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EAN : 9782070328635
448 pages
Gallimard (06/01/1998)
4.05/5   19 notes
Résumé :
La Mésopotamie n'a pas seulement inventé l'écriture. Elle est également le creuset de la plus vieille religion à ce jour connue.
Religion s'entend au sens le plus strict : un Panthéon de divinités dans lequel chacun se voit attribuer un rôle et une fonction propres, dont l'intercession s'obtient par des rites codifiés, dont les volontés se manifestent à travers des signes qu'une classe de prêtres sait interpréter.
Des divinités accessibles, dont le mon... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Jean Bottero nous livre un ouvrage brillant sur la plus ancienne religion connue de l'humanité au travers de ses lettres : la religion sumérienne. Il sait éclairer de son érudition et de ses connaissances cette ancienne civilisation mésopotamienne, tout en la rendant accessible au commun des mortels.

Bottero nous dresse tout d'abord un dessin vivant des transitions culturelles qu'a subi la région : les sumériens venus d'on ne sait où ont cohabité avec des peuples sémitiques tels que les akkadiens qui les ont peu à peu supplantés, tout en conservant leur héritage culturel. C'est ensuite la culture babylmonienne, puis les grecs qui sous l'emprise d'Alexandre, s'emparent de la région et baignent dans cette très vieille culture et s'en inspirent.

L'ouvrage nous décrit la théogonie et la cosmologie qu'avaient construits les sumériens. Il éclaire la place de l'homme au sein de l'univers et nous donne à voir les réponses construites dans cette culture aux questions existentielles que l'on se pose : quel destin après la mort ? Il ne nous décrit heureusement pas un catalogue exhaustif des dieux de cette région, mais s'arrête opportunément sur les plus importants d'entre eux et illustre la mythologie qui leur est associée et la dévotion de leurs fidèles au travers de quelques hymnes dédiés à ces divinités. Ces illustrations sont suffisamment nombreuses pour nous décrire la religiosité de l'époque, mais pas présentes au point d'écraser l'analyse. Bref, l'équilibre entre sources premières et commentaires est excellent et c'est là tout l'art de l'historien.

L'ouvrage nous permet ensuite de pénétrer dans le sentiment religieux et ses manifestations physiques tout d'abord au travers du services des Dieux et de la liturgie qui leur est dédiée, puis au travers de la religiosité qui s'exprime dans le vie quotidienne du peuple, notamment au travers des exorcismes dont les sumériens semblent avoir été très friants.

Bottero met admirablement en lien l'intellect qui a élaboré l'écriture cunéiforme avec celui qui a fait de cette notion de l'écrit un élément central de la religiosité au travers de la croyance que tout évènement, tout augure n'est que la forme de l'écriture divine. le rôle de l'officiant est alors de décrypter le message et de le rendre intelligible à ses contemporains. Cependant, nul fatalisme chez ce peuple qui au travers de ses formules d'exorcismes pensait pouvoir influer sur cet avenir et modifier le cours des évènements.

La partie sur l'héritage culturel laissé par les mésopotamiens est particulièrement intéressante. tout d'abord, force est de constater que la mythologie mésopotamienne et par là même sumérienne a fortement inspiré les livres sacrés de toutes les religions du Moyen et Proche Orient. L'épisode du déluge dans le Bible en est un exemple criant. Plus encore que cela, Bottero retrouve dans le stoicisme l'héritage des mésopotamiens légèrement transformé. Pour les mésopotamiens, les planètes étaient liées à une divinité sans pour autant être confondues avec elle. Les stoiciens pousseront plus loin ce raisonnement en attribuant aux différentes planètes une véritable personnification divine. Ne connait-on pas aujourd'hui une forme atténuée de cette religion au travers de l'astrologie et la croyance selon laquelle la position des planètes peut influencer nos vie ?

