Ce petit livre est très instructif sur la société chinoise, surtout concernant la condition des femmes. Existe-t-il un féminisme chinois ? La preuve que oui ! Le ton est donné à la simple lecture du nom de l'auteure : He-Yin Zhen. elle a en effet pris le nom de sa mère, Yin, qu'elle a accolé à celui de son père, He. Et bien oui, pourquoi l'enfant porterait-il seulement le nom du père ?
Ce livre est un recueil de cinq textes de He-yin Zhen, publiés il y a 111 ans, dans le journal "Tian yi" "天义" qu'elle a fondé avec son mari Liu Shipei. Ces derniers sont courts mais percutants, d'une tradition de pensée anarchiste et féministe que l'on qualifierait aujourd'hui de radicale.Ses idées frappent par leur actualité, notamment dans sa critique des stéréotypes de genre propres à la société confucianiste. Certaines de ses analyses les plus passionnantes sont propres à la Chine, en s'appuyant sur l'Histoire et la langue chinoises : sans adhérer à toutes les idées énoncées dans ce livre, j'ai particulièrement apprécié ses explications sur la langue chinoise, qui est une "preuve" concrète que la femme était vue comme étant inférieure aux hommes.
Je ferai une petite digression pour terminer : je suis admirative du foisonnement des réflexions et de l'ébullition intellectuelle ayant cours au début du XXème siècle en Chine : création de journaux sur divers sujets, création également de cercles littéraires. Les Chinois ont connu une période de très grande liberté !
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Tout ce que je veux dire, c'est que les obligations des femmes devraient être établies par les femmes plutôt que de leur être imposées par les hommes ; la cause des droits des femmes doit être gagnée par les propres efforts des femmes. Elle ne doit pas être accordée par les hommes. Si nous permettons que le rôle légitime des femmes soit imposé par les hommes, nous renonçons à notre liberté. Si nous nous laissons aller à nous tourner vers les hommes pour entrer dans leurs bonnes grâces , tous les droits que nous obtiendrons de cette manière nous serons octroyés d'en haut. Si nous continuons à être instrumentalisées et à rester des appendices des hommes, nous n'obtiendrons seulement qu'une libération de nom et nos droits ne pourront jamais vraiment nous appartenir. Je prétends que nous, les femmes, devons compter sur nous-mêmes pour jouir de la libération et ne devrions jamais attendre que les hommes soient nos libérateurs.
Si nous continuons à être instrumentalisées et à rester des appendices des hommes, nous n'obtiendrons seulement qu'une libération de nom et nos droits ne pourront jamais vraiment nous appartenir. Je prétends que nous, les femmes, devons compter sur nous-mêmes pour jouir de la libération et ne devrions jamais attendre que les hommes soient nos libérateurs.