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EAN : 9782742701148
153 pages
Actes Sud (25/01/1994)
3.12/5   8 notes
Résumé :

Si les thèmes de la nuit, de la peur, de l’enfermement, de la punition, de l’oppression domestique, de l’invisible menace sont si présents dans les livres de Marlen Haushofer, c’est peut-être parce que la romancière autrichienne n’a cessé toute sa vie d’exorciser des craintes qui sont le lot commun de l’enfance. A la fois plausibles et fantasmatiques, effleurant bien souvent l’intime mémoire du cauchemar, les récits qui composent ce volume semblent en vérité... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Relecture 24 décembre 2021

La première fois que je fus bouleversée, captivée par cette auteure, ce fut avec son roman « le Mur invisible »…J'ai ensuite poursuivi ma connaissance de son oeuvre abondante, par ses recueils de nouvelles où nous retrouvons des thèmes récurrents et permanents : La Solitude dans le couple, les différences de sensibilité entre les hommes et les femmes qui les font le plus souvent rester étrangers les uns aux autres, la peur, toutes les peurs issues des non-dits, de la solitude immense de chaque être, et plus particulièrement les femmes, les histoires d'amour qui finissent rarement bien, l'aspiration et le besoin du Beau…, le refus des limites des conventions sociales, la nécessité de démesure, de fantaisie, de création, d'un idéal à se construire et à vivre, un refus de la routine, et des règles sociales sclérosantes, etc.

Dans ce recueil de nouvelles d'inégale importance, l'une de mes préférées est « le Legs » (dont je transpose un extrait ci-dessous), d'autres nous interpellent comme celle, incroyable, intitulée « La Nuit », qui exprime au plus juste toutes les peurs diffuses de plusieurs personnages, « peurs » venant de très loin, qui se déploient pendant ce temps du sommeil : peur de mourir, peur de disparaître, toute la vie mystérieuse fourmillant dans la nature, nous entourant….

Une autre est à remarquer qui offre de façon inhabituelle un ton moqueur, ironique, une sorte de légèreté pour décrire cette incompréhension quasi constante entre l'esprit, la psychologie des hommes et des femmes, dans la vie de couple, ayant la plupart du temps, du mal à coïncider , à se rejoindre.

Cette nouvelle « hilarante » nommée : « (a +b) (a-b) ¨¨ a2 –b2- Une agréable soirée à la maison » : Une épouse apparemment docile, pour faire plaisir à son mari ,accepte des exercices de sa part, pour l'instruire sur tel ou tel sujet dont Monsieur a envie de discuter ensuite, mais comme à ses yeux, sa femme n'est jamais à son niveau, il entreprend chaque fois de l'instruire ; et ce jour là, « Monsieur » avait décidé de se lancer dans un ouvrage de mathématiques. Il soumet son épouse à différents premiers exercices dont elle réussit à se sortir assez « honorablement », mais cela ne dure guère ; il s'agace, la traite de « cruche, d'inepte, pour finalement la déclarer « cas désespéré ». !!!
Ce qui ne peut que faire rire c'est le dédoublement de l'épouse : faussement obéissante et arrangeante, on lit ses pensées intérieures, pleines d'ironie :
« Elle était impressionnée. Pas tout à fait autant qu'elle feignait l'être, mais tout de même ! Elle aimait entendre dans sa voix-comme c'était le cas maintenant-ce ronronnement de matou satisfait » (p. 71)

Je reviens au « Legs », qui reste la nouvelle qui m'a le plus marquée dans ce recueil…
« Quand l'été fut revenu, je l'autorisai à aller s'asseoir dans le jardin. Je lui offris une grande boîte de crayons de couleur; elle en éprouva un bonheur d'enfant. Elle dessina tout ce qui lui passait devant les yeux. Les joues brûlantes, elle levait les yeux su moi et me montrait ses dernières oeuvres.
-La seule chose que je regrette, se plaignit-elle une fois, c'est que ces couleurs soient beaucoup trop ternes, elles devraient être plus ardentes, plus lumineuses, telles que je vois les choses. (p. 33)”

Ce legs est celui d'une jeune femme sur le point de mourir qui aimerait léguer à son ancien compagnon “son regard”, un regard plus vif, moins conventionnel que cet homme amoureux, toutefois par trop conventionnel, n'ayant pas compris ou pire, ayant été effrayé par l'impétuosité, la fantaisie, la liberté, les excès de sa compagne, Régine. Il réalisera tout ce qu'il a manqué, raté, lorsque celle-ci sera sur le point de mourir ! Il se réveillera enfin… Régine lui aura offert, légué un REGARD neuf sur la Vie !

