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EAN : 9782253070221
352 pages
Le Livre de Poche (01/02/2017)
3.77/5   1323 notes
Résumé :
« C’est moi qui ai tué Emerence. Je voulais la sauver, non la détruire, mais cela n’y change rien. »

La Porte est une confession. La narratrice y retrace sa relation avec Emerence Szeredás, qui fut sa domestique pendant vingt ans. Tout les oppose : l’une est jeune, l’autre âgée ; l’une sait à peine lire, l’autre ne vit que par les mots ; l’une est forte tête mais d’une humilité rare, l’autre a l’orgueil de l’intellectuelle. Emerence revendique farouc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (272) Voir plus Ajouter une critique
3,77

sur 1323 notes
Superbe roman autobiographique de l'écrivaine hongroise, qui relate avec pudeur et émotion l'étrange relation, faite d'attraction et de répulsion, qui s'est créée entre elle et sa femme de ménage, l'énigmatique Emerence.

Tout repose sur la personnalité de cette femme très particulière, au passé complexe, dont elle ne livre que des bribes , différents en fonction de son interlocuteur, de telle sorte que chacun n'a qu'une compréhension partielle de sa vie , et de ce qu'elle est.

Elle ne passe pas inaperçue Emerence, et ne laisse personne indifférent. Elle sait construire un mystère autour d'elle, par les lacunes de son passé, mais aussi avec cette porte , close à tous sans exception, et dont les critères d'ouverture posthume sont très restrictifs.

Autant dire que la vie quotidienne n'est pas simplifiée par la présence de l'employée fantasque. L'écrivaine est loin de contrôler les événements. Pire, ses tentatives pour apprivoiser la vieille femme sont autant de camouflets en retour. D'autant que ce couple conflictuel est complété par un intrus à quatre pattes.

Regrets, remords, culpabilité, liés à la trahison nécessaire, colère, exaspération face à la pugnacité d'Emergence, admiration aussi, impossible à exprimer , toute une gamme de sentiments contradictoires que peut inspirer une telle personnalité sont déclinés avec justesse. Un kaléidoscope : c'est vraiment l'image que m'évoque Emerence, variable au fil du temps, et c'est cette image mouvante qui force l'admiration.

Ce qui frappe dans cette histoire qui semble relatée avec sincérité, c'est la qualité de l'écriture (une grosse frayeur cependant dans la première page, où trône une faute de syntaxe conséquente qui fait craindre pour la suite, mais qui se révèle heureusement isolée, et est vraisemblablement liée à la traduction). Belles constructions de phrases, lexique riche, allusions discrètes à, la situation politique de la Hongrie du début du vingtième siècle, tout concourt à une impression globale d'authenticité.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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❤️Prix Femina étranger 2003
Magda Szabó, écrivaine hongroise célèbre, relate dans ce très beau roman son intrigante relation avec sa gouvernante Emerence et dresse un portrait de femme fascinant.
Emerence fait partie de ces êtres énigmatiques et insaisissables qui vous marquent.
C'est le récit lancinant d'une écrivaine devenue obsessionnelle envers cette femme charismatique et mystérieuse aux idées affranchies de tout carcan et de toute bien-pensance. Cette dame âgée à la vivacité remarquable, camouflée sous des vêtements et un foulard occultants, exerce sur sa patronne un pouvoir hypnotique et contrôlant.
Après l'avoir embauchée non sans quelques réserves, Magda va nouer au fil des années avec Emerence un lien étrange et ambivalent fait d'attirance et de rejet. Avec ses disparitions temporaires, ses non-dits, ses réponses évasives la communication est difficile.
Et puis il y a la porte, toujours close. Celle du logement d' Emerence, limite infranchissable, mur de protection de sa « cité interdite ». Quels secrets cache-t-elle?
L'envoûtante gouvernante s'y isole fréquemment et au gré de ses humeurs.
Cette « ombre fugitive » est pourtant appréciée pour ses qualités d'écoute et possède un pouvoir apaisant.
Une autre porte, blindée celle-là, semble plus inaccessible encore : celle des apparences.
Paraissant inébranlable la seule faille qu'elle ne parvient à masquer est sa peur phobique des orages. On comprendra pourquoi au fil du récit lorsqu'elle se livrera sur son passé tragique. Elle a peu de conscience patriotique et politique « son esprit lumineux scintille, mais dans le brouillard » sa compassion est universelle défendant aussi bien le pourchassé que l'agresseur, sa miséricorde est inconditionnelle.
Un soir d'orage la domestique concède l'ouverture de la fameuse porte interdite, Magda pénètre alors « à pas incertains dans un noir d'encre » dans la zone défendue vers une lumière éclairant une partie de ses mystères.
Ce qu'elle calfeutre presque maladivement sera peu à peu révélé jusqu'à l'explosion du verrou à la hache livrant tous ses secrets en pâture au public, dans une déchirante et cauchemardesque scène finale.
Envoûtant❤️
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La narratrice et son mari sont écrivains, ils vivent dans un immeuble à appartements, à Budapest. La narratrice cherchant une femme de ménage, quelqu'un lui conseille Emerence, une concierge. Celle-ci, plus âgée, réserve sa réponse et, au bout d'une semaine accepte la place tout en posant ses conditions. Emerence a le don de souffler le chaud et le froid dans les relations qu'elle entretient avec les autres et, particulièrement, avec la narratrice. Emerence restera au service de la narratrice pendant plus de vingt ans. Emerence est très secrète, personne n'entre chez elle sauf, un jour, anticipant sa mort, elle ouvrira sa porte à la narratrice.
D'une très belle écriture, Magda Szabo offre au lecteur un roman intimiste et psychologique de qualité.
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Un livre est toujours une porte vers l'inconnu, vers l'imaginaire, vers les rêves.

