'occasion pour lui de retrouver ceux qui sont restés là et d'évoquer un monde à jamais disparu, où ce qui a survécu au désastre tient à quelques lueurs d'humanité.
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Critiques, Analyses et Avis (128) Voir plus Ajouter une critique
4,05

sur 374 notes
Le sujet est grave et pourtant quelle douceur dans le partage de ce voyage nocturne aux côtés de Gouri et de ses compagnons d'infortune, quel enchantement que cette errance nocturne dans les terres inhospitalières et empoisonnées d'Ukraine après la tragique catastrophe de Tchernobyl !

Deux ans après l'embrasement de la centrale, Gouri décide de revenir sur les lieux qu'il a été contraint d'évacuer, quand le bonheur familial simple et heureux qui constituait son existence a basculé dans l'horreur et l'incompréhension une nuit d'avril 1986 avec l'incendie du réacteur.
Si Gouri a été jusqu'alors épargné, il n'en a pas été de même pour sa fille Ksenia, gravement contaminée par les retombées radioactives comme beaucoup d'êtres peuplant ces terres devenues le théâtre de la ruine, de la décrépitude et de l'abandon. C'est pour elle, pour récupérer un objet de leur ancien appartement chargé de souvenirs, que Gouri a entrepris le voyage de retour à Pripiat, en « zone interdite ».

Parti de Kiev où il est écrivain public, une remorque attachée à sa moto, Gouri traverse un paysage de plus en plus dépeuplé, de plus en plus désertique et dévasté.
Pourtant, dans les vestiges des villes fantômes, dans les émanations inodores de la pollution nucléaire, la vie rayonne encore ça et là, malgré le sentiment d'abandon et la résignation, malgré l'irradiation et la confrontation à la maladie, malgré le milieu corrompu et infecté dans lequel les êtres tentent tant bien que mal de subsister, dans une sorte d'hébétude, comme rivés à l'attente d'un temps qui ne reviendra plus.

Cette petite vie persistante qui s'accroche comme une fleur d'espoir, passe par une soirée chaleureuse arrosée de vodka avec les amis d'antan dans un village à demi-déserté où Gouri a fait halte avant de reprendre la route.
En compagnie de camarades demeurés dans cette campagne parasitée par un mal invisible, l'on se souvient, l'on parle à mi-mots de la catastrophe, des jours qui ont suivis, des villes évacuées et enterrées par les bulldozers, des liquidateurs, ces héros malgré eux qui ont tenté de stopper l'incendie sans aucune protection, de ce mélange de stupeur, d'angoisse, de fascination trouble et de beauté délétère qu'offrait alors la vision foudroyante de cette petite apocalypse.

Iakov que la radioactivité ronge chaque jour davantage, Vera, Kouzma, quelques autres encore, jalonnent la route de Gouri jusqu'à Pripiat. Un voyage qui sous le ciel pigmenté d'étoiles, éveille un sentiment de vide écrasant comme un tableau de fin du monde mais offre aussi la perspective d'une humanité conviviale et chaleureuse désireuse de faire renaître la vie dans cette partie du monde que l'homme a profanée.

