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EAN : 9782707152626
178 pages
La Découverte (17/09/2009)
3.22/5   18 notes
Résumé :

Dans une atmosphère de fin de règne, la Tunisie du général président Zine el-Abidine Ben Ali a vu son épouse, Leila Trabelsi, jouer depuis plusieurs années un rôle déterminant dans la gestion du pays. Main basse sur la Tunisie : telle semble être l'obsession du clan familial de la " présidente ", comme le relatent en détail les auteurs de ce livre, informé aux meilleures sources et peu avare... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique

L'ampleur de la corruption entreprise par les Trabelsi, Leïla, la femme du président Zine el-Abidine Ben Ali de Tunisie de 1987 à 2011, et ses frères, entre autres Belhassen Trabelsi, arrêté le 17 mars dernier à Marseille, mais relâché sous contrôle judiciaire, contre l'avis du parquet, le 28 mars 2019. Contre cet "homme d'affaires", il y a 17 mandats tunisiens de recherche et 43 mandats d'amener internationaux pour "faux aggravée et blanchiment en bande organisée". le beauf de Zine était en cavale depuis des années, après un séjour au Canada qui n'en veut plus, de ce gentleman !

Il ne s'agit donc pas d'arrondir très légèrement les fins du mois difficiles et de venir en aide aux membres de la famille malchanceux. C'était carrément la "voyoucratie" !

La clique criminelle des Trabelsi avait réussi à faire main basse sur des pans entiers de l'économie du pays : tourisme, immobilier, constructions, finances, télécommunications, médias etc. Et le "biznezman" Belhassen était devenu l'intermédiaire incontournable pour toute affaire un peu sérieuse dans ce pays du Maghreb.

En 2009, la charmante Leïla a demandé au tribunal de haute instance de Paris d'interdire la parution de "La régente de Carthage". le livre comportant, selon elle, « des passages diffamatoires et d'autres injurieux » à son encontre. Elle a finalement été déboutée le 30 septembre, et condamnée à verser 1500 euros à la maison d'édition "La Découverte". Une peccadille en comparaison avec ce que les Ben Ali-Trabelsi doivent retourner comme millions au peuple tunisien qu'ils ont si efficacement gouverné !

Les 23 ans à la tête du pays du jasmin auront permis à Ben Ali et sa douce moitié d'amasser une fortune de 5 milliards d'euros, pas uniquement en Tunisie. le Monde croit savoir que la famille aurait emporté dans sa fuite vers l'Arabie saoudite, en janvier 2011, plus d'une tonne et demie de lingots d'or. L'équivalent de 45 millions d'euros. 

Et à Djeddah, Ben Ali, entretemps malade à 82 ans, et Leïla, apparemment en excellente santé à 62 ans, sont toujours la bienvenue de la famille royale saoudite, à condition de garder un profil bas ?

" Qui est Leila Trabelsi ? La fille facile, voire l'ancienne prostituée, que décrivent volontiers les bourgeois tunisiens ? La courtisane issue d'un milieu modeste et prête, pour réussir, à quelques arrangements avec la morale ? Ou encore la jeune femme indépendante et ambitieuse dont les rencontres amoureuses favorisèrent une fulgurante ascension sociale ? " (page 35).

Dommage que la réponse à ces questions soit, à mon avis du moins, trop superficiel. Si les auteurs nous livrent quelques éléments objectifs, leur approche ne permet hélas pas au lecteur de se faire une idée concrète de cette "héroïne". Je veux dire qu'elle reste un personnage abstrait.

Leïla est née le 14 ou le 24 octobre 1956 à Tunis. Elle est la fille de Mohamed Trabelsi, originaire de Libye (le nom est dérivé d'ailleurs de la capitale libyenne Tripoli), un simple vendeur de fruits secs à la médina de Tunis et de son épouse Saïda Dherif, femme de ménage. le couple avait 11 enfants. Elle a obtenu un brevet de coiffure à Tunis et, beaucoup plus tard, en 2006, une maîtrise de droit de l'université de Toulouse "par correspondance" et (surtout) grâce à l'aide de l'éminent juriste Abdelaziz Ben Dhia.

Ses surnoms "Leïla gin" et "Leïla jeans" laissent supposer qu'il s'agissait d'une jeune fille "moderne". À 18 ans, elle s'est mariée avec Khelil Maaouia, patron de l'agence de location de voitures Avis de l'aéroport. Mais la rencontre qui va bouleverser sa vie est celle avec Farid Mokhtar, directeur de la Société tunisienne des industries laitières et beau-frère de Mohamed Mzali, Premier ministre. Farid, avec qui elle a eu une liaison de 3 à 4 ans, lui a ouvert la porte du beau monde.

C'est ainsi qu'elle rencontra, en 1984, le général Ben Ali, rentré de son exil comme ambassadeur à Varsovie. Devenu Premier ministre Zine el-Abidine, déposa en novembre 1987 le président Habib Bourguiba (1903-2000) pour des raisons de santé et le remplaça, avant de se faire élire à la présidence en avril 1989, de divorcer de sa première epouse et de se marier avec Leïla le 26 mars 1992.