Dans ce roman autobiographique, situé en Hongrie au début du siècle, le jeu de miroir romanesque entre réalité et fiction s'avère habile et fascinant.
Il y a dans la trame de ce roman psychologique une musique lancinante et une brume mélancolique. C'est une histoire poignante, d'une lenteur obsédante.

Intimiste, Magda Szabo relate avec fureur ou avec une infinie douceur les états émotionnels des personnages. Elle creuse pour extraire l'essence des relations humaines et ses complexités et essayer de comprendre l'amour/haine qui lie et sépare à la fois les êtres. Elle mesure les mouvements compliqués de l'âme humaine et veut prouver qu'au bout d'un cheminement douloureux, fait d'abnégations et de destructions, la perspective d'un fragile apaisement émerge toujours.

Toute relation humaine est remplie d'ambiguïtés. Seuls ceux qui nous sont proches peuvent nous faire du mal et nous ne connaîtrons jamais l'origine profonde et cachée des blessures qui ont marqué à jamais le coeur et l'esprit de ceux qui nous entourent.
Les sentiments et le passé peuvent jaillir sans crier gare, provocant des étincelles.

Derrière la porte de nos apparences, qui sommes-nous véritablement ?
Que cachons-nous ?
Qui voulons-nous tenir à l'abri des regards ?

La dernière page tournée il en reste des questions, mais les réponses comptent moins que le flux poétique de cet ensemble aussi beau que déroutant.


