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EAN : 978B00FE02H6G
Marabout (30/11/-1)
3.12/5   4 notes
Résumé :
Fille du désert et du manque, sans cesse alertée par la solitude et l'absence, telle est la poésie arabe, cultivée quinze siècles durant par une succession de génies remuants, iconoclastes, gourmands des mille et une saveurs du verbe - et des mille et une images (licites ou illicites) qu'éveille dans le cœur de l'homme l'aiguillon du désir. Fontaines destinées à réjouir les cœurs altérés, jardins parfumés, filles offertes, tendres éphèbes aux yeux de gazelle, nuits ... >Voir plus
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Vous êtes arrivés avec l’aube
et il y avait là,
en ce lieu où l’on tuait
sans raison, où l’on tuait
sans relâche
derrière la porte de la prison...
oui, il y avait là celle
qu’avait élue le désir,
à présent en proie à l’accablement.

Il y avait là, prêtes à la trahison,
mille mains qui dérobaient
de ma mémoire,
de mon libre sang, la vieille convoitise
que la noirceur des nuits nourrit
dans l’attente de l’aube...

Vous êtes arrivés et nous étions là,
attendant en silence l’heure,
du massacre.
L’homme sera-t-il crucifié ?
Les flammes consumeront-elles
nos maisons,
nos petits ?
Tout cela parce que nos rêves envisageaient
la venue de l’aube ?

Mais vous êtes arrivés
et nous étions là,
à nous demander d’où viendrait
celle qu’avait élue le désir.
D’où viendrait-elle ?...
Elle ne viendra pas.
Le soleil ne se lèvera pas
et au fond de la maison
déjà s’enfoncent dans la mort
les pas de mes enfants...
réduits au silence.

D’où viendrait-elle ?...
Elle ne viendra pas,
car notre prison est aveugle,
sans lucarne,
car notre chemin s’enfonce et se perd
dans un gouffre,
car nous sommes sans puissance
et sans force.
Mais vous êtes arrivés
et nous étions là.

Telle est l’histoire de notre hier
et son goût est amertume ;
telle est notre marche lente, le cortège
de notre dignité :
notre seul bien jusqu’à l’heure où se lèvera
enfin une aube libre.

Buland al-Ḥaydarī
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L’Unique



extrait 3

C’est à vous, ô mes seigneurs,
c’est par vous,
c’est par votre mérite
et votre beauté
que la flamme de ma lampe
a jeté son éclat.

Avant même que Tu rassembles
les parties de mon être,
Tu m’as fait entendre
Tes paroles.
Avant même que Tu me places
au centre
des six lieux de l’espace,
oui, certes, au centre
de tous les lieux qui m’environnent !

J’ai témoigné
qu’Il est l’Unique,
après avoir considéré
Sa perfection
et les effets de Sa bonté
dans tous les états
où je me suis trouvé.

J’ai frappé à Ta porte
ô Seigneur mien,
à cause de ma misère.
Que de mendiants qui frappent
eux aussi à Ta porte
as-tu enrichi de Tes dons,
en exauçant ma prière !


// Ibn Al- Dja’bari (? – 1241)

/ Traduit de l’arabe par René R. Khawam
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L’Hôtellerie du destin


La Lune aveugle dans le ventre
  du Poisson
et toi, éloigné du pays natal,
tu ne vis pas, tu ne meurs pas.
Le Feu des Mages s’est éteint,
allume donc le lampion !

Cherche où a passé le papillon.
Peut-être vole-il dans l’ombre verte
  de cette ténèbre ensorcelée ?
Bois la nuit qui coule de cette lumière,
puis brise en morceaux le verre.
Cette nuit, sache-le,
  ne reviendra pas.

La flèche du sort t’a rejoint.
Aucune issue pour t’enfuir,
  ô Sommeilleux !
À moins de ne prendre à ton tour le coq pour un âne,
  ainsi que nous l’impose
  le déroulement des jours.

La gazelle dans le désert…
les chiens de chasse au soir
  traquent sa course.
Le vin dans son cruchon…
hume-le tout ton soûl,
puis vide la coupe du ciel,
ou le verre ami des larmes,
jusqu’à mourir à ton tour
en cette hostellerie du Destin que chacun quitte
  les mains vides
  aux pieds de l’hôtelier –
ton unique compagnon à l’instant
  du dernier voyage
vers la cité des fourmis abusées
  gouvernées par les chiffres
  et les calculs de la banque.

O toi, l’esclave,
à combien vends-tu ces chaînes ?
Cette nuit, sache-le,
  ne reviendra pas.
Elle s’est envolée, tout comme
  s’est envolé
  le tapis des Mille et Une Nuits,
  et nous avec lui,
embrassant le « Tigre » à la clarté fuyante
  des étoiles
  et semant dans sa course un palmier…
Mieux vaut taquiner les cordes du luth,
car le coq de cette nuit aura rendu l’âme
  avant que ton verre ne t’offre
  sa première lueur…


Abd-al-Wahab Al-Bayati (1926 - 1999)
Traduit de l’arabe par René R. Khawam
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Le fleuve gelé


Extrait 7

Cependant l’hiver finira bien
par s’éloigner et les jours
du printemps reviendront.

Et ils se mettront à défaire
sur ton corps
les liens qui l’entravent,
ces chaînes forgées
par la main du Givre.

Et ta vague limpide
libérée, dévidera son écheveau
en direction des océans,

enceintre des secrets
de la durée, énivrée
de la lumière du jour retrouvé !


//Mikha’il Nou’Ayma / (1988 – 1889)
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Nuit de joie
extrait 3
  
  
  
  
Lorsqu’il eut développé
la finesse de Ses propos
j’ai senti en L’écoutant
un bien-être tout de douceur.
Lève-toi, ô prisonnier,
et fais ton butin
du but suprême de tes désirs !