La petite Tunisie, entre l'Algérie de Bouteflika à l'ouest et la Libye de Kadhafi à l'est, profitait avec ses plages et touristes et un islam modéré d'une bonne réputation dans cette partie du globe. Les manigances financières de la famille Trabelsi et leurs potes passaient inaperçues ou presque et les dérives et excès étaient interprétés avec une étonnante indulgence par exemple de la France de Chirac et Sarkozy et des États-Unis du fiston Bush. Dominique Strauss-Kahn du Fonds Monétaire International relevait, en 2008, même une "bonne gestion économique du pays". La fine équipe au pouvoir et à la caisse avait aussi le don évidemment de produire des statistiques publiques "en trompe l'oeil ".

Si vous préférez lire une tout autre version de la saga Ben Ali-Trabelsi, il y a bien sûr l'autobiographie de la principale intéressée : Leïla Trabelsi "Ma vérité" de 2012. Personnellement, je n'ai nullement l'intention de lire cette oeuvre, car j'ai comme un petit pressentiment que sa vérité soit très relative. Quoique je puisse me tromper, bien entendu.
Il existe un autre ouvrage sur ce thème "Dans l'ombre de la reine" de Lofti Ben Chrouda et Isabelle Soares Bourmalala, de 2011.

Bizarre, mais mère et fille Ben Ali-Trabelsi aiment les rappeurs. Nesrine Ben Ali, fille aînée du couple présidentiel, née en 1987 et mariée en 2004 à Sakhr Materi, considéré longtemps pourtant comme l'héritier présumé du clan, s'est remariée, le 7 janvier dernier, avec K2Rhym, de son vrai nom Karim al Gharbi, rappeur tunisois, né en 1980.
Selon Lerpresse, Leïla se serait éprise fin 2018 de Snoop Dogg, le rappeur américain, né Calvin Cordozar Broadus Jr., 15 ans plus jeune qu'elle. Ainsi, personne ne pourra plus dire que les dames Trabelsi n'ont aucune culture !
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Plus qu'un simple ouvrage politique « La Régente de Carthage », est un véritable plaidoyer des raisons qui ont précipité la chute du régime Ben Ali. Nicolas Beau et Catherine Graciet mettent à nu un régime tribal et corrompu dans ce livre . Une sorte de prémonition de ce qui allait suivre. le professionnalisme des auteurs, journalistes et écrivains leur a facilité la prospection à travers les écrits et les témoignages qui démontrent comment un pouvoir confisqué, une indépendance vidée de son sens se sont transformés en manne financière au seul bénéfice de quelques familles organisées en toile d'araignée. Au centre de cette toile une femme, Leila Trabelsi seconde épouse du Président agit en chef d'orchestre avec pour seule partition l'enrichissement illicite. Usant de stratagèmes où la loi ne sert qu'à s'accaparer des biens d'autrui, usant de son charme plastique pour affaiblir un mari consentant et condamné par la maladie, cette coiffeuse des faubourgs de Tunis se révèle fine manipulatrice des alliances familiales pour repousser la limite de la morale. Tout y passe. Les mariages contre-nature, les complots, les vols, les pressions, les incarcérations voire les agressions contre tout opposant à ses intérêts et à ceux de sa « famille ». L'argent sale jaillit de ce livre comme un vomissement. La France officielle y est impliquée pour avoir consenti à faire passer la raison d'Etat avant la démocratie et les relations politiques basée sur la clairvoyance. Pour avoir fait fi de l'opinion publique pourtant hostile aux dérives tunisiennes. La main basse des clans immédiats ou périphériques du palais de Carthage dominé par les Trabelsi sur tout ce qui rapporte un dinar tunisien, démontre la nature exacte du régime né du « coup d'Etat médical » contre Bourguiba. Il y a 24 ans déjà. Un régime familial qui se cachait derrière la modernité où le statut de la femme figure en bonne place comme rempart contre la montée d'un islamisme rampant. L'ascension de Ben Ali est décrite dans « La Régente de Carthage » comme un processus contraire à l'esprit du Néodoustour loin de la morale imposée par les processus d'indépendance au Maghreb. Son épouse n'a fait que prendre le relais dans la pure tradition maffieuse avec l'élégance en moins. On peut lire à la page 56 « Leila Ben Ali dispose de plus de pouvoir réel que le Premier ministre. Elle peut faire et défaire le gouvernement, nommer ou limoger ministres, ambassadeurs, P-DG quand bon lui semble. Elle peut enrichir, appauvrir, faire emprisonner ou limoger qui elle veut quand elle le décide ». Mais déjà à la veille de la « révolution du jasmin » les auteurs préviennent : « A la veille de la cinquième élection consécutive de Zine el-Abidine Ben Ali, la Tunisie semblait en apesanteur. Mais, subrepticement les lignes ont bougé tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. » Et de conclure « mais plus Elena Ceausescu qu'Eva Perón, Leila Ben Ali, si elle parvenait à ses fins avec son clan, ferait alors basculer le pays du statut peu enviable de dictature à celui de régime maffieux, qui n'aurait plus rien à envier aux pires républiques bananières. La Tunisie ne mérite pas cela ! » le sort en a voulu autrement et les mirages ont laissé place aux rêves d'un peuple qui a parfumé le Maghreb et les pays arabes des senteurs de son jasmin. En ce sens Beau et Graciet ont offert leurs concours à l'éclairage de l'opinion publique sur les exactions d'un régime honni par son peuple. La tentative de retirer ce livre de la vente par « la coiffeuse de Carthage » s'est soldée par un échec.