26 ans après la tragédie, Antoine Choplin nous fait le don d'un texte scintillant d'humanisme, d'empathie, de sensibilité, si bien qu'à la tristesse ressentie, viennent se greffer des touches d'espoir rendant lumineux ces lieux redevenus sauvages, où la nature a repris ses droits comme si rien ne s'était passé. Et pourtant…s'il faut, pour se convaincre encore des nécessités de l'exil, « flairer la réalité de ces puissances cruelles, imperceptibles et assassines, préservant si étrangement l'apparence du monde », l'état de Iakov dont la chair en lambeaux se détache du corps, la maladie de Ksenia, les maisons englouties sous les mâchoires des bulldozers, les villes si effroyablement vide de présence humaine, ne peuvent démentir l'ampleur du drame qui s'est joué là et dont on a trop longtemps occulté les terribles répercutions.
Mais Antoine Choplin, par la simplicité d'un ton modéré et bienveillant, tout en retenu et mesure, réussit admirablement à irradier les coeurs et les esprits de chaleur humaine, à éclairer le texte de miséricorde et d'humanité, à apposer sur les brûlures radioactives le baume bienfaisant de la solidarité et d'un devoir de mémoire qui s'illustre sans rancoeur ni aigreur.
Après le gros succès public du Héron de Guernica, La nuit tombée fait palpiter notre dosimètre cardiaque dans les irisations d'une grâce pleine de naturel, de modestie et de lumière.
Simple et beau.
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J'ai longtemps hésité à lire ce roman pour diverses raisons. La nuit tombée est un court roman d'Antoine Choplin qui m'a entraîné dans le voyage de Gouri sur sa moto qui tire une remorque brinquebalante. Nous sommes en Ukraine. C'est un voyage entre Kiev et Pripyat, deux ans après le drame de Tchernobyl, rappelez-vous c'était un certain 26 avril 1986. Gouri, sa femme et sa fille, comme des milliers de personnes ont dû fuir rapidement la zone contaminée dans les jours qui suivirent l'événement.
Il revient là-bas deux ans après, il revient sur ses pas. Pourquoi revient-il ? Il revient avec une idée dans la tête. Retourner à l'appartement de Pripyat qu'ils habitaient, la grande ville aux abords de la centrale nucléaire, la grande ville effervescente qui étaient grouillantes de vies il y a encore deux ans, où les habitants vivaient de cette proximité.
Sur cette route il fait halte dans un petit village chez Vera et Iakov, un couple d'amis et c'est brusquement une longue rencontre faite de retrouvailles et d'émotions. Il y a de la joie à se retrouver. Les gestes se retiennent, s'effleurent un peu. La vodka coule dans les verres, les langues se délient, les souvenirs aussi s'invitent, les larmes se retiennent cependant encore derrière des digues que l'on sent aussi fragiles que le sarcophage qui recouvre désormais le réacteur de la centrale de Tchernobyl.
Avec l'évocation des souvenirs récents et tenaces, des scènes sidérantes se reconstituent sous nos yeux pour dire ce qui fut l'innommable. Comme cette vieille femme qui ne voulait pas fuir sa maison et que deux hommes sortent de chez elle de force à bouts de bras comme si elle était un cadavre... Comme cette maison qu'on décide de démolir et d'engloutir dans une fosse creusée à cette effet par des pelleteuses.
Le père et le fils contemplent ce désastre, ils pensaient avoir vidé la maison et brusquement surgit parmi les décombres une petite Tour Eiffel dans sa bulle de verre où coulait la neige, souvenir désuet de Paris... Comme cet homme, un de ces volontaires chargés d'accompagner l'évacuation des lieux et qui, une nuit, courut tel un illuminé vers cette forêt dont les arbres s'étaient mis soudainement à rougeoyer. C'était comme le chant des sirènes...
Tchernobyl est une de ses catastrophes violentes et insidieuses dont on ne sent pas le mal immédiatement.
Le paysage au début semble comme n'avoir jamais changé. Les gens aussi. Rien ne se voit dans l'air ni dans le vol des oiseaux. C'est après...
Il paraît que, lorsque l'endroit fut vidé de sa population ou presque, les animaux se réapproprièrent ce territoire y compris dans les rues désertes de Pripyat. Des oiseaux entraient dans les maisons et les fenêtres lorsque les fenêtres étaient restées ouvertes. Et puis vinrent aussi des pillards, par centaines, bien que l'accès fût surveillé et protégé sans cesse par les forces de l'ordre...
Gouri, en revenant sur les lieux du drame, sur ce lieu qui restera contaminé durant des centaines d'années encore et sans doute bien plus encore, risque sa vie pour pas grand-chose... On saura plus tard pourquoi il va là-bas, et pourquoi son voyage ultime doit s'effectuer à la nuit tombée...
Mais peut-être l'instant le plus émouvant dans ma lecture fut lorsque Iakov, qui sait qu'il n'en a plus pour très longtemps à vivre, demande à Gouri de l'aider à écrire une lettre pour Vera, parce qu'il ne sait pas bien poser les mots sur une feuille de papier... C'est peut-être là que les digues que j'évoquais plus haut commencèrent à se fissurer, pas celles qui retenaient ce maudit atome en fission, mais celui d'un coeur en sanglot.
Voilà ! Tout ce texte est ainsi tissé par l'écriture empathique d'Antoine Choplin, pudique, tout en retenue. L'horreur de cet événement est dit par ellipse, le sujet n'était pas facile à aborder, il y a une poésie à la fois lumineuse et saisissante qui ne fuit pas cette horreur, qui ne se complet pas dedans, qui dit simplement avec des mots touchants le drame humain qui s'en est suivi pour des milliers de familles...
La trajectoire de Gouri sur sa petite moto fragile ressemble à un chant crépusculaire. Sa quête est comme un geste aussi dérisoire qu'éprise de sens. Elle est belle.
J'ai été ému jusqu'aux bords des larmes par ce magnifique récit porté par beaucoup d'humanité. En refermant ce livre, je n'ai pas pu m'empêcher de penser au père d'une amie de mon épouse, elle s'appelle Svetlana, habite aujourd'hui dans le Finistère à quelques kilomètres de chez nous, son père était pompier là-bas au moment de « l'accident », dont la cause, il faut le rappeler, n'était rien d'autre qu'un essai technique de sécurité qui fut mal maîtrisé dans l'enchaînement de très mauvaises décisions. Il fut avec une quinzaine de ses collègues les premiers à intervenir auprès du réacteur en fusion. Ils furent aussi les premiers à décéder... Certains dès le lendemain...
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Un tout petit roman d'une incroyable douceur pour une virée à la nuit tombée dans la ville fantôme qu'est Tchernobyl.