Il se lève, dans un balancement
de rameau tendre,
ramage qu’agite la brise
légère, lorsqu’elle souffle
au point du jour.

Je L’ai étreint
de l’étreinte d’un assoiffé d’amour,
alors qu’en Lui, le vin nouveau
avait folâtré.
Ô ne cherche pas à savoir davantage...


Nous, dans un opulent jardin,
ô beauté de ce jardin
qui sous nos regards se déroule
ceint d’une couronne de perles
que les nuages porteurs de pluie
avaient déposées en présent !

Une colombe
murmure sa joie
sur les branches
et chaque rameau fléchit,
chaque rameau
chargé de fleurs,
chargé de fruits.

J’ai rejeté toute honte
dans le désir de Son amour,
et que cela m’était doux !
Transports de joie nés
avec la musique entendue,
douces mélodies
sur un luth sans cordes.

Et l’on polit la coupe,
et mon Bien-Aimé boit avec moi :
lune éclatante
entre les étoiles qui scintillent...

J’ai obtenu
ce que désirait ma passion,
la douceur de l’étreinte,
et le baume
d’une vie entière
en Sa compagnie,
sans calomniateurs et sans trouble.

Ô douceur de cette nuit !
Nous l’avons passée étendus sur des trônes,
côte à côte rangés,
couverts de rameaux fleuris,
glissant le long d’une rivière
de pur cristal.


// Ibn Al- Dja’bari (? – 1241)

/Traduit de l’arabe par René R. Khawam
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Vidéo de René R. Khawam
*INTRODUCTION* : _« S'il est une Puissance dont le pouvoir absolu se soit exercé d'une manière continue, avec une autorité souveraine et souvent tyrannique, sur les Arabes de toute origine et de toute condition, savants ou naïfs, belliqueux ou paisibles, sceptiques ou exaltés, c'est bien la Poésie, reine majestueuse et confidente attendrie, inaccessible Eloa [ange de la compassion] dont le visage voilé ne se découvre à ses fidèles serviteurs qu'après une période longue et difficile de probation passionnée. […]_ _Héraut inspiré, aède maintenu sous la tutelle d'une maîtresse exigeante et farouchement indépendante, le poète arabe entend les voix les plus secrètes du monde inanimé, interprète le langage mystérieux des bêtes, manifeste les sentiments profonds du peuple dont il est l'interprète conscient et superbe. […]_ _[…] La poésie arabe a son monde à elle et l'on n'y pénètre qu'en adoptant une attitude humble, en manifestant une disponibilité de tous les instants. Et la récompense est digne de l'effort, car les fruits cueillis au bout du chemin ont une beauté, une saveur qu'on rencontre rarement ailleurs._ _Nos poètes ont senti plus que d'autres le poids de la destinée. Malgré les contradictions inhérentes à toute vie humaine, ils ont cru en la Beauté, tout en la sachant fragile — et peut-être à jamais hors d'atteinte. […]_ _Au lecteur à présent de chercher où peut bien loger la Poésie, qui n'est ni l'affaire spécifique de l'Orient ni celle de l'Occident mais le pain de tous les hommes. […] »_ *René R. Khawam.*
*CHAPITRES* : 0:00 — _Introduction_ 0:24 — *Ab Labd Ibn Rab'a* 5:19 — *Djarir Ibn 'Atiyya* 6:17 — *Djaml* 7:19 — _Générique_
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* : _ La poésie arabe, des origines à nos jours,_ anthologie établie, traduite et présentée par René R. Khawam, Paris, Phébus, 1995, « Libretto », 512 p.
*IMAGES D'ILLUSTRATION* : https://www.craiyon.com/
*BANDE SONORE ORIGINALE* : Loga Ramin Torkian (feat. Sinan Cem Eroglu) — Requiem https://www.facebook.com/sound/collection/?sound_collection_tab=sound_tracks&asset_id=225605329443379&reference=artist_attr https://www.youtube.com/channel/UC5Y4rc1LsP0t0GowBNUYzug
*LIVRES DU VEILLEUR DES LIVRES* :
_CE MONDE SIMIEN_ : https://youtu.be/REZ802zpqow
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/B0C6NCL9YH *VERSION NUMÉRIQUE* _(.pdf)_ : https://payhip.com/b/VNA9W
_VOYAGE À PLOUTOPIE_ : https://youtu.be/uUy7rRMyrHg
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/B0CB2FTQWF/ *VERSION NUMÉRIQUE* _(.pdf)_ : https://payhip.com/b/jZ7Ro
*SOUTENIR* « LE VEILLEUR DES LIVRES » : https://www.paypal.com/donate/?hosted_button_id=2ZDT3XZ49SNYA
*CONTENU SUGGÉRÉ* : https://youtu.be/jcZ5-scLv2Y https://www.youtube.com/playlist?list=PLQQhGn9_3w8rtiqkMjM0D1L-33¤££¤56LE VEILLEUR DES LIVRES57¤££¤ https://youtu.be/Y3drYHZV-j8 https://youtu.be/554XmLUXydU https://youtu.be/9x_1GBvQ1OE https://youtu.be/_31BTC56jlk https://youtu.be/D0bh4T8aEj0 https://youtu.be/coQoIwvu7Pw https://youtu.be/MT5tLkAd7kk https://youtu.be/J0qLEDekh9w https://youtu.be/0V41L-sJ5og https://youtu.be/NM9okrNZQxc https://youtu.be/PMmLvYjstRA
#RenéRKhawam #AnthologieDelapoésiearabe #PoésieArabe
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