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Emerence est concierge d'un immeuble dans une ville de Hongrie. C'est une vieille dame très courageuse, toujours en train de travailler.
Elle parle avec beaucoup de monde dont un policier important mais jamais personne ne rentre chez elle.
"La porte" est fermée au sens propre comme au sens figuré.
Tout cela nous le savons par l'intermédiaire de sa patronne, une écrivaine qui nous raconte le personnage très particulier d'Emerence avec ses moments d'attirance et ses moments de répulsion ou de méfiance.
Emerence est une femme qui a beaucoup souffert dans son enfance, notamment lors d'un orage où elle a perdu des êtres chers.
L'auteure, Magda Szabo s'est inspirée d'une gouvernante qui travaillait dans sa maison pour dresser le portrait de cette étrange dame.
A plusieurs reprises, la voyant atteinte de névroses incontrôlables, je l'ai imaginée profitant des bons soins de Sigmund Freud car le récit se situe au début du vingtième siècle.
Un roman très bien écrit, qui fait froid dans le dos et qui m'a fait éprouver beaucoup d'empathie pour Emerence qui sait qu'elle est capable de maladresses et de violences et les répare comme elle peut, à sa façon.
Quand on a lu le livre et même avant la fin, on comprend le symbole que représente "la porte". Emerence ne veut pas qu'on rentre dans son monde intérieur plein de noeuds.
L'écriture est magnifique et ne souffre pas du tout de la traduction.
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critiques presse (2)
Telerama
08 février 2017
L'abrupte Magda Szabó scrute la relation qui tout ensemble unit et oppose une intellectuelle et sa vieille domestique, avec la Hongrie communiste en arrière-plan.
Lire la critique sur le site : Telerama
LaCroix
27 janvier 2017
Tout oppose les deux femmes, même l’âge, et leur histoire se lira comme une ode à la beauté des relations humaines.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (170) Voir plus Ajouter une citation
— Quand je ne serai plus là, venez me voir de temps en temps au cimetière, je n'ai déjà pas voulu de ce type pour ami parce que je le voulais pour mari, alors arrêtez de jouer à l'enfant que je n'ai pas eu. Je vous ai offert quelque chose, vous l'avez accepté, vous avez droit aux quelques affaires qui vous reviendront, parce que nous nous sommes bien entendues, même si nous n'avons pas manqué de nous disputer. Quand je ne serai plus, vous aurez ce qui vous revient, ce n'est pas n'importe quoi, et n'oubliez pas que je vous ai laissée entrer là où personne n'est jamais entré. Je ne peux rien vous offrir de plus, parce que je n'ai rien d'autre. Qu'est-ce que vous voulez encore ? Je fais la cuisine, la lessive, le ménage, j'ai élevé Viola pour vous, je ne suis ni votre défunte mère, ni votre nourrice, ni votre petite camarade.
Laissez-moi tranquille. (p. 221-222)
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Un jour, je lui annonçai que je j'emmènerais le lendemain au studio. En réalité, j'avais peu d'espoir qu'elle vienne, puisqu'elle ne s'éloignait jamais de sa maison sinon pour aller au cimetière, mais le lendemain matin, elle attendait la voiture sous le porche, en grande tenue, les doigts croisés sous un mouchoir immaculé et un brin de marjolaine. J'eus alors honte de toutes les remarques cyniques que nous échangions lors de nos disputes ou, ce qui est pire, des moments où nous enfermions notre colère dans un carcan de glace, laissant hiberner notre rancoeur jusqu'à ce que nous trouvions de nouveau le temps de nous poignarder, parce que les heures filent, et que lors d'un tournage, chaque seconde représente de l'argent. Et elle, sur son trente et un, attendait de voir quelque chose qu'elle prenait terriblement au sérieux.

Personne n'ennuya Emerence en lui demandant ce qu'elle venait faire là, à l'entrée on la prit pour une figurante, elle parcourut la cour des studios du même pas naturel et dégagé que si elle était scénariste ou actrice. Elle s'assit où on lui indiqua sa place, elle resta silencieuse, attentive, ne posa pas de questions, ne bougea pas, ne dérangea personne. Nous en étions à une scène difficile qui devait être spontanée, sans effet particulier, c'était la cavalcade coutumière, les préparatifs routiniers s'enchaînaient, maquillage, répétitions, éclairage, profondeur de champ, mise en place, prêts, clap, puis il fallut repartir, le tournage continuait sur l'île Marguerite, dans la voiture Emerence regardait défiler le paysage en ouvrant de grands yeux, je crois bien qu'elle n'était pas venue au grand Hôtel depuis des décennies, si toutefois elle l'avait jamais vu. Nous tournions en extérieur, Emerence regardait alternativement l'assistant opérateur dans un hélicoptère et le cameraman sur la grue, là au moins la machine, la technique étaient aussi importantes que les acteurs dans la grande scène d'amour. La forêt, la terre, le monde planaient, les arbres se penchaient comme pour recouvrir l'homme et la femme pris de vertige dans les vagues de la passion, quand nous visionnâmes la séquence, tous les plans se révélèrent superbes, une rare réussite.