Les souvenirs sont encore bien vivants pour Gouri. Il les partage avec ses amis victimes de la catastrophe nucléaire de 1986. Il décide de rejoindre la ville fantôme sur sa moto, accompagné de son ami. La nuit tombée, comme deux fantômes ayant peur du jour et de ce qu'ils pourraient découvrir.
Si tout est silence et vide dans la ville, Gouri tient à retrouver un semblant de vie et d'humanité. Peu de choses suffisent pour réanimer une ville échouée, le vol d'un oiseau, le vole d'un piano, le démontage d'une porte marquée de la taille de sa fille au fil des années.
Les descriptions sont belles, justes, comme un dernier hommage à Tchernobyl, comme une dernière virée de deux hommes vivants là où la vie a déserté faute au nucléaire, faute à un accident tournant à la catastrophe et dépleupant les rues.

Intime, essentiel, c'est à la tombée de la nuit que la lune projette toute son immensité.
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« Ce n'était pas la guerre, ni un tremblement de terre. Nul effondrement, nul cratère d'obus. N'empêche, il fallait partir. »


En seulement 123 pages, Antoine CHOPLIN nous fait toucher du doigt les émotions et sentiments des rescapés de la catastrophe de Tchernobyl en 1986. Rescapés, mais pour combien de temps ? Car même si la population a été rapidement, et de force, évacuée dans les larmes mais en relative sécurité, des symptômes se déclarent chez certains à retardement. Alors la nuit, qui est déjà tombée sur leur monde le 26 avril 1986, retombe sur leur âme et celle de leurs proches. Et que faire dans ces cas-là sinon se raccrocher aux souvenirs ? Enfin, ceux qui n'ont pas été ensevelis par les autorités, pour éviter toute contamination, ni volés par les brigands opportunistes lorsque la zone, désormais interdite, a été obligatoirement désertée…


« Ce dont je me souviens le mieux, c'est des choses qu'on voyait parfois tomber dans le trou au milieu d'une pelleté de gravats. Des choses qu'on n'avait pas eu le temps ou même l'idée d'emporter et qui nous passaient sous le nez. Sauf qu'à chacune d'elles s'accrochaient des petits morceaux de vie et que c'était ça qui défilait devant nous. »


