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EAN : 9782864249368
144 pages
Editions Métailié (05/09/2013)
4.08/5   52 notes
Résumé :
« A la maison, comme l’argent courait toujours plus vite que nous, quand un film arrivait à la Compagnie et que mon père le trouvait à son goût – juste d’après le nom de l’actrice ou de l’acteur principal – on réunissait une à une les pièces de monnaie pour atteindre le prix du billet et on m’envoyait le voir. Ensuite, en revenant du cinéma, je devais le raconter à la famille, réunie au grand complet au milieu de la salle à manger. »

María Margarita a... >Voir plus
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J'ai été très ému par la lecture du roman La raconteuse de films, beaucoup plus que je ne l'aurais cru. Pourtant, je n'avais pas d'attente particulière par rapport à ce bouquin, je l'ai choisi par hasard à la bibliothèque. Comme quoi, parfois, le hasard fait bien les choses. le titre était pas mal et, dès la première page, j'ai su que j'avais entre les mains une histoire spéciale. « Nous sommes faits de la même matière que les films. » Cette phrase en exergue, reprise d'une parole d'un des personnages, et qui reprend à son tour presque mot pour mot une autre, vraie, de Shakespeare (si on remplace films par rêves) elle donne le ton. Et elle s'applique tellement bien à l'oeuvre.

Hernan Rivera Letelier présente d'emblée un univers, une famille pauvre, très pauvre dans un village de mineurs chiliens d'une autre époque. Les années 1950? Un père paralysé, vivant de sa pension pour invalides, et une mère trop jeune s'étant envolée récemment, dès qu'une occasion s'était présentée, laissant derrière quatre grands garçons et une fillette de dix ans plutôt développée pour son âge. Tout ce beau monde vit dans un trois pièces fait de tôles. Leur situation n'est pas présentée dans des détails morbides ni d'emblée mais petit à petit. C'est peut-être ce qui fait en sorte que leur pauvreté ne frappe pas. On ne tombe pas dans le misérabilisme.

En plein milieu du désert d'Atacama, les mineurs et leurs familles vivent de peu et s'en contentent. En effet, ils trouvent le moyen de rendre le quotidien supportable et, parfois, magique. Par exemple, quand l'argent manque pour permettre à chacun d'aller au cinéma, l'on envoie l'un deux pour assister à la projection et revenir raconter le film au reste de la famille. C'est ainsi que la cadette Maria Margarita mérite son surnom de raconteuse de films qui, incidemment, donne son titre au livre. Non seulement elle résume les histoires mais elle les enjolive, ajoutant moult détails, permettant à tous de les visualiser comme s'ils y étaient. « Pendant que je racontais – gesticulant, brassant l'air, changeant de voix –, je me dédoublais, me transformais, je devenais chacun des personnages. » (p. 43). C'est le début d'une aventure nouvelle.

J'y ai cru, à l'histoire de Maria Margarita. Si simple, si belle, si poétique malgré la rudesse de la vie dans ce village reculé du Chili. Je me suis laissé emporter par ses délires enfantins, ses rêves qui lui permettait de survivre dans son trou à rats. D'y trouver sa place. Puis la marche du temps fait son oeuvre. Ainsi, quand j'ai refermé le livre, tout avait été dit. Pourtant, j'en redemandais. L'écriture de Rivera me rappelle celle d'Antonio Skarmeta que j'adore énormément. Une écriture pleine d'humanité, de destins ordinaires et exceptionnels à la fois, plein de promesses et de revers. Comme la vie elle-même. Bref, je recommande vivement La raconteuse de films.
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"A la maison,comme l'argent courait plus vite que nous, quand un film arrivait à la Compagnie et que mon pére le trouvait à son goût-juste d'après le nom de l'actrice ou de l'acteur principal - on réunissait une à une les pièces de monnaie pour atteindre le prix d'un billet et on m'envoyait le voir.
Ensuite en revenant du cinéma, je devais raconter à la famille, réunie au grand complet au milieu de la salle à manger."
C'est le premier paragraphe du livre, de quoi vous donner la pêche pour le lire d'un trait.
Une famille de cinq enfants, quatre garçons, une fille,un pére invalide, suite à un accident du travail, et la mère disparue.Nous sommes dans le désert d'Atacama,dans les années 60, dans un campement installé par la Compagnie, qui régit une salpetriere, et la vie de tout ses habitants.Un cinéma, et en deuxiéme lieu le foot sont les seuls distractions qui sauvent les gens de l'aride ennui du désert.
La narratrice, la raconteuse de film est la petite fille,Maria Margarita.Elle devient célèbre pour son talent de raconter des films mieux que les films eux-mêmes,...mais la réalité rattrape vite le rêve....
Un petit livre, mais un beau et grand roman malgré ses 129 pages,le fond, la forme tout est original et m'a beaucoup touchée.Coup de coeur!
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Il était une fois dans un pauvre village de l'Atacama, une famille qui adorait le cinéma. Mais la misère empêchait ses membres d'y aller aussi souvent qu'ils le désiraient. Aussi le père décida d'y envoyer à tour de rôle chaque enfant (quatre garçons et une fille) pour que celui-ci raconte aux autres ce qu'il avait vu. Mais la plus douée étant la jeune Maria Margarita, ce fut elle qui obtint le titre de raconteuse de films. Un titre qu'elle conserva et enjoliva de talents multiples, au point de devenir l'artiste du village.