Une relecture très appréciée…même si l'univers de Marlen Haushofer est désabusé et assez sombre. L'analyse psychologique des personnages, ainsi que son style sont comme ciselés, très approfondis et affinés, en étant à la fois, dans l'épuré, l'Essentiel : l'Universelle difficile compréhension entre les êtres !
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Une quinzaine de nouvelles choisies dans l'oeuvre de Marlen Haushofer pour illustrer la peur, l'oppression, la crainte de la nuit, les incompréhensions qui m'ont paru un peu pesantes. Je n'ai pas éprouvé beaucoup de plaisir. Pourtant j'ai plus apprécié la seconde partie du livre. Peut-être que je commençais à m'habituer au style de Marlen Haushofer.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Le legs

Quand l'été fut revenu, je l'autorisai à aller s'asseoir dans le jardin. Je lui offris une grande boîte de crayons de couleur; elle en éprouva un bonheur d'enfant. Elle dessina tout ce qui lui passait devant les yeux. Les joues brûlantes, elle levait les yeux su moi et me montrait ses dernières oeuvres.
-La seule chose que je regrette, se plaignit-elle une fois, c'est que ces couleurs soient beaucoup trop ternes, elles devraient être plus ardentes, plus lumineuses, telles que je vois les choses. (p. 33)
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Le Legs

J'ai trente ans et trois jours. J'ai dormi trente ans, je vis depuis trois jours. (...)
Quand on attend l'âge de trente ans pour commencer à vivre, on n'a plus beaucoup de temps de se creuser la tête. J'ai une enfance et une jeunesse à rattraper; on admettra que c'est là une tâche considérable pour un être humain qui ne se sent pas encore bien solide sur ses jambes. (p. 19 )
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La Blessure

Or, qu'y a-t-il de plus insupportable que de vivre avec quelqu'un que l'on a aimé et qui sait tout de vous ? il n'aimait pas que l'on sût des choses sur son compte. Cette fille et lui feraient très bien la paire; uniquement préoccupée d'elle-même, elle ne se soucierait jamais sérieusement de lui. (p. 81)
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La Nuit

Il n'aimait pas la nuit et savait qu'il fallait empêcher ce doute monstrueux de grandir car il détruirait sinon ce qui restait de sa vie. le père s'écarta prudemment du mur noir et pensa au jour à venir. Il fallait tailler les rosiers. Il aimait les roses et ne voulait pas cesser d'aimer. Epuisé mais souriant, il s'endormit. (p. 100)
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La Blessure

Son malheur était de ne pouvoir s'enivrer réellement. Même quand ses jambes le lâchaient, ses pensées ne l'abandonnaient jamais tout à fait. Sa femme, elle, n'était pas à plaindre; elle était couchée et dormait. Pourtant...peut-être ne dormait-elle pas, peut-être pleurait-elle un peu. Il lui fournissait assez de raisons pour cela. Néanmoins son sort était enviable car elle l'aimait toujours et souffrait à cause de lui tandis que lui n'aimait personne et souffrait quand même; c'était une douleur en demi-teinte, harcelante, sans objet. (p. 80)
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Videos de Marlen Haushofer (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marlen Haushofer
C'est à la fin de l'année 1941 que les Américains, entraînés contre leur gré dans la Seconde Guerre mondiale, découvrent, mi-fascinés mi-inquiets, l'existence d'une science nouvelle dans l'exercice de laquelle les Allemands seraient passés maîtres et qui expliquerait leurs spectaculaires succès : la géopolitique.
Un vif débat s'engage alors : faut-il rejeter la géopolitique au motif qu'elle serait un savoir nazi par principe pernicieux ? Ou au contraire s'en rendre maître pour mieux la retourner contre ses concepteurs ?
Entre Seconde Guerre mondiale et guerre froide se joue ainsi un épisode crucial de l'histoire d'une discipline dont l'américanisation rend possible la normalisation et qui éclaire d'une lumière neuve la genèse des visions et des pratiques américaines du monde au XXe siècle. . . .
0:00 Comment les États-Unis se sont approprié une science venue d'Allemagne nazie 0:39 le tournant mackindérien 6:10 Haushofer à Nuremberg 8:19 Une science qui s'américanise

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