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Ce livre que l'on peut considérer à juste titre comme une sorte de tome 2 du premier ouvrage NOTRE AMI BEN ALI déjà cité dans nos pages, boucle la liste des révélations de ce qu'était le régime tunisien de ZINE ALABIDINE BEN ALI déchu par la révolte populaire en 2011.

Une fin ou le déshonneur est à son comble pour celui qui a régi la Tunisie d'une main de fer durant 24 ans. Tout le monde se souvient d'un président honni par son peuple qui cherchait vainement un refuge dans un quiconque pays et a vu son avion virer en plein ciel se cherchant une destination bien plus clémente que la France qui a retourné sa veste après l'avoir adoubé des années durant. Fin d'un drame en deux actes ou le deuxième acte est joué par la deuxième femme de BEN Ali, LEILA BEN ALI née TRABELSI

Le livre raconte sur la base d'une enquête de terrain , de témoignages , de documents , de déclarations des uns et des autres , notamment des opposants et des militants des droits de l'homme , l'influence grandissante de cette dame au niveau scolaire médiocre si ce n'est inexistant , issue des milieu populaires sur le destin politique de la Tunisie par la mainmise sur les richesses du pays pour son profit et celui de sa famille les Trabelsi.

Il nous éclaire sur les procédés maffieux de cette famille s'arcboutant sur le pouvoir de Benali mais aussi sur ses incapacités a freiner les ardeurs gourmandes de sa femme et sa belle-famille pour s'approprier les grandes affaires les plus juteuses , allant des meilleurs terrains du patrimoine public et historique , des villas , des licences d'importation, de l'immobilier …etc.

Le livre met l'accent sur le destin de personnages clé de cette famille comme IMED TRABELSI ou BELHASSEN TRABELSI qui ont mis la Tunisie en coupe réglée par leurs statuts de frère et de neveu de celle qu'on appelle La régente de Carthage. L'un n'hésite pas à voler trois yachts à Marseille pour les faire accoster sur la côte de SIDI-BOU-SAID; l'autre a accaparer les joyaux économiques de Tunisie.

C'est un voyage dans les coulisses de cette Tunisie qui a vu sa bourgeoise traditionnelle disparaitre lentement face aux nouveaux riches comme me la raconte un chauffeur de taxi quelques mois avant la révolte lors d'un voyage en Tunisie . Une réalité sous-terraine avec la bienveillance de la France qui ne voit rien venir, que ne raconte pas la presse tunisienne, mis au pas par le régime de BENALI.
Enfin un livre à lire pour mieux cerner, avec le recul, la frustration de la rue tunisienne qui s'exprimera deux ans plus tard avec la Révolte du Jasmin enclenchant par là ce que l'on a appelé : LE PRINTEMPS ARABE.
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Ce livre est le fruit d'une enquête journalistique à charge contre la femme de l'ancien dictateur de Tunisie, Leila Trabelsi.

On y découvre un président élu avec des scores dignes de l'URSS, et surtout sa femme, qui ne recule devant rien pour s'accaparer le pouvoir et les nombreuses richesses de la Tunisie. Plus le temps avance, plus madame semble porter la culotte : c'est elle qui dirige en sous-main le pays. Non contente d'être une employeur exécrable pour le personnel du palais présidentiel qu'elle réduit en esclaavage, elle étend la domination de sa famille dans tous les domaines de l'économie du pays (nomination de ses frères à la tête des opérateurs téléphoniques, de la compagnie aérienne nationale etc...). Entre des alliances par mariage et le vol pur et simple des élites tunisiennes, Leila Trabelsi avait réussi à faire de la Tunisie un terrain de jeu pour son clan, le tout dans une ambiance de terreur où seule comptait cette mafia familiale.

C'est une belle enquête que signe Beau, qui a dû lui demander du cran, car à cette époque, l'ancienne petite coiffeuse vulgaire du Tunis populaire était encore aux commandes.
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Dans “La régente de Carthage” , les deux journalistes Nicolas Beau et Catherine Graciet décrivent avec une foule de détails et d'anecdotes aussi croustillantes qu'incroyables la main basse de la famille Trabelsi sur l'économie Tunisienne du temps du règne mafieux de Ben Ali et de son épouse Leïla Trabelsi.
L'image de la France, patrie des droits de l'homme, a été ternie par le silence complaisant de nos anciens gouvernements vis à vis de cette dictature. Aussi, je suis fier de ce livre qui redore notre blason et qui a certainement eu une influence utile dans la révolution Tunisienne.
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