Pour apaiser les âmes, c'est autour de tournées de vodka entre initiés que les souvenirs reviennent. Mais pour Gouri, cette fois, ça ne suffit pas. Il doit retourner clandestinement en zone contaminée et interdite pour récupérer quelque chose de vraiment important, que les pilleurs n'ont pas dû prendre. Lui qui a été chargé dans le passé, avec ses amis, de détruire certaines espèces animales pouvant être vecteur de contamination, espère désormais que sa maison et ses affaires n'ont pas, à leur tour, été démolis et enterrés. Au péril de sa vie, avec le soutien de quelques amis pas tous indemnes, il doit en avoir le coeur net. Il accroche une remorque à sa moto et, après un émouvant tour de table nous offrant les contours du contexte et un panel de conséquences de la catastrophe, c'est à la tombée de la nuit que nous suivons Gouri jusqu'à ce lieu interdit : Pripiat.


« Ils n'auraient jamais dû le faire, Gouri l'avait compris peu après. Ils l'avaient fait pourtant, avec enthousiasme et même, une joie vague. Ils étaient venus ensemble, c'était tout près d'ici, Ksenia et lui, au matin du 26 avril. Voir un peu. le bleu étrange de l'incendie. Les irritations. Cette féérie. »


Un livre extrêmement court mais lourd de sens, jusque dans les pauses et les silences. Surtout dans le contexte actuel.


« Ca colle le vertige, ça, quand on y pense. Un monde qui continuerait sans nous. Hein. »
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Une véritable merveille bien que les sujets abordés dans cet ouvrage ne soient guère réjouissants, bien au contraire !

Gouri, le personnage principal, revient, après deux ans d'absence, dans sa région natale de l'Ukraine, non seulement pour revoir ses amis, Iakov et Svetlana mais surtout parce qu'il a une mission à accomplir : celle de retourner dans Sa ville, celle où il a vécu heureux avec sa femme et sa fille, et qui est désormais en ruines afin de récupérer une porte. Vous allez croire que je raconte n'importe quoi mais lisez la suite et tout prendra peut-être sens pour vous ! Gouri s'est exilé à Kiev suite au 26 mai 1986. Cette date ne vous évoque-t-elle rien ? L'accident nucléaire de Tchernobyl bien évidemment ! Même si ce dernier n'est pas clairement mentionné par l'auteur, le lecteur, lui, lit entre les lignes puisqu'il parle de "zone", d'évacuation à grande échelle de villages entiers et, bien évidemment de plutonium. le rapprochement ne fait donc plus aucun doute. Et su Gouri tient tant à retourner dans cet endroit pillé, dévasté et surtout interdit, c'est pour se rendre à Pripiat, la ville dans laquelle où il habitait et de se rendre, illégalement bien entendu, dans son ancienne demeure pour récupérer la porte de la chambre de sa fille.
Pourquoi celle-ci et pas une autre ? Et dans quel but ? Je ne vais quand même pas vous dévoiler toute l'intrigue donc je m'arrête là, ne serait-ce que pour vous tenir sur votre faim...