Merveilleuse petite histoire d'Hernan Rivera Letelier qui décrit si bien la vie dans les mines de nitrate d'Atacama, qui dépeint le pouvoir du cinéma sur les habitants : rêve, chanson, gloire, tout est permis. Mais qui retrace également l'arrivée de la télévision et son influence sur la vie de famille et de la société.
Merveilleuse héroïne aussi qui garde en elle et pour toujours le sens de la parole et l'art de conter malgré les vicissitudes de la vie.

Une très belle lecture.
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Laissez-moi vous raconter, non pas un film, mais un livre. Un tout petit livre par sa taille, 129 pages qui se lisent à toute vitesse, mais grand par le talent de son auteur et par la place qu'il a pris dans mon coeur et ma tête.
Il était donc une fois, dans les années 50, une petite fille de 10 ans, Maria Margarita, qui vivait avec ses 4 frères plus âgés et son père en fauteuil roulant, dans le campement d'une mine de salpêtre quelque part dans le désert d'Atacama, dans le nord du Chili. Au village, la seule distraction, c'est le cinéma. Mais la famille est pauvre, et le défi de chaque semaine consiste à rassembler assez d'argent pour qu'un des enfants puisse aller voir le film à l'affiche. le voir, et puis revenir bien vite à la maison pour le raconter au reste de la famille. A ce jeu-là, c'est Maria Margarita qui est la meilleure, pourvue d'un don peu commun pour restituer les films, peu importe leur genre. Au point que son père la désigne officiellement « raconteuse de films » de la famille, puis du village entier qui se bouscule dans la petite maison, préférant « entendre » l'histoire plutôt que de la « voir » sur grand écran. Ce talent fera le bonheur et les beaux jours de la famille, pas toujours ceux de la jeune fille.
C'est Maria Margarita elle-même qui nous raconte son histoire, des années plus tard. Comment l'arrivée de la télévision a mis fin à sa célébrité en même temps qu'à ses séances de raconteuse, comment la mort de son père puis le départ de ses frères l'ont laissée seule au campement, comment elle y a vécu ou survécu jusqu'à aujourd'hui. Parce qu'elle y vit toujours, près de cette mine désaffectée, assurant les visites guidées pour les quelques touristes. L'air de rien, derrière ces aventures de pellicule, elle nous laisse voir la vie dure des mineurs du salpêtre, la promiscuité d'une réalité sordide dans « l'âpre néant du désert d'Atacama ». Néant duquel on se sauve grâce au cinéma et à l'imagination, et sans jamais se plaindre de son sort. Désert âpre mais magnifique, comme ce roman, tendre, joyeux, émouvant, terrible.

Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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Comment faire quand on aime le cinéma mais que dans une famille de cinq enfants, on a tout juste de quoi acheter une seule entrée ? On vote pour celui des cinq enfants qui raconte le mieux un film : désormais c'est donc la seule fille, la cadette de la famille, qui a l'immense privilège d'aller au cinéma.
Son talent de raconteuse de films lui taille une si belle réputation qu'elle prend un nom d'artiste, Fée Ducinée, et que bientôt toute le voisinage vient payer son entrée pour aller la voir, elle, se donnant en spectacle avec force mimiques, jeux d'acteurs et accessoires.

L'auteur nous conte l'histoire d'une petite fille intelligente et attachante en nous plongeant dans le Chili des mines de salpêtre, du dénuement et de la misère sociale.

Ce qui m'a frappé dans ce trop court roman est la beauté et la précision de l'écriture. Rien d'inutile dans ces lignes, chaque mot est à sa place.
Les descriptions sont d'une telle minutie que j'ai eu moi aussi l'impression d'être au cinéma.
Une très belle découverte d'un auteur dont j'ignorais jusqu'au nom.

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Grâce à Ecran, j'avais découvert que la plupart des acteurs et des actrices célèbres avaient de faux noms car les leurs, les vrais, étaient aussi moches que le mien. Ou même davantage. Pola Negri, la diva du cinéma muet, était le meilleur exemple. J'avais toujours beaucoup aimé son nom. Je le trouvais parfait pour une actrice. Mais, un jour, j'ai découvert avec horreur que c'était un pseudonyme: elle s'appelait en réalité Apolonia Chavulez. Consternée, je me suis dit, ce n'est pas possible. Avec un nom pareil, la pauvrette n'aurait même pas eu assez de grâce pour battre des cils.
J'ai eu une autre déception quand j'ai su que le vrai nom d'Anthony Quinn, un de mes acteurs préférés, était Antonio Quiñones .
Le glamour en prend un sacré coup!
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La salle plongée dans la pénombre me fascinait : elle ressemblait à une sorte de caverne mystérieuse, secrète, toujours inexplorée. Quand je franchissais les lourds rideaux de velours, j’avais l’illusion de passer de la dureté du monde réel à un monde merveilleux et magique.
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Il arrivait aussi que le Bancal du Ciné, comme on appelait l'opérateur, se trompe dans les rouleaux de pellicule-surtout quand il avait but un coup de trop- et nous passe la fin au milieu du film.
Ou le début à la fin.
Ou le milieu du début.
Dans ce méli-mélo,on comprenait que dalle.
P.49-50
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Au fond, je crois que j'avais une âme de commère car il me suffisait de regarder les deux ou trois photos collées sur le panneau d'affichage - le regard lascif du curé, la moue innocente de la jeune fille et l'air complice de la bigote - pour inventer une trame, imaginer toute une histoire et me passer mon propre film.
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Et les choses ont commencé à bien marché. La "salle" se remplissait d'enfants et d'adultes, d'hommes et de femmes. Certains allaient voir le film au cinéma et venaient ensuite l'écouter raconter chez nous. Après quoi ils sortaient en disant que le film que j'avais raconté était mieux que celui qu'ils avaient vu.
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