Nous allâmes manger quelque chose, Emerence n'avait pas envie d'entrer au Grand Hôtel, elle était à présent réticente, désobligeante, ne regardait plus autour d'elle. Connaissant bien ses différents visages, je savais qu'elle en avait assez vu, qu'elle ne voulait pas rester, rentrons à la maison, suggéra-t-elle. Je sentais que quelque chose n'allait pas, sans pouvoir en exprimer la raison comme bien souvent, je pensais qu'elle me le dirait à la maison, par chance j'avais terminé, je pris congé et nous partîmes. Dans la voiture, elle défit aussitôt deux boutons en haut de sa robe comme si elle étouffait. Enfin, elle révéla ce qui la contrariait, j'ai rarement entendu une telle amertume dans sa voix : nous étions des menteurs, des hypocrites, déclara Émerence. Il n'y avait rien de vrai, nous faisons bouger les arbres avec des trucages, on ne voit que le feuillage, quelqu'un fait des photos dans un hélicoptère qui vole en rond, ce ne sont pas les peupliers qui bougent, et pendant ce temps, elles, les spectateurs croient que toute la forêt saute, danse, valse. Ce n'est que de la tromperie, une abomination. Je me défendis, elle avait tort, les arbres mis en mouvement dansent quand même puisque le spectateur le perçoit, ce qui importe c'est l'effet produit, non le fait que les arbres bougent réellement ou qu'un technicien crée une impression de mouvement, et en fin de compte, comment imaginait-elle que la forêt puisse se déplacer alors que les racines retiennent les arbres. Croyait-elle que donner l'illusion de la réalité, ce n'était pas de l'art ?

- L'art, répéta-t-elle avec amertume, si vous étiez effectivement des artistes, tout serait vrai, même la danse, parce que vous seriez capables de faire danser le feuillage en le lui demandant, sans avoir besoin d'une machine à vent ou de je ne sais quoi, mais tous autant que vous êtes, vous ne savez rien faire, pas plus que les autres, vous n'êtes que des pitres, encore plus misérables, plus malfaisants qu'un larron.
Stupéfaite, je la voyais s'éloigner vers les profondeurs d'une inconcevable géhenne, comme quelqu'un qui se précipite au fond d'un puits et dont on n'entend déjà plus que le halètement et les invectives. À la fin, sa voix ne fut plus qu'un murmure :

- C'est vrai qu'il existe un moment où ce bonhomme d'opérateur n'aurait pas eu à lever la main, pas besoin non plus d'hélicoptère, parce que les plantes bougent d'elles-mêmes.
Seigneur, qu'avait pu être cet épisode faustien de sa vie où elle a crié à l'instant de s'arrêter parce que les arbres bougeaient autour d'elle ? Je ne le trouverai pas, mais il est quelque part dans le temps.
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Je crois que nous jouissions pleinement de la vie, si un étranger venu chez nous pour la première fois, en voyant Emerence vaquer à la cuisine, l’avait prise pour ma tante ou ma marraine, je ne l’aurais pas détrompé, il était impossible d’expliquer la nature, l’intensité de notre relation, ou le fait qu’ Emerence était pour chacun de nous une nouvelle mère, bien qu’elle ne ressemblât à aucune des nôtres. La vieille femme ne nous harcelait pas de questions, nous ne lui en posions pas non plus, elle livrait ce qui lui semblait bon, mais en fait, elle parlait peu, comme une véritable mère dont le passé ne compte plus quand elle ne s’occupe de rien d’autre que de l’avenir de ses enfants.
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Je rêve rarement. Quand cela se produit, je me réveille en sursaut, baignée de sueur. Alors je me rallonge, j'attends que mon coeur cesse de battre la chamade, puis je médite sur le pouvoir magique, irrésistible de la nuit. Dans mon enfance, dans ma jeunesse, je n'avais pas de rêves, ni de bons ni de mauvais. À présent, c'est l'âge qui charrie sans relâche les alluvions du passé en une masse de plus en plus compacte, horreur dense d'autant plus alarmante qu'elle est plus étouffante, plus tragique que ce que j'ai jamais vécu.
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Elle ne cessait de me poser la question à laquelle aucun écrivain ne peut vraiment répondre, lorsqu'un journaliste ou un lecteur lui demande comment un roman peut naître de rien, de mots, je ne pouvais pas lui expliquer la magie quotidienne de la création, on ne peut pas décrire avec des mots comment et d'où viennent les lettres sur la page blanche.
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