En tout cas, je vous recommande vivement la lecture de cet ouvrage qui se lit très vite, qui est extrêmement bien écrit et très touchant. Il a d'ailleurs obtenu le Prix France Télévisions 2012, dans la catégorie "Romans". A découvrir absolument !
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critiques presse (5)
Telerama
05 mars 2014
Ce qui frappe, dans l'écriture d'Antoine Choplin, c'est sa souplesse et sa retenue, sa précision et son humanité. Chez lui, les ruptures sont nettes mais jamais cassantes, la narration sèche et pourtant toujours chaleureuse.
Lire la critique sur le site : Telerama
Culturebox
12 octobre 2012
Voilà un roman qui ne s'autorise aucun temps mort, habité par une sorte d'urgence. Gouri risque sa vie pour pas grand chose mais on le comprend parfaitement. […] Cette histoire forte, ramassée, s'achève au lever du jour. On a le souffle coupé.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Lexpress
08 octobre 2012
Poétique et glaçant, ce livre dense est un chant crépusculaire d'une beauté saisissante.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lexpress
23 août 2012
Le sujet est grave, poignant, mais Antoine Choplin évite l'écueil du mélo en laissant la parole à ses personnages : des mots simples, pudiques […].
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
22 août 2012
Avec une économie de moyens très beckettienne, un sens du visuel méditatif digne de Tarkovski, et une grande tendresse pour ses personnages sortis d'un tableau de Chagall, Antoine Choplin signe un roman essentiel.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (91) Voir plus Ajouter une citation
C'est vrai qu'il y avait eu cette hébétude, le troisième jour. Il en avait gardé quelque chose au fond de lui. Eux tous, les habitants de Pripiat, grimpant dans les autocars, lestés du strict nécessaire.
Évacués. Et jetant par les vitres un regard incrédule en direction de leur ville aux contours pourtant inchangés.
Ce n'était pas la guerre, ni un tremblement de terre. Nul effondrement, nul cratère d'obus. N'empêche, il fallait partir.
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Comment dire. Au début, quand tu te promènes dans Pripiat, la seule chose que tu vois, c'est la ville morte. La ville fantôme. Les immeubles vides, les herbes qui poussent dans les fissures du béton. Toutes ces rues abandonnées. Au début, c'est ça qui te prend les tripes. Mais avec le temps, ce qui finit par te sauter en premier à la figure, ce serait plutôt cette sorte de jus qui suinte partout, comme quelque chose qui palpiterait encore. Quelque chose de bien vivant et c'est ça qui te colle la trouille. ça, c'est une vrai poisse, un truc qui t'attrape partout. Et d'abord là-dedans.
De son pouce, il tapote plusieurs fois son crâne.
Je sais de quoi je parle.
Gouri pose sa joue sur son poing fermé.
Moi, poursuit kouzma, des fois, je pense au diable et je me dis tiens, si ça se trouve, il a installé ses quartiers dans le coin et il est là, à bricoler. Il profite de l'aubaine pour se fabriquer un monde à lui. A son image. Un monde qui se foutrait pas mal des hommes. Et qu'aurait surtout pas besoin d'eux. ça colle le vertige, ça, quand on y pense. Un monde qui continue sans nous. Hein.
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La bête n'a pas d'odeur
Et ses griffes muettes zèbrent l'inconnu de nos ventres
D'entre ses mâchoires de guivre
Jaillissent des hurlements
Des venins de silence
Qui s'élancent vers les étoiles
Et ouvrent des plaies dans le noir des nuits
Nous voilà pareils à la ramure des arbres
Dignes et ne bruissant qu'à peine
Transpercés pourtant de mille épées
A la secrète incandescence
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Je me souviens du premier jour continua Iakov comme si Gouri n'avait rien dit. On nous a emmenés dans un champ vers ces coins-là, près du village de Tchestoganivka. On était une douzaine, peut-être un peu plus. Le chef a expliqué ce qu'on avait à faire. Il a dit, et je te jure que c'est exactement ce qu'il a dit : les gars, on va enterrer ce champ. On l'a regardé sans comprendre, et il a répété les mêmes mots. Enterrer le champ. Alors, ce qu'il faut faire, a fini par demander l'un d'entre nous, c'est ni plus ni moins qu'enterrer la terre. Et le chef a dit que c'était exactement ça. Enterrer la terre. Autrement dit, enlever la couche supérieure du champ et l'enfouir profondément. Et après, répandre partout, à la place du sable de dolomie, un truc d'un blanc tel que tu te serais cru sur la lune. Voilà, c'était ça le boulot. Et c'est ce qu'on a fait.
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Ils n'auraient jamais dû le faire, Gouri l'avait compris peu après. Ils l'avaient fait pourtant, avec enthousiasme et même, une joie vague.
Ils étaient venus ensemble, c'était tout près d'ici, Ksenia et lui, au matin du 26 avril.
Voir un peu.
Le bleu étrange de l'incendie. Les irisations. Cette féerie.
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