Cet ouvrage nous permet d'appréhender un monde lointain, perdu dans les brumes de l'histoire et nous rend accessible un système de croyances très construit d'un point de vue intellectuel, avec une pensée rationnelle et logique qui a donné naissance à différentes sciences qui ont pu irriguer tout le bassin méditerranéen et dont nous avons nous même hérité.
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Le grand assyriologue Jean Bottéro s'efforce de rendre en termes simples mais circonstanciés la première religion humaine documentée par des sources écrites, celle des Sumériens et des Babyloniens. Son livre est bien utile en ce qu'il fournit une description des mythes, des croyances et des cultes de l'ancienne Mésopotamie, depuis l'invention de l'écriture en 3500 av. J.C. aux alentours de l'ère chrétienne, quand ce qui allait devenir plus tard l'Irak changea définitivement de langue et en partie de culture. C'est donc une bonne lecture, bien que le livre soit parfois chargé de certaines longueurs et lourdeurs, quand l'auteur ajoute des jugements personnels ou des remarques sans grande pertinence pour le sujet traité. Ce livre reste indispensable puisqu'il est le seul disponible sur la question en langue française, avec les ouvrages de Jean-Jacques Glassner.
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Après avoir lu L'histoire commence à Sumer de Kramer, je voulais poursuivre l'aventure avec l'auteur de sa préface et un historien français : monsieur Bottéro.

L'attrait pour la religion, plus qu'un autre sujet, m'a fait choisir ce livre. Je pense qu'il faut avoir une idée bien précise avant de sélectionner ce genre d'ouvrages. L'aventure est plutôt réussie et bien maîtrisée.

L'auteur articule le tout pour présenter la religion comme pilier d'une société. Et c'est avec plaisir qu'on découvre au final des personnes qui semblaient vraiment sans réelle prétention que de donner du lien entre les différentes parties qui faisaient que ces individus ont réussi à cohabiter et progresser ensemble malgré la fatalité de la condition humaine.
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Jean Bottéro nous partage une mine d'informations sur la religion mésopotamienne ainsi qu'une introduction à son histoire. C'est un ouvrage complet ( même si je ne l'ai pas encore fini ) et très intéressant. le point négatif, c'est le style d'écriture de l'auteur, parfois lent et lourd.

A lire pour tous ceux qui sont intéressés par la Mésopotamie et les religions !
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Dans la vieille Mésopotamie, pour autant que nous en comprenions les demi-mots, la seule ambition de l'homme, compte tenu de son état et de l'idée qu'en donnaient de lui ses représentations religieuses, ce n'était pas de changer sa vie, mais de la réussir. Il est frappant combien la notion de réussite est au fond de tous les efforts que nous constatons et devinons chez ces gens, lorsqu'ils pensent à leur conduite.

Tout un genre littéraire particulier, et hautement significatif, dont les plus anciens témoignages figurent déjà parmi la plus vénérable collection littéraire connue, celle trouvée à Fâra-Abû-Salâbi'h et datable de vers 2600, le font toucher du doigt, à travers les nombreux fragments qui nous en sont restés, d'abord et surtout en sumérien, plus tard en akkadien : les "Conseils d'un père à son fils", à qui il voulait "apprendre la vie" en lui transmettant sa propre expérience et sagesse.

Ne te porte pas garant pour quelqu'un : il aurait prise sur toi !
Ne rôde pas où les gens se querellent : on te prendrait pour témoin !
Ne commets pas de meurtre : ce serait te suicider à la hache !
Ne couche pas avec ta servante : elle t'appellerait canaille.
...

p. 223
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On l'entendra mieux si, pour éclairage indirect, l'on met en avant une autre de nos inclinations particulières, mettons l'amour. Inné et irrationnel, il pousse irrésistiblement chacun de nous vers un "autre", à notre portée, dans lequel nous pressentons obscurément comme un enrichissement de notre personne, qu'il nous faut rechercher et nous approprier à toute force. Ce qui légitime et justifie de même la Religion ne se trouve pas, lui, à notre niveau, sur notre plan, disons "horizontal", mais, pour ainsi parler, "vertical", au-dessus de nous. C'est l'attraction irréfléchie, et intime, d'autant plus forte qu'elle est instinctive et imprécise, qui nous oriente vers quelque chose, non pas d'accessible, mais qui nous dépasse totalement : la vague appréhension, l'obscur pressentiment qu'il existe, beaucoup plus haut, beaucoup plus grand que nous, un ordre de choses indéfini, absolument supérieur à nous et à tout ce que nous connaissons ici-bas, mais à quoi nous sommes en quelque sorte impulsivement enclins à nous soumettre, vers qui nous nous sentons poussés à nous tourner, si nous voulons nous accomplir nous-mêmes. Cet "ordre de choses" (que je désigne ainsi parce qu'il nous apparaît, d'abord, ontologiquement indéterminé : ni personnalisé, ni impersonnel), c'est ce que, faute de mieux, on appelle le Surnaturel, mais aussi le Sacré, le Numineux, le Divin - objet premier de la Religion, et sans quoi elle n'existerait pas, n'ayant aucune raison d'être.

p. 24
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... il n'y avait donc pas d'anxiété proprement religieuse, et la hantise du "péché" était tout autre chose.

Du moins, à peser tous nos témoignages, pouvons-nous être assurés qu'une telle pression, même réduite, s'exerçait uniquement dans la ligne de cette religiosité "centrifuge" : pas une ombre d'attachement du coeur, de recherche attendrie, d'amour authentique, mais seulement de la révérence, du respect, de l'abaissement, de la crainte, enracinés dans la profonde conviction de l'état de servitude, zélée et modeste, à la fois, à l'égard des dieux.

Reste à poser ici une dernière question, de poids : la moralité, la conduite honnête et droite, avaient-elles une valeur religieuse et culturelle authentique, une place dans la pratique de la religion, une incidence directe sur les dieux ? Nous n'avons pas le moindre écho, dans tout notre dossier, d'une interrogation pareille, que nous nous faisons, nous, avec notre propre vision religieuse et "biblique" des choses. Les anciens Mésopotamiens ne se sont visiblement jamais préoccupés ou doutés de cette manière de voir, qui nous est familière. Ce devait être une des grandes révolutions de Moïse, en Israël, que de substituer à l'entretien purement matériel des dieux, la seule et unique obligation "liturgique" d'obéir, dans sa vie, à une loi morale, pour rendre véritablement à Dieu le seul hommage digne de lui.

p. 324
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Les dieux étaient imaginés "écrire" les choses et, comme tous ceux qui écrivent, y faire passer délibérément un message, lequel portait de préférence sur un des objets qui intéressent le plus les hommes, et qui, à la différence des dieux, leur échappe complètement : le dévoilement de l'inconnu, et, avant tout, du futur ... Il suffisait de "lire" les choses ainsi faites, de les examiner, d'y réfléchir pour les "décrypter", comme il suffisait d'examiner et de déchiffrer une tablette cunéiforme pour la lire et apprendre ainsi ce que son auteur voulait dire.
(...)
De ces recherches sont nés les "traités", dont la rédaction doit avoir commencé au début du II° millénaire, et dont le contenu s'est peu à peu enflé et étendu, systématiquement, à toutes les classes de réalités, toutes également l'objet de l'action efficace des dieux, et, par suite, propres à en retenir et convoyer les messages. Il y en avait donc ... d'astrologie ... ; de chronomancie (hasards et coïncidences des événements avec le calendrier) ; de tocomancie (présentation des nouveau-nés humains ou animaux) ; de physiognomonie (aspect du corps des hommes, mais aussi de leur tempérament et caractère) ; d'extipicine et notamment d'hépatoscopie (examen des entrailles, et surtout du foie des animaux sacrifiés) ; d'oniromancie (les rêves) ; des aléas et rencontres multiples de la vie quotidienne ; et plus d'une autre encore ...

pp. 342-345
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Par exemple, pour dépeindre, sinon définir, ce qu'avait de particulier, par elle-même, Leur nature, on avait imaginé, depuis longtemps, l'espèce d'éblouissement et de terreur qui devait émaner d'Eux, en même temps que Leur extraordinaire densité d'être, sur le modèle d'une luminosité prodigieuse, qui résidait en Eux, ou qu'Ils portaient sur Eux, comme un vêtement de lumière, ou qu'ils avaient placé, sur Leur corps ou sur Leur tête, tel un bijou étincelant, qui rayonnait alentour, éclairant et ensorcelant tout d'un "éclat surnaturel", merveilleux en même temps que terrible - comme tout ce qui est fascinant. On appelait "melammu" (du composé sumérien ME, pouvoir, et LAM, incandescent) cette source d'émerveillement et d'effroi tout ensemble, qui distinguait les dieux ...

p. 90
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Vidéo de Jean Bottéro
ÉPOPÉE GILGAMESH – Traversée du plus vieux poème de l’humanité (France Culture, 1992) Émission de radio « La Matinée des autres », par Jacqueline Kellen, diffusée le 20 octobre 1992 sur France Culture. Invités : Jean Bottéro, Marguerite Kardos, Florence Malbran-Labat et Pierre